L’Île-du-Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse, subit aujourd’hui une démodernisation (discours politique à faible portée, difficulté d'accès aux services publics et de santé, etc. - Y. Rabkin) et voit apparaître en conséquence une dissonance entre les discours du pouvoir global et les réalités quotidiennes locales – une fissure dans l’économie morale (E. P. Thompson). Dès lors, des phénomènes de réécriture des discours locaux comme autant de tentatives de réinvention du sens et de contrôle des champs d’action individuels et sociaux se développent. Recréant des points de repères dans l’imaginaire, les personnes se rapportent à des figures idéelles (au Cap-Breton, c’est souvent celle de « celui ou celle qui reste »). Néanmoins, ces figures alimentent une arythmie communément acceptée et culturellement pratiquée entre l’idéel qui est conté et le réel qui est vécu : un non-dit proche de l'intimité culturelle (M. Herzfeld).
À travers une brève ethnographie des pratiques de réécriture des discours (supports vidéos), j’explore comment les jeunes vivant sur l’Île-du-Cap-Breton travaillent à contrôler les champs d’action de leur vie et à s’investir dans le monde en œuvrant à la réécriture de cette figure idéelle de « celui ou celle qui reste ». Je théorise ensuite l’expérience du non-dit comme étant intrinsèque à ces discours, puis j’interroge si ce non-dit est une condition sine qua none de la réinvention culturelle et sociale dans le contexte actuel de la démodernisation.
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