Informations générales
Événement : 91e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Problématique
Les recherches de type « recherche-intervention » (R-I) visent à concilier la production de connaissances et la réponse à une demande sociale relative à l’amélioration des pratiques à l’égard d’un groupe donné. Elles concilient donc un objectif de production de connaissances « sur » un phénomène (visée heuristique) et une visée praxéologique ou d’action (« pour »). Cette démarche se définit aussi par deux grands principes méthodologiques : une dimension participative (le « avec ») et une dimension émancipatrice (le « par »), qui la prolongent. Les R-I, en mobilisant une dimension participative, offrent ainsi aux différentes parties prenantes la possibilité de prendre part à chacune des étapes du travail et reconnaissent les acteurs sociaux comme capables de transformer leur propre situation avec la prise de conscience d’enjeux complexes les concernant (Gurnade, 2016).
Si la mise en œuvre de tels dispositifs de recherche est de plus en plus formalisée dans la littérature (d’Amico et al., 2016; MacEntee, 2015; Marcel, 2016), les enjeux, défis et perspectives d’une telle démarche auprès de jeunes (enfants, adolescents ou adultes émergents) sont encore relativement peu précisés. Dans quelle mesure et par quels procédés est-il possible de considérer les enfants et les jeunes comme de véritables partenaires de recherche pour en arriver à des changements qui leur bénéficient? Quels sont les défis propres aux projets de recherche-intervention menés avec des jeunes? Quels sont les enjeux éthiques spécifiques qui se posent alors? Quelle place donner aux parents des enfants/jeunes? Comment promouvoir la question de l’intervention dans la recherche auprès des comités éthiques? Comment penser le double rôle inhérent à la recherche-intervention? Quelle posture ce type de recherche implique-t-il pour les chercheur·ses?
Ce colloque vise à apporter des éléments de réponse à ces différentes questions.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Aude Villatte (Université Toulouse Jean Jaurès)
- Prudence Caldairou-Bessette (Université McGill)
- Vicky Lafantaisie (Université du Québec en Outaouais)
- Amélie Courtinat-Camps (Unité de Formation et de Recherche de Psychologie)
- Sarah Tourigny (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
- Catherine Huard (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Bloc 1 de présentations
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Communication orale
La recherche-intervention : tour d’horizonCatherine Huard (Université du Québec à Montréal), Sarah Tourigny (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Le trait d’union se met rapidement entre les termes « recherche » et « intervention », mais quels liens entre les deux concepts permet-il de symboliser? L’appellation « recherche-intervention » est utilisée pour signifier une multitude d’approches : la recherche sur l’intervention, la recherche et l’intervention, la recherche pour l’intervention, la recherche comme intervention ainsi que l’intervention comme recherche. Si elles définissent toutes à leur façon comment la recherche et l’intervention peuvent coexister et s’alimenter dans un même processus, ce large éventail est également susceptible d’entraîner une confusion autour des objectifs, de la posture et des méthodes que la recherche-intervention implique. Cette complexité se traduit dans la pluralité du vocabulaire utilisé pour traduire le processus (p.ex. co-construction de connaissances, participation, collaboration, visée émancipatrice, dimension collective). En même temps, les chercheur·euse·s en recherche-intervention sont univoques : il s’agit d’un processus par lequel la recherche et l’intervention s’enrichissent de manière à soutenir et faciliter un changement de pratiques ainsi qu’une production de connaissances. Ainsi, cette présentation introductive vise à explorer les différentes écoles et définitions de la recherche-intervention. Les repères communs proposés serviront de référence pour les présentations suivantes.
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Communication orale
Exemples de projets de recherche-intervention menés en psychologie du développement avec des adolescents et jeunes adultes en transition en FranceAmélie Courtinat-Camps (Unité de Formation et de Recherche de Psychologie), Yoan Mieyaa (Université Toulouse J. Jaurès), Aude Villatte (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Cette présentation, à trois voix, fait état de différents projets de recherche-intervention récemment menés au sein du laboratoire Psychologie de la Socialisation : Développement et Travail de l'Université Toulouse Jean Jaurès, en France : a) une étude menée à l'aide d'une approche Photovoice auprès de jeunes en transition vers l'âge adulte et ayant un parent atteint d'un problème de santé mentale ; b) une étude conduite à l’aide de la méthodologie Photovoice auprès d’adolescent.e.s en situation de handicap psychique et tout-venant, pour appréhender leur expérience de l’inclusion à l’occasion de l’ouverture d’un dispositif inclusif dans leur collège; c) une recherche menée en collaboration avec la Fédération Léo Lagrange et des acteurs de terrains sur les expériences des jeunes collégien-ne-s vis à vis des situations de harcèlement dans et en dehors de l'institution scolaire. Les démarches et / ou résultats issus de ces travaux seront brièvement présentés. Les principaux défis et enjeux propres à la recherche-intervention auprès de ces jeunes publics seront mis en évidence.
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Communication orale
Exploration de la mise en place d’une Recherche - Intervention auprès de jeunes mineurs étrangers dans une Maison d’Enfants à Caractère Social (MECS) en AriègeCharline Furst (Toulouse II Jean Jaurès)
Cette Recherche-Intervention se déroule au sein d’une MECS (Centre Jeunesse) accueillant des mineurs étrangers non accompagnés. En France, les MECS sont des établissements sociaux ou médico-sociaux dédiés à l’accueil temporaire d’enfants en difficulté. Ici, les jeunes accueillis sont tous des jeunes exilés reconnus mineurs à leur arrivée en France, et pouvant alors bénéficier d’une mise sous protection ainsi que d’une prise en charge sanitaire, éducative et psychologique. Ayant un avenir incertain dû à l’approche de leur majorité et donc à la levée de leur protection, leur prise en charge se focalise sur l’apprentissage du français et la construction d’un parcours professionnel rapide. En effet, afin d’éviter l’OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) à leur majorité, l’acquisition d’un emploi avant l’âge de la majorité est nécessaire. La démarche de déploiement de la R-I avec les défis que cela suppose en lien avec les enjeux spécifiques liés à l’accompagnement de ces jeunes mineurs isolés seront mis en lumière.
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Communication orale
Proposer et mener une recherche intervention pour des enfants accueillis au sein d’un secteur pédopsychiatrique rural - groupe de parole avec des familles d’accueilAéla Jarnot-Hamille
Cette présentation rend compte d’un projet de recherche-intervention né dans le cadre d’un stage réalisé au sein d’un secteur de pédopsychiatrie. Ce projet, à destination des enfants accompagnés par les différents services, s’est élaborée autour des familles d’accueil et de leurs statuts - professionnels de l’accueil et support socio affectif stable - pour ces enfants, ainsi que des différentes facettes de leur accompagnement au regard des particularités et besoins des enfants accueillis. Aussi par le biais de cette présentation se pose une question qui sera soumise à discussion : la recherche intervention pour les enfants peut-elle passer par un travail avec l’environnement socio-affectif de ces derniers plutôt que par un contact direct avec ces enfants ?
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Communication orale
Illustration d’une recherche-intervention dans un établissement scolaire, auprès de jeunes filles âgées de 15 à 18 ansChloé Laroche (Université de Toulouse - Jean Jaurès)
Cette recherche-intervention s’est déroulée au sein d’un internat (pensionnat au Québec) dans un lycée privé catholique, auprès de jeunes filles âgées de 15 à 18 ans. Le déroulement de cette recherche-intervention sera présenté et l’adaptabilité que suppose ce type de recherche de la part du chercheur, notamment lorsque celui-ci a un statut de psychologue stagiaire au sein de l’institution, sera tout particulièrement discutée. Les allers-retours nécessaires entre théorie et pratique d’une part, entre les besoins des jeunes et les réalités des professionnels et du terrain d’autre part, seront également soulignés.
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Communication orale
Les jeunes s’expriment sur le vivre-ensemble dans un établissement médico-social : Le cas d’une recherche intervention au sein d’un Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique.Matthias Leroy (Université Jean Jaurès)
Cette présentation rend compte d’un projet de recherche-intervention débuté au sein d’un Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique (ITEP). En France, ce type de structure propose une prise en charge complète et pluridisciplinaire à des enfants ayant des comportements dits agressifs qui peuvent entraver le processus de socialisation. Mais qu’en est-il lorsque la violence semble prendre le dessus sur les relations entre enfants mais aussi entre enfants et professionnels au sein de ces institutions ? Quelles sont les conditions pour parvenir à vivre ensemble, dans un climat apaisé ?
C’est sur la base de ces questionnements qu’est né le projet de Recherche-Intervention présenté. Celui-ci propose de donner la voix aux enfants, dans un premier temps au travers d’un entretien collectif, puis de proposer un espace où les enfants et les adultes seront conviés à s’exprimer au travers d’un focus group. Outre un aperçu du déroulement de ce projet, la présentation questionnera deux enjeux principaux : a) quelle place donner au handicap de ces jeunes dans la R-I ? b) Dans quelle mesure le rapport d’autorité et de pouvoir en place entre les enfants et les professionnels peut-il constituer un frein pour l’expression des jeunes au sein des focus groupes envisagés ?
Réflexion collective autour des présentations du bloc 1
Six grands témoins (chercheuses, étudiantes, gestionnaire, intervenante et personnes concernées) interviendront par suite du bloc de présentations. Elles partageront leurs réflexions sur les présentations entendues à partir de leur position (standpoint) et poseront une ou des questions à l’ensemble des personnes présentes de manière à soutenir la réflexion et les apprentissages collectifs. Cette période de discussion et de réflexion collective sera illustrée et soutenue par le travail de Dorothée de Collasson (facilitatrice visuelle).
Dîner
Bloc 2 de présentations
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Communication orale
“J’ai vraiment envie d’être là, ma voix est importante. Il faut que je la fasse entendre” : Les effets d’une RAP sur des adolescentes placées en contexte d’exploitation sexuelle.Gabrielle Charlebois (UQO - Université du Québec en Outaouais), Vicky Lafantaisie (Université du Québec en Outaouais)
Au Québec, les jeunes victimes d’exploitation sexuelle (ES) sont prises en charge sous la loi de la protection de la jeunesse. Plusieurs se retrouveront placés en centre de réadaptation pour jeunes en difficulté d’adaptation (CRJDA). De nombreux auteurs soulignent la faible participation des adolescent·e·s placé·e·s : ils·elles ont rarement la chance de se prononcer sur les décisions qui les concernent. Peu d’études se sont intéressées à la perception des victimes d’ES dans le but d’offrir des services mieux adaptés aux besoins réels des personnes victimes et survivantes. Cinq adolescentes de 14 à 17 ans placées en CRJDA vivant ou ayant vécu une forme d’exploitation ont participé à l'étude. Elles ont d’abord participé à deux séances de formation sur l’approche participative puis à un groupe de travail, composé de six adolescentes et de deux co-animatrices (une chercheuse et une intervenante). Au final, une trajectoire de services adaptées a été produite par le groupe et présentée lors d’un événement regroupant des personnes impliquées dans les services offerts aux adolescentes. Différentes méthodes de collecte ont été mobilisées dans ce projet : enregistrement audio des rencontres du comité, entretiens individuels et tenue d’un journal de bord ethnographique. Après avoir brossé un rapide portrait du déroulement de l’étude, nous nous attarderons à décrire les effets que la participation à une recherche-action participative a eus sur les jeunes participantes.
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Communication orale
Expérience de recherche avec des enfants de 8-18 ans de l’Afrique de l’Ouest et du Nord : défis et questionnements quant aux asymétries de pouvoir inhérentes au processus.Vicky Lafantaisie (Université du Québec en Outaouais), Sarah Tourigny (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
En nous appuyant sur une expérience de recherche qualitative avec 169 enfants de l’Afrique de l’Ouest et du Nord, nous souhaitons explorer les questionnements et les défis qui nous ont bercées (et parfois brassées) tout au long du processus de recherche. Réalisé en partenariat avec des organismes locaux, le projet vise à mieux comprendre comment les enfants participent dans leur communauté. Bien que ce projet s’inscrive dans une approche participative et tienne compte du contexte culturel et social, plusieurs questionnements et tensions éthiques et méthodologiques ont pavé le processus. Comment assurer l’assentiment et la participation des enfants alors qu’un rapport de pouvoir asymétrique enfant-adulte teinte le processus, accentué par le fait que les chercheuses soient blanches et issues d’un pays colonisateur (Canada)? Comment organiser une réelle collaboration avec les enfants alors qu’il y a une barrière de langue et des différences culturelles entre les chercheuses et les enfants? Comment contribuer à l’émancipation des enfants tout en s’assurant que les connaissances générées à travers le processus ne nuisent pas à leur sécurité ou à leur bien-être? Comment pouvons-nous accompagner les enfants à contribuer à la formation d’intervenant·e·s depuis un pays et une perspective culturelle différente? Cette présentation sera l’occasion de réfléchir à nos approches de manière à soutenir la participation des enfants dans des contextes culturels variés.
Réflexion collective autour des présentations du bloc 2
Six grands témoins (chercheuses, étudiantes, gestionnaire, intervenante et personnes concernées) interviendront par suite du bloc de présentations. Elles partageront leurs réflexions sur les présentations entendues à partir de leur position (standpoint) et poseront une ou des questions à l’ensemble des personnes présentes de manière à soutenir la réflexion et les apprentissages collectifs. Cette période de discussion et de réflexion collective sera illustrée et soutenue par le travail de Dorothée de Collasson (facilitatrice visuelle).
Bloc 3 de présentations
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Communication orale
Le pouvoir et l’éthique de l’art dans la recherche-intervention avec les enfants migrants marginalisés: l’art d’explorer articulé à l’art de faire du bienPrudence Caldairou-Bessette (UQO/UQAM), Catherine Huard (UQAM - Université du Québec à Montréal), Shauna Rak (Concordia)
Le pouvoir thérapeutique de l’art est bien connu, dans des contextes variés. Le courant de la recherche basée sur l’art soutient également le potentiel de l’art comme méthode de questionnement, d’exploration et d’interprétation. Cette présentation illustrera le pouvoir et l’éthique de l’art en recherche avec les personnes en position de vulnérabilité sociale. Nous partagerons l’expérience d’une recherche avec des enfants de moins de 12 ans vivant dans un hébergement temporaire pour familles réfugiées/demandeuses d’asile/sans papier. Plus spécifiquement, nous décrirons un dispositif de recherche à partir d’un atelier de chant et art sur une période de 6 mois. Nous montrerons en quoi le recours à l’art a permis de travailler malgré la barrière de la langue de manière à permettre à favoriser le bien-être et l’exploration narrative des enfants tout en recueillant des données de recherche permettant de contribuer à l’avancement des connaissances. Cette recherche basée sur l’art mettra de l’avant l’utilisation de méthodes participatives visuelles et le recours à une marionnette chercheure pour soutenir le processus de recherche. Le défi que ce projet tente de relever est de faire de la recherche qualitative sans entrevues étant donné que le milieu était réfractaire à cette modalité. Cette présentation abordera quelques enjeux de la recherche-intervention avec les jeunes enfant en contexte communautaire.
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Communication orale
Prendre en compte le point de vue de jeunes enfants et de leurs parents pour améliorer un service éducatif visant l’inclusion scolaire d’élèves doués et doublement exceptionnels.Claire Baudry (Université du Québec à Trois-Rivières), Anne-Brault Labbé (Université de Sherbrooke), Line Massé (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Marie-France Nadeau (Université de Sherbrooke), Claudia Verret (Université du Québec à Montréal)
Une recherche-intervention a été menée en partenariat avec le Centre de services scolaire des Chênes afin de mettre au point un service s’inspirant des regroupements par essaim. Le service intégrait un sous-groupe d’élèves doués ou doublement exceptionnels (N = 11) au sein d’une classe multiniveau (3e et 4e année) composée également d’élèves tout venant (N = 8). Dix-huit élèves et leurs parents ont participé à la recherche. En s’appuyant sur la recherche menée, cette conférence présente les défis liés à la prise en compte de l’opinion de jeunes enfants et aux différents moyens qui peuvent être mis en place afin de favoriser leur prise de parole, notamment par l’utilisation de la méthode Photovoice et du portfolio. Elle présente également l’apport des parents comme témoins privilégiés du vécu de leur enfants.
Réflexion collective autour des présentations du bloc 3
Six grands témoins (chercheuses, étudiantes, gestionnaire, intervenante et personnes concernées) interviendront par suite du bloc de présentations. Elles partageront leurs réflexions sur les présentations entendues à partir de leur position (standpoint) et poseront une ou des questions à l’ensemble des personnes présentes de manière à soutenir la réflexion et les apprentissages collectifs. Cette période de discussion et de réflexion collective sera illustrée et soutenue par le travail de Dorothée de Collasson (facilitatrice visuelle).