Informations générales
Événement : 89e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Dans un contexte d’urgences écologique et climatique, ce colloque vise à interroger de manière pluridisciplinaire les nouveaux agencements de l’action publique, l’évolution de ses modes d’instauration collective et les perspectives expérimentées. Il s’agit d’examiner ces gouvernances de l’action publique du point de vue des ruptures réelles qu’elles incarnent, mais aussi en considérant les problématiques et les controverses qui les accompagnent. Quels sont donc ces agencements à partir desquels s’instaurent potentiellement de nouvelles configurations sociopolitiques et sociocognitives? Il s’agit plus précisément d’appréhender cette question en mettant en dialogue des recherches touchant à une diversité de défis écologiques et d’impacts climatiques (enjeux de résilience et d’adaptation, déplacement des populations, impacts sanitaires, modèles agricoles, mondes urbains, problématiques des pollutions, préservation de la biodiversité, par exemple). Nous invitons les chercheurs/chercheuses, étudiants/étudiantes et représentants/représentantes des milieux de pratique à participer à ce colloque en proposant une communication orale. Cet appel à communications est ouvert à toutes les approches et disciplines qui s’intéressent à la question (sciences politiques, sciences de l’information et de la communication, sciences de la gestion et du management, sciences environnementales, sociologie des sciences, géographie, aménagement et urbanisme, etc.). La nature des propositions attendues peut varier (recension des écrits, résultats préliminaires, recherche originale) et les communications en partenariat avec les parties prenantes sont encouragées.
Les propositions doivent s’inscrire dans l’un des quatre axes suivants (voir l’appel détaillé) :
- Axe 1 : Nouvelles gouvernances et innovation publique post-NMP face aux enjeux écologiques et à l’urgence climatique
- Axe 2 : Open Innovation et innovation collaborative en contexte de crises
- Axe 3 : Infrastructures numériques, Open Data environnemental, Open Government, CivicTech
- Axe 4 : Éthique et design de la participation dans l’action publique
- Maryse Carmes (Conservatoire national des arts et métiers)
- Fanny Tremblay-Racicot (ENAP - École nationale d'administration publique)
- Maude Benoit (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Madina Rival (Conservatoire national des arts et métiers)
- Anne Berthinier-Poncet (CNAM - Conservatoire national des arts et métiers)
- Béa Arruabarrena (DICEN CNAM IDF Paris)
Programme
Accueil
Présentation du colloque et de ses perspectives
Maude Benoît, professeure, département de science politique, Université du Québec à Montréal (UQÀM), directrice du groupe de recherche État 21
Anne Berthinier Poncet, Maîtresse de conférences en sciences de gestion, Conservatoire National des Arts & Métiers, Laboratoire LIRSA
Maryse Carmes, Maîtresse de conférences en Sciences de l’Information Communication, Conservatoire National des Arts & Métiers, Laboratoire DICEN-IDF
Madina Rival, professeure des universités en sciences de gestion, Conservatoire National des Arts & Métiers, Laboratoire LIRSA
Fanny Tremblay-Racicot, professeure en administration municipale et régionale, École nationale d’administration publique (ENAP), directrice du Centre de recherche sur la gouvernance (CERGO)
Table ronde « Parties prenantes »
Cette table-ronde d'ouverture donne la parole à des associations et acteurs de terrains engagés dans des actions majeures au regard des crises écologiques et climatiques auxquelles nous avons à faire face. Ils présenteront une diversité d'initiatives et les rapports de force qui s'expriment là pour une transformation essentielle de l'action publique et collective quant à la nécessité de passer à "un nouveau régime climatique" (B.Latour) par des actions concrètes et l'implication d'une diversité de partie prenantes. Ce sera l'occasion de partager leur réflexion sur le rôle des ONG et des initiatives citoyennes aussi bien au Québec et en Europe et sur l'efficacité des différentes stratégies et tactiques qui peuvent être déployées afin d'atteindre cet objectif.
Panélistes invités (confirmés):
Mélanie Busby, Responsable de la vie associative, Front commun pour la transition énergétique (Québec), https://www.pourlatransitionenergetique.org/
Diego Creimer, Responsable Solutions nature pour le climat et relations gouvernementales, Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP), section Québec https://snapcanada.org/
Pierre-Jean Guéno, co-créateur de Sensor Community, Allemagne, Programme européen. https://sensor.community/fr
Frédéric Ménard, Président de l'Association Agir pour le Climat, France, https://www.agirpourleclimat.net/lassociation/ et directeur de l'Institut Negawatt https://www.institut-negawatt.com/
Session 1
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Communication orale
Bachelard et l’écologie. Quelques réflexions pour l’agir public environnementalMichèle Charbonneau (ENAP - École nationale d'administration publique)
Pour Gaston Bachelard, « [l]e monde est beau avant d’être vrai » (2010, p. 216). Littéraires et philosophes, parmi d’autres, s’appuient sur cette prémisse bachelardienne pour faire place à l’imagination poétique dans l’agir environnemental (Barontini, 2020; Pierron, 2020). Après avoir circonscrit les propositions qui rapprochent la poétique de Gaston Bachelard de l’écologie, la communication présentera quelques réflexions qui se dégagent de ce rapprochement pour l’agir public environnemental. Elle explorera en particulier les grandes lignes qui pourraient guider la création d’ateliers de rêveries écopoétiques. Il s’agira alors de situer la plus-value de ces réflexions au regard notamment des écrits de l’esthétique environnementale (About, Bailly et Blanc, 2021) et de l’écoformation (Galvani, 2015) et de montrer en quoi elles contribuent à dépasser une approche de gestion strictement néolibérale des enjeux écologiques (Pierron, 2018).
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Communication orale
Quelle réflexivité dans l’usage d’outils participatifs pour accompagner la prise de décision ? Cas de l’ingénierie de la participation relative à la pollution de l’air en FranceDavia Dosias-Perla (CNRS), Lionel Scotto D Apollonia (Artivistes)
Dans un contexte de double crise démocratique et environnementale, les dispositifs de recherche-action participative - collaborative se sont multipliés ces dernières années avec une attention accrue des institutions. Dans le Numéro 1 de la revue Participation, LBlondiaux et JM Fourniau (2011) ont établi un constat critique et réflexif de l'inflation des dispositifs de recherche au sujet de la « participation » publique en mettant en évidence un déficit analytique, la « participation » étant prise dans un étau normatif entre idéalisation et stigmatisation. De nombreuses recherches participatives se sont emparées des crises démocratiques et environnementales en proposant un schéma à la fois normatif et émancipateur pour améliorer la participation citoyenne et l'efficacité de l'action environnementale. Cependant, nous constatons un double déficit de participation et d’efficacité de l’action environnementale en considérant dans une matrice commune la tension inhérente à la fois au déficit d’intégration des citoyens dans la fabrique dite « participative » des politiques publiques. Sont présentés les premiers résultats d'un projet de science participative, BREATHE financé par l'ANR. Il vise à articuler deux volets : (1) une mesure participative de la concentration en particules et (2) un volet d'accompagnement des politiques publiques basé sur l'ingénierie de la participation Artivistes-ateliers. (Dosias-Perla et al., 2020).
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Communication orale
Action publique en contexte disruptif : une nouvelle forme de gouvernance pour l’urgence climatique ?Anne Marchais-Roubelat (Conservatoire national des arts et métiers), Sylvain Mondon (Conservatoire National des Arts & Métiers, Laboratoire LIRSA)
Alors que les rapports du GIEC se succèdent, leurs conclusions s’affinent et se précisent tandis que le diagnostic et les projections confirment les perspectives à l’horizon du milieu et de la fin du siècle. Le type de pression qu’exerce l’évolution du climat sur l’action publique peut être comparé à celui qu’exerce un contexte extrême sur l’action organisationnelle au sens large. Confidentiel dans les années 70, ce caractère extrême du contexte de l’action publique est aujourd’hui largement perçu et intégré dans le développement durable qui s’est institutionnalisé entre-temps. Le cadre d’action publique forgé à un moment où l’enjeu climatique était perçu avec moins d’acuité reste-t-il pertinent au moment où le 6e rapport d’évaluation du GIEC reflète le caractère d’urgence du contexte climatique ? A travers une mise en perspective historique fondée sur des documents d’archives, des politiques climatiques françaises, des résultats d'observation ethnographique participante et des entretiens, nous montrons que le contexte risqué dans lequel s’est construite la gouvernance de l’urgence climatique est devenu aujourd’hui un contexte d’urgence qui contraint l’action publique à innover pour tenir compte de la transformation de ses conditions initiales d’efficacité. La répétition des catastrophes climatiques conduit à envisager un scénario de basculement du contexte actuel d’urgence vers un contexte disruptif dont les caractéristiques doivent pouvoir être anticipées dès à présent.
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Communication orale
Urgences écologique et climatique : Ethique de l’utilisation de démarches comportementales et narratives dans le design et la mise en œuvre de politiques publiquesLouise Bernard (IAE de La Rochelle)
Les enjeux climatiques et environnementaux actuels exigent d’organiser au niveau mondial une transition énergétique et environnementale vers un modèle économique et social sobre en énergie et en ressources, moins polluant et moins émetteur de gaz à effet de serre, et adapté au changement climatique. Les sciences comportementales fournissent des clés pour transformer l’action publique dans l’objectif de modifier nos façons d’agir (Chevallier & Perona, 2022) . Les pouvoirs publics et les collectivités ont de plus en plus recours à ces approches comportementalistes (Bergeron et al., 2018) , et utilisent notamment les nudges (Thaler & Sunstein, 2008) environnementaux. La sémiotique permet également de mieux comprendre le fonctionnement des nudges et met en évidence les bénéfices de nudges « écologiques » (Fontanille & Lairesse, 2021) . Le courant des études narratives en sciences de gestion fournit également des pistes. Ces approches soulèvent néanmoins des questions éthiques et sont parfois désignées comme « paternaliste » et relevant de la manipulation. Que nous dit la littérature à ce sujet ? Comment les décideurs publics ainsi que les citoyens et autres parties prenantes peuvent prendre en main cette question de l’éthique ? Il s’agit de mettre en regard l’éthique de ces méthodes et leur efficacité dans un contexte de crise climatique.
Pause déjeuner
Session 2
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Communication orale
Politiques publiques de recherche avec et pour la société : exemple du programme de recherche participative de l’Université de LilleBertrand Bocquet (Université de Lille)
Le programme de recherche participative de l’Université de Lille part du constat que la complexité des « défis sociétaux » et l’incertitude des chemins de transition rendent pertinente l’implication de la recherche universitaire, et que l’ouverture vers la société du monde académique présente un biais puisque les formes de collaborations concernent essentiellement le monde économique. Ces paradoxes peuvent être dépassés par des démarches de recherche participative. La Boutique des sciences de l’Université de Lille (Bds U.Lille) ( un laboratoire « hors-les-murs ») est un dispositif qui permet d’accéder à la demande sociale de recherche afin d’obtenir une meilleure pertinence dans la formalisation des problématiques inter/transdisciplinaires liées aux transitions. Après traduction en questions de recherche et identification des chercheurs, nous accompagnons les projets en mobilisant les méthodologies de Recherche Action Participative. Les disciplines scientifiques impliquées dans les projets : sociologie, mathématiques, sciences de l’éducation, géographie, sciences politiques, physique, sciences de l’ingénieur, informatique, etc. Par rapport à des enjeux de biodiversité-environnementaux, sociaux (insertion de femmes migrantes, logement social, hébergement d’urgence, handicap), santé (santé globale, refus de soin), culturels, territoriaux, de coopération internationale, autant d’objectifs du développement durable définit par l’Unesco.
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Communication orale
Comprendre les processus de gouvernance multi-niveaux pour saisir l’État en action : l’exemple de la mobilité durableGérard Divay (École nationale d'administration publique), Marie-Claude Prémont (École nationale d'administration publique), David Talbot (École nationale d'administration publique), Nassera Touati (ENAP - École nationale d'administration publique), Fanny Tremblay-Racicot (École nationale d'administration publique)
En dépassant la notion de paradigme, qui ne permet pas de saisir comment l’action publique s’opérationnalise, nos travaux visent à comprendre comment les processus de gouvernance multi-niveaux favorisent le développement d’une action collective cohérente, permettant de relever les défis de la mobilité durable. Toutes les études empiriques montrent que le développement d’une action collective locale pour favoriser la mobilité durable est un processus complexe, nécessitant la convergence des intérêts et actions de différents acteurs agissant à différentes échelles d’action et dans différents secteurs de la société et de l’action publique, d’où l’importance des processus de gouvernance multi-niveaux. Une telle étude nous permettra
notamment de mieux saisir comment l’État, à travers la mobilisation contextualisée de différents instruments plus ou moins coercitifs, joue un rôle stratégique au niveau de la lutte contre le réchauffement climatique.
Questions de recherche 1) comment émergent les processus de gouvernance multi-niveaux ? 2)
Comment ces processus favorisent ils une cohérence de l’action collective ? Comment le contexte influence-t-il ces processus ?
Méthodes : nous adoptons une approche d’analyse processuelle, basée notamment sur la
théorie de l’acteur réseau (Callon, 1986). Notre analyse s’appuie sur deux études de cas
qualitatives correspondant à deux expériences municipales qualifiées de « succès. -
Communication orale
Qualifier la dimension participative de l’action publique : proposition d’une grille d’analyse et de représentationAlice Anberrée (Conservatoire national des arts et métiers)
Les politiques publiques connaissent un tournant participatif issu de choix stratégiques des agents en charge
de les déployer ou de demandes et mouvements citoyens. On assiste ainsi au développement d’un ensemble de pratiques et d’un vocabulaire spécifiques tous deux hétérogènes, sans convergence d’usages : des termes variés (collaboration, co-construction, contribution, participation...) désignent des pratiques similaires en même temps qu’un seul d’entre eux peut désigner des pratiques variées.
Cette communication présente et met en discussion une grille d’analyse et de représentation des pratiques effectives d’interaction entre les porteurs d’une action publique et ses parties prenantes. Construite à partir de travaux de sciences politiques, de sciences de l’information et de la communication et de sciences de gestion, et testée dans des organisations publiques de diffusion artistique, elle restitue différentes dimensions de la participation des partie-prenantes à une action publique : nature du propos recueilli, objet sur lequel il porte, degré de décision associé, étape du déroulé du projet, effets sur l’action organisationnelle, profil et nombre des personnes mobilisées.
Sa transposition graphique facilite un usage typologique ou comparatif sur la dimension participative, pour outiller la gouvernance de l’action publique (présentation et mise en discussion) ou la recherche en la matière (aide à la qualification et à la comparaison de terrains). -
Communication orale
Inciter les peuples autochtones à participer aux innovations pour la lutte et l'adaptation aux changements climatiques au Cameroun : Des nudges comme leviers de l'action publiqueDieudonné Toukea (Université de Dschang)
Comment les peuples autochtones qui ne comprennent pas les enjeux climatiques sont incités à changer leurs comportements en zones forestières, pour adopter ceux favorables à la résolution des problèmes liés aux changements climatiques ? Comment s’approprient-ils des innovations qui non seulement orientent en douceur leurs attitudes, mais aussi bousculent parfois les mœurs du milieu? L’efficacité de la lutte contre les changements climatiques repose sur la capacité d’acceptation et de mise en œuvre des innovations par les peuples autochtones. Cette appropriation exige des approches notamment, l’apprentissage par l’action (learning by doing) et la formation des peuples autochtones par leurs propres leaders. L’étude mettra en exergue les ajustements des pratiques de ces acteurs locaux et la réorientation silencieuse de leurs comportements vers des actions dont les effets sont jugés désirables pour lutter et s’adapter contre les changements climatiques.
Session 3
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Communication orale
Design territorial : éthique de la contribution et valorisation des technologies numériquesFranck Cormerais (université Bordeaux-Montaigne)
Notre proposition interroge les modes de gouvernance de ce que des géographes nomment « hyperlieux ». Cette interrogation facilitera la mise en œuvre d’une résilience par le biais d’un agir contributif reposant sur un design territorial. Il s’agit alors d'aborder la conditionnalité d’un renouveau de la puissance publique par des régimes d'engagement et des tableaux de bords proposant une métronomie de la contribution à une échelle locale. Depuis un choix de variables fonctionnelles, nous exposerons une conception qui pourrait guider les enjeux éthiques et politiques portés par le design territorial.
Dans un premier temps nous aborderons la question d’une écologie urbaine par le design territorial et ses milieux associés. Ensuite, nous aborderons la question de la construction d’un système local contributif en lien avec la question de la valeur. Ce qui nous permettra d’envisager à partir d’une fonction de contribution la formation d’actifs du territoire. Enfin, nous envisagerons ses derniers à partir d’une logique comptable néguentropique portée par une création collective favorable à la reconnaissance des communs. Cette orientation pouvant ouvrir de nouvelles perspectives à la concrétisation d’une alternative à la gouvernementalité algorithmique des hyperlieux urbains.
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Communication orale
Renouveler la gouvernance locale au bénéfice de la transition écologique par les politiques de Villes et de Territoires Intelligents : le cas des collectivités locales françaisesDavid Carrasus (IAE Pau-Bayonne), Didier Chabaud (IAE Paris-Sorbonne), Pascal Frucquet (Université de Pau et des Pays de l'Adour), Pierre Marin (Docteur en sciences de gestion et Ministère de l'Agriculture, France)
Les politiques de Villes et de Territoires Intelligents connaissent une accélération de leur diffusion dans le monde comme en France. Souvent présentées par leurs promoteurs comme des réponses aux défis environnementaux du XXIème siècle, l’exploration de la littérature relative aux Smart Cities met en évidence une réalité plus nuancée. La capacité, pour les Villes et les Territoires Intelligents, à créer de la valeur environnementale apparaît ainsi particulièrement corrélée à la question de leur management et de leur gouvernance. Bien que centrale, cette question doit encore largement être étudiée. Nous proposons ainsi une contribution exploratoire centrée sur les collectivités locales françaises, s’interrogeant sur l’influence de la mise en œuvre de telles politiques sur la gouvernance locale. Notre cadre d’analyse mobilise des concepts de proactivité et d’ouverture, enrichis des questionnements spécifiques aux transformations numériques et à la cocréation de valeur publique. Une démarche qualitative combinant recherche-action et entretiens semi-directifs auprès d’un échantillon de collectivités représentatif nous permet d’identifier trois axes de transformation de la gouvernance des collectivités locales engagées dans des politiques de Villes et de Territoires Intelligents : un leadership politique et administratif fort, une mobilisation des équipes et des agents
des collectivités, ainsi qu’une démarche de cocréation de valeur avec les parties prenantes du territoire. -
Communication orale
Les littératies éco-citoyennes en contexte d’urgence écologique : quelles connaissances et compétences pour des métrologies citoyennes locales en action ?Anne Berthinier Poncet (Conservatoire National des Arts & Métiers, Laboratoire LIRSA), Maryse Carmes (Conservatoire national des arts et métiers)
Les initiatives de métrologie « citoyenne » (Carmes, 2020) se sont multipliées à travers le monde en s’appuyant de manière extensive sur des dispositifs numériques (capteurs, smartphones etc.) et sur des dynamiques cohabitant, de façon plus ou moins consensuelle, avec les approches soutenues par l’acteur politique et public, les institutions scientifiques ou les organismes de santé. Désignées comme des pratiques de popular epidemiology, de citizen science, de street science, de crowdsensing ou encore d’environment-tracking, ces métrologies citoyennes recouvrent de nombreux thèmes : qualité de l’air et de l’eau, pollens, biodiversité, nuisances sonores et olfactives, îlots de chaleur, produits chimiques domestiques, pesticides, radioactivité etc. Malgré l’extension de nombreuses initiatives et l’attention croissante portée à ces démarches, subsiste un certain nombre d’écueils qui constituent autant de zones de fragilité. Parmi celles-ci, les dimensions socio-cognitives s’avèrent majeures et condition de la pertinence des mesures produites à partir de protocoles impliquant des non experts. Nous proposons de formaliser les domaines de connaissances et de compétences impliqués et à soutenir dans le cadre de la production décentralisée, distribuée, de données et de mesures : en l’appliquant aux enjeux environnementaux, se trouve ainsi conçu un modèle de référentiel pour des « littératies éco-citoyennes ».
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Communication orale
Urgence écologique et secteur culturel : auto-saisine collaborative des acteurs et nouvelle politique culturelle d’écosystème - cas du secteur muséal et du territoire parisien.Lucie Marinier (Conservatoire national des arts et métiers)
Les artistes et programmateurs culturels revendiquent de répondre à l’urgence écologique. Leurs manifestes et « l’art écologique » (Ardenne 2018) répondent à l’injonction qui leur est faite de participer à rendre sensible la « nouvelle situation cosmologique » (Latour 2021). Au second plan, s’organise aussi une auto-saisine des acteurs de la production et de l’ingénierie culturelle et un nouveau positionnement des décideurs. A travers l’étude de plusieurs cas de musées français et canadiens, et de leurs réseaux, notamment concernant l’évolution de leur politique d’expositions, nous verrons que le « jeu d’acteurs » (Crozier et Friedberg 1977) se transforme. Il s’agit de faire évoluer les méthodes, afin de limiter l’impact environnemental des activités, mais aussi les missions, pour redéfinir ce qui est ou non essentiel. Le cas de l’écosystème culturel parisien, avec le lancement par la Ville en 2018 de son « plan économie circulaire et culture », nous permettra d’identifier de nouveaux modes de gouvernance et de collaboration face à la crise : création de réseaux porteurs de « communs », plaidoyer, identification et incubation de modèles économiques et d’affaires, « prototypage » de projets. Des freins au changement d’échelle apparaissent : juridiques, économiques, techniques, culturels, institutionnels. Ils nécessitent, pour être dépassés, des changements de « référentiels » (Muller 2019), professionnels et d’intérêt général.
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Communication orale
La co-construction d'un suivi participatif des niveaux d'eau au Québec: enjeux et attentes des parties prenantesLorna Heaton (Département de communication, Université de Montréal (UdeM), CIRST), Florence Millerand (Département de communication sociale et publique, CIRST, UQAM), Laure Turcati (UQAM - Université du Québec à Montréal)
En réponse aux récents évènements de crues ayant frappé le Québec méridional, le projet Info-Crue, porté par le Ministère de l’Environnement et de la Lutte aux Changements Climatiques souhaite explorer l’apport d’une documentation participative des niveaux d’eau avec deux objectifs: 1) acquérir des données qui alimenteront la cartographie des zones inondables et2) permettre aux usagers et riverain.e.s des rivières de prendre part à la construction de connaissances afin de devenir acteur.ice.s des aménagements nécessaires pour diminuer l’impact des crues. Dans ce contexte, une phase pilote de co-construction d’un suivi participatif des niveaux d’eau a démarré à l’automne 2021 dans deux bassins versants. Cette phase pilote réunit des professionnels, agent.e.s de ministère, d’organismes de bassin versant, et des riverain.es et usager.es des rivières.Dans ce contexte, nous examinons,par des observations participantes et la conduite d’entretiens individuels,comment les riverain.es et usager.es des rivières s’emparent du projet, font des propositions et comment celles-ci sont perçues par les partenaires institutionnels du projet.Nous étudions également si l’implication dans la construction de ce suivi porteur d’enjeux environnementaux et humains forts permet aux différentes parties prenantes de comprendre et prendre en compte les enjeux et attentes des autres concernant le projet mais éventuellement aussi la gouvernance du territoire en termes de gestion des risques de crues.
Pause déjeuner
Session 4
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Communication orale
La gouvernance publique sous tensionBachir Mazouz (ENAP - École nationale d'administration publique)
Dans le but de reconfigurer les systèmes nationaux de gouvernance publique (SNGP), le New Public Management (NPM) a été propulsé sur les scènes administrative et académique par des institutions internationales financières et non financières. Se référant systématiquement à une certaine légitimité démocratique et à des impératifs d’efficacité budgétaire - invariablement placées sous les auspices des revendications citoyennes d’amélioration de la qualité des services publics et de la saine gestion des deniers publics - ces promoteurs internationaux du NPM se sont (d’abord) montrés très préoccupés, dès 1975, par l’endettement endémique de certains États et organismes publics et par une certaine bipolarité idéologique. Ensuite, vers 2000, ces mêmes promoteurs du NPM se sont progressivement rabattus sur des enjeux écologiques, des controverses éminemment climatiques, migratoires et sécuritaires pour justifier la reconfiguration des SNGP. Résultats de la superposition et de la juxtaposition des enjeux, les décideurs politiques et les hauts fonctionnaires (gestionnaires/administrateurs publics) aux commandes des réformes administratives et économiques se sont retrouvés faisant face à des problématiques très complexes dans leur conception, tensionnelles dans leur mise en œuvre et paradoxalement perturbatrices des SNGP à l’échelle mondiale. L’objectif de cette communication est de présenter à des fins de discussion un cadre général d’analyse des tensions de gouvernance publique.
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Communication orale
L’expression des citoyens, une innovation publique au service du climat ? Le cas de la convention citoyenne française, 2019-2020Anne Berthinier Poncet (Conservatoire National des Arts & Métiers, Laboratoire LIRSA), Anne Jacod (Chargée de projets d’innovation et de prospective de la Direction Générale de la Gendarmerie Nationale (DGGN), France), Madina Rival (Conservatoire national des arts et métiers)
Dans les années 1980, le New Public Management a fait évoluer le secteur public en termes de rationalisation et de professionnalisation. L’évaluation au prisme de la performance financière s’est néanmoins révélée inadaptée dans certains cas traitant du bien commun, ouvrant la voie au déploiement de l’innovation publique qui répond aux attentes des citoyens, des besoins des usagers, tout en rendant plus efficaces les politiques publiques. L’innovation collaborative est incontournable dans le public : citoyens-habitants, décideurs publics, acteurs privés et associatifs, experts, sont embarqués avec l’administration dans des processus de co-création pour en assurer l'efficience. La participation citoyenne porte la promesse d'une délibération enrichie et diffusion plus adaptée des innovations. L’innovation publique repose aussi sur une acculturation des agents comme des usagers à la créativité avec les valeurs du service public, pour rendre l’Etat plus réactif en situation de crise environnementale. L’analyse de plusieurs cas français - la Convention citoyenne pour le climat, la « Fabrique à projet » du Ministère de la transition écologique, l’Ecolab et certaines initiatives de participation citoyenne menés par des Fablabs - montre l’importance de donner la voix aux citoyens pour faire évoluer les prises de conscience climatiques, les limites d’une approche sectorielle et d’une logique financière qui freinent le développement de nouvelles approches de l'innovation publique.
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Communication orale
L'action publique locale à l'épreuve de l'Anthropocène : une étude comparative entre deux territoires littoraux altantiquesMarc Gustave (Ecole de Management, La Rochelle Université), Julien Viau (La Rochelle Université)
Les espaces littoraux sont passés du statut de territoire du vide à celui de territoire d’empoigne (Meur-Férec & Morel 2004). Ces lieux sont aujourd’hui soumis à de fortes pressions, écologiques, démographiques et foncières. De nombreux dispositifs affectant les espaces littoraux sont mis en place depuis deux décennies pour diminuer l’impact anthropique (restauration des écosystèmes, lutte contre les risques littoraux, espaces de concertation, construction d'indicateurs de performance environnementale, etc.) au nom d’enjeux environnementaux globaux (Blatrix et al., 2021). De nouveaux acteurs (associatifs, experts, scientifiques, etc.) sont ainsi apparus dans le processus de décision publique. Leur multiplication interroge le management public territorial. Observe-t-on à l’échelon local, une New Public Governance plus compatible avec les enjeux de l’Anthropocène (Osborn, 2010), une contestation du New Public Management (Guenoun & Matyjasik, 2019 ), une évolution incrémentale plus participative des modalités traditionnelles de prise de décision ? Pour répondre à ces questions, une recherche qualitative (Gioia, 2013) compare deux territoires de la façade atlantique : les agglomérations du Pays basque et de La Rochelle. L'analyse met en exergue une action publique littorale qui peine à s’extraire de la dépendance au sentier (Pierson, 2000), chaque territoire faisant évoluer à la marge son modèle de management public sans en discuter la pertinence à l'ère de l'Anthropocène.
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Communication orale
Mise en œuvre du développement durable dans les institutions universitaires : étude des étapes du déploiement de la politique DD de l’Université LavalAbdoulaye Anne (Université Laval), Ndeye Binta Awa Keita (Université Laval), Matthias Pépin (Université Laval)
Cette communication présente les étapes de la mise en œuvre d’une politique de développement durable (DD) dans une université. Notre recherche prend pour cas d’étude l’Université Laval (UL), qui a officiellement commencé la mise en œuvre de sa politique DD en 2008. Le choix de l’UL tient sur deux facteurs combinés : (1) le fait qu’elle est précurseur dans la mise en œuvre du DD au Québec et (2) sa performance dans le système STARS1. Grâce à une analyse de données sur la période de 2008-2022, nous comptons présenter la ligne de temps du déploiement de la politique DD avec les différentes actions posées par l’UL à chaque étape. L’intérêt d’une telle recherche réside dans le fait que dans la littérature scientifique disponible, les modèles de mise en œuvre ne détaillent pas les processus et sont critiqués comme étant « généraux » voire « théoriques » (Stephens & al., 2008). En procédant à une étude de cas, notre recherche propose un design de mise en œuvre qui s’appuie sur une expérience réelle et contribue ainsi à pallier ce vide, tout en fournissant des éclairages aux universités désireuses de mettre en œuvre le DD.
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Communication orale
Transports en commun et habitation : comment garantir un accès pour tous? Instruments pour assurer l’abordabilité des projets T.O.D. dans les villes canadiennesCharles Martin (Université de Montréal), Félix Thenen (Université de Montréal), Fanny Tremblay-Racicot (ENAP - École nationale d'administration publique)
Les développements immobiliers orientés vers les transports collectifs, ou T.O.D. (transit-oriented developments), consistent en des usages denses, diversifiés, conviviaux pour les piétons, situés à distance de marche1 des stations de transport collectif. Si ce type de développement immobilier peut être qualifié de « durable », en ce sens qu’il favorise les choix de modes de transport autres que l’auto-solo, les études empiriques révèlent que très peu de T.O.D. répondraient aux objectifs d’équité sociale et d’accès aux opportunités, car ils sont financièrement inabordables pour certaines catégories de la population. Dans quelle mesure la dimension d’équité sociale et d’abordabilité est-elle prise en compte dans la réalisation des T.O.D. au Canada ? Quelles sont les stratégies déployées par les municipalités afin d’assurer la collaboration des promoteurs immobiliers dans la production et la mise en œuvre des T.O.D.? Cette communication présente les résultats préliminaires d’une analyse comparée des processus de planification et de réalisation des projets immobiliers de type T.O.D. étude menée auprès de six villes (Halifax, Québec, Montréal, Toronto, Calgary, Vancouver) réparties dans cinq provinces (Nouvelle-Écosse, Québec, Ontario, Alberta, Colombie-Britannique)