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Informations générales

Événement : 87e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

Les problèmes publics peuvent être liés à différents domaines de la société tels que l’écologie, la sécurité routière, etc. Dans le cadre de ce colloque, nous nous intéressons plus spécialement aux problèmes publics du domaine social (par exemple : la pauvreté, la toxicomanie, l’itinérance, le chômage, la maltraitance des enfants, la violence faite aux femmes, le racisme, etc.) que nous proposons d’appeler ici problèmes sociaux.

De nombreux auteurs ont écrit sur la notion de problème social, ont proposé une définition, ont tenté de tracer les contours de la notion (par exemple Rezsohazy, 1980; Horton et Leslie, 1971; Manis, 1974). D’autres auteurs se sont plus spécifiquement arrêtés aux processus complexes qui transforment une situation en un problème social, dont Blumer ou encore Spector et Kitsuse. La construction d’un problème social fait depuis l’objet d’une multitude d’études, de colloques, de publications, etc. qui tentent d’en saisir les frontières conceptuelles et théoriques (Dorvil et Boucher-Guèvremont, 2014; Loseke, 2003; Dorvil et Mayer, 2001; Hacking, 1999). De grandes interrogations subsistent : qu’est-ce qui définit vraiment un problème social? Les conditions du problème? Sa gravité? Sa prévalence? Ou plutôt les individus et les groupes que ce problème touche? La société et sa façon de prendre en charge ou de répondre au problème?

À cet égard, peu d’études se sont penchées sur le rôle des représentations sociales dans ce processus de construction des problèmes sociaux. En effet, même si plusieurs recherches se sont intéressées à l’influence des représentations sociales dans le contexte de l’intervention (Castro et Batel, 2008; Jodelet, 2012; Negura, 2016), elles l’ont rarement fait dans une perspective plus large de construction et de définition collective des problèmes sociaux. Il s’agit là d’un élément de réflexion riche pour une meilleure compréhension des interventions sociales, par exemple de leurs limites, des difficultés qui sont rencontrées ou encore de la réalité des intervenants et intervenantes. Réflexion à laquelle ce colloque souhaite contribuer.

Ce colloque se propose ainsi d’offrir aux chercheurs qui emploient différentes approches théoriques dans l’étude des problèmes sociaux, et qui proviennent de divers champs disciplinaires, de se réunir et de réfléchir aux aspects théoriques et empiriques de la définition des problèmes sociaux comme objets de représentation. Ce colloque constitue aussi un espace d’échange sur la pertinence pratique de l’analyse des problèmes sociaux dans une perspective des représentations sociales et sur la richesse des regards que cette perspective apporte sur toute une variété de problèmes sociaux auxquels la société est amenée à se confronter.

Date :
Responsables :

Programme

Communications orales

Séance d'ouverture

Salle : 2.207 — Bâtiment : Cégep G.-Roy
  • Communication orale
    Conférence d'ouverture: La folie et ses représentations sociales ; une confirmation empirique de l'hypothèse de la polyphasie cognitive inspirée par l'approche de modélisation
    Annamaria Silvana De Rosa (Université La Spaienza)

    Notre conférence se propose d’illustrer les dimensions épistémologiques (enjeux théoriques) et opérationnelles (enjeux empiriques) de l'approche de modélisation multi-méthode avec l’exemple de la folie, un problème social transversal à l'histoire, aux cultures et aux sociétés. Nous présenterons les résultats clés d’un vaste programme de recherche (de Rosa, 1987, 1995, 1997, 2006, 2010, 2013) sur les représentations sociales de la folie et de la maladie mentale chez près de 4000 sujets naïfs et experts mené dans les années 1980 et 1990 avec un suivi en 2006-2007 en Italie et au Brésil 30 ans après la désinstitutionnalisation de la maladie mentale et la fermeture des asiles psychiatriques en Italie. Le croisement de trois approches méthodologiques ("historique", "évolutive", comparative") a permis l’obtention des résultats qui montrent la coexistence frappante de représentations sociales ancrées à la fois dans des modèles mythiques et scientifiques, de sens commun et de connaissances spécialisées diffusées auprès du grand public. Cette iconographie à long terme de la folie confirme empiriquement le concept heuristique de "polyphasie cognitive" (Moscovici 1961, 2000; de Rosa, 2009 ; 2012, 2013), qui en a fait le "thema" central.


Communications orales

Problèmes sociaux liés au domaine de la santé et représentations

Salle : 2.027 — Bâtiment : Cégep G.-Roy
Présidence : Lilian Negura (Université d’Ottawa)
Discutant·e·s : Inna Bovina (Université d'Etat de Moscou de Psychologie et des Sciences de l'Education), Jean-Martin Deslauriers (Université d’Ottawa), Florina Gaborean (Ville de Gatineau), Claude Lavoie (Université d’Ottawa), Lilian Negura (Université d’Ottawa)
  • Communication orale
    La construction de la dépression comme problème social genré; Représentations sociales et services sociaux
    Jean-Martin Deslauriers (Université d’Ottawa), Florina Gaborean (Université d'Ottawa), Lilian Negura (Université d'Ottawa)

    Au Canada, 9 % des femmes et 5,3 % des hommes entre 15 à 24 ans avaient vécu en 2011 un épisode dépressif dans un intervalle de 12 mois (Statistique Canada, 2012). Selon plusieurs auteurs, la dépression se manifesterait différemment chez les hommes et chez les femmes. Les exigences normatives et les attentes sociales genrées sont des facteurs qui peuvent expliquer cette différence. Les représentations sociales de la dépression et des rôles sociaux de sexe peuvent donc influencer la demande d’aide.

    Cette conférence présente les résultats d’une recherche portant sur la représentation sociale de la dépression chez les hommes et les femmes qui souffrent de ce trouble et de leur perception face à la demande d’aide.

    Dans les témoignages de jeunes femmes, les stigmates de la dépression se croisent avec les stéréotypes sexuels liés à l’identité féminine qui confèrent aux femmes une certaine fragilité émotionnelle. L’intersection des stéréotypes leur donne une « légitimité » par rapport aux manifestations dépressives. Ce type de positionnement devient un mécanisme qui facilite leur demande d’aide.

    Les traits de personnalité stéréotypés liés encore aujourd’hui à la masculinité traditionnelle, comme la force, la capacité et l'indépendance, modulent la représentation de la dépression chez les hommes en limitant l’expression des émotions et l’utilisation saine d’un réseau de soutien.

  • Communication orale
    Représentations sociales et pratique de l’hypnose
    Claude Lavoie (Université d’Ottawa)

    L’hypnose est une pratique séculaire qui gagne en popularité auprès de la population et des professionnels de la santé, un rapide survol du WEB en atteste. La pratique de l’hypnose est implantée au Québec depuis les années 1940, mais contrairement à certaines pratiques alternatives elle n’est pas pratiquée dans les milieux d’interventions institutionnels. Cette situation est probablement due au fait que malgré 200 ans de recherche, il est encore difficile de mettre en place une définition satisfaisante de l’hypnose qui rassemble toutes les dimensions empiriques, phénoménologiques et philosophiques du phénomène. Par ailleurs, la représentation sociale de l’hypnose colporte encore les notions de soumission, de perte de contrôle, de magique, de danger et de dérives de la part du praticien. Une étude menée auprès de 21 hypnothérapeutes québécois a permis de mettre en évidence le rôle des représentations sociales et leurs articulations dans des discours de légitimation et d’efficacité thérapeutique ainsi que dans l’élaboration des problématiques et des comportements des individus à la recherche de solution.

  • Communication orale
    Représentations sociales de la santé et de la maladie chez les enfants : la question de la genèse
    Inna Bovina (Université d'Etat de Moscou de Psychologie et des Sciences de l'Education)

    La santé et la maladie sont parmi les principaux sujets de l'analyse dans la théorie des RS (Buschini & Lorenzi- Cioldi, 2013 ; Herzlich, 1973 ; Jodelet, 1991 ; Moscovici, 1961). Cependant, n'en savons peu sur les RS de la santé et de la maladie chez les enfants.

    L'enfance et l'adolescence sont des périodes importantes où la connaissance sociale du monde se développe (Duveen & Lloyd, 1990). Ce sont des périodes clés pour l'analyse de la genèse et de la transformation des RS. Les enfants naissent dans le monde des RS partagées par des adultes ou des frères et sœurs. Les enfants deviennent membres d'un groupe qui partage une certaine image du monde, des représentations particulières. Au cours du processus de socialisation, ils s'approprient la connaissance sociale par un processus d'intériorisation (Duveen, 1993). La RS implique un groupe qui la forme et la partage, mais dans le cas des RS chez les enfants, la question du groupe où les RS sont construites et partagées devient importante. Par exemple, les enfants apprennent par les parents à prendre soin de leur santé et à se protéger du danger. Ils intériorisent les RS de leurs parents. Dans le cas des adolescents, les communications sur la santé et la maladie sont partagées avec les pairs, dans la mesure où l'activité principale, selon Elconine, est la communication interpersonnelle.

    Enfin, la genèse des RS de la santé et de la maladie pourrait aussi être expliquée du point de vue de la psychologie historico-culturelle.


Dîner

Dîner

Salle : 2.027 — Bâtiment : Cégep G.-Roy

Communications orales

Jeunesse, problèmes sociaux et représentations

Salle : 2.027 — Bâtiment : Cégep G.-Roy
Discutant·e·s : Lorena Gil De Montes (Universite de Pays Basque), Quentin Guatieri (UdeM - Université de Montréal), Claudine Provencher (London School of Economics)
  • Communication orale
    Risque situé et pratiques sexuelles: Une étude des représentations sociales
    Lorena Gil De Montes (Universite de Pays Basque)

    À partir d’une approche dialogique de la théorie des représentations sociales, la présente étude s’intéresse à la compréhension et l’appréhension quotidiennes des pratiques sexuelles à risque chez les jeunes. L’étude s’appuie sur les résultats obtenus auprès de 101 jeunes femmes et hommes vivant en Espagne. Les résultats montrent que le sens accordé au risque repose sur les relations sociales entretenues avec un ou une partenaire sexuel(le) ainsi que le contexte de la rencontre sexuelle. Cinq systèmes de sens structurent ces représentations : certitude vs incertitude ; soi vs l’autre, fusion vs séparation, réel vs potentiel et incarné vs désincarné. Les implications théoriques concernant les conceptions du risque propres au sens commun ainsi les implications pour différents contextes d’intervention sont aussi discutées.

  • Communication orale
    Représentations sociales et construction d’un problème public : Le cas des NEET
    Quentin Guatieri (UdeM - Université de Montréal)

    La question des NEET, désignant les jeunes ni en emploi, ni en étude, ni en formation comme objet de recherche et enjeu de mise à l’agenda politique se pose particulièrement depuis une dizaine d’années (Cuzzocrea, 2014). La thématique de l’employabilité des jeunes étant à l’agenda des politiques publiques nationales et des instances supranationales dans le cadre de l’Union Européenne (Eurofound, 2016), l’émergence d’une jeunesse invisible aux yeux des catégories traditionnelles ont progressivement amené les pouvoirs publics à considérer la dichotomie chômage-emploi comme incomplète pour rendre compte des zones grises entre les deux situations (Furlong, 2007). La catégorie NEET a émergé dans un contexte d’inquiétude des pouvoirs publics quant à l’invisibilité d’une partie croissante de la jeunesse au sein des catégories statistiques traditionnelles renvoyant à une occupation sociale définie (Van de Velde, 2016). Dans ce contexte, la catégorie NEET a bénéficié d’une circulation internationale et elle est dorénavant largement intégrée en tant qu’indicateur dans les études portant sur les jeunes non-actifs (Cuzzocrea, 2014) et comme outil d’analyse pour les sociologues de la jeunesse (Chauvel, 2016). Les préoccupations institutionnelles et les représentations sociales se rejoignent-elles dans la formulation du problème NEET ? Qu’est-ce que la construction du « problème NEET » nous dit des injonctions formulées envers ces jeunes qualifiés avant tout par leurs manquements ?

  • Communication orale
    La construction sociale des mauvais traitements psychologiques envers les enfants au Québec de 1977 à nos jours : résultats préliminaires de l’analyse des processus d’ancrage et d’objectivation dans les média québécois
    Nathalie Plante (Université d’Ottawa)

    Au Québec, la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) est l’institution publique chargée, entre autres, de l’application de la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ), adoptée en 1977, et de la protection des enfants dont la sécurité ou le développement sont ou peuvent être considérés comme compromis. Ces situations, appelées des motifs de compromission, sont décrites dans la loi et ont changé à travers le temps. En 2006, les mauvais traitements psychologiques sont intégrés à la liste des motifs de compromission.

    Afin de comprendre les multiples difficultés que pose l’intervention des services de protection de l’enfance dans les situations de mauvais traitements psychologiques envers les enfants et les débats qui l’entourent aujourd’hui, il nous apparaît essentiel de questionner la construction sociale des mauvais traitements psychologiques envers les enfants en tant que problème public et les représentations sociales qui y ont été associées aux différentes étapes de sa construction.

    La conférence fera état du modèle d’analyse de la carrière des problèmes sociaux développé par Blumer (1971) auquel nous avons arrimé l’analyse des processus d’ancrage et d’objectivation des représentations sociales. Les résultats préliminaires de l’analyse des archives médiatiques des journaux ayant le plus grand lectorat au Québec dans les années entourant les modifications législatives susmentionnées seront présentés.

  • Communication orale
    L’éducation universitaire – un problème social?
    Claudine Provencher (London School of Economics)

    De tout temps, le concept même d’université a donné lieu à de profonds débats sur le rôle que devrait jouer cette institution. Pour plusieurs, l’université devrait continuer à jouer le rôle de formateur des jeunes en adultes responsables dont les sociétés actuelles ont tellement besoin. Pour d’autres, l’université devrait être une machine à produire les employés de demain. Ces discussions sont devenues de plus en plus importantes avec la démocratisation de l’université, mais également compte tenu des pressions financières auxquelles la majorité des pays industrialisés font face.

    On peut dès lors proposer que cette question d’intérêt fondamental pour nos sociétés devrait être perçue comme un problème social et mobiliser tous ceux qui pourraient en être affectés de près ou de loin.

    L’auteure propose de jeter des éléments de réflexion sur l’université en tant que problème social en utilisant le modèle de polyphasie cognitive initialement proposé dans sa thèse de doctorat. Elle espère ainsi apporter quelques éléments de réponse aux questions suivantes :

    Peut-on expliquer les différents niveaux de mobilisation face à la question universitaire en termes de différentes circonstances individuelles ?

    Quelles sont les autres représentations sociales impliquées dans cette réflexion (celles du travail, du savoir, du progrès social, de l’adulte, etc.) ?

    Et comment pourrait-on s’assurer que l’université soit perçue comme un problème social pour tous ?


Communications orales

Séance de clôture

Salle : 2.027 — Bâtiment : Cégep G.-Roy
Présidence : Lilian Negura (Université d’Ottawa)
Discutant·e·s : Lilian Negura (Université d’Ottawa), Nathalie Plante (Université d’Ottawa)
  • Communication orale
    Conférence de clôture: La construction des problèmes sociaux comme processus de naturalisation représentationnelle
    Lilian Negura (Université d’Ottawa), Nathalie Plante (Université d'Ottawa)

    La naturalisation est selon Moscovici (1976) la dernière étape du processus d’objectivation des représentations sociales, après la construction sélective et la schématisation structurante. Nous illustrons en utilisant les résultats de nos recherches comment la naturalisation d’un problème social s’effectue à travers un processus en quatre étapes : I. reconnaissance des traits spécifiques par association suite à un changement social significatif ; II. élimination des contradictions par le découplage ; III. utilisation instrumentale dans les communications et IV. validation par le vécu. Le problème devient naturalisé quand il est confirmé par l’expérience vécue. Le rôle de la naturalisation représentationnelle dans la construction des problèmes sociaux est ainsi argumenté.