Informations générales
Événement : 85e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Les radicalités violentes et l’extrémisme revêtent une pluralité de racines idéologiques et de visions du monde. Traditionnellement classés par la littérature scientifique sous la forme d’une typologie, les extrémismes se caractérisent par des motifs, des cadres idéationnels ou encore des généalogies communes. Parmi ces grandes familles, les radicalités violentes et les extrémismes de droite se distinguent par le peu d’intérêt qui leur est accordé à la fois comme objet scientifique et comme objet d’action publique. Derrière cette étiquette d’extrémismes de droite, il existe en réalité une pluralité de mouvements et d’acteurs (néonazis, néofascistes, suprémacistes, ultranationalistes, etc.) qui ne se revendiquent pas tous de la même manière et ne déploient pas leurs activités ou leurs actions, qu’elles soient violentes ou non, selon un même continuum.
Au Canada comme au Québec, peu de chercheurs se sont jusqu’ici intéressés à cette forme d’extrémisme. Il en résulte une littérature spécialisée relativement limitée et majoritairement restreinte à l’extrémisme de droite dans ses formes et ses manifestations les plus violentes et marginales. Si l’extrémisme de droite peut renvoyer à des groupes oppositionnels tels que les groupes skinheads néonazis, les mouvements ultranationalistes ou encore les mouvances suprémacistes, ce phénomène dépasse ces acteurs militants qui opèrent aux marges de l’espace politique et du débat public. Il semble dès lors important d’explorer plus en profondeur la nature et le déploiement des extrémismes de droite qui peuvent s’incarner autant dans des actions violentes spectaculaires que par une violence plus ordinaire et moins perceptible à l’échelle sociale. Afin de cerner ces différents enjeux, le colloque propose des pistes de réflexion et des éclairages autour des extrémismes et des radicalités violentes de droite au Québec et au Canada.
Comment traiter l’aspect définitionnel de la radicalisation violente dans une perspective d’extrémisme de droite? Comment définir les acteurs et les groupes qui composent cette nébuleuse floue de l’extrémisme de droite au Québec et au Canada? Comment les membres de ces groupes s’engagent-ils dans cette mouvance? Quel regard comparé est porté sur les extrémismes de droite au Québec et au Canada en comparaison d’autres espaces (Europe, États-Unis, etc.)? Voilà un éventail de questions qui orientera les discussions et les réflexions des communications présentées dans le cadre de ce colloque.
Cet espace sera l’occasion pour les chercheurs francophones de partager les résultats de leurs travaux et d’évoquer les points de débats et de tensions actuels dans ce domaine. Il s’agira donc d’offrir un espace de réflexivité et de discussion relatif à la problématique décrite, en particulier au Québec.
Date :- Benjamin Ducol (Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence)
- Alexandre Chevrier-Pelletier (Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence)
Programme
Extrémismes et radicalités violentes de droite au Québec et dans l’espace francophone : de l’objet de recherche au « problème social »
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Communication orale
Extrémismes et radicalités violentes de droite au Québec et dans l’espace francophone : de l’objet de recherche au « problème social »Benjamin Ducol (Centre international de criminologie comparée)
Les extrémisme(s) et les radicalité(s) violente(s) de droite demeure un objet de recherche émergent au Québec et au Canada. Malgré l’existence d’une littérature éparse, encore peu nombreux sont les chercheur(e)s engagé(e)s dans l’investigation de ces phénomènes. Alors que les manifestations variées (incidents et crimes haineux, attentats terroristes, etc.) font aujourd’hui l’objet d’une attention publique de plus en plus soutenue, on assiste du même coup à l’émergence progressive d’un cadrage des extrémisme(s) et des radicalité(s) violente(s) de droite comme « problème social ». Afin de mettre en lumière ce qu’elles recouvrent au Québec et dans l’espace francophone, ce colloque se propose de les explorer à plusieurs niveaux (discours, imaginaires ou encore actions) et selon une pluralité d’angles méthodologiques et de cadrages théoriques.
Table ronde 1 – Définir et localiser les extrémismes de droite au Québec et au Canada
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Communication orale
Les extrémismes de droite au Canada : définitions, contexte et pistes de réflexionMaxime Bérubé (UdeM - Université de Montréal)
En cette ère où une montée globale de l’extrémisme de droite se fait sentir, la pertinence de s’interroger sur la nature de cet extrémisme et les formes sous lesquelles il peut se manifester devient d’autant plus importante. Il n’existe pas de consensus sur la définition même de l’extrême droite, puisque tout un continuum de revendications s’inscrit sous cette idéologie plurielle, ou cette famille idéologique, que nous qualifions d’extrémismes de droite (Camus, 2008). En effet, certaines revendications peuvent être propres à l’extrême droite, comme le racisme, le fascisme et le suprémacisme, mais d’autres se font sous le couvert de luttes associées à d’autres champs politiques, tels que la liberté d’expression, le prolétariat, l’identité culturelle ou encore le nationalisme. Dans un même ordre d’idée, le caractère extrême ou radical de ces revendications varie. Il peut certes provenir de la nature de l’idée défendue, mais il peut aussi résulter de la manière dont elle est revendiquée (Bronner, 2009). Donc, abordé le plus souvent sous l’angle de la haine, l’extrémisme de droite est surtout constitué de diverses formes d’exclusionnisme pouvant s’exprimer dans une dynamique d’apparence à la fois positive ou négative. Comme le souligne Neveu (2015), « si des collectifs se mobilisent « pour » [quelque chose], cette activité revendicative ne peut se déployer que « contre » un adversaire désigné » (p. 10). Or, motivé notamment par la défense d’un idéal espéré, l’extrémisme de droite prend forme par le rejet et l’exclusion de différentes catégories d’individu. Dès lors que les questionnements relatifs à cette conférence s’orientent vers le contexte québécois, il s’avère nécessaire de souligner les caractéristiques particulières de l’environnement dans lequel il se trouve. Bien au-delà du Québec, la situation canadienne se distingue d’autres pays occidentaux que l’on pourrait croire à priori semblables. Il est alors légitime de se demander: quelles formes prend l’extrémisme de droite au Canada? Comment se manifestent-elles? Pourquoi l’extrémisme de droite n’est pas aussi présent au Canada qu’aux États-Unis ou en Europe? Cette présentation vise à apporter des pistes de réflexion pouvant servir à répondre à ces questions, en plus d’aider à mieux définir les extrémismes de droite.
Références :
Bronner, G. (2009). La pensée extrême : Comment les hommes ordinaires deviennent des fanatiques. Paris, France: Denoël.
Camus, J.-Y. (2008). L’Extrême droite : une famille idéologique complexe et diversifiée, La Pensée et les hommes, 68.
Neveu, É. (2015). Sociologie des mouvements sociaux. Paris: La Découverte. -
Communication orale
La droite-alternative : pour une définition d’un objet d’étude adaptée au contexte du Québec globaliséMaxime Fiset (Université Laval)
Pendant l’élection présidentielle ayant porté Donald Trump au pouvoir, particulièrement suite à la nomination de Steve Bannon dans sa garde rapprochée, la mouvance « alt-right » a gagné en visibilité et semble être devenu quelque chose de concret. Or, 850 apparitions dans les médias canadiens depuis 3 mois (en date du 18 janvier 2017 – sur Eureka.CC) n’ont pas rendu le terme plus facile d’approche pour l’électeur, ni pour les communautés académique et médiatique : c’est peu surprenant pour un terme générique aussi englobant.
Il n’empêche que la soudaine popularité de l’expression et la forte probabilité qu’il en soit encore souvent question dans l’avenir appellent à une définition claire et concertée du sujet.
Nous proposerons donc une définition de travail qui cherche à isoler la droite-alternative d’autres mouvances issues du nationalisme ou du conservatisme, et qui saura englober, nous l’espérons, toutes les associations d’idées ou de personnes qu’on retrouve sous l’ombrelle du vocable « alt-right ». Peut-on d’ailleurs parler d’une telle mouvance (la droite-alternative) au Québec ? Si c’est bien le cas, nous postulons qu’elle est différente de l’alt-right étatsunienne, mais qu’elle va aussi puiser, pour sources, dans la droitosphère virtuelle globale qui s’étiole à partir de sites tels que Stormfront, Breitbart News, InfoWars et 4chan, jusque sur les médias sociaux et des sites locaux.
Pour y parvenir, nous dégagerons une liste d’axes idéologiques qui sont omniprésents dans la droite-alternative. Nous chercherons à brosser quelle progression est possible au long de ces axes. À partir de ces axes, nous pensons parvenir à constater là où se touchent et se séparent la droite-alternative du Québec et les mouvements et partis politiques plus anciens.
Enfin nous consacrerons une quantité importante d’effort à vérifier s’il existe véritablement une distinction fondamentale entre les termes génériques « droite-alternative » et « droite radicale » (ou « extrême-droite ») dans le contexte québécois et à l’identifier.
Références :
Baysinger, T. G. (2006). Right-wing group characteristics and ideology. Homeland Security Affairs, 2(2) : https://www.hsaj.org/articles/166
Bérubé, M., Campana, A. (2015). Les violences motivées par la haine. Idéologies et modes d'action des extrémistes de droite au Canada. Criminologie, 48(1).
Nadeau, F. et Helly, D. (2016). Extreme Right in Quebec?: The Facebook Pages in Favor of the « Quebec Charter of Values ». Canadian Ethnic Studies, 48(1), 1–18
Southern Poverty Law Center, « Alt-right » : https://www.splcenter.org/fighting-hate/extremist-files/ideology/alternative-right -
Communication orale
L’extrême droite au Canada : tentative de cartographie d’une mouvance aux contours mouvantsAurélie Campana (Université Laval), Samuel Tanner (Université de Montréal)
Dans la foulée de l’attaque contre la mosquée de Québec en janvier 2017, nombre d’observateurs ont évoqué une spécificité de l’extrême-droite au Québec. S’il est vrai que certains groupes ont gagné en visibilité ces derniers mois, peut-on dire que le Québec a connu un développement plus marqué de groupes d’extrême-droite que le reste du Canada? S’appuyant sur une recherche de terrain de plus de trois ans, ce papier montre que la thèse d’une expansion du phénomène extrémiste de droite au Québec, alors qu’il serait plus effacé dans les autres provinces, se doit d’être relativisée. Ainsi, les groupes d’extrême-droite sont actifs dans toutes les provinces et ont connu des évolutions semblables, illustrées entre autres par l’apparition de groupes antimusulmans. De plus, cette mouvance est caractérisée dans tout le Canada par sa volatilité et sa fragmentation poussée, tendances qui s’expliquent entre autres par la présence de nombreux courants, des tensions intergénérationnelles ou encore par l’existence d’inimités personnelles et de divergences stratégiques. Il ne s’agit pas de nier une certaine spécificité québécoise, qui se lit d’abord et avant tout dans les stratégies de visibilisation adoptées par certains groupes et dans l’insertion du débat identitaire dans plusieurs des discours produits par ces mêmes groupes. Toutefois toutes les provinces possèdent en quelque sorte une spécificité. La religion joue ainsi un rôle plus structurant sur la scène d’extrême-droite en Alberta qu’ailleurs. Dès lors, ce papier proposera une cartographie des groupes d’extrême-droite au Canada, cartographie qui insistera sur les évolutions récentes qui ont marqué cette mouvance et sur les spécificités de ses expressions province par province. Une telle démarche permettra de revenir sur une définition de cette forme de radicalité et sur les différents courants qui la traversent.
Table ronde 2 – Imaginaires et fondements idéologiques des droites radicales dans les contextes québécois et canadien
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Communication orale
Analyse de l’idéologie de la Fédération des Québécois de souche et Council of European CanadiansFrédéric Boily (University of Alberta)
Dans la littérature scientifique consacrée au radicalisme politique de droite au Canada et au Québec, on s’intéresse à documenter les actions violentes, le nombre de crimes haineux (Bérubé et Campana, 2015) ou encore à tenter de voir les raisons expliquant l’émergence de ce phénomène (Bérubé, 2016). Or, même si quelques travaux se sont intéressés à cette question (Nadeau et Helley, 2016), on semble moins porté à analyser les idées défendues et les propos avancés par les acteurs politiques de la droite radicale. Tant et si bien que nous connaissons mal les idées prônées par certains groupes, lesquelles sont souvent ramenées sous un même dénominateur, celui de la haine.
Or, « [i]l convient […] de dire que sous-estimer la force des idées est une erreur non seulement commode mais aussi fort commune. Les idées incitent les hommes à l’action, et quand même il ne s’agirait que de la rationalisation de pressions psychologiques ou sociales ou de processus économiques, les constructions intellectuelles acquièrent rapidement une puissance qui leur est propre et deviennent des forces politiques autonomes. » (Zeev Sternhell, Les anti-Lumières, Fayard, 2006 : 35).
Les idées importent, il faut les identifier et c’est précisément pour contribuer à cet effort de compréhension que nous proposons ici d’analyser la stratégie intellectuelle de deux entités (Fédération des Québécois de souche et Council of European Canadians) qui sont actives dans la production idéologique et qui, de surcroît, partagent certains liens intellectuels. Nous verrons que ces deux groupes sont engagés dans une lutte ou guerre culturelle afin de renverser ce qu’ils estiment être une tendance mortifère pour nos sociétés. Le but de la présentation est de brosser un tableau de leur production intellectuelle afin de dégager la toile de fond idéologique sur laquelle se déploie leur argumentaire. L’analyse procédera de la manière suivante :
a) Brève présentation et description des deux corpus de textes
b) Identification des idées principales
c) Identifications des influences européennes et américaines
Au terme de l’analyse, nous serons ainsi mieux en mesure de qualifier la nature, au plan idéologique, de leur radicalisme.
Références :
Maxime Bérubé, Tendances de la droite radicale au Canada : analyses chronologiques et facteurs d’influence », CJCCJ/RCCJP, 2016, p. 221-251.
Maxime Bérubé et Aurélie Campana, « Les violences motives par la haine. Idéologies et modes d’action des extrémistes de droite au Canada », Criminologie, volume 48, no 1 2015, p. 215-234.
Frédérick Nadeau et Denise Helley, « Extreme right in Québec? The Facebook Pages in Favor of the Quebc Charter of Values », CES, volume 48, no1, 2016, p. 1-18. -
Communication orale
Incursion dans l’imaginaire des membres d’une milice paramilitaire québécoiseSergei Zharskikh (Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue)
À l’époque où les milices paramilitaires émergent non seulement dans les pays du tiers monde, mais également dans des pays comme la France (FDF), la Grèce (l'Aube Dorée), ou la Norvège (Les Soldats d'Odin), le Québec a vu naître au tournant des années 2000 une organisation connue du grand public comme la « Milice Patriotique Québécoise ».
Cette présentation sera principalement axée sur l’exploration de l’imaginaire des membres de cette milice paramilitaire. La médiatisation des activités de la M.P.Q., en 2008, a suscité une vague émotionnelle au sein de la population. L’onde de choc s’avérerait toutefois brève, puisque dans les faits, le groupuscule n’aura jamais commis d’acte radical haineux : un fait étonnant vu la possession répandue d’armes à feu chez ses membres et la pratique d’un entraînement inspiré de la routine militaire.
Alors étudiant de maîtrise en anthropologie sociale et culturelle à l’Université Laval, le conférencier a suivi l’évolution de cette milice entre les années 2007 et 2011 en se pliant à toutes les exigences d’un membre en règle : camps d’entraînement, lectures obligatoires et participation au forum de l’organisation. Au cours de son exposé, il présentera les principaux résultats de ses travaux de recherche quant à l’absence d’action violente posée par le groupuscule, en dépit des moyens alors mis à sa disposition.
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Communication orale
Partis et regroupements d’extrême droite : thèmes communs et adoption des fondements historiques des idéologies de droiteDenise Helly (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
La forte présence de partis et de regroupements d'extrême droite donne lieu à des débats sur leur définition, leurs fondements historiques et sociologiques et leurs objectifs. Dans ce contexte, nous nous intéressons au repérage des thèmes communs et centraux de ces organisations, à leur plus en plus fréquente adoption par des directions de partis historiques de droite et à leur légitimité pour de larges fractions des opinions publiques. Nous nous intéressons particulièrement à leur invocation des notions de 'nation' et de 'peuple' face à deux dites invasions, l''islam' et l'immigration. Nous tentons de cerner les contours des populismes contemporains et leurs éventuels nouveaux traits.
Dîner
Table ronde 3 – La radicalisation menant à la violence extrémiste de droite : discours et pistes de réflexion
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Communication orale
Antagonismes et processus de radicalisation dans l’espace québécoisFrederick Nadeau (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
À la lumière des événements récents, cette communication s’intéresse à la montée des extrémismes politiques au Québec. Or, il ne s’agira pas tant de porter notre regard sur un groupe ou une tendance en particulier, mais de discuter du phénomène de la ‘radicalisation’ dans ses dimensions générales et transversales.
Nous appréhenderons la ‘radicalisation’ comme un processus ‘relationnel’, c’est-à-dire un processus dans lequel différents groupes d’acteurs sont en interaction constantes et se (re)positionnent sans cesse les uns par rapport aux autres, en fonction de leurs objectifs, de leurs rapports de force et d’un contexte qui lui aussi évolue et se transforme. La radicalisation sera ainsi comprise comme le ”résultat” [l’effet?] (pas nécessairement permanent et irréversible) d’une relation conflictuelle ou d’une “interaction manquée”: les acteurs ne sont pas parvenus à se comprendre et, accumulant rancoeur et ressentiment, se sont engagés (ou ont été aspirés) dans une “spirale ascendante” de radicalisation.
Dans le cadre de cette présentation, je m’intéresserai aux mécanismes qui peuvent alimenter cette spirale. Parmi eux, je porterai une attention particulière à l’”antagonisation” croissante du débats public (en particulier en ce qui a taint aux questions d’identité - sociales, ethniques, politiques, sexuelles), observable notamment sur les médias sociaux, qui contribue à la polarisation des attitudes et menace de détruire les espaces de dialogue nécessaires à une saine démocratie.
À partir d’une petite expérience réalisée sur Facebook, j’illustrerai comment ce mécanisme agit, concrètement, pour conduire à une sorte d’”enfermement idéologique”. Je mettrai en parallèle les contenus de deux comptes Facebook: celui d’un individu ayant des affinités plutôt à gauche, et celui d’un individu plus près de ce qu’on appelle “l’extrême droite”. L’objectif est d’illustrer la manière dont le fonctionnement des médias sociaux accentue le gouffre communicationel qui sépare les acteurs et conduit chacun à s’enfermer de plus en plus profondément dans ses certitudes idéologiques, au point où certains iront jusqu’à envisager la violence.
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Communication orale
Le préjugé du jour : une analyse mixte sur les cyberdiscussions portant sur l’attentat du 29 janvier 2017 au Centre culturel islamique de QuébecTieja Thomas (Université Concordia University), Vivek Venkatesh (Université Concordia)
Les chercheurs impliqués dans l’initiative SOMEONE (Social Media Education Every Day) examinent la compréhension qu’ont les Canadiens et Canadiennes des enjeux nationaux en matière de citoyenneté, d’identité et d’appartenance culturelle, ainsi que les cyberdiscussions qu’ils tiennent à ce sujet. Dans le cadre de cette conference, nous analysons des conversations récentes se déroulant sur le site Web Reddit et portant sur le sujet de l’attentat du 29 janvier, 2017 au Centre culturel islamique de Québec. Notre analyse se base sur la méthodologie de l’analyse critique de discours assistée par corpus (ACDAC) élaborée par Thomas (2015). Nos travaux abordent notamment la complaisance que démontre le citoyen moyen à l’égard du cyberracisme visant implicitement ou explicitement des groupes sociaux installés au Canada. Entre autres, ils mettent en lumière les notions de privilège invisible et de racisme socialement acceptable, phénomène qu’on pourrait appeler « préjugé du jour ». À cette fin, ils exposent l’opinion de la majorité et ses points de vue peu évolutifs sur les principes canadiens de citoyenneté, d’appartenance sociale et de partage identitaire.
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Communication orale
Analyse discursive comme outil d’activisme à l’ère numérique : le cas de la campagne Non à la haine au Québec et du discours haineux d’extrême droite au QuébecJade Boivin (UQAM - Université du Québec à Montréal), Karine Pontbriand (Université du Québec à Montréal)
Lancée en 2013 par le Conseil de l'Europe en réaction à la tuerie perpétuée en Norvège par Anders Behring Breivik et dans laquelle 77 personnes sont mortes, la campagne Non à la haine a pour objectif de lutter contre le discours haineux et la discrimination sur Internet et ce, par la promotion des droits humains en ligne. C'est notamment à la suite de la publication et du partage en ligne d'un document décrivant l'idéologie d'extrême-droite de Breivik que le Conseil de l'Europe a jugé urgent d'adresser l'effet du discours haineux en ligne. La campagne existe maintenant dans plus de 40 pays, dont le Québec et s'adresse aux jeunes âgés de 10 à 25 ans. Dans le cadre du déploiement de la campagne, les jeunes sont invités à participer à des ateliers ainsi que des formations visant à aiguiser leur sens critique et à les outiller face aux différentes formes de discours haineux (qu'ils soient de nature homophobe, sexiste, raciste, islamophobe ou anti-réfugiés, etc.).
La campagne dispose de plusieurs outils pédagogiques et de différentes stratégies d'intervention, au sein desquels les notions de pouvoir d'agir et d'éducation sont centrales. L'un des principaux outils est la déconstruction du discours haineux circulant sur Internet, notamment par l'utilisation de contre-narratifs. À l'ère du numérique, on constate en effet que le discours haineux menant à la violence peut prendre des proportions inquiétantes, particulièrement lorsqu'il circule sur les réseaux sociaux.
Cette participation au colloque du CPRMV à l'Acfas s'inscrit dans une démarche visant à faire connaitre les outils d'intervention utilisés afin d'outiller les jeunes faces aux discours haineux. L'objectif de la présentation est de s'interroger sur la formulation du discours haineux au Québec à l'ère du numérique et sur l'analyse discursive comme outil d'activisme. Nous souhaitons comprendre le mécanisme de formulation du discours de haine en ligne au Québec, notamment utilisés par le mouvement d'extrême droit au Québec. Plus particulièrement, nous nous intéressons sur l'efficacité de l'utilisation de contre-narratifs dans la déconstruction du discours de l'extrême droite. La présentation de vidéos et de diapositives permettra de faire la démonstration des différents outils d'intervention de la campagne en lien avec le discours d'extrême droite au Québec ainsi que d'entamer une discussion avec le public.