En dépit de dizaines d’années d’études féministes (Michel 2000), la réalité des paysannes latino-américaines demeure méconnue (FAO et al., 2010). Dans le cadre d’une étude en géographie féministe (Gilbert, 1987; Gilbert et Rose, 1987; Louargant, 2002; Marius et Raibaud, 2013), sur la contribution des terres des femmes à la souveraineté alimentaire dans l’Altiplano bolivien, nous avons constaté que, malgré une nouvelle Constitution (Bolivia, 2009) et un processus de transformations sociales appelé « Buen Vivir » (de Sousa Santos, 2007, 2016) qui garantissent la souveraineté alimentaire et le respect des droits des femmes, dans la réalité, ce n’est pas toujours le cas (Collinge, 2015). Lors de cette étude, nous avons utilisé l’approche genre et développement (Martinez, 2008) et, comme le veut cette approche, une méthodologie qui donne la parole aux principales intéressées (Mikkelsen, 2005), soit les paysannes. Malgré un manque d’accès à la terre, des ressources rudimentaires et peu de soutien, ces femmes contribuent de manière importante à la souveraineté alimentaire de leur région. Les niveaux d’autonomie des paysannes sont variables et dépendent, non pas tant de leurs terres, mais de divers soutiens relationnels. Dans cette présentation, après explication du contexte et de la méthodologie employée, nous proposons d’exposer le point de vue des paysannes sur leur souveraineté alimentaire et sur leur autonomie en rapport avec les transformations sociales actuelles en Bolivie.