Informations générales
Événement : 91e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :Les livres jeunesse revêtent plusieurs rôles pour les enfants qui les lisent, et le milieu scolaire s’avère un terreau fertile pour les explorer (Giasson, 2000). Selon Nikolajeva (2014), les livres jeunesse contribuent à développer la connaissance du monde, la connaissance de soi et la connaissance de l’autre. Certains s’intéressent à ces différents axes de la connaissance par le truchement des livres jeunesse. Par exemple, quant à la connaissance du monde, cela peut être par le recours aux livres jeunesse pour initier des élèves de premier cycle à des concepts abstraits comme le temps, l’espace et les sociétés (Boulet, 2022) ou pour développer leur vocabulaire (Cuerrier, 2019). Pour ce qui est du recours aux livres jeunesse pour connaître une réalité semblable à la sienne ou différente, cela peut se traduire par des études de cas où il y a une mise en scène de fratries composées de personnages vivant avec un handicap (Joselin et Dayan, 2022) ou de personnages vivant un deuil (Henky, 2022). Ces brefs exemples montrent bien l’étendue des sujets quant aux connaissances que les livres jeunesse peuvent apporter aux lectrices et aux lecteurs. Outre ces apprentissages variés, les livres jeunesse contribuent également à la réflexion, pensons simplement au potentiel à philosopher avec les enfants grâce aux livres jeunesse (Chirouter, 2008, 2015). Sur le plan de l’émotion, certains considèrent les livres jeunesse utiles pour développer l’empathie fictionnelle (Larrivé, 2014, 2015), alors que d’autres s’intéressent aux émotions telles que véhiculées par les personnages (Bowen, 2022; Dionne, 2020). Compte tenu de cette diversité des rôles des livres jeunesse, il paraît essentiel de continuer à les explorer pour faire avancer les connaissances.
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Rachel Deroy-Ringuette (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
- Isabelle Montésinos-Gelet (UdeM - Université de Montréal)
Programme
Accueil et conférence d’ouverture
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Communication orale
Le pouvoir transformateur de la littérature jeunesseAndrée Poulin (Auteure, donc travailleuse autonome)
Bien plus que de simples histoires, les livres jeunesse sont des portes ouvertes vers des univers inexplorés et envoûtants. Fabuleux catalyseurs, les livres peuvent éveiller l’esprit et l’empathie, la tolérance et la résilience. Ils permettent aux jeunes de mieux se comprendre et de développer leur personnalité.
Auteure d’une soixantaine de livres, Andrée Poulin cherche à stimuler chez les jeunes une imagination empreinte de compassion. Son expérience de travail comme journaliste, puis en coopération internationale, l’a menée à écrire des récits ouverts sur le monde, pour faire tomber les préjugés et contribuer à former les citoyens de demain.
Andrée Poulin s’inscrit dans la veine de la littérature engagée, qui comporte toutefois plusieurs défis d’écriture. Comment amener les jeunes d’ici à s’intéresser aux jeunes d’ailleurs? Comment aborder des enjeux sociaux et environnementaux (pauvreté, guerres ou crise climatique) sans angoisser les jeunes? Comment mettre en scène des personnages provenant de la diversité ethnique ou sociale, tout en évitant l’écueil de l’appropriation culturelle? Comment adapter son approche narrative selon la teneur des thèmes abordés et selon l’effet recherché? Comment glisser des leçons de vie dans les récits sans verser dans le prêchi-prêcha? Comment proposer aux éditeurs des livres audacieux et novateurs, autant dans le contenu que dans la forme, mais qui répondent en même temps aux exigences commerciales des maisons d’édition?
Axe 1 : Apprendre (discipline scolaire – français)
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Communication orale
L’articulation littérature jeunesse et travail sur la langue dans un outil soutenant la planification d’activités lexicales au primaireCaroline Proulx (UdeM - Université de Montréal)
Les recherches portant sur les pratiques d’enseignement du lexique démontrent qu’un temps limité est accordé à l’enseignement lexical (Scott et al., 2003), que les modalités d’enseignement sont peu variées (Anctil et al., 2018 ; Dreyfus, 2014) et que les enseignants manifestent des besoins de formation en matière d’enseignement lexical (Anctil, 2010 ; Tremblay, 2009). Or, plusieurs recherches empiriques ont démontré la pertinence de recourir à la littérature jeunesse comme levier au développement de la compétence lexicale (Sauvageau, 2023 ; Gagnon, 2019).
Afin de répondre au besoin de formation des enseignants et de proposer un enseignement plus intégré du lexique, nous avons développé un outil d’autoformation proposant des activités pour développer la compétence lexicale à partir de la littérature jeunesse (Proulx, 2023). Lors du processus d’élaboration, l’outil a été soumis à une mise à l’essai fonctionnelle auprès de huit experts en didactique du français et à une mise à l’essai empirique auprès de 16 utilisateurs cibles (enseignants, orthopédagogues, conseillers pédagogiques). Cette présentation vise à présenter les résultats des différentes mises à l’essai ainsi que la façon dont l’articulation littérature jeunesse et travail sur la langue est opérationnalisée dans l’outil développé.
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Communication orale
Le rappel d’un livre jeunesse pour favoriser le réemploi lexical au terme d’un enseignement direct de vocabulaire : constats et limitesClaudine Sauvageau (UdeM - Université de Montréal)
Le recours aux livres jeunesse offre un ancrage authentique aux apprentissages lexicaux (Beck et al., 2013), notamment lors d’un enseignement direct de vocabulaire ([EDV] explication par l’enseignant de mots rencontrés en lecture, suivie d’activités de consolidation). Il semble donc naturel d’accorder une place aux livres jeunesse au terme d’un tel enseignement, formant ainsi une boucle passant par la contextualisation des apprentissages lexicaux, puis par leur décontextualisation et leur recontextualisation lors du rappel du livre lu. Bien que cette dernière tâche semble peu fidèle pour mesurer quantitativement l’apprentissage de mots précis (Anctil et Sauvageau, 2020), Cèbe et Goigoux (2017) évoquent sa pertinence pour observer le réemploi lexical, ce que nous avons documenté.
De fait, l’étude que nous avons menée a permis de poser un regard sur le rappel de livres lus, par des élèves du 1er cycle du primaire, à la suite de séquences d’EDV. Nous avons étudié les caractéristiques des livres jeunesse qui influent sur le réemploi lexical (pouvoir évocateur des illustrations, structure textuelle, types et occurrences des mots contenus, etc.); nous avons relevé les limites de cette tâche, liées à son caractère dirigé qui ne garantit pas un réemploi spontané, conscient et délibéré des mots ciblés. De là, nous souhaitons ouvrir, lors de cette communication, une réflexion sur le recours aux livres jeunesse pour favoriser le réemploi lexical, en préservant l’authenticité des tâches.
Dîner libre
Axe 1 : Apprendre (discipline scolaire – sciences et technologie)
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Communication orale
Proposition d’une typologie des erreurs dans les livres jeunesse portant sur les enjeux environnementauxRachel DeRoy-Ringuette (UQTR), Audrey Groleau (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Au cours des trente dernières années, plusieurs ont proposés des critères pour évaluer les livres jeunesse traitant des sciences (p.ex., Atkinson et coll., 2009; Madrazo, 1997; Rice, 2002; Soudani et coll., 2015). Cependant, nous avons constaté que ceux pour choisir des livres jeunesse traitant des enjeux environnementaux, sont rares ou insatisfaisants, et c’est pour cela que, dans une étude antérieure, nous avons proposé une grille de critères pour guider la sélection de livres jeunesse portant sur ce sujet (DeRoy-Ringuette et Groleau, 2023). Cette grille, conçue dans une perspective interdisciplinaire entre la didactique des sciences et la didactique de la lecture, contient deux énoncés méritant plus d’attention : « Le contenu présenté est-il exact du point de vue scientifique; Le contenu présenté est-il exact du point de vue environnemental ». De fait, nous avons remarqué qu’il arrive que dans les livres jeunesse, certains termes ou certaines illustrations pourraient éventuellement mener à des obstacles, voire contiennent des erreurs évidentes. Afin de guider encore plus finement le choix des livres – et de manière complémentaire à notre grille précédemment développée –, notre objectif ici est de dégager une typologie des erreurs fréquentes, en texte ou en image, trouvées dans des livres jeunesse récents portant sur des enjeux environnementaux. Nous procédons par une analyse inductive (Blais et Martineau, 2006) sur un échantillon de convenance d’une trentaine d’ouvrages.
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Communication orale
Découvrir et contextualiser les démarches technologiques (conception et analyse) en classe de sciences et technologie au primaire par l’entremise de livres jeunesseJolyane Damphousse (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Les démarches de conception et d’analyse technologiques travaillées dans les cours de sciences et technologie au primaire se rapprochent du travail des ingénieurs. La première a pour objectif de répondre à un besoin humain par la conception d’un objet (El Fadil, 2016), alors que la seconde cherche à comprendre son fonctionnement (Damphousse, 2017). Malgré leur jeune âge, les élèves du primaire sont capables de concevoir des objets assez complexes et de comprendre le fonctionnement d’objets du quotidien. Tout de même, il peut être difficile pour eux de réaliser ces démarches pour une première fois. C’est pourquoi il est important de leur fournir des modèles. C’est ce qu’offrent de nombreux livres jeunesse, dans lesquels des personnages réalisent des démarches technologiques ou certaines de leurs étapes, abordent des dimensions de la technologie ou des qualités favorables au travail en technologie. Comme le mentionne Axell (2017), les livres jeunesse sont un outil pédagogique qui contextualise la technologie et qui la rend visible et compréhensible pour les élèves. Cette communication abordera un processus réalisé à l’été 2023 : l’analyse de plus de cinquante livres, l’émergence de critères pour faire le choix d’un livre pour l’enseignement de la technologie, la rédaction de balises pour évaluer leur potentiel ainsi que la proposition de deux réseaux littéraires. Ces éléments ont été regroupés dans un guide pédagogique disponible gratuitement en libre accès.
Axe 2 : Réfléchir
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Communication orale
État des lieux des recueils de poésie jeunesse publiés au Québec depuis 20 ans, suivi du cas de la collection « Poésie » de La courte échellePascale Bouchard-Plouffe (UQO), Judith Emery-Bruneau (UQO - Université du Québec en Outaouais), Madeleine Stratford (UQO)
Depuis le tournant des années 2000, la littérature de jeunesse québécoise est marquée d’une vive effervescence tant par la quantité que par la diversité de ses formes (Madore, 2014). Parmi les divers genres textuels qui s’inscrivent dans ce champ de la production, les recueils de poésie occupent une place de choix. Mais qu’est-ce qui caractérise ce corpus contemporain vers lesquels les enseignant‧e‧s peuvent se tourner pour travailler la poésie en classe (MELS 2009, 2011)? Quelles sont les maisons d’édition, les collections et les auteurs les plus prolifiques en poésie jeunesse au Québec? Quels sont les thèmes les plus souvent abordés dans ces recueils? Pour cette intervention, nous avons inventorié tous les recueils de poésie jeunesse parus au Québec de 2000 à 2022. Les 169 recueils de poésie recensés ont été répertoriés dans la rubrique M’as-tu vu, m’as-tu lu? de la base de données Lurindex produite par la revue Lurelu, base de données recommandée par le MELS pour choisir des livres de qualité. Nous ferons d’abord un état des lieux de ce corpus, puis analyserons le contenu de la 3e collection la plus prolifique à savoir la collection « Poésie » de La courte échelle, car l’arrivée de cette collection en 2002 marque un moment charnière de l’édition de poésie pour la jeunesse (Boissiroy, 2011). Les thèmes, sous-thèmes et leur traitement dans cette collection seront décrits afin de mieux réfléchir aux expériences poétiques qu’ils peuvent susciter.
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Communication orale
Les représentations de l’école sous l’angle de l’éthique féministe du care dans un corpus d’albums de littérature jeunesseRachel DeRoy-Ringuette (UQTR), Catherine Gagnon (UQAM - Université du Québec à Montréal)
On entend sur toutes les tribunes que l’école publique traverse une crise, qu’elle mérite mieux. Réfléchir à l’enjeu de l’amélioration de l’école publique passerait d’abord par une meilleure compréhension des représentations de l’école dans l’imaginaire collectif (Delbart, Kinif et Derobertmasure, 2021). Aussi, des théoriciennes avancent qu’une politique féministe du care (Tronto, 2009; Noddings, 2015) permettrait l’amélioration de l’école publique. L’éthique du care propose une vision de la justice fondée sur les liens qui nous unissent et nous permettent de vivre dignement. Pour décrire les représentations de l’école, je propose d’en exemplifier les caractéristiques grâce à l’analyse d’un corpus d’albums de littérature jeunesse (n=47). Cette dernière, reconnue comme une voie privilégiée pour comprendre le monde, contribue aussi à la construction d’un idéal (Brugeilles, Cromer et Panissal, 2009), en plus d’aider à la visualisation des usages et des sens pratiques de concepts à dimension sociopolitique (Godmer, 2010), telle qu’une politique du care. Pour cela, j’ai sélectionné des albums publiés en français (2022-2023) à partir du mot-clé «école» dans le catalogue de BAnQ, pour ensuite procéder à une analyse thématique (Paillé et Mucchielli, 2021) du texte et des illustrations des albums, à travers les cinq phases de l’éthique du care (Tronto, 2009). Les résultats permettront d’éclairer la portée éthique du care dans les représentations de l’école.
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Communication orale
Plonger dans des albums littéraires visant à soutenir l’inclusion des perspectives autochtones à l’enseignementKara Edward (UdeS - Université de Sherbrooke), Constance Lavoie (Université de Sherbrooke), Martin Lépine (Université de Sherbrooke)
Les albums de littérature de jeunesse véhiculent parfois certains stéréotypes à l’égard des Premiers Peuples (Edward et al., 2022). Bien que le réflexe premier pourrait être de mettre de côté ces œuvres dans l’enseignement dans le but de prendre soin de certaines sensibilités, nous soutenons qu’elles ont le potentiel de devenir des outils didactiques pertinents pour favoriser l’inclusion des perspectives autochtones dans les classes lorsqu’elles sont abordées dans cette optique. Or, le travail sur cette inclusion prescrite par le ministère de l’Éducation (Gouvernement du Québec, 2020) s’avère un défi, surtout que peu d’outils concrets soutiennent cette inclusion. Le but de cette communication est de présenter un guide d’analyse pour étudier des albums de littérature de jeunesse à potentiel d’inclusion des perspectives autochtones (M8wwa ᒪ ᒧ mamu, 2023). Il a été créé par le comité M8wwa ᒪ ᒧ mamu de l’Université de Sherbrooke dans le but de soutenir les personnes enseignantes dans l’identification d’éléments stéréotypés à aborder avec les élèves et sur lesquels on peut réfléchir et poser un regard critique. Une sélection d’albums de littérature de jeunesse présentant des stéréotypes et d’autres culturellement pertinents seront présentés afin de soutenir le travail autour de cet outil et d’exposer des applications concrètes pour les personnes enseignantes.
Lancement des actes de colloque « Les livres jeunesse à l’école ou hors les murs : pourquoi, comment et quoi? » (Acfas 2023)
Axe 3 : S’émouvoir
Atelier pratique autour de l’attrait de la tonalité des albums
Cet atelier pratique s’inscrit dans l’axe 3 de notre colloque qui touche à l’usage des albums pour s’émouvoir. L’attrait de la tonalité (Saricks, 2009) concerne les affects. Qu’il s’agisse d’émotions, de sentiments ou d’humeurs, les affects sont des réactions aux valeurs exaltées ou transgressées, ils permettent donc de les révéler (Tappolet, 2016). De plus, l’attrait de la tonalité s’applique tant aux intentions des créateurs quant aux affects qu’ils souhaitent générer chez leurs lecteurs (ton, genre) qu’à ceux éprouvés par les personnages en réaction aux situations ou au cadre du récit (types d’affect, cycle émotionnel, valeurs sous-jacentes). Cette attention portée au vécu des personnages peut aussi conduire les lecteurs à s’émouvoir en raison de leur empathie fictionnelle envers ceux-ci et les affects qu’ils éprouvent (Turgeon, 2021).
Dans cet atelier, les participant.e.s seront invités à réagir à des albums sélectionnés en raison de leur force quant à leur tonalité. Ainsi, dans un premier temps, une grille de descripteurs permettant l’analyse de l’attrait de la tonalité d’albums sera présentée. Par la suite, les participant.e.s pourront l’utiliser lors de leurs lectures d’albums variés. Enfin, une mise en commun sera réalisée pour partager les découvertes des lecteurs à propos de ces albums qui permettent de s’émouvoir.
Axe 4 : Inspirer (en classe)
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Communication orale
Éduquer à l’empathie cognitive en faisant la lecture à voix haute aux élèves : un regard sur la sélection et les interventions des enseignantesAnne-Marie Dionne (Université d’Ottawa)
L’empathie cognitive est une compétence que les enfants acquièrent lorsqu’ils sont en mesure de mentaliser et de comprendre les pensées d’autrui. Deux concepts qui lui sont associés sont la théorie de l’esprit et la prise de perspective (Kucirkova, 2019). Or, des avancées théoriques portent à croire que certains albums de littérature de jeunesse pourraient soutenir le développement de l’empathie cognitive des enfants (Fonagy, 2018; Nikolajeva, 2015). Mais, qu’est-ce qui caractérise ces albums et comment peut-on en tirer profit en faisant la lecture à voix haute aux élèves?
Nous avons analysé une cinquantaine d’albums ayant été sélectionnés par des enseignantes pour faire la lecture à voix haute à leurs élèves. Dans ces albums, nous avons relevé des éléments reliés à des concepts qui sous-tendent le développement de l’empathie cognitive, ce qui a permis de cerner quelques caractéristiques. Par ailleurs, nous avons eu l’occasion d’observer les enseignantes alors qu’elles faisaient la lecture de ces albums à leurs élèves. Nous avons noté que certaines d’entre elles instauraient habilement un dialogue susceptible d’étayer le développement de l’empathie cognitive de leurs élèves. Lors de notre exposé, nos propos seront ponctués d’exemples provenant des albums analysés et d’extraits rapportant les interactions entre les enseignantes et les élèves lors des séances de lecture à voix haute, ce qui nous permettra d’apporter des éléments de réponse aux questions précitées.
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Communication orale
L’utilisation structurée et systématique de la littérature jeunesse pour soutenir les apprentissages socioémotionnels à l’école: étude des programmes Contes sur Moi et DIRE-MENTORFrançois Bowen (UdeM - Université de Montréal), Jean Bélanger (UQAM), Marie-Eve Desrochers (Université de Montréal/CSS des Samares), Francine Di Torre (UQAM/CSS Rivière-du-Nord), Bonnie Leadbeater (University of Victoria), Isabelle Montésinos-Gelet (Université de Montréal), Éric Morissette (Université de Montréal)
À travers le récit du développement des programmes Contes sur Moi et DIRE-MENTOR, ainsi que la présentation de leurs études évaluatives (Bowen et coll., 2000 et 2019), nous analysons les conditions de mise en œuvre et d’efficacité de l’usage structurée et systématique de la littérature jeunesse pour soutenir les apprentissages socioémotionnels (ASE) à l’école. Ces deux programmes, aux origines distinctes, reposent sur les mêmes principes pédagogiques et didactiques, coconstruits et validées avec des enseignantes à travers un processus collaboratif soutenu. L’hypothèse à la base de ces programmes est que l’enseignement/animation avec la littérature jeunesse constitue un moyen efficace pour l’acquisition chez les élèves des différentes habiletés associées aux ASE (ex., l’empathie : Roza et Guimaraes, 2022), dans une perspective, entre autres, de prévention universelle de la violence. Les résultats de nos recherches évaluatives confirment en bonne partie cette hypothèse. Ces retombées positives reposent notamment sur : 1- l’application soutenue des activités (plans de leçons), mais adaptée aux besoins des jeunes; 2- l’adaptation de la formation et l’accompagnement selon les besoins des enseignantes concernant la maîtrise du contenu du programme comme des dispositifs d’enseignement qui y sont associés; 3- l’intégration du programme au sein du curriculum scolaire, ainsi qu’avec les autres pratiques de l’école visant à prévenir la violence et soutenir la socialisation des élèves.
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Communication orale
Le rappel de texte de jeunes élèves comme complément à l’élaboration des illustrations d’un album de littérature jeunesseSonia Guillemin (HEP - VAUD - Haute école pédagogique Vaud), Kelly Moura (HEP Vaud)
Notre projet s’inscrit dans le processus de création d’un album de littérature jeunesse pensé autour de la rencontre et l’ouverture à l’autre. Nous relatons une expérience menée dans quatre classes du canton de Vaud en Suisse avec de jeunes élèves à qui cet album est présenté uniquement par sa matière textuelle.
À ce jour, nous avons rédigé le texte et de brèves descriptions des illustrations pour dialoguer avec l’illustratrice. Nous souhaitons inclure dans notre réflexion des élèves de 5-6 ans, potentiels destinataires de cet album. Notre proposition leur est présentée par les enseignant·e·s et une question clé guide les échanges enregistrés : qu’avez-vous compris de cette histoire ? Le rappel du récit nous permet de vérifier la compréhension des élèves ou pointer des éléments utiles à l’élaboration des illustrations.
Nos analyses portent sur le rappel du récit (Giasson, 2013 ; Kissner, 2006 ; Reed et Vaughn, 2012). Les informations récoltées dans le cadre de cette recherche exploratoire nous permettent de réguler les échanges avec l’illustratrice.
Dîner libre
Axe 4 : Inspirer (par les livres)
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Communication orale
« Et si la mort m’était contée… » ou une histoire jeunesse pour appréhender le concept de mortÉmilie Lauzière (UdeS - Université de Sherbrooke), Jessica Rassy (Université de Sherbrooke), Deborah Ummel (Université de Sherbrooke)
À travers leur développement, les enfants vont faire face à différentes pertes, comme le décès d'un grand-parent. Or, l'acquisition du concept de mort, dans ses cinq dimensions que sont l'universalité, l'irréversibilité, la cessation et la causalité (Panagiotaki et al., 2015; Panagiotaki et al., 2018 ; Slaughter et Griffiths, 2007; Wong, 2022) varie selon des facteurs tels que le stade développemental, comme les expériences de décès dans la famille, et l'éducation, dont les influences familiales, scolaires, religieuses et culturelles. Cependant, plusieurs parents et personnes intervenant auprès d’enfants âgés entre 5 à 12 ans ne savent pas comment s’y prendre pour aborder ce sujet potentiellement délicat avec eux.
La communication présentera les résultats d’une étude visant à obtenir un consensus de personnes expertes sur le fond et la forme de l’histoire « La mort de grand-papa Mario » rédigée par Anne-Marie Lebrun, psychoéducatrice afin d’aborder la mort auprès des enfants de 5 à 12 ans. Inspirée de la méthode Delphi, la recherche était constituée des trois phases suivantes : 1) recension des écrits, 2) adaptation de l’histoire et 3) validation par la méthode Delphi à l’aide de trois catégories de personnes expertes (parents d’enfant(s) de 5 à 12 ans, spécialistes du développement de l’enfant et personnes intervenantes auprès de cette tranche d’âge).
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Communication orale
Le récit pour soutenir l’apprentissage socio-émotionnel de l’élève à l’école primaireCaroline Gariépy (UdeM - Université de Montréal), Isabelle Montésinos-Gelet (Université de Montréal)
Le développement des compétences sociales et émotionnelles constitue un apprentissage essentiel pour soutenir le bien-être des élèves à l’école. Plusieurs études ont d’ailleurs démontré des effets significatifs à long terme de dispositifs d’enseignement des compétences socio-émotionnelles sur les différents indicateurs du bien-être. Comment la lecture de récits en classe peut-elle favoriser cet apprentissage? Selon Desmurget (2023), la littérature est une interface privilégiée d’apprentissage socio-émotionnel parce qu’elle autorise des descriptions psychologiques et contextuelles remarquablement détaillées. Selon Beauvais (2023), l’entrée dans l’altérité par la fiction permet une immersion dans le ressenti d’autres personnes. Le récit procure des modèles du monde (Bruner, 2002), stimule l’attention, l’imagination, la mémoire, l’inférence et l’empathie (Nikolajeva, 2014) et permet aux enfants d’explorer d’autres expériences que celles qu’ils ont pu vivre et de découvrir d’autres façons de penser le monde (Chirouter, 2011). Le récit intensifie la vie sociale et relationnelle et met en scène des « caractères », des personnalités singulières, nous conduisant non seulement à nous identifier à d’autres êtres humains, mais surtout à accéder aux ressorts très complexes et subtils de leur vie intérieure (Van der Linden, 2021). Tous ces éléments seront exemplifiés à partir d’albums de littérature jeunesse.
Axe 4 : Inspirer (à la formation initiale)
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Communication orale
Les livres jeunesse que les étudiant.e.s au BEPEP affectionnent servent-ils aux élèves du primaire à réfléchir, à s’émouvoir ou à apprendre?Rachel Deroy-Ringuette (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Florence Lacroix (UQTR)
Au cours des dernières années, certaines études ont mis en lumière des exemples de corpus de livres jeunesse déclarés utiles pour enseigner dans les classes du préscolaire et du primaire au Québec (Lépine, 2017; Lépine et coll., 2021; Turgeon, 2018) mais, à notre connaissance, aucune recherche récente traite de ce sujet quant aux étudiant.e.s au baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement primaire (BEPEP). La présente communication vise deux objectifs. Le premier est de compiler les livres considérés intéressants pour une utilisation en classe, comme déclarés par les étudiant.e.s au BEPEP de l’UQTR (n=84). Le second est d’analyser les rôles des livres cités, à savoir s’ils permettent aux élèves du primaire de réfléchir, de s’émouvoir ou d’apprendre. C’est par une analyse thématique (Paillé et Muccheli, 2021) des titres des livres et des vedettes-matières attribuées dans le catalogue de BAnQ que le second objectif sera atteint. Le choix des textes à analyser repose sur le fait que l’une des fonctions du titre qui est d’informer la personne qui lit, de poser son horizon d’attente (Genette, 1987), et que les vedettes-matières, parfois nommées « sujets », servent à décrire et caractériser les documents lors de l’indexation, c’est-à-dire lors d’une étape du traitement documentaire en bibliothéconomie qui sert à révéler les contenus thématiques des documents (Hudon et coll., 2009).
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Communication orale
Le projet Passeurs de lecture de l’Université de Sherbrooke : pour partager le plaisir de lire et faire circuler les livresMartin Lépine (Université de Sherbrooke), Marie-Hélène Marcoux (UdeM - Université de Montréal)
Les compétences lectorales sont d’une importance capitale pour le développement personnel, culturel et social des personnes (Hébert et Lépine, 2011). Or, plusieurs recherches signalent que, plus les enfants avancent dans leur parcours scolaire, moins leurs attitudes sont positives par rapport à la lecture (Lépine et al., 2021; Morin, 2014). Comment alors les aider à entretenir le gout de lire dans la vie et pour la vie? Une des pistes à explorer, selon nous, est celle qui permet de tisser des liens entre les cadres scolaires et extrascolaires, ce que le projet des Passeurs de lecture propose aux futurs professionnels de l’éducation. Sur une base volontaire, le Passeur (l’étudiant en éducation) rencontre un groupe d'élèves autour de lectures interactives pour partager son propre plaisir de lire et les accompagner dans leurs découvertes d’œuvres jeunesse. Par ses premières animations de lecture, dans un contexte moins formel que les stages traditionnels, le Passeur développe sa compréhension du rôle de passeur culturel. Pour développer une communauté de lecteurs et pour que les livres circulent, le Passeur donne (« passe ») un livre à chaque rencontre à son groupe. De son côté, la Faculté offre une œuvre au Passeur pour chaque animation vécue. Ainsi, il se constitue une bibliothèque d’œuvres qu’il pourra réinvestir lors de ses stages. Lors de cette communication, seront présentés: le déploiement du projet, les activités de formation et les retombées du projet-pilote en cours.