5a. Résumé
En littérature, l’étape de la sélection du manuscrit, par un éditeur réputé, confère déjà à l’œuvre une première reconnaissance. Voilà une des raisons pour lesquelles l’auto-édition est généralement faiblement dotée en capital symbolique. Pourtant, certaines maisons d’édition québécoises apparues dans les années 2000 ont entamé leurs activités par l’auto-publication, geste qui, d’une part, revient en quelque sorte à nier l’utilité de la fonction éditoriale et qui, d’autre part, fragilise la crédibilité de l’œuvre auprès de la critique.
Ma communication se penchera sur le cas de Mélanie Vincelette, qui crée Marchand de feuilles en 2001 afin d’y publier son premier recueil de nouvelles. Par l’analyse de sa réception critique et des entrevues qu’elle a données, j’entends montrer que son arrivée dans le monde littéraire a d’abord bousculé les agents en place. Pourtant, après quelques années, Vincelette devient une éditrice respectée, et il n’est pas inintéressant de remarquer qu’elle a entretemps opéré un réaménagement de sa trajectoire d’autrice : elle est en effet publiée par Leméac et Robert Laffont. Puisque le cumul des fonctions dans le champ littéraire du Québec est encore peu étudié, ma communication permettra de réfléchir aux phénomènes d’attribution de la légitimité. Elle éclairera de manière inédite un mode d’entrée en littérature qui semble typique de plusieurs maisons d’édition québécoises de l’extrême-contemporain, mais qui n’a pas encore fait l’objet de réflexions.