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Informations générales

Événement : 89e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

La participation des jeunes en difficulté est un angle mort des sciences sociales. Trop souvent absents des études, ces jeunes sur lesquels on porte le regard sont associés au non-engagement, à un caractère improbable ou aux difficultés de participation. Il en ressort l’impression qu’il est difficile d’intervenir pour promouvoir leur participation politique, sociale ou citoyenne. Cela renforce les perspectives d’analyse orientées vers les manques ou vers les obstacles qu’ils auraient à franchir pour s’engager. Dans le contexte actuel de vogue participationniste ou de promotion tous azimuts de la participation des usagers, certains dispositifs instrumentalisent les jeunes en difficulté pour prévenir leur exclusion sociale, les (ré)insérer.

Nos travaux (Greissler, Lacroix et Morissette, 2020) jettent un éclairage théorique, conceptuel et méthodologique sur ce sujet propulsé sur le devant de la scène politique et sociale. Ce champ de recherche n’étant pas défini, comme l’est par exemple la participation électorale, il est important de réfléchir à ce qu’est la participation des jeunes en difficulté, la manière dont elle émerge et dont on peut l’étudier. Des questions sont ainsi soulevées : 1) Comment définir la participation et circonscrire un objet de recherche qui concerne les jeunes en difficulté, quels outils théoriques mobiliser pour tenir compte de toutes les formes d’engagement, même les plus improbables? 2) Comment prendre en considération la participation selon un processus où les intervenants, et particulièrement les milieux de vie, ont au quotidien, dans le formel et l’informel, un rôle de levier? et 3) Comment traiter des enjeux de recherche comme l’échantillonnage et les biais, le recrutement, la création d’un espace de parole et de recherche, la place et la posture de chercheur-se, les stratégies d’analyse des discours, la prise en compte du contexte d’intervention, entre autres? C’est le but de ce colloque qui devrait pouvoir répondre à certaines questions à partir de travaux récents sur le sujet.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Accueil et mot d’introduction

Mot d'accueil et d'introduction


Communications orales

La participation des jeunes en difficulté : enjeux théoriques et conceptuels

Dans ce premier axe de présentations et d'échanges, nous nous pencherons sur des enjeux théoriques et conceptuels qui entourent nos travaux de recherche et réflexions. Les questions qui nous guideront seront de savoir, entre autres, comment définir la participation et circonscrire un objet de recherche qui concerne les jeunes en difficulté, quels outils théoriques mobiliser pour tenir compte de toutes les formes d’engagement même les plus improbables ?

  • Communication orale
    Jeunesse, mouvement social et espace public : interroger les pratiques culturelles des jeunes dans un contexte de répression
    Tinhinane Adjtoutah (UdeM - Université de Montréal)

    Cette communication propose une réflexion sur l’approche théorique d’une recherche doctorale portant sur la participation culturelle des jeunes mobilisées dans un contexte de répression, durant le mouvement de contestation du 22 février 2019 (Hirak) en Algérie. L'objectif du projet de recherche est d'analyser la façon dont les pratiques culturelles des jeunes s'articulent aux processus plus larges de reconfiguration de l'espace public algérien. Alors que cet espace fut, pour longtemps, fermé et monopolisé par un régime autoritaire, il a été particulièrement l’objet de protestations créatives de la part de jeunes algériens. C’est pourquoi il mérite d’être analysé pour ce qu’il nous dit du processus de réappropriation de l’espace public algérien et des pratiques de participation citoyenne des jeunes. Dans un premier temps, nous proposerons un survol des principales perspectives analytiques concernant l'étude des pratiques expressives de la jeunesse. Par la suite, nous discuterons les concepts les plus significatifs pour une telle analyse contextuelle de la participation culturelle des jeunes : les pratiques culturelles de la jeunesse (Chatterton et Hollands, 2002), la construction d'un contre-public subalterne (Fraser,2001;Negt et Kluge, 2007;Neumann,2013) et la subjectivation au cœur des mouvements contemporains des jeunes. (Pleyers et Capitaine, 2016).

  • Communication orale
    S’engager depuis les marges : des étudiant·e s bénévoles en quête de réparation socio-scolaire ?
    Emily Lopez (Aix-Marseille Université,)

    Cette communication est basée sur une ethnographie de 3 ans au sein de l’association française AFEV, qui propose des séances d’accompagnement scolaire individualisé aux jeunes issus de milieu défavorisé, réalisées par des tuteurs et tutrices universitaires bénévoles. A travers la réalisation d’un questionnaire auprès de 212 bénévoles ainsi que 34 entretiens, nous montrerons qu’une partie non négligeable des bénévoles est issue des mêmes quartiers et établissements scolaires que les jeunes accompagné.es. Pour des dispositifs similaires, différents travaux montrent comment une distance sociale basée sur un cumul des capitaux de la part des tuteurs sert « de fondement à une domination sociale implicite d’autorité » (Allouch & van Zanten, 2008).Ici, l’engagement d’anciens élèves en difficulté scolaire et sociale permet d’analyser la question à nouveaux frais. En effet, ce sont différentes expériences de « minorisation scolaire » (Armagnague-Roucher & Bruneaud, 2016) qui rejaillissent comme des motivations profondes dans l’engagement de ces bénévoles. Marqués par des expériences de rabaissement scolaire, ils et elles décident de s’engager pour transmettre aux jeunes accompagnés le potentiel d’une volonté persévérante pendant les études secondaires. Alors que les chances de réussite dans ce type d’établissement scolaire sont statistiquement faibles, ces jeunes « se serv[ent] de la connaissance du probable pour renforcer les chances du possible (Bourdieu & Boltanski, 2008).

  • Communication orale
    La participation juvénile à l'épreuve du processus socio-judiciaire au Québec
    Marie Dumollard (Université Laval), Anta Niang (Chercheure d’établissement, Institut universitaire de première ligne en santé et services sociaux (IUPLSSS) du Centre intégré universitaire de santé et services sociaux – Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CIUSSS – CHUS))

    Cette communication vise à interroger la participation comme reflet des interactions des jeunes judiciarisés en protection de la jeunesse (PJ) et au pénal avec les acteurs qu’ils rencontrent tout au long du processus socio-judiciaire. À travers leurs interactions avec le juge de la Chambre de la jeunesse lors des audiences ou bien avec les intervenants des suivis socio-judiciaires, les jeunes construisent des perceptions et réagissent aux décisions et pratiques professionnelles. C’est dans ce contexte que nous mènerons une réflexion sur les processus par lesquels émergent ou non des espaces de participation. En lien avec les trois axes du colloque, nous analyserons la participation des jeunes en difficulté à travers des prismes théoriques généralement peu mobilisés pour traiter de cet objet de recherche (justice interactionnelle et réception de l’action publique) et sur la base de la parole des jeunes eux-mêmes. Pour ce faire, nous nous appuierons sur les résultats de deux recherches qualitatives menées auprès d’un total de 22 jeunes judiciarisés en PJ et au pénal, à deux moments-clés de la procédure socio-judiciaire (phases décisionnelle et exécutive de la mesure). À partir de deux analyses distinctes, les résultats témoignent de constats communs quant aux modalités de participation juvénile: le passage d’un manque d’espace d’expression à sa création par et pour les jeunes eux-mêmes; la posture professionnelle comme levier de participation.


Communications orales

La participation des jeunes en difficulté : enjeux théoriques et conceptuels (suite et fin)

Dans ce premier axe de présentations et d'échanges, nous nous pencherons sur des enjeux théoriques et conceptuels qui entourent nos travaux de recherche et réflexions. Les questions qui nous guideront seront de savoir, entre autres, comment définir la participation et circonscrire un objet de recherche qui concerne les jeunes en difficulté, quels outils théoriques mobiliser pour tenir compte de toutes les formes d’engagement même les plus improbables ?

  • Communication orale
    La participation des enfants au cours des processus décisionnels : l’approche diachronique comme méthode pour saisir des dynamiques complexes en contexte de protection de l’enfance
    Elodie Faisca (Université Paris Nanterre)

    Notre communication s’appuie sur une recherche doctorale en cours, laquelle s’intéresse à la participation des enfants de 7 à 15 ans au cours des processus décisionnels en protection de l’enfance. Cette recherche qualitative s’appuie sur des observations des rencontres entre les différents acteurs impliqués dans l’intervention et des entretiens avec ces derniers. Dans un premier temps, nous développerons les choix méthodologiques opérés afin d’accéder à la dimension diachronique des interventions et des processus qui les composent. Dans un second temps, nous présenterons les étapes qui composent l’intervention et les processus de décision et la manière dont les enfants y sont tantôt présents, tantôt représentés et dans certains cas absents. Nous préciserons ici comment, à quels endroits et à quels sujets les enfants sont vus, entendus et parfois seulement nommés ou désignés. Nous poursuivrons notre propos en nous intéressant à la perception que les enfants eux-mêmes ont de ces processus à partir de 13 entretiens réalisés avec les enfants rencontrés au cours de la phase d’observation. Nous conclurons notre présentation en représentant le processus de participation à partir des étapes, des conditions et des freins repérés.


Communications orales

Les dispositifs de participation des jeunes en difficulté : perspectives d’analyse et enjeux

Dans le cadre de ce deuxième axe de notre colloque, nous souhaitons, à partir des présentations orales des conférencières et conférenciers, réfléchir et discuter de la manière d'appréhender les dispositifs de participation des jeunes en difficulté. Les questions qui peuvent nous guider dans cette démarche sont de savoir : Comment la participation se déploie-t-elle dans ces dispositifs ?; Comment prendre en considération la participation selon un processus où les intervenant.e.s, et particulièrement les milieux de vie, ont au quotidien, dans le formel et l’informel, un rôle de levier ?

Présidence : Isabelle Morissette (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Communication orale
    La participation des jeunes « en difficulté » dans une association de protection de l’enfance : analyser les emboîtements et les tensions entre des logiques d’action plurielles
    Valérie Becquet (Cergy Paris Université), Pascal Fugier (EMA, CYU), Ruggero Iori (EMA, CYU)

    Depuis le début des années 1990, la participation est progressivement devenue une norme d’action publique visant à repenser les rapports entre gouvernants et gouvernés. L’action sociale et médico-sociale n’échappe pas à ce mouvement. Si la norme participative s’impose aux établissements de ce secteur, elle concerne des publics aux parcours de vie non linéaires et éloignés des destins sociaux plus normés (Becquet, 2012 ; Robin, 2020). Il est donc pertinent de s’interroger sur les conditions de possibilité de la participation des adolescents et des jeunes accompagnés (Faisca, 2021 ; Greissler, Lacroix, et Morisette, 2020 ; Lacroix, 2016). Cette communication propose d’analyser la participation en acte dans les dispositifs (Barrère, 2013; Périlleux, 2019), afin de mieux comprendre la tension entre normes d’action publique, appropriation par les professionnel.les et parcours de vie des jeunes. Les résultats d’une recherche-action collaborative sur la participation des « personnes concernées » (2020-2021) menée avec une association départementale de protection de l’enfance conduisent à pointer l’existence de quatre logiques d’action qui traversent ces dispositifs en acte : civique, gestionnaire, clinique et normative. L’analyse de ces logiques, comme de leur articulation, éclaire les manières dont les professionnel.les de cette association s’approprient la norme participative et la mette en œuvre.

  • Communication orale
    Susciter une « parole libre » chez les jeunes dit·e·s « en difficulté » ou leur inculquer des valeurs militantes ? Quelques réflexions à partir de l’étude d’un « milieu de vie »
    Christophe Delay (Haute école du travail social et de santé Lausanne), Francesca Quercia (HETSL (HES-SO))

    À partir d'une enquête ethnographique dans une association qui mobilise les arts comme moyen d’« insertion socioprofessionnelle » et d’« accès à la citoyenneté » des jeunes ayant des « parcours de vie accidentés » (17-25 ans) (documents institutionnels, 41 observations, 9 entretiens avec des professionnel·le·s et 20 entretiens biographiques avec des jeunes), cette communication se propose d’étudier les formes que prend la participation des jeunes dans différents contextes (ateliers, productions artistiques, espaces plus informels, etc.). Dans un premier temps, nous nous demanderons : Observe-t-on des processus d’inculcation de manières d’être, de voir et de dire le monde (Lahire 2005, 420‑22)? Dans un deuxième temps, nous déplacerons notre regard du côté des jeunes. De quelles manières s’approprient-ils/elles ces différents ateliers ? Quelles dispositions, événements biographiques (expérience des discriminations, échec scolaire), mais aussi relations avec les pair·e·s et avec les intervenant·e·s et perceptions de l’organisation favorisent la participation des jeunes aux ateliers ayant une dimension militante ? Qu’est-ce qui, au contraire, constitue un frein à leur engagement ? Enfin, de quelles manières les jeunes s’approprient-ils/elles des espaces plus informels (repas, sorties) ou des ateliers ayant une dimension militante moins explicite ? Transposent-ils/elles dans les productions artistiques (chansons, vidéos, spectacle de théâtre) des réflexions militantes ?


Communications orales

Les dispositifs de participation (par et pour) des jeunes en difficulté : perspectives d’analyse et enjeux

Dans le cadre de ce deuxième axe de notre colloque, nous souhaitons, à partir des présentations orales des conférencières et conférenciers, réfléchir et discuter de la manière d'appréhender les dispositifs de participation des jeunes en difficulté. Les questions qui peuvent nous guider dans cette démarche sont de savoir : Comment la participation se déploie-t-elle dans ces dispositifs ?; Comment prendre en considération la participation selon un processus où les intervenant.e.s, et particulièrement les milieux de vie, ont au quotidien, dans le formel et l’informel, un rôle de levier ?

Présidence : Isabelle Morissette (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Communication orale
    Les pratiques d’intervention sous contrainte en milieu de vie : l’approche d’intervention des maisons de jeunes en contexte de Covid-19
    Marie Lefebvre (UdeM - Université de Montréal)

    Cette communication souhaite traiter des pratiques d’intervention en maison des jeunes dans le contexte de la pandémie de Covid-19. Espaces en milieu de vie, les maisons de jeunes offrent aux adolescents qui les rejoignent sur une base volontaire un lieu de rencontre et d’activités ludiques visant au développement de la citoyenneté. L’approche globale d’intervention développée dans les maisons de jeunes consiste à susciter, principalement par des pratiques informelles, un espace d’auto-organisation par et pour les jeunes. Or, la pandémie a considérablement affecté les pratiques d’accueil et les modalités d’intervention et de participation pour les maisons de jeunes. L’incursion de mesures sanitaires imposées par le gouvernement au sein d’un espace qui se veut auto-géré pose des contraintes à l’approche d’intervention, entraîne des ajustements dans le quotidien des pratiques et produit de nouvelles formes d’intervention en milieu de vie. À partir des résultats préliminaires d’un terrain de recherche en maison de jeunes par observation participante, il sera question d’analyser la période pandémique comme un contexte donnant à voir comment les pratiques s’expérimentent et se négocient au quotidien, entre jeunes et intervenants. On montrera ainsi comment l’approche globale d’intervention des maisons de jeunes évolue sous contrainte et s’adapte, en interaction avec les jeunes participants, à la diversité de leurs réalités et de leurs besoins en confinement.

  • Communication orale
    Étude de cas : La maison des jeunes, un espace de participation et de prise de parole pour les jeunes.
    Elizabeth Perron (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Olivier Riffon (Université du Québec à Chicoutimi)

    Le Grand dialogue régional pour la transition socio-écologique est une initiative citoyenne de transformation sociale appuyée par le milieu de la recherche. L’objectif est d’animer un dialogue inclusif (Gaudet et Turcotte, 2013) sur l’avenir de la région, afin de co-construire une feuille de route pour la transition (Hopkins, 2010; Grin, Rotmans et Schot, 2011; Audet, 2015). Le Grand dialogue est convaincu que la voix des jeunes doit être prise en considération pour la transition, par souci d’inclusion, mais aussi parce que les jeunes ont des idées pertinentes, qu’ils sont conscients des enjeux contemporains et que faire partie d’un collectif renforce leur sentiment de capacitation (Morin, Therriault et Bader, 2019). Depuis mai 2021, nous avons animé 23 ateliers de dialogue dans les milieux scolaires, les camps de jour et les centres de villégiature. Afin de rejoindre les jeunes non scolarisés ou qui vivent des difficultés, nous collaborons avec la maison des jeunes de Labrecque, dans la MRC Lac-Saint-Jean-Est. Nous testons différents outils qui permettent aux jeunes de s’exprimer et d’agir sur leur milieu de vie. Avec les intervenant.e.s de la maison des jeunes, nous avons identifié quatre mécanismes pour collecter la voix des jeunes. La communication présentera ces mécanismes, identifiera les facteurs ayant favorisé la participation des jeunes aux différentes activités, et dévoilera les retombées individuelles et collectives de leur participation.

  • Communication orale
    La participation citoyenne des jeunes en dépit de l’adversité. Imaginer le changement social à la marge du politique
    Evelyne Baillergeau (Université d'Amsterdam), Gerlieke Veltkamp (Université d'Amsterdam)

    Cette communication s’intéresse à la participation citoyenne des jeunes en difficulté d’un point de vue sociologique, en s’interrogeant sur les forces qui poussent les individus à s’impliquer dans la quête d’un changement. Selon Appadurai (2004), les « pauvres » sont moins susceptibles de « planifier, espérer, désirer et atteindre des objectifs socialement valables » que les « riches ». Toutefois, l’inégale répartition sociale de la capacité à aspirer n'est pas une fatalité. Quelles sont les circonstances sociales, culturelles et politiques dans lesquelles les jeunes confrontés à une forte adversité commencent à penser au changement social ?S'appuyant sur des travaux antérieurs sur les processus sociaux impliqués dans le développement de la capacité à aspirer (Baillergeau & Duyvendak, 2019 ; Baillergeau, 2020) et sur le concept d'aspirations émergentes (Zipin et al., 2015), la communication examine les données issues du projet CO-CREATE, mené dans une école secondaire basée aux Pays-Bas. En 2019-2020, 28 élèves en situation de décrochage ont été impliqués dans une recherche-action participative (méthodologie YPAR) visant à proposer des stratégies de promotion d'environnements sains, à tester et à discuter de ces stratégies avec d'autres parties prenantes. La communication montre la façon dont les adolescents envisagent l'action collective au fil du projet, en s’intéressant particulièrement aux processus micro-sociaux à l’œuvre dans l’exploration de futurs alternatifs.


Communications orales

Les cadres méthodologiques d’étude de la participation des jeunes en difficulté

Dans ce dernier et troisième axe de notre colloque, nous aborderons les cadres méthodologiques d'étude de la participation de jeunes en difficulté. Il s'agira de se demander entre autres : Comment traiter des enjeux de recherche comme l’échantillonnage et les biais; le recrutement; la création d’un espace de parole et de recherche; la place et la posture de chercheur.e; les stratégies d’analyse des discours; la prise en compte du contexte d’intervention.

  • Communication orale
    Méthodologie appliquée à la cartographie participative des jeunes dans un contexte de risque d’inondation au Cameroun
    Stanislas Betto Djeutcha (Université de Douala)

    L’échec de nombreux programmes d’aménagement urbain et de gestion des territoires à risque d’inondation dans les pays du Sud est parfois dû au manque de concertation avec les populations jeunes exposées. Leur prise en compte à travers la participation, la concertation apparait dorénavant comme une alternative efficace. La cartographie participative des jeunes camerounais exposés au risque d’inondation sera l'approche développée dans cette communication. Cette participation a un grand intérêt dans la mesure où les projets d’aménagement et planification urbaine s’adossent sur des documents officiels qui sous-estiment les périmètres inondés. Il est question de l’insuffisance des échelles d’observation des périmètres inondés issus des documents officiels de gestion des territoires à risques d’inondation au Cameroun. Il est évident que pour « mieux gérer un risque, il faut mieux circonscrire la menace ». Cette communication se permet d’élaborer un cadre méthodologique de cartographie participative du risque d’inondation qui tient compte de l’échelle d’observation avec comme principaux acteurs les jeunes exposés au phénomène. Cette cartographie est rendue possible à travers une forte expérience de terrain, mais également des expériences des précurseurs notamment les ONG. Les résultats d’un tel essai méthodologique démontrent l’intérêt de la participation des jeunes dans le processus de gestion des territoires à risque concerné.

  • Communication orale
    Population en grande difficulté : comment penser la place du chercheur-intervenant ?
    Bengie Alcimé (Université de Paris)

    L’expérience de travail avec des jeunes des quartiers appauvris de Port-au-Prince a montré que, quand on leur demande de se raconter, leurs récits tournent autour des difficultés de leur vie quotidienne, de leur incapacité à s’ériger en sujet de droit. L’analyse de ces discours révèle qu’ils sont pris dans le fil d’un temps qu’ils voient défiler sans qu’ils n’arrivent à réaliser quelque chose de leur vie qui devient la répétition d’une d’oisiveté, le terrible repos en somme de ceux qui font l'expérience de la mort sociale.

    Si cette réalité pousse à questionner les capacités d’action de ces jeunes, cette communication vise de préférence à discuter la place du chercheur-intervenant engagé dans un processus de changement social. Comment penser avec les sujets l’action émancipatrice, individuelle ou collective, quand objectivement, ils sont dépourvus des moyens nécessaires à la conduite de ces actions ? Dans la mesure où le chercheur-intervenant est lui aussi en proie aux doutes sur l’efficacité de son intervention, ne s’engage-t-il dans une démarche illusoire et contre-productive pour les jeunes en question ?

    Cette réflexion est issue d’un travail de recherche auprès d’un groupe de jeunes d’un quartier populaire de Port-au-Prince et d’une recherche-intervention auprès de jeunes d’un autre quartier de Port-au-Prince. Ancrée dans une perspective socio-clinique, elle propose un retour réflexif sur l’expérience du chercheur-intervenant et le sens qu’il accorde à sa démarche.

  • Communication orale
    La reconnaissance du savoir expérientiel : récit d’un processus de recherche-action participative sur la participation en protection de la jeunesse
    Geneviève Caron (co-chercheure pair), Jessica Côté-Guimond (ENAP - École nationale d'administration publique), Jessy Steve Gagne (UdeM - Université de Montréal), Junior Nicolas (co-chercheur pair), Marcelle Partouche (Lotus Collective), Émilie Roy (MJSM), Rosita Vargas Diaz (Université Laval)

    La présente communication a pour but de réfléchir sur la démarche d’une recherche-action participative (RAP) visant à étudier la participation des jeunes pendant et après le placement dans le système de protection de la jeunesse. Cette perspective participative implique un changement paradigmatique et méthodologique qui prévoit que les personnes concernées soient impliquées et leur savoir reconnu tout au long du processus de recherche et de mobilisation des connaissances. L’équipe est un groupe hétérogène en termes de trajectoires et des identités, constituée de six jeunes co-chercheurs pairs qui ont vécu une expérience de placement en protection de la jeunesse et une chercheure. Cet espace de co-construction est un espace riche en expérience et en connaissance mutuelle, qui permet d’impliquer les premiers concernés dans une démarche systématique et rigoureuse, et qui a des avantages méthodologiques et éthiques (ex. adaptation des objectifs et outils aux intérêts, besoins et réalités de premières concernées, complémentarité des expériences et savoirs, soutien mutuel, développement de compétences des co-chercheurs pairs, etc.), mais qui n'est pas exempt de défis (ex. frustrations, asymétries dans les moyens pour la participation, fatigue de compassion, etc.).

  • Communication orale
    La participation des jeunes en recherche : « Tu ne vas pas juste chercher mes idées tu m’amènes à créer »
    Mélissa David (UQO - Université du Québec en Outaouais), Vicky Lafantaisie (Université du Québec en Outaouais), Aude Vilatte (Université du Québec en Outaouais)

    Cette présentation porte sur une recherche-action participative (RAP) réalisée avec neuf anciens placés par la protection de la jeunesse (PJ). Bien qu'en recherche leur participation soit, dans le discours, de plus en plus populaire, ils restent souvent des sujets d’étude (Bröstrom, 2012) et ont rarement un rôle actif (Mayne et al., 2018). Or, on sait qu’ils aimeraient partager leur point de vue sur leur situation et sur les décisions qui les concernent (van Bijleveld et al., 2020). Les objectifs de cette présentation sont d’identifier les apports et les enjeux méthodologiques, pratiques et éthiques rencontrés dans la réalisation de cette RAP. Les participants, âgés de 18 à 32 ans, se sont mobilisés pour organiser un forum jeunesse qui porte sur la transition à l’âge adulte pour les jeunes suivis en PJ. La stratégie de recherche a été pensée pour permettre une réelle participation : proposition de rôles (porte-parole, consultant), de tâches (coanimation, prise de notes) et de deux formats de rencontres (comité, consultation). Une participante souligne que les méthodes employées favorisent « une reconnaissance du savoir expérientiel ». D’autres outils (p.ex. journal de bord audio des participants) et modes de soutien à la participation (p.ex. frais de dédommagement) mettent en évidence des enjeux sur lesquels il sera pertinent d’élaborer pour finalement explorer des pistes de solution afin de faciliter la RAP avec des jeunes vulnérabilisés.