Informations générales
Événement : 87e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :Dans la foulée de l’Education for All Handicapped Children Act, le plan d’enseignement individualisé (PEI) est apparu aux États-Unis dès 1975. Il vise à offrir des programmes et des services adaptés à l’élève (Goupil, 2004) et s’est largement répandu à partir des années 1990 en Amérique du Nord et en Europe (Rodger, 1995), devenant même une obligation légale dans de nombreux pays. L’Agence européenne pour l’éducation adaptée et inclusive indique que « la plupart des pays utilisent un projet éducatif individualisé (PEI) pour les étudiants à besoins éducatifs particuliers (BEP) pendant la scolarité obligatoire. Ce type de document inclut généralement la manière dont le programme d’enseignement est suivi, les ressources supplémentaires nécessaires, les objectifs et l’évaluation de l’approche éducative adoptée » (2003, p. 12). Il en existe des variantes : on parle de plan d’enseignement individualisé (PEI) en Ontario, de plan d’intervention (PI) au Québec, de projet pédagogique individualisé (PPI) en Suisse, de plan individuel d’apprentissage (PIA) en Belgique, ou encore de projet personnalisé de réussite éducative (PPRE) en France pour ne nommer que celui-ci (la France compte plusieurs déclinaisons du plan en fonction des besoins identifiés des élèves). Le plan d’intervention exerce généralement sept fonctions (communication, planification, identification, collaboration, régulation, adaptation et transition) (Tremblay, 2018). La mise en œuvre des plans ne semble cependant pas toujours aller de soi. Face aux difficultés et limites dans la mise en œuvre, il est utile de s’interroger sur les fonctions et les usages de ces types de plans d’aide à l’élève et, plus généralement, de dispositifs autres d’aide, d’accompagnement ou de soutien aux élèves.
Date :Programme
Études intercas : comparaisons des usages et fonctions du plan entre divers systèmes scolaires
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Communication orale
Utilisation, pratique et appropriation des fonctions du plan d’intervention : analyse comparée de quatre systèmes scolaires francophones (Québec, Ontario, Belgique et France)Enkeleda Arapi (UdeM - Université de Montréal), Philippe Tremblay (Université Laval)
Le plan d’intervention (PI) constitue un outil d’aide destiné aux élèves ayant des besoins spécifiques. Selon plusieurs auteurs (Christle & Yell, 2010 ; Rotter, 2014 ; Tremblay & Belley, 2018) ce document demeure le plus important puisqu’il permet d’assurer l’élaboration et l’implantation d’un programme adapté à l’élève ayant des besoins spécifiques. Bien que depuis les années 2000, ce document soit largement utilisé et formalisé dans l’ensemble des systèmes scolaires (Tremblay et Belley, 2018), peu d’études questionnent l’élaboration et la mise en oeuvre des PI. Cette communication vise à mieux comprendre les fonctions et les usages des PI par le biais d’une analyse comparée des points de vue de différents intervenants scolaires issus de quatre systèmes scolaires européens et canadiens.
Plus précisément, nous avons procédé à une analyse du contenu (Miles et Haberman, 2009). L’échantillon est constitué de n=15 enseignants, n=9 directions et n= 8 conseillers qui se sont prêtés à une entrevue semi-dirigée. Nous avons analysé 32 entrevues (n=8 entrevues pour chaque système scolaire) provenant de quatre systèmes scolaires francophones. Une grille d’analyse a été élaborée en s’appuyant sur le modèle fonctionnel des plans d’intervention selon Tremblay et Belley (2018). Les fonctions suivantes sont analysées: 1) la communication, 2) l’identification, 3) la planification et l’organisation, 4) la collaboration, 5) l’adaptation, 6) l’évaluation et la régulation et 7) la transition.
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Communication orale
Quelle est la place consacrée aux parents lors d’élaboration du plan d’intervention ? Une comparaison de cinq systèmes scolaires de l’Europe et du Canada.Enkeleda Arapi (UdeM - Université de Montréal), Philippe Tremblay (Université Laval)
Depuis 20 ans, la plupart des pays en Amérique du Nord comme en Europe, s’efforcent d’intégrer dans leur politique éducative, un projet individualisé pour les élèves à besoins spécifiques appelé plan d’intervention (PI). Selon Tremblay (2018), le processus est une démarche collaborative qui demande à la fois la participation active de l’équipe scolaire fournissant les services adaptés à l’élève en difficulté, mais aussi celle des parents de ce dernier. Cependant, peu de recherches ont étudié le rôle du parent lors de cette démarche. L’objectif de la communication est d’étudier la place consacrée aux parents par l’équipe scolaire lors de l’élaboration du dispositif de PI dans cinq systèmes scolaires de l’Europe et du Canada.
Cette communication repose sur un devis de recherche qualitatif. Une première analyse explore la place consacrée aux parents à partir des guides de références du PI issus de cinq systèmes scolaires de l’Europe et du Canada. Une deuxième analyse thématique s’appuyant sur la typologie des composantes du PI de Bateman et Linden (2012) explore la manière dont les parents sont présents dans les PI provenant de ces systèmes scolaires.
Les résultats indiquent que pour chaque système scolaire, le document du PI alloue une place aux parents. Cependant, les analyses indiquent des différences significatives. Ainsi en Belgique et en Ontario, on consacre une place importante au parent. En somme, à travers des cinq systèmes, le rôle du parent est vu de façon nuance.
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Communication orale
Les plans individuels : dispositifs d’inclusion ou dispositifs d’exclusion ? Analyse qualitative de plans québécois et de plans belgesSabine Kahn (ULB - Université Libre de Bruxelles)
L’analyse d’une centaine de plans belges et québécois fait apparaître deux dimensions problématiques en ce qui concerne, d’une part, l’entrée des élèves dans la culture scolaire et ses particularités, particularités liées au savoir et à la posture nécessaire aux apprentissages scolaires (Baillet et al, à paraître ; Rey, 2014) et, d’autre part, le regard des enseignants sur la difficulté scolaire et l’école inclusive (Kahn, 2010 ; Tremblay, 2012). Nous verrons, à partir de quelques exemples emblématiques tirés des plans, comment ce dispositif peut, malgré une volonté affichée d’inclure ou d’intégrer les élèves concernés, participer à les maintenir en dehors de la culture scolaire et d’une certaine façon à les maintenir exclus.
Dîner
Études de cas : les usages et fonctions du plan dans divers systèmes scolaires
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Communication orale
Au nom du père, et du fils, et de l'égalité...Joannie St-Pierre (Université d’Ottawa)
Sous l’élan du courant inclusif actuel, les enseignants québécois se positionnent entre l’efficacité de l’école et son projet égalitaire. « Une école pour tous » demande que les enseignants agissent au sein de classes formées d’une variété d’élèves, alors que « la réussite pour tous » exige qu’ils s’attardent aux spécificités et aux besoins d’apprentissage de chacun dans une classe où règne l’hétérogénéité. Considérant que le plan d’intervention est un dispositif d’équité visant à mettre en place des mesures d’adaptation en classe afin de répondre aux besoins individuels de certains élèves, la discussion entourant sa mise en œuvre lève le voile sur cette difficile mise en balance.
Ayant assisté à une formation obligatoire offerte au sein de mon école secondaire, la narration issue de ma recherche autoethnographique en cours rend accessible la culture scolaire dans laquelle s’ancre mon expérience professionnelle. Inspirée de Dubet dont les écrits font écho aux racines cléricales de l’école, l’analyse thématique en continu révèle qu’à travers les vives réactions de mes collègues, les négociations des espaces professionnels renseignent quant à la résistance dont peuvent faire preuve certains enseignants par rapport à la mise en oeuvre de ce dispositif. En effet, il semble désormais légitime, au nom de l’élève usager, de remettre en question l’agir enseignant. C’est donc au nom de l’égalité des chances que le plan encadre étroitement l’autonomie des enseignants.
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Communication orale
Analyse qualitative des prescriptions et des discours de professionnels à propos des plans individuels destinés aux élèves avec des difficultés d’apprentissage en FranceMarie Toullec-Théry (Université de Nantes et Espé)
L’école aujourd’hui, se réclame être une école pour tous, dans d’un paradigme inclusif, ancré dans les trois dimensions que sont la non-discrimination, l’accessibilité et la compensation. Notre recherche se focalise sur les plans en contexte scolaire français (nommés en France des Programmes Personnalisés de Réussite Educative – PPRE-). Qu’est-ce que sous-tend ce mouvement vers l’individu alors que l’école a toujours prôné le collectif ? Dans la perspective développée par Bélanger et Khan (2019), nous y examinons qualitativement quatre des fonctions d’un plan : l’identification des besoins, la communication, la collaboration et la régulation/révision. L’étude se fonde d’abord sur la dimension prescriptive : que disent les dispositions officielles françaises ? Elle analyse ensuite les discours de professionnels de l’école (enseignants de classe, enseignants de soutien et cadres) : quelles sont leurs représentations et de leurs pratiques quand il s’agit de penser et de mettre en oeuvre des plans individuels ? Nous faisons appel, pour nos analyses, à un éventail de concepts que sont ceux de dispositifs, de la dialectique outil - instrument, ainsi que la distinction opérée par Koenig et al. (2016), issue de techniques de management, entre deux registres à la fois complémentaires et en tension, entre habilitant et disciplinant.
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Communication orale
Analyse qualitative des prescriptions et des discours de professionnels à propos des plans individuels en Suisse italiennePier Carlo Bocchi (Scuola universitaria professionale della Svizzera italiana)
Comprendre comment engager tous les élèves vers les mêmes savoirs, sans séparer les bons élèves des élèves faibles et sans non plus proclamer l’« indifférence aux différences » constitue un problème que les systèmes scolaires doivent aborder avec une certaine urgence. Notre recherche se focalise sur les plans d’intervention individualisés en contexte scolaire suisse (nommés, en Suisse, Demande de coopération avec le Service de soutien pédagogique). Qu’est-ce que sous-tend ce mouvement vers l’individu alors que l’école a toujours prôné le collectif ? Dans la perspective développée par Bélanger et Khan (2019), nous y examinons qualitativement quatre des fonctions d’un plan : l’identification des besoins, la communication, la collaboration et la régulation/révision. L’étude se fonde d’abord sur la dimension prescriptive : que disent les dispositions officielles suisses italiennes ? Elle analyse ensuite les discours de professionnels de l’école (enseignants de classe, enseignants de soutien et cadres) : quelles sont leurs représentations et de leurs pratiques quand il s’agit de penser et mettre en oeuvre des plans individuels ? Nous faisons appel, pour nos analyses, à un éventail de concepts que sont ceux de dispositifs, de la dialectique outil - instrument, ainsi que la distinction opérée par Koenig et al. (2016), issue de techniques de management, entre deux registres à la fois complémentaires et en tension, entre habilitant et disciplinant.
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Communication orale
Orientation inclusive et usages des plans d’enseignement individualisé en OntarioNathalie Bélanger (Université d’Ottawa), Joannie St-Pierre (Université d'Ottawa)
Dans les années 1990, alors que la nouvelle gestion publique apparaît dans des organismes publiques ontariens, le plan d’enseignement individualisé (PEI), en tant qu’instrument, structure la politique éducative du champ de l’enfance en difficulté et de l’enseignement spécialisé, laquelle est à la fois orientée vers de nouvelles orientations inclusives. Dans le cadre d’un projet comparatif plus large, il s’agit d’examiner ici, à partir d’une analyse d’entretiens et de sources documentaires, le rôle de cadres scolaires du réseau des écoles de langue française en Ontario quant à la traduction de ces politiques en pratique. Une analyse des entretiens effectués, de directions et d’enseignant.es permet de comprendre comment les acteurs scolaires perçoivent le rôle de la direction au sein du processus de la préparation et de la mise en œuvre du plan. Si le rôle de cette dernière est prépondérant dans les prescriptions ministérielles ontariennes qui encadrent le déploiement du plan, l’usage qu’il en fait est à peine effleuré, à notre connaissance, dans les écrits scientifiques. Cette communication permet ainsi de contribuer à un champ de recherche, à ce jour, encore peu approfondi.