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Informations générales

Événement : 89e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

L’évolution des médias, de la communication, du numérique et des données massives interroge à nouveaux frais les problématiques de genre, et vice versa. Les études féministes et les études sur le genre en communication font d’ailleurs l’objet d’une grande effervescence ces dernières années dans la francophonie. Plusieurs dossiers de revues scientifiques en communication ont abordé ces questions (Recherches féministes, 2020; Revue française des sciences de l’information et de la communication, 2014; Revue africaine de communication, 2017). Les études du genre articulées aux communications et aux médias prennent de l’envergure (Brun et al., 2020), et des approches du genre en communication prennent forme au confluent des systèmes d’information et de communication, des études culturelles et des études de genre (Cervulle et Rees-Roberts, 2010; Biscarrat, 2019; Damian-Gaillard et al., 2014; Lallet, 2014; Lécossais, 2020). Cette rencontre est féconde et nécessaire « tant l’information comme la communication sont structurées par le genre » (Coulomb-Gully 2010, dans Biscarat, 2019).

L’objectif de ce colloque est d’approfondir et actualiser cette interrelation entre genre et communication. Prenant acte du pouvoir critique du genre à dévoiler les constructions sociales et politiques que dissimulent les concepts et savoirs (Blandin, et al., 2017; Dalibert, 2014), ce colloque vise également à rassembler des chercheur.e.s francophones et à faire état des travaux actuels sur trois plans.

● Éthique : Il s’agit d’interroger les responsabilités des chercheur.e.s, leur rapport de pouvoir sur le terrain, la circulation des biais de genre dans les dispositifs sociotechniques et les constructions symboliques. Les enjeux éthiques sous-jacents au poids du binarisme de genre dans la production algorithmique et médiatique (Arnold, 2016), au numérique qui brouille les catégories, défait et refait les rapports de genre (Boisvert, 2020).

● Méthodologique : L’émergence de nouveaux objets fait poindre des méthodes féministes sui generis. Quelle démarche ou méthode le genre peut constituer pour décoder les significations des dispositifs (Coulomb-Gully, 2010; Julliard, 2013; Julliard et Quenemer, 2014). Le numérique, les nouvelles dynamiques de circulation, production et réception, les données massives posent de nouveaux défis au genre (Luka et Millette, 2018; Boisvert et Bélanger, 2020). L’importance que prennent la coconstruction des savoirs, le savoir incarné ou situé est soulevée (Haraway, 1988; Delphy, 2009).

● Épistémologique : Dévoiler les implicites de la démarche scientifique (Biscarrat, 2013) et les façons dont la posture, la positionnalité, le « corps genré » des chercheur.e.s (Galinon-Mélénec et al, 2008) altèrent le rapport à l’objet. Il s’agit de proposer des pistes pour concevoir une science (féministe) plus juste, plus éthique, plus équitable et plus inclusive (Bourdeloie, 2018, 2020; Le Gallo et Millette, 2019, Brun, 2020).

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Ouverture du colloque "Genre(s) et communication"


Communications orales

Discours, médias et affects: enjeux féministes

  • Communication orale
    Emotions that matter. Normes et affects dans l’université néolibérale
    Sklaerenn Le Gallo (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Dans cette communication, j’interrogeai l’idée suivante : les émotions et les affects des personnes marginalisées s’inscrivent-ils dans une « guerre des valeurs » (Simonet, 2020) au sein de l’académie néolibérale ?

    Si le « militantisme joyeux » participe d’une transformation affective nécessaire aux luttes pour l’émancipation (Federici, 2020; Grossberg, 1992, 2018), l’injonction au bonheur néolibérale vise à domestiquer l’imprévisibilité des affects et à réguler les émotions. Dans un premier temps, nous interrogerons la manière dont les affects et les émotions « négatifs », ceux qui résistent aux normes institutionnelles, sont reçus dans l’université néolibérale. Dans un second temps, nous revenons sur la notion d’empathie (Pedwell 2014) pour proposer une réinterprétation. Nous souhaitons souligner le paradoxe actuel de choisir de mettre de l’avant une posture d’empathie émotionnelle – la capacité à ressentir les émotions d’autrui – aux dépens d’une posture d’empathie cognitive – la capacité à comprendre la perspective d’autrui en adoptant son point de vue (Decety & Lamm, 2006).

    Il s’agira ainsi d’articuler une proposition épistémologique du point de vue (standpoint) et une proposition politique d’engagement en m’appuyant sur une littérature portant sur la manière dont s’entremêlent enjeux affectifs et dimensions politiques des significations et des représentations (Ahmed, 2012, 2013, 2021; Berlant, 2008, 2011; Cvetkovich, 2003; Ngai, 2007; Staiger et al., 2010).

  • Communication orale
    La promesse de « renouveau » de la médiatisation sportive par le web : les cas de The Athletic et Balle Courbe
    Marilou St-Pierre (Université Laval)

    La médiatisation sportive demeure une chasse-gardée masculine où la binarité du sport n’est pas remise en doute. Ainsi, au Québec, moins de 5% des postes de chroniqueurs, analystes et descripteurs sportifs sont occupés par des femmes (St-Pierre, 2018). Dans ces circonstances, l’arrivée de nouveaux médias sportifs uniquement basés sur le web a engendré des attentes par rapport à une meilleure représentation des femmes, mais aussi à l’endroit d’une couverture médiatique moins marquée du sceau de la binarité. Ces espoirs reposaient sur deux prémisses, soit l’absence de limites imposées par des formats prédéfinis (Coche, 2015) et une mise en marché de ces nouveaux joueurs faisant valoir un renouveau de la médiatisation sportive, un souhait de s’écarter des carcans traditionnels pour offrir une couverture du sport originale.

    Nous proposons d'analyser le cas de deux médias qui ont misé sur ce discours : The Athletic et Balle Courbe. Le premier - indépendant jusqu’à son rachat récent par le New York Times – offre un volet canadien bilingue et repose sur un modèle payant. Le second, uniquement francophone, est né d’une collaboration entre deux médias établis (RDS et Urbania) et est complètement gratuit. Une analyse de contenu – d’août à novembre 2019 - montre que les espoirs placés en ces médias ne se sont pas avérés : non seulement la représentation des femmes et des communautés LBGTQ+ est peu valorisée, mais une vision binaire du genre est renforcée par des contenus stéréotypés.


Communications orales

Violences sexistes et militantisme en ligne: regards croisés sur le mouvement #MeToo

  • Communication orale
    « Je te crois » : activisme en ligne et production d’un espace du dicible sur le #metooinceste
    Christine Barats (Cerlis Université Paris Cité), Biscarrat Laetitia (Université Côte d'Azur)

    En janvier 2021, après la sortie en France du livre de Camille Kouchner, La familia Grande, dénonçant un inceste, un hashtag #metooinceste recueille en quelques heures plus de 1000 tweets. Il s’inscrit dans un contexte de mise en visibilité de l’inceste avec une pétition à l’initiative du collectif « Nous toutes » visant à former les professionnel·les de l’enfance et est également corrélé à l’agenda médiatique et législatif avec le vote d’une loi sur l’âge du consentement visant à protéger les mineur·es des crimes et délits sexuels et de l’inceste. La communication présente une étude réalisée dans le cadre d’un collectif pluridisciplinaire ouvert, le CIMI - Collège informel #metooinceste – sur un corpus de 17 000 tweets. L’analyse statistique de données textuelles couplée à des méthodes ethnographiques (observation, entretien) met au jour la morphologie du hashtag et notamment les caractéristiques lexicales et morphosyntaxiques de ce corpus de tweets. L’étude porte une attention particulière à la parole testimoniale, sa phraséologie, c’est-à-dire comment s’écrit l’indicible. Si le corpus rassemble des témoignages de victimes, des appels à la mobilisation et des messages de soutien, il contient aussi une phraséologie militante liée aux violences faites aux femmes « je te crois ». Nous prêtons attention aux instances énonciatives et caractéristiques du corpus de tweets pour situer ce hashtag dans le cadre des luttes féministes et de défense des droits de l’enfant.

  • Communication orale
    La liberté d’importuner comme privilège blanc et bourgeois : regards critiques sur le mouvement #MeToo en France et au Québec à travers le prisme des médias
    Ingrid Guesdon (Université Laval), Kharoll-Ann Souffrant (Université d’Ottawa)

    Le 9 janvier 2018, Le Monde publiait une lettre ouverte se portant à la défense de la « liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle ». Un collectif de 100 femmes signataires y affirmait que si « le viol est un crime [...] la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste ». Cette tribune, signée notamment par la célèbre comédienne Catherine Deneuve, se voulait une réplique aux mouvements #MeToo, #MoiAussi et #BalanceTonPorc, nés dans le contexte d’un scandale sexuel sans précédent ayant éclaté à la fin de l’année 2017 à Hollywood. L’analyse présentée dans cette présentation porte sur cette lettre de même que sur les articles de médias nationaux français et québécois (presse écrite, radio et télévision) mis en ligne pendant la semaine qui a suivi sa publication. Elle montre que les enjeux ethnoraciaux et de classe ont été largement évacués dans cette couverture médiatique, qui a privilégié les mises en opposition réductrices et sensationnalistes entre les discours féministes et entre les cultures française et québécoise.


    Cette communication orale de 15 minutes est basée sur un chapitre de livre co-écrit par les deux présentatrices et ayant été publié dans De l’exclusion à la solidarité : regards intersectionnels sur les médias, sous la direction de la professeure Josette Brun, Ph.D., aux Éditions du remue-ménage en 2020.

  • Communication orale
    La contribution de l’analyse de discours à la recherche féministe en communication : le cas des repentirs de Julien Lacroix et Maripier Morin
    Mélanie Millette (UQAM - Université du Québec à Montréal), Olivier Turbide (UQAM)

    À travers la mobilisation de plus de 12 millions de femmes depuis 2017 (Anderson et Toor, 2018), les mouvements de dénonciations de violences sexuelles (#MeToo, #AgressionNonDénoncée) ont mis au jour les comportements d’individus lambda et aussi de personnalités publiques. Objet de nombreux travaux (Tavuchis, 1991; Ancarno, 2015; Benoit, 2015; Turbide, 2018), le repentir exprimé à des fins de gestion de l’image publique et médiatique par certaines personnalités apparaît dans un contexte marqué par les violences sexuelles et la culture du viol (Keller et al. 2018 ; Mendes et al. 2019), les rapports sociaux de genres (Kergoat 2010), l’exposition publique dans les médias et les médias sociaux (Savard-Moisan 2017) qui pose des défis éthiques et méthodologiques particuliers.
    Nous mobilisons un cadre théorique en communication (science du langage) et une posture féministe intersectionnelle (Luka et Millette 2018) afin de poser les bases d’une méthodologie critique adéquate pour l’analyse des discours de repentirs exprimés par des personnalités visées par des dénonciations. Nous explorerons la critical discourse analysis (Fairclough, 2010; Lazar, 2017) dans les cas de Julien Lacroix et de Maripier Morin. Nous montrons ainsi l’apport d’une analyse multidimensionnelle pour révéler les stratégies mises en place pour contrôler le narratif sur les violences infligées et, plus largement, la contribution des sciences du langage pour mettre à jour la construction de sens au prisme du genre.


Communications orales

Le genre dans les médias: deux poids, deux mesures?

  • Communication orale
    Sport, genre et presse « jeunesse » : Ce que Le Petit Quotidien donne à lire et à voir des sportives
    Audrey Gozillon (Université d'Artois), Carine Guérandel (Université de Lille)

    Si aujourd’hui, de nombreux travaux visent à saisir la manière dont les médias sélectionnent et orientent leurs contenus, au prisme du genre, les recherches scientifiques soulignent une sous-médiatisation des femmes, une mise en scène stéréotypée et des discours essentialistes (Biscarrat & al., 2017 ; Damian-Gaillard & al., 2021). Le domaine sportif n’échappe pas à ces constats (Montañola, 2011). De manière originale, notre communication porte sur l’analyse de la presse écrite « jeunesse ». L’objectif consiste à montrer comment notre méthodologie pensée au prisme du genre permet d’étudier la place qu’accorde cette presse aux sportif·ve·s. Nous avons placé la focale sur le Petit Quotidien, seul quotidien français pour la catégorie des 6-10 ans. Le corpus comprend l’intégralité des numéros sur la période de 2009 à 2019 (n=1440 numéros). Au total, 916 articles et images traitant du sport (soit 10% des articles du journal) ont été répertoriés et traités. L’analyse quantitative menée via un logiciel de traitement statistique, met en évidence la manière dont ce journal tend à reproduire les inégalités de représentations entre les sexes dans les articles faisant référence au sport. Plus précisément, cette méthodologie révèle la manière dont le Petit Quotidien tend à invisibiliser les pratiquantes et à associer le sport à un loisir masculin dès le plus jeune âge, notamment en reléguant littéralement au second plan les sportives ou en ayant recours au « sujet neutre » (Cromer, 2010).

  • Communication orale
    Les femmes sur les ondes radiophoniques françaises : toujours une place à prendre ?
    Lucie Alexis (Université Grenoble Alpes, laboratoire GRESEC), Evi Basile-Commaille (Institut Créativité et Innovations d’Aix-Marseille), Laetitia Biscarrat (Université Côte d'Azur), Warda Khemilat (Université Côte d'Azur)

    Enquête internationale de référence, le Global Media Monitoring Project (GMMP, 2020) mesure depuis 1995 à l’échelle mondiale la place des femmes dans les médias d’information. La dernière édition souligne la permanence des inégalités femmes-hommes dans le discours médiatique. L’économie de ces grandes enquêtes, tant par leur volumétrie que leur envergure, a fait l’objet d’analyses et considérations méthodologiques (Méadel & Coulomb-Gully, 2011 ; Biscarrat, Coulomb-Gully & Méadel, 2017).

    Cette communication s’inscrit dans le prolongement de ces travaux, à partir de l’expérience partagée par l’équipe en charge du codage de onze matinales radiophoniques françaises (France Inter, RTL, RMC, Europe 1, France Info, BFM Business et France Culture pour les radios nationales, ainsi que les radios régionales France Bleu Azur, Guadeloupe la 1ère, Hitwest et NRJ). Elle entend poursuivre les études menées sur la construction des représentations de genre dans les dispositifs médiatiques et apporter une réflexion méthodologique sur le traitement du discours radiophonique.

    Nous développerons deux axes. Premièrement, il s’agira de montrer en quoi l’enquête effectuée sur ce matériau radiophonique est caractéristique des enjeux de traitement de données massives à l’aune du genre. Deuxièmement, nous présenterons les principaux résultats dégagés.

  • Communication orale
    Le concept d’asymétrie de genre dans l’étude des rapports de pouvoir entre journalistes dans une entreprise médiatique audiovisuelle publique
    Lise Ménalque (Université Laval)

    Nous nous intéressons aux entreprises médiatiques audiovisuelles publiques puisqu'elles sont tenues à une certaine exemplarité sur le plan des valeurs et des normes sociales (Ménalque, 2020). En Belgique francophone, les inégalités de genre persistent au sein du personnel des éditeurs de services de médias audiovisuels (Desterbecq, Laville, Piérard, 2020), et ce y compris au sein de l’unique entreprise médiatique audiovisuelle publique du territoire, la Radio-télévision belge de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Nombreuses sont les formes de relations asymétriques qui prouvent l’existence de rapports de domination des hommes sur les femmes (Rennes, 2016) intrinsèques à la catégorie socioprofessionnelle des journalistes : stéréotypes essentialistes engendrant une ségrégation verticale et horizontale (Damian-Gaillard & al, 2008), milieu continuant à s’organiser à partir de valeurs dites « masculines » (De Bruin, 2000 ; Ross, 2001), femmes confrontées à des assignations genrées (Schoch & Ohl, 2014).
    Nous proposons d'élaborer des pistes de réponses à la question : comment le concept d’asymétrie de genre permet la mise en exergue et l’étude des rapports de pouvoir entre les journalistes de la salle de rédaction principale d’une entreprise médiatique audiovisuelle publique ? Il s’agira de faire une évaluation critique des travaux portant sur le concept d’asymétrie de genre au sein des méthodologies, démarches féministes et dans la recherche en information et communication.


Communications orales

Les algorithmes au prisme du genre

Présidence : Laetitia Biscarrat (Université Côté d'Azur)
  • Communication orale
    Appréhender l’Intelligence Artificielle et les algorithmes au prisme d’une approche intersectionnelle : enjeux méthodologiques, posture de recherche et éléments de définition
    Julie Marques (Université Rennes 2)

    Dans notre communication, nous proposons d’interroger des enjeux à l’intersection des rapports sociaux de sexe, de classe et de race (Bilge, 2009 ; Dorlin et Bidet Mordrel, 2009 ; Mazouz, 2020) à l’œuvre dans le développement et le déploiement de l’Intelligence Artificielle (IA) et des algorithmes (Hampton, 2021). Leur appréhension se veut, dans notre approche, interdisciplinaire, à la croisée des sciences de l’information communication (SIC), des sciences du langage et des études de genre. Dans un premier temps, nous déconstruirons le présupposé que la Technique dite intelligente est forcément objective et neutre, notamment en développant une posture féministe intersectionnelle et située qui vise à effectuer une critique et une analyse de la manière dont l’IA agence, réfléchit ou transforme le monde social dans lequel elle est ancrée (Akrich, 1987 et 1994 ; Joüet, 2003). Or comment dépasser les discours qui empêchent de créer des savoirs situés, féministes, engagés et quelque peu profanes de l’IA et des algorithmes, s’ils ne sont aussi interrogés par les sciences humaines et sociales (Cardon, 2015 ; Haraway et al. 2007 ; Haraway, 2020). Enfin, nous proposons une analyse de discours institutionnels appelant au développement d’une IA responsable, éthique et juste et les considérer en matière de dépassement des « oppressions algorithmiques » (Noble, 2018) et d’atteinte d’une justice sociale pour tou.te.s (Fraser et Ferrarese, 2011 ; Verma et Rubin, 2018).

  • Communication orale
    Les algorithmes ont-ils un genre ? Etudier les dispositifs algorithmiques au prisme des SIC et des cultural studies
    Thibault Grison (Celsa Sorbonne Université)

    Cette proposition de communication prend pour objet la construction des représentations et identités de genre dans le déploiement des algorithmes de recommandation et de modération au sein des réseaux sociaux numériques (RSN). Censure, invisibilisation, déréférencement, shadowban de contenus et de profils, etc. : dans les RSN, les « discriminations algorithmiques » sont nombreuses et contribuent au renforcement et à la cristallisation des rapports de minoration dans les dispositifs médiatiques. En proposant de considérer ces algorithmes comme des « technologies de genre » et de hiérarchisation des visualités dans les RSN, cette communication est une opportunité pour présenter un dialogue entre des références et méthodes propres aux cultural studies et les SIC. En ce sens, la communication s’appuiera principalement sur des travaux de chercheuses afro-américaines affiliées au C2i2 relatifs aux biais algorithmiques, sur des méthodologies féministes en savoirs situés appliquées en contexte numérique et sur des approches queer de la donnée et de l’étude des discriminations. A partir du militantisme LGBT francophone engagé dans la lutte contre les discriminations algorithmiques en ligne, la communication sera aussi l’occasion de proposer de nouvelles méthodes expérimentales pour traiter les enjeux de visualités en ligne du point de vue des SIC francophones.

  • Communication orale
    Mesurer les déséquilibres de représentation genrée dans les médias d’information: apports et enjeux méthodologiques d’une approche computationnelle
    Ange Richard (Laboratoire PACTE)

    Depuis 30 ans, de nombreuses études ont cherché à mesurer les biais de genre dans les production des médias d’information (Calvez, 2020 ; Macharia, 2021). Elles ont mis en lumière l’« annihilation symbolique » (Tuchman, 1978) des femmes ainsi que l'inertie de l'évolution des écarts observés. Cependant, leur échantillonnage et le coût de codage manuel restent des limites à leur généralisation (Maedel, Coulomb-Gully, 2011).

    Dans cette communication, j’exposerai la démarche de ma thèse en cours qui repose sur l’application de méthodes de traitement automatique des langues à la mesure des écarts genrés de citation dans la presse. Je m’appliquerai à mettre en évidence que les systèmes automatiques permettent de fournir des indicateurs cohérents avec les observations de la littérature. Utilisés sur de grandes quantités de données, ils permettent des analyses à grande échelle, la réduction des biais d’échantillonnage et la mise en place de monitorages en temps réel (Asr et al., 2021 ; Doukhan et al., 2018 ; Jia et al., 2016). Ils sont donc tout indiqués pour documenter le caractère systématique des déséquilibres de genre dans les médias. Ils apportent également des outils complémentaires d’observation et d’analyse du discours journalistique.

    Cette communication, propose une discussion transdisciplinaire par une approche au carrefour de la sociologie des médias, des études de genre et des SIC, et discuterai l’intérêt de cette méthodologie et son potentiel pour mon objet d’étude.


Communications orales

La recherche création au prisme du genre

  • Communication orale
    Représentation de l'accouchement dans la fiction audiovisuelle: le collage comme méthode de recherche-création
    Marie Braeuner (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Mon mémoire-création consiste en la réalisation de courts-métrages expérimentaux qui font dialoguer des représentations de fiction (films et séries documentaires) et ma vision subjective de l'accouchement. Quelles sont les représentations dominantes de l'accouchement dans la fiction audiovisuelle contemporaine? Comment peut-on créer des alternatives?

    Mon cadre conceptuel fait converger les travaux de chercheures féministes qui ont révélé la place relative des expériences des femmes à l'écran (Brey, 2020), l'absence de subjectivité des personnages féminins (Mulvey, 1979) ou le caractère normatif et « hégémonique » des représentations de la maternité (Lécossais, 2015), avec ceux des autrices ayant travaillé la matérialité de l'expérience des corps féminins (Young, 1990; Froidevaux-Metterie, 2021). J'adopte une méthodologie de recherche performative (Haseman, 2006) en mobilisant mes propres expériences d'accouchements et de créatrice pour la « situer » (Haraway, 1988). Je réalise plusieurs films-collages composés d'extraits de fiction audiovisuelle, d’images et sons. Pour ce colloque, je propose de m’arrêter sur mon approche méthodologique féministe. En effet, de par son caractère hybride, le collage « pervertit les catégories » (Spettel, 2014) et s’avère pertinent pour révéler et détourner les discours hégémoniques sur l’accouchement. De plus, à la fois procédé de composition et de communication, le collage engendre une articulation cohérente entre recherche et création.

Panel / Atelier

Conférence-dialogue avec Marlène Coulomb-Gully

Discutant·e·s : Anouk Bélanger (UQAM - Université du Québec à Montréal), Marlène Coulomb-Gully (Université de Toulouse 2)
  • Communication orale
    À sauts et à gambades : itinéraire buissonnier en « Genre(s) et communication »
    Marlène Coulomb-Gully (Université de Toulouse 2)

    Prenant au sérieux cette proposition de la méthodologie féministe de reconnaître le vécu et l’expérience personnelle comme éléments de savoir et d’accès à la connaissance, je saisis la proposition qui m’est faite de participer à la séance d’ouverture du Congrès de l’Acfas pour vous raconter une histoire, mon histoire dans le champ des SIC, qui se confond en partie avec celle de la construction du champ « genre et communication ».

    Il s’agira donc moins ici d’aborder les enjeux éthiques, épistémologiques et méthodologiques liés à cette problématique en général – un bel engagement de connaissance dans lequel s’inscrit ce colloque-, que de vous faire part de mon expérience personnelle à travers un point de vue singulier.

    À l’intersection du genre, des médias et de la politique, triangle à l’intérieur duquel s’est déployée toute ma recherche, j’évoquerai en particulier ma réflexion sur l’accès des femmes à la parole publique. Et parce que le savoir sur le genre est nécessairement politique, j’aborderai également mon implication dans la société civile, la double dimension scientifique d’élaboration des connaissances et socio-politique de transformation des rapports sociaux étant au cœur de la matrice genrée.


Communications orales

Représenter et traduire le genre: de la parité à la déconstruction de la binarité

  • Communication orale
    La parité en discours : approche sémio-politique de recommandations institutionnelles pour lutter contre les discriminations sexistes
    Emmanuelle Bruneel (Sorbonne Université)

    La « parité » est un enjeu en forte circulation sociale qui a fait l’objet d’une bataille (Bereni, 2015) avec des répercussions médiatiques parfois retentissantes (Julliard, 2012). Son pendant, l’égalité hommes-femmes, atteint la sphère économique. Celle-ci se réapproprie les notions de « parité » et de « diversité » pour en faire des leviers de « performance » et les affilier à l’idée d’inclusion (Sénac, 2015). En effet, les acteurs para-organisationnels, publics comme privés, qui les produisent visent à inciter les organisations à prendre des mesures et à faire de la pédagogie sur différents sujets ayant trait aux inégalités de genre (place des femmes dans les instances dirigeantes, sexisme ordinaire, stéréotypes multiples, inégalités de représentation, communication inclusive). Nous proposons une analyse de ces discours institutionnels (Krieg-Planque, 2012) à partir d’une approche sémio-politique des questions de genre dans la communication reposant sur des enjeux épistémologiques et méthodologiques. Nous verrons comment plusieurs discours de « promotion de la parité » s’y prennent pour offrir des recommandations visant à lutter contre les discriminations sexistes via l’analyse de documents tels que des guides de « bonnes pratiques» (dont des pratiques de « communication inclusive », de « sensibilisation » ou d’autres outils communicationnels). Nous montrerons en particulier comment ce discours s’institutionnalise à travers des schèmes récurrents.

  • Communication orale
    La construction de la binarité générique dans les discours numériques de l’association Solidarité Femmes Besançon.
    Justin Thiemba (Université de Franche-Comté)

    Cette communication, prenant pour objet les discours numériques produits par l’association Solidarité Femmes Besançon (aSFB) membre de la Fédération Nationale Solidarité Femmes en France, s’interroge sur les représentations du genre (traitées notamment au sein de la presse écrite, cf. Sapio 2019) et la manière dont elles s’inscrivent ou se reconfigurent dans et par le numérique à l’image de ce qu’a montré Bergström et Pasquier (2019).

    Notre communication s’inscrit dans le cadre de l’approche sémiodiscursive numérique comme l’entend Michel Marcoccia (2016 : 53) ; elle s’appuie sur un corpus constitué des productions discursives (à caractère hétérogène et hybride : textes, images, documents audiovisuels, flyers) en ligne de cette association militant pour la contestation des violence conjugales (site internet http://www.solidaritefemmes25.org/ et page Facebook « Solidarité Femmes Besançon ») entre 2021 et 2022.

    De précédents travaux (Thiemba, 2021) ont permis de rendre compte de la spécificité de la construction de la binarité générique dans le discours numérique de l’aSFB où la féminité, de manière explicite, par des stratégies de dénomination, de désignation et de choix iconographiques, est représentée massivement au détriment du genre masculin. Un tel choix, mettant en avant la catégorie féminine sur son site internet et sur sa page Facebook, tout en représentant implicitement le genre masculin, est révélateur d’une stratégie méthodologique de communication de l’aSFB.

  • Communication orale
    Xénogenres en trans-duction : traduire le queer contre l'universalisme anglophone
    Enka Blanchard (CNRS & UPHF), Nath François (Centre Internet et Société, CNRS), Levi Qisin (Centre Internet et Société, CNRS & amp; LAMIH,)

    Les identités de genre sont généralement inextricables des langues et cultures où elles ont été développées. Internet est un lieu de création continue d'interprétations et d'expressions de genre, ainsi que de nouveaux genres (et xénogenres). Cette exploration ayant lieu au sein de communautés queers en ligne qui sont généralement anglophones par défaut et américentriques, on peut se demander si ces identités peuvent être extraites du contexte linguistique.

    Cette question rejoint le problème complexe de la traduction du genre, en particulier entre les langues autorisant un flou non-genré et les langues fortement genrées. Pour les genres non-binaires, une solution en anglais est d'emprunter sans traduire le mot-identité afin de souligner son ancrage culturel, comme avec l'identité brésilienne de travesti (n'étant ni transvestite, ni cross-dresser, ni transgender). Cette option n'est pas viable en français à cause des cognats entre langues romanes.

    Cela nous mène à trois questions. Quel serait le sens d'être une personne principalement francophone dont l'identité de genre n'existe conceptuellement qu'en anglais ? Devons-nous nous considérer la production d'identités de genre en ligne comme un phénomène principalement anglophone (d'une communauté multilingue) et comment devons-nous l'appréhender en français ? Enfin, comment pouvons-nous mener une recherche francophone sur les identités trans d'autres cultures en évitant l'universalisation de l'anglais comme langue de travail ?


Communications orales

Asymétries du genre dans les médias

  • Communication orale
    Le hockey pour tous, mais pas pour toutes ? Regard croisé sur la médiatisation du racisme et du sexisme au hockey
    Bachir Sirois-Moumni (UQAM - Université du Québec à Montréal), Marilou St-Pierre (Université Laval)

    Cette communication analyse deux cas de hockey sur glace québécois qui auront été marqués par des ajustement de discours sur le racisme et le sexisme. Le premier expose les condamnations d’actes explicitement racistes subis par le joueur de hockey semi-professionnel Jonathan-Ismael Diaby et sa famille dans un aréna de St-Jérôme au Québec. Dans le second cas, nous analysons les débats entourant l’exclusion de l’équipe de hockey féminine junior, les Rafales de la Mauricie.

    Le sexisme est la forme de discrimination la moins contestée – la plus naturalisée - dans le monde du hockey, tandis que les actes racistes flagrants et explicites sont plus ou moins largement condamnés. Nous notons que les médias québécois une tendance à condamner les discours ouvertement racistes dans le hockey. Or, un tout autre discours est mobilisé pour les formes de sexisme flagrant. L’analyse du « cas Diaby » et du « cas Rafales» démontre les rouages qui soutiennent le développement symbolique du hockey contemporain nord-américain (le hockey pour tous, mais pas pour toutes). Les raisons de ces divergences entre les condamnations publiques du racisme et du sexisme prennent entre autres racines dans une conception du hockey comme espace légitime et incontesté de la masculinité hégémonique (Connell, R. & Messerschmidt, J, 2015 ; Adams, 2006 ; Allain , 2008 ; Gee, 2009), au détriment de performances de genre (Butler, 1990) qui ne cadrent pas avec cette vision magnifiée de l’idéal masculin viril.

  • Communication orale
    La réception des feuilletons télévisés transnationaux au prisme du genre: le cas de la consommation des fictions sérielles turques par les femmes en Grèce
    Dimitra Laurence Larochelle (Université Polytechnique Hauts-de-France)

    Depuis le début des années 2000, la production et l’exportation des feuilletons télévisés turcs vers l’étranger est en constante expansion, accordant ainsi à cette industrie un rôle de leader sur la scène médiatique internationale. Ce qui différencie les feuilletons turcs des biens culturels similaires produits ailleurs, c'est qu'ils proposent une modernité alternative caractérisée non seulement par des rôles de genre et des structures sociales traditionnels, mais aussi par le conservatisme social.

    La Grèce fait partie des pays qui importent de manière systématique des feuilletons, alors que regarder des feuilletons turcs demeure un « plaisir coupable ». La stigmatisation de ces feuilletons télévisés et des téléspectateurs qui les regardent est due non seulement à des raisons intrinsèquement liées à la nature des feuilletons en général, mais aussi à des raisons liées au passé conflictuel et aux rapports diplomatiques tourmentés qui caractérisent les relations de ces pays.

    Notre objectif est de mettre en évidence les façons dont les femmes en Grèce résistent aux hiérarchies dominantes imposées par le système patriarcal à travers leur lecture de ces textes médiatiques particuliers. Nos résultats s'appuient sur une enquête qualitative incluant des entretiens (2016 et 2018) auprès de cinquante femmes grecques, une analyse de représentations de plus de 50 feuilletons turcs ainsi qu'une ethnographie des studios de production qui s'est déroulée à Istanbul en 2017.

  • Communication orale
    Quand le corps genré et blanc de la chercheuse (ne) fait (pas) parler le terrain
    Lena Alexandra Hübner (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Que ce soit dans la tradition des théories féministes du « standpoint » (Harding, 2007 ;) ou dans celle des théories intersectionnelles (Collins et Bilge, 2020), réfléchir à la question de savoir comment le positionnement de la chercheuse altère le rapport à l’objet est une étape cruciale des recherches féministes en communication. Bien qu’elle soit réclamée dans bon nombre de travaux, sa mise en œuvre est moins souvent documentée. Or, énoncer d’où on parle ne fait pas disparaître « comme par enchantement, les rapports de pouvoir » (Dorlin, 2008, p. 29-30). Comment peut-on dépasser une simple « confession » des biais que ses privilèges engendrent (Harding, 2007) ? Quelles stratégies existent pour réduire certains biais implicites que l’on porte inconsciemment en soi ?

    Cette communication a pour objectif de présenter deux pistes méthodologiques pour répondre à ces questions : la première explore la tenue d’un journal de bord (Baribeau, 2005) et la deuxième aborde les (dés-)avantages de la narration (Chadwick, 2017; Winker et Degele, 2011). Pour ce faire, je m’appuie sur le rôle à la fois contraignant et habilitant qu’a joué mon « corps genré » (Galinon-Mélénec et Martin-Juchat, 2008; Denouël, 2019) et blanc (Bourdeloie, 2020 ; Cooper, 2015) dans le cadre de ma thèse de doctorat sur la nature des expériences politico-informationnelles de personnes éloignées de la participation à la vie démocratique et issues des milieux populaires blancs du Québec.


Communications orales

Sexualités en question: entre émancipation et violence

  • Communication orale
    Enquêter sur les violences sexistes et sexuelles en politique : le cas de l’affaire Baupin
    Charlotte Buisson (Université Paris Panthéon-Assas)

    Comment les journalistes enquêtent-ils sur les violences sexuelles avant MeToo ? En mai 2016, Mediapart et France Inter publient une enquête journalistique révélant des faits d’agression et de harcèlement sexuel commis par Denis Baupin, alors vice-président de l’Assemblée Nationale et élu Europe Ecologie - Les Verts. Cette enquête est la première enquête d’initiative journalistique menée en France sur des faits de violence sexuelle commis par un professionnel de la politique en France. L’affaire Dominique Strauss-Kahn, qui avait occupé l’espace médiatique cinq ans plus tôt, nous avait donné à voir les mécanismes de disqualification de la parole des femmes (Gribaldo, 2020) qui témoignent publiquement de violences (Matonti, 2012 ; Delphy, 2011). Il semblerait que celles qui dénoncent les agissements de Denis Baupin n’aient pas subi le même traitement.

    Cette communication interroge les conditions de production de ces récits de violences sexistes et sexuelles et s’intéresse à l’enquête journalistique à l’origine des révélations. Les guidelines méthodologiques, qui constituent l’affaire Baupin en exemple-type de l’enquête journalistique sur les violences sexuelles et sexistes, semblent avoir un rôle clé dans la circulation et la légitimation des témoignages.

  • Communication orale
    L’apport des Cultural Studies féministes pour l’analyse des campagnes de prévention du sexting chez les jeunes
    Élisabeth Mercier (Université Laval)

    Cette communication présente les résultats d’une analyse critique de deux récentes campagnes de prévention des risques du sexting chez les jeunes et des controverses qu’elles ont soulevées sur les réseaux sociaux. Ces campagnes mettent de l’avant le risque d’humiliation publique dans leurs messages afin de dissuader les filles de s’engager dans la pratique du sexting, mais elles sont contestées par des internautes qui font valoir que la « honte doit changer de camp ».

    De façon plus spécifique, cette communication souhaite montrer la pertinence des cultural studies féministes pour examiner les enjeux de production de sens et les dynamiques du pouvoir, entre reproduction hégémonique et résistance, qui sont à l’œuvre tant sur Internet et les réseaux sociaux que dans le champ du féminisme. Cette approche permet de poser un regard critique sur les campagnes de prévention des risques liés au sexting et de prendre à la fois en compte les tactiques de résistance des jeunes femmes qui sont habituellement ciblées par ces campagnes. Les cultural studies féministes offrent en outre un angle approprié pour examiner le fonctionnement, les usages et les effets de pouvoir genrés de l’humiliation dans et autour des discours de prévention du sexting chez les jeunes.

  • Communication orale
    Analyses psychosociales de témoignages de personnes ayant vécu des violence(s) sexuelle(s) : mobilisation d’outils lexicométriques
    Maeva Genin (Laboratoire de Psychologie Sociale d'Aix-Marseille Université), Emmanuelle Le Barbenchon (Université Aix-Marseille), Apostolidis Thémistoklis (Université Aix-Marseille)

    Malgré les changements normatifs liés au #MeToo (Kunst et al., 2018; Szekeres et al., 2020), les mythes légitimateurs des violences sexuelles sont encore très présents en France (Barea et al., 2019). Les témoignages de violences sexuelles sur les réseaux sociaux, emblématique du #MeToo, reflètent les préoccupations entre volonté de changements et perduration des normes. Une analyse psychosociale de témoignages via des processus socio-représentationnels (Py, 2004) et socio-normatifs (Fairclough, 2010), s’appuyant sur des outils lexicométriques, nous a permis de saisir des « mondes lexicaux » (Kalampalikis, 2003, p. 151) et leurs inscriptions sociales.

    Méthodes: 218 posts, relatant le vécu post-violence, ont été recueillis sur trois forums (16 oct. 2017 et le 05 août 2021). Une analyse lexicométrique sur l’ensemble du corpus a été réalisées en utilisant la méthode Reinert, via le logiciel IRaMuTeQ.

    Résultats: La présentation générale des classes lexicales apparaissant dans nos analyses, succèdera à l’approfondissement de celles ayant attraits à la norme et à la sexualité, où le genre est utilisé autant comme rappel d’un cadre établi, que pour mettre en sens les expériences pré et post-agressions.

    Discussion: La place des stéréotypes de genre, façonnant la sexualité, sera discutée dans leurs effets sur la relation à soi et sur les relations intimes futures. La place des médias et du contexte #MeToo dans le cheminement et le dévoilement de ces expériences sera également abordée.