5a. Résumé
Les chercheurs, comme les responsables d’organismes culturels le savent, « le principal réservoir de public est le non-public » (Jacobi et Luckerhoff, 2009 : 13), soit « ces personnes en situation, à l’instant t, […] de non-contact avec un objet culturel donné » (Ghebaur, 2013 : 1). Au Québec, la démocratisation de la culture est une finalité étatique établie (MACQ, 1992) et il est désormais explicite que la culture doit agir en tant que levier économique (MCCQ, 2018). De fait, les organismes culturels, dont les structures de financement dépendent souvent de fonds publics, accordent une importance particulière aux enjeux de fréquentation.
Cette présentation permet d’aborder l’étude communicationnelle des raisons pour lesquelles 466 individus demeurant en Mauricie n’ont pas fréquenté depuis au moins cinq ans des organismes établis dans cette même région. Notre analyse inductive (Corbin et Strauss, 2015) des discours collectés lors d’entretiens individuels et de groupe nous permet de constater que les raisons de ces non-publics sont générées par quatre processus dissuasifs: 1- une reconnaissance difficile des identités culturelles des organismes, 2- une mise en comparaison entre les organismes et les pratiques culturelles qu’ils valorisent menant à la perception d’un faible lien, 3- une tentative d’appariement identitaire échouée avec une image fantasmée des publics des organismes, 4- une relation paradoxale conférant à la proximité physique une distance symbolique.