Au Québec, le secteur de l’adaptation scolaire est traversé par deux paradigmes, l’intégration et l’inclusion, qui s’avèrent relativement incompatibles, tant sur le plan du regard porté sur les élèves (porteurs d’une difficulté ou en situation plus ou moins transitoire de difficulté) que sur le plan des modalités de scolarisation et d’intervention à leur égard. Il arrive ainsi que les dispositifs d’enseignement et pratiques enseignantes contribuent à maintenir les enfants dans leur identité d’élèves en difficulté. Ces pratiques sont notamment influencées par la relation (au sens d’interaction et de récit que chacun construit des situations) que les enseignants entretiennent vis-à-vis des élèves, de leur place dans l’école et des dispositifs institutionnels réels ou prescrits. Notre recherche a pour objectif de comprendre comment les enseignants envisagent ces dimensions intersubjectives, organisationnelles et institutionnelles dans leur pratique quotidienne auprès d’élèves diagnostiqués comme ayant un trouble de l’ordre de la psychopathologie. Nous avons mené des entretiens en profondeur (1h30-2h) auprès de 4 enseignantes qui œuvrent dans des classes spécialisées destinées à accueillir ces élèves. Nos analyses examineront si et à quel égard (vision de l’élève, de la réussite scolaire, du rôle de l’enseignant) les tensions présentes sur le plan paradigmatique sont repérables dans le quotidien des enseignantes.