Informations générales
Événement : 81e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :La recherche sur la résilience a connu un développement remarquable, comme en témoignent les nombreuses publications dans le domaine. À l’opposé des modèles traditionnels d’intervention basés sur la pathologie, mettant l’accent sur les déficits et les problèmes d’adaptation, la résilience s’appuie sur les forces et permet le développement de stratégies construites sur les capacités existantes (Wagnild, 2009). Le concept de résilience connaît un si grand succès international qu’il devient nécessaire d’en préciser le contenu afin d’en faire un outil de pensée et de pratique (Cyrulnik, 2012).
La complexité du concept de résilience fait que sa compréhension ne peut aboutir qu’en adoptant une perspective intégrative, qui tient compte des résultats de recherches menées dans le cadre de perspectives théoriques différentes : psychanalytique, développementale, cognitiviste, psychosociale, psychobiologique, ethnologique et écosystémique (Ionescu, 2006).
Sur le plan clinique, dès le début des années 1990, de plus en plus de chercheurs s’efforcent d’élaborer des instruments (échelles, questionnaires, inventaires) destinés à évaluer la résilience (Ionescu et Jourdan-Ionescu, 2011). Différentes formes de résilience peuvent être évaluées : individuelle (Jourdan-Ionescu et Julien-Gauthier, 2010), familiale (McCubbin et McCubbin, 1988), scolaire (Wang, Haertal et Walberg, 1994), professionnelle (Waterman, Waterman et Collard, 1994), etc.
Le processus de résilience, étudié dans des situations très diverses (à caractère traumatisant ou d’adversité chronique) et bâti à partir de caractéristiques individuelles, familiales et environnementales constitue la résilience naturelle (Ionescu, 2011).
L’impact du concept de résilience sur la pratique connaît un grand essor, notamment avec l’émergence du concept de « résilience assistée » (Ionescu, 2011). L’intervention de résilience assistée vise à développer et consolider la résilience d’une personne, il s’agit d’une intervention de type maïeutique, où le caractère souvent directif, contraignant, intrusif même des interventions classiques est remplacé par un véritable accompagnement qui, en facilitant l’actualisation des compétences de la personne et leur utilisation pour faire face à l’adversité, façonne la résilience (Ionescu, 2010).
Ce colloque multidisciplinaire regroupe des chercheurs nationaux et internationaux, des secteurs de l’éducation, de la psychologie et de la réadaptation qui présenteront leur conception de la résilience pour un public de chercheurs, de professionnels et d’étudiants. Véritable sommet sur la question, il permettra de discuter les résultats de recherches scientifiques au sujet : des concepts de résilience et de résilience assistée; des différents contextes d’étude de la résilience; des types d’évaluation de la résilience; des implications de la résilience dans les pratiques professionnelles.
Date :- Francine Julien-Gauthier (Université Laval)
- Colette Jourdan-Ionescu (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Programme
Accueil
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Mot de bienvenue
Conférence
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De la résilience « naturelle » à la résilience « assistée »Serban Ionescu (Université de Vincennes Saint Denis (Paris 8))
L'intérêt pour le concept de résilience ne cesse d'augmenter : en témoignent le nombre des publications qui lui sont consacrées, le fait que l'Organisation Mondiale de la Santé commence à en tenir compte dans l'élaboration de ses politiques de santé mentale ou la proposition de lui consacrer un axe dans le DSM. Depuis son apparition, ce concept a été appliqué à des personnes et dans des situations de plus en plus différentes. En effet, les premières observations majeures pour la compréhension de la résilience ont été effectuées sur des enfants vivant de l'adversité chronique. Par la suite, l'étude de la résilience a concerné des adultes et des personnes âgées, la résilience étant abordée dans une approche cycle de vie. En même temps, les situations dans lesquelles la résilience a été étudiée se sont diversifiées, s'inscrivant aussi bien dans le registre des événements traumatiques que de l'adversité chronique. Les chercheurs sont aussi passés de l'étude de la résilience individuelle à celle des familles, des communautés et même de la société. L'accumulation, au cours des années, d'un nombre important de connaissances sur les facteurs impliqués et les processus qui expliquent comment se réalise de manière naturelle, sans intervention, la résilience a permis de passer à une nouvelle étape, celle de la résilience assistée, qui se construit avec l'accompagnement des professionnels de la santé mentale.
Communications orales
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Le processus de résilience familiale suite au suicide d'un(e) adolescent(e) : différentes trajectoires pour émerger de cette blessure indélébileChristine Genest (UdeM - Université de Montréal)
Le suicide d'un adolescent entraîne une situation de crise au sein de la famille. Malgré l'épreuve, la plupart des familles continuent à fonctionner. La résilience familiale pourrait expliquer ce phénomène. Le but de l'étude est donc de proposer une théorie du processus de résilience à partir du vécu des familles endeuillées par le suicide d'un ado et une approche par théorisation ancrée a été choisie. Les données ont été recueillies à l'aide d'entrevues semi structurées (n = 13) avec les membres (n = 17) de sept familles rencontrées individuellement, en couple ou en groupe; de documents personnels (journal intime, homélie, par exemple); d'un questionnaire sociodémographique et de notes de terrain. L'analyse des données a suivi un processus de codification selon l'approche de Strauss et Corbin. Les résultats indiquent que, dans un premier temps, la famille fait face à un cataclysme. S'ensuit une période de naufrage variable selon les bouées de sauvetage présentes au sein de la famille et dans l'entourage. Ensuite, différentes actions permettent à celles-ci d'émerger malgré la blessure indélébile, soit apprendre et grandir à travers cette expérience. L'analyse a aussi permis de dégager quatre types de résilience familiale selon que le rebondissement est rapide ou tardif et que l'émergence est continue ou non (familles énergique, stupéfaite, combattante et tenace). Cette étude permet donc l'augmentation des connaissances conceptuelles sur la résilience familiale.
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Résilience et réadaptation en déficience physique : pour un renouvellement des pratiques cliniques et organisationnellesJocelyn CHOUINARD (Centre de réadaptation Estrie), Hélène LEFEBVRE (UdeM - Université de Montréal), Bernard Michallet (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Les personnes nécessitant des services de réadaptation à cause d'incapacités motrices, sensorielles ou du langage ainsi que leurs proches font face à des transformations personnelles et à des deuils importants sur les plans personnel, familial, professionnel, et du sens de leur vie en général. Pour beaucoup, cette remise en question est douloureuse et s'accompagne de difficultés psychologiques. L'absence de sens à sa vie amène bien souvent la personne à se désengager de ses occupations et responsabilités; cela constitue un obstacle majeur à la réussite du processus de réadaptation. Ceci explique pourquoi le concept de résilience a de plus en plus sa place dans le domaine de la réadaptation en déficience physique. Selon les auteurs, la résilience est définie de diverses manières, parfois comme un ensemble de caractéristiques personnelles, parfois comme un processus ou encore un résultat. Notre groupe de recherche, le Groupe interréseaux de recherche sur l'adaptation de la famille et de son environnement du Centre de recherche interdisciplinaire en réadaptation propose une définition de la résilience et des concepts inter-reliés qui la sous-tendent. Résultant d'une recherche-action sur l'intégration de la résilience aux pratiques cliniques et organisationnelles de deux centres de réadaptation en déficience physique québécois, cette définition reflète l'évolution de la réadaptation et des enjeux sociaux qui l'accompagnent.
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Pause
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La résilience assistée en déficience intellectuelleColette JOURDAN-IONESCU (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Francine Julien-Gauthier (Université Laval), Marie-Pier LEGENDRE (Université Laval), Sarah MARTIN-ROY (Université Laval)
En déficience intellectuelle, la résilience consiste à présenter le meilleur développement possible face aux adversités particulières qui sont rencontrées, afin de viser le bien-être et une pleine intégration sociale (Jourdan-Ionescu et Julien-Gauthier, 2011). Cette étude qualitative vise à mieux connaître la résilience des personnes ayant une déficience intellectuelle, telle que perçue par les personnes elles-mêmes. La méthode utilisée est celle de la recherche participative. Les participants sont quatre adultes qui reçoivent une aide éducative d'un centre de réadaptation. Les données sont recueillies avec « l'Échelle de résilience » de Wagnild et Young (1993 ; adaptation de Julien-Gauthier et al., 2012). La passation s'inspire de la démarche d'évaluation de la résilience chez des adultes avec des difficultés d'apprentissage (Blocher, 2004).
Les résultats présentent le degré de résilience des participants et leurs commentaires à chacun des énoncés. L'analyse de ces données, dans une perspective écosystémique, met en lumière des interventions de « résilience assistée », c'est-à-dire qui visent à développer et consolider leur résilience naturelle. Ces résultats témoignent d'un changement de paradigme dans l'intervention, auparavant axée sur les pathologies ou les difficultés de ces personnes (Ionescu, 2012). Ils permettent l'avancement des connaissances au sujet de l'aide apportée aux personnes qui présentent une déficience intellectuelle dans une perspective de résilience.
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Résultats à l'Échelle de résilience de Wagnild et Young selon le programme d'étudesAnouchka HAMELIN (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Serban IONESCU (Université de Vincennes Saint Denis (Paris 8)), Colette Jourdan-Ionescu (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Sarah-Claude P.TOURIGNY (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
La définition de la résilience ne fait pas l'unanimité tout comme la manière de l'évaluer (Ionescu et Jourdan-Ionescu, 2011). Les échelles auto-administrées sont nombreuses, la plus utilisée étant l'Échelle de résilience de Wagnild et Young (1993). La communication présente les résultats d'une étude menée avec la version française de cette Échelle de résilience auprès d'étudiants universitaires québécois de 1er cycle en psychologie et en gestion-administration. L'instrument comprend 25 items cotés sur une échelle Likert en sept points. Les données faisant l'objet de cette communication ont été recueillies auprès de 162 hommes et femmes de 18 à 30 ans. La consistance interne de la version française de l'Échelle de résilience est très bonne (a de Cronbach = 0,91). Les résultats révèlent des scores de résilience significativement différents (p = 0,004) selon le programme d'études : les étudiants de gestion-administration présentent des scores plus élevés (score moyen de 142.12/132.02 pour étudiants de psychologie). Selon Wagnild (2009), ces scores correspondent à une résilience moyenne mais les scores des étudiants en gestion sont proches des scores de résilience élevée des participants américains (≥ 146). On peut faire l'hypothèse que les étudiants s'inscrivant en psychologie, conscients de certaines difficultés rencontrées, choisissent un programme d'études les aidant à acquérir des habiletés pour mieux faire face aux problèmes de la vie courante.
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PIALEF, une pratique novatrice axée sur la résilience assistée à l'intention de parents de tout jeunes enfants en cours d'évaluation diagnostique ou présentant des incapacitésHubert Gascon (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Le temps requis pour établir un diagnostic chez un tout jeune enfant chez qui on soupçonne une anomalie dans le développement peut prendre plusieurs mois. Au cours de cette période pourtant cruciale, les parents sont souvent laissés à eux-mêmes. Faute d'un diagnostic bien établi chez leur enfant, ils n'ont pas vraiment accès à des services d'intervention précoce, ni à des mesures de soutien psychosocial. Or, il apparaît important d'amorcer un accompagnement le plus précocement possible. C'est dans cette perspective que le Programme Interdisciplinaire d'Accompagnement en Ligne et d'Entraide Famille (PIALEF) a été développé. Ce programme offert au moyen d'une plateforme Web comporte quatre volets qui ont pour objectifs : 1) de répondre à des besoins d'information; 2) de mettre les parents en réseau; 3) de leur fournir des outils pratiques leur permettant de stimuler le développement de leur enfant en contexte familial; et 4) d'accéder à un intervenant en ligne selon leurs propres disponibilités. S'inscrivant dans une perspective de recherche développement (Loiselle & Harvey, 2007), PIALEF prend assise sur différentes composantes de l'intervention précoce telles que promues par Guralnyck (2001, 2005), Odom & Wolery (2003) et Sandall, Hemmeter, Smith, & McLean (2005). Il s'insère également dans le cadre du Modèle écosystémique d'une intervention précoce axée sur la résilience (Jourdan-Ionescu, 2003). Le programme et son cadre d'évaluation seront présentés et discutés.
Communications orales brèves
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Dîner
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Résilience assistée par l'humour pour faciliter la transition vers la parentalitéAxelle Beaudoin (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Colette JOURDAN-IONESCU (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Une étude conduite auprès de onze jeunes mères primipares par Beaudoin (2013) a mis en évidence un lien entre un haut niveau de résilience à l'Échelle de résilience (Wagnild & Young, 1993) et une expérience subjective positive lors de la transition à la parentalité, plus spécifiquement durant les premiers six mois de vie de l'enfant. L'utilisation de l'humour comme stratégie d'adaptation et d'un style d'humour adaptatif (humour affiliatif et auto-valorisant), considéré comme un facteur de résilience (Jourdan-Ionescu, 2010), serait également liée à une adaptation positive à l'arrivée d'un premier bébé. Cette communication permettra de présenter la méthodologie de la recherche conduite par Beaudoin (2013) ainsi que la synthèse des résultats obtenus. Ces résultats seront discutés selon le modèle de la résilience assistée (Ionescu, 2011). La réflexion de l'auteur a permis d'élaborer des recommandations et des pistes d'intervention pour favoriser la résilience chez les futurs parents dans le cadre de leur préparation prénatale. Ces pistes pourront aussi servir aux jeunes parents. Comme favoriser la résilience des parents est un legs à la prochaine génération, il est important de penser à travailler en partenariat avec les divers intervenants (sages-femmes, infirmières, travailleurs sociaux, médecins, etc.) pour leur permettre de s'intéresser à l'expérience anxiogène des futurs parents pour viser une adaptation réussie à la parentalité.
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Résilience de familles dont un adolescent est atteint d'un traumatisme craniocérébral : développement d'une intervention de soutienJérôme Gauvin-Lepage (UdeM - Université de Montréal), Hélène LEFEBVRE (UdeM - Université de Montréal), Denise MALO (UdeM - Université de Montréal)
La résilience a été étudiée dans différentes disciplines, mais encore peu dans le domaine des sciences infirmières. Or, depuis les dernières décennies, plusieurs chercheurs et cliniciens se sont intéressés aux écrits portant sur la résilience familiale, particulièrement celle de parents d'enfants confrontés à des traumatismes. Inspirés par les écrits empiriques et théoriques sur la résilience, les professionnels de la santé œuvrant auprès de familles s'interrogent de plus en plus sur ce qu'est une intervention qui pourrait faciliter ou soutenir la résilience de ces familles. Une étude est conduite afin de développer et valider une intervention en soutien à la résilience familiale, selon un processus de co-construction, avec des familles dont un adolescent est atteint d'un traumatisme craniocérébral et des professionnels de la santé. Un devis de recherche qualitatif et inductif est utilisé. Celui‐ci est soutenu par une approche collaborative de recherche. Les résultats de cette étude en cours de réalisation auront des retombées importantes tant auprès de la communauté scientifique qu'auprès des milieux de pratique clinique. Conséquemment elle a un fort potentiel de transfert de connaissances. Aussi, elle constitue une première étape dans le développement d'actions concrètes visant à soutenir les familles dans leur processus de résilience.
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Facteurs de résilience des personnes ayant subi un traumatisme craniocérébral modéré ou gravePaul BOUDREAULT (UQO - Université du Québec en Outaouais), Anouchka Hamelin (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Colette JOURDAN-IONESCU (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Vivre avec les séquelles consécutives à un traumatisme craniocérébral modéré ou grave (TCC MG) constitue un défi de taille en raison des répercussions importantes sur la réalisation des habitudes de vie (White, Driven & Warren, 2008). Les changements cognitifs et psychologiques consécutifs aux lésions cérébrales étant habituellement importants et permanents dans cette problématique, les personnes ayant vécu un TCC MG sont exposées à un haut risque de développement d'un trouble mental (p.ex., dépression majeure, trouble anxieux) en raison de la rupture de leur identité personnelle et sociale (Gordon et al., 2006 ; de Guise, 2008). Malgré les enjeux aux plans de la réadaptation et des bouleversements relationnels engendrés, certaines personnes TCC MG évoluent favorablement et grandissent à travers cette adversité. Le but de la communication est d'exposer les facteurs déterminants de la résilience des personnes avec TCC MG. Ce contenu repose sur la consultation de 44 acteurs principaux (les personnes avec TCC MG, leurs proches, les professionnels de réadaptation et les intervenants psychosociaux) au sujet des facteurs de résilience de ces personnes. Les facteurs dégagés seront présentés en fonction d'un modèle écosystémique (Modèle de développement humain de processus de production du handicap 2; Fougeyrollas, 2010), lequel permet de mettre en lumière des recommandations permettant de cibler les facteurs probants de l'efficacité de l'intervention à court, moyen et long terme.
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Optimiser la résilience : résultats d'une étude qualitative sur l'utilisation du Fil d'Ariane auprès d'une clientèle en réadaptationL BOURDAGES-PERREAULT (UdeS - Université de Sherbrooke), Jocelyn CHOUINARD (Centre de réadaptation Estrie), G CORNELLIER (UdeS - Université de Sherbrooke), J COUTYA (UdeS - Université de Sherbrooke), M LEVASSEUR (UdeS - Université de Sherbrooke), J-M NAUD (UdeS - Université de Sherbrooke), Noémie Royer (UdeS - Université de Sherbrooke)
Puisqu'elle permet de s'adapter et de grandir malgré les difficultés, la résilience est importante en réadaptation. Le Fil d'Ariane (FA) – une entrevue semi-structurée axée sur les forces et la spiritualité suivie de l'écriture du récit de vie – peut être utilisé pour optimiser la résilience du client. Aucune étude n'a été réalisée pour explorer son utilisation clinique. Les objectifs de cette étude sont d'explorer le contexte optimal de passation et les défis perçus par les intervenants lors de l'utilisation du FA. Adoptant une méthodologie qualitative, elle a permis de réaliser dix entrevues individuelles semi-structurées auprès d'intervenants ayant utilisé le FA. Les résultats préliminaires indiquent que, puisqu'il permettrait une compréhension rapide et complète du client, en plus de donner une orientation et un sens à la réadaptation, le FA devrait, la plupart du temps, être privilégié au début du processus. Tous les clients pourraient bénéficier de cet outil, mais il serait particulièrement pertinent lorsque la réadaptation est difficile. Tout intervenant ayant de bonnes habiletés relationnelles et de communication pourrait utiliser le FA. Enfin, les défis liés à l'utilisation de l'outil sont le manque de temps et les habiletés de rédaction requises. En conclusion, le FA est une intervention innovante ayant avantage à être utilisée tôt dans la réadaptation. D'autres études sont nécessaires pour mieux comprendre ses impacts sur la résilience des clients.
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Favoriser la résilience des jeunes adultes ayant une déficience intellectuelle lors de la transition vers la vie adulteColette JOURDAN-IONESCU (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Francine JULIEN-GAUTHIER (Université Laval), Sarah Martin-Roy (Université Laval)
La réussite éducative des jeunes adultes ayant une déficience intellectuelle se traduit essentiellement par l'intégration sociale et professionnelle après la fin de la scolarisation. Toutefois, de nombreux facteurs de risque compromettent cette intégration. Cette communication présente les résultats d'une recension des écrits scientifiques sur la transition de l'école à la vie active des jeunes adultes ayant une déficience intellectuelle et les facteurs de risque rencontrés lors de cette période critique. Les recommandations de différents auteurs permettent de dégager les lignes directrices d'une transition réussie pour les jeunes adultes. Ces recommandations constituent des facteurs de protection dans le cadre d'une démarche d'intervention écosystémique individualisée axée sur la résilience. En déficience intellectuelle, la résilience consiste à présenter le meilleur développement possible face aux adversités particulières rencontrées dans la vie afin de viser le bien-être et l'intégration sociale. Une méthodologie qualitative d'analyse de contenu permet de synthétiser les recherches empiriques réalisées dans les dix dernières années. Des connaissances scientifiques pour mieux soutenir les personnes ayant une déficience intellectuelle dans la période critique sont dégagées et permettent de personnaliser l'aide offerte à l'élève et à son entourage dans la planification de la transition.
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Ligne de vie : indices de résilience provenant de la familleNadia CHAWKY (UQAM - Université du Québec à Montréal), Marc-Simon DROUIN (UQAM - Université du Québec à Montréal), Nathalie HOULFORT (UQAM - Université du Québec à Montréal), Colette JOURDAN-IONESCU (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Marie-Claude LAUZON (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Sarah-Claude P.tourigny (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Claire PAGE (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Monique SÉGUIN (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Phénomène complexe, la résilience est évaluée de diverses façons (Ionescu et Jourdan-Ionescu, 2011), notamment par le biais de questionnaires auto-administrés (dont Échelle de résilience de Wagnild & Young, 1993) afin d'identifier certains traits de personnalité, indices de résilience. On peut comprendre la résilience comme un processus se déroulant dans un cadre écosystémique, les facteurs individuels, familiaux et environnementaux doivent alors être considérés pour évaluer et comprendre le niveau de résilience d'une personne. Comme certains facteurs de protection familiaux (famille chaleureuse, présence de soutien familial, etc.) sont associés à la résilience, il s'avère pertinent de les intégrer à l'évaluation (Tedeschi & Kilmer, 2005). D'ordre projectif, la Ligne de vie consiste à demander à la personne de représenter les évènements importants de sa vie (de sa naissance à aujourd'hui). Les facteurs familiaux évoqués sont donc ceux qui, selon la personne, ont eu le plus d'influence sur sa vie. Recrutés pour une étude sur le maintien de la santé mentale à travers le Québec, 74 participants (48 femmes et 26 hommes; 36,28 ans en moyenne) sont divisés en deux groupes (grâce au Structured Clinical Interview for DSM Disorders): ceux ayant eu un trouble de santé mentale dans les cinq dernières années et ceux sans trouble (groupe contrôle). L'utilisation de la Ligne de vie a permis l'identification de facteurs familiaux pouvant être considérés comme indices de résilience.
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Intervention musicale et concept de soi : un pas vers le chemin de la résilience ?Matthieu Paré (UdeS - Université de Sherbrooke)
Les jeunes de la rue sont reconnus comme ayant une identité fragile et un concept de soi plutôt négatif. Leur adaptation passe, entre autres, par le développement d'un sentiment identitaire et celui-ci pourrait être favorisé par diverses interventions, notamment, par celles touchant les arts. Nous souhaitons donc répondre à la question de recherche générale suivante : comment contribuer au développement du concept de soi des jeunes de la rue? Pour répondre à cette question, un cadre conceptuel double est utilisé, soit le modèle du concept de soi de l'Écuyer (1990) concernant le sentiment identitaire et l'art comme moyen d'intervention à partir des écrits de Vygotsky (1971). La présente étude a pour objectif général de décrire la façon dont l'intervention musicale menée dans le cadre du projet Artifice agit sur le concept de soi, du point de vue des jeunes et de l'équipe d'intervention dans la visée d'augmenter la résilience des jeunes de la rue. Nous appuyant sur le modèle de l'Écuyer (1990), nous focaliserons notre attention sur les structures Soi personnel (SP), Soi social (SS) et Soi-non-soi (SNS). L'étude est de nature qualitative et descriptive. L'investigation se fait par questionnaires d'entrevues semi-ouvertes (basés sur le modèle du concept de soi, elle est réalisée auprès des jeunes de la rue, des intervenants leur venant en aide) et par un journal de bord d'intervention.
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Période de questions
Communications orales
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Le programme d'Accompagnement personnalisé dans la communauté auprès de personnes ayant des incapacités (APIC) peut-il soutenir la résilience ?Hélène LEFEBVRE, Marie Josée Levert (UdeM - Université de Montréal)
L'APIC est un programme « sur mesure » qui consiste en un accompagnement citoyen de 3 heures par semaine d'une personne ayant un traumatisme crânien (TCC) afin de la soutenir dans son projet de vie. Les cadres de référence sont : le modèle écosystémique et le courant de la psychologie positive. Le but de l'étude est d'identifier les effets de l'APIC sur les habitudes de vie et de loisirs des personnes ayant un traumatisme crânien et par ricochet le soutien de leur résilience. Cette étude propose un devis intégré de recherche participative collaborative. Une étude de cas multiples a été réalisée avec 13 participants. Les résultats présentés concernent des améliorations dans la capacité à réaliser ses soins personnels, d'organisation de ses activités, la capacité de prendre davantage d'initiative pour réaliser ses activités de loisirs et la recherche d'information. L'accompagnement, espace sécurisant d'expérimentation positivement encadré, a favorisé cinq éléments majeurs: la réciprocité, l'introspection, les stratégies d'ajustements, la motivation (empowerment) et la mise en action. Certains participants ont pu retrouver une confiance en soi, grâce à l'accompagnateur. Ils ont aussi précisé que l'accompagnement leur donnait la possibilité de discuter avec quelqu'un en dehors du milieu familial qui ne limite pas le développement de leur autonomie. La relation dans l'accompagnement semble ainsi soutenir leur résilience.
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La résilience par les livresAnne-Laurence Margérard (école nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques)
Depuis quelques années, le recours spontané aux livres pour aller mieux ou trouver des solutions dans sa vie est devenu un domaine de prescription quasi scientifique. La bibliothérapie, qualifiée par Pierre-André Bonnet comme « la lecture motivée d'un support écrit dont la finalité est l'amélioration de la santé mentale, soit par la diminution de la souffrance psychologique, soit par le renforcement du bien-être psychologique » fait du livre, prescrit ou non, un allié thérapeutique. Partant de l'hypothèse que l'ouvrage « Le murmure des fantômes » de Boris Cyrulnik est "un livre qui soigne" comme l'attestent de nombreux témoignages de lecteurs, notre objectif vise à comprendre en quoi la lecture d'un récit peut s'avérer thérapeutique. Quels sont les caractéristiques du "parler Cyrulnik" ? En quoi la portée d'un tel discours est-elle thérapeutique ? Par quels processus cognitifs le lecteur est-il guidé, accompagné dans son processus de résilience ?
Inscrite dans le cadre théorique des sciences de l'information et de la communication, notre approche méthodologique consiste en une analyse de contenu du livre « Le murmure des fantômes » paru en 2003 : une analyse exploratoire quantitative dans un premier temps et une analyse de discours qualitative dans un second temps. Ainsi, nous mettons en évidence les particularités significatives et remarquables relatives au discours de Boris Cyrulnik et montrons que Boris Cyrulnik construit son discours comme il construit une thérapie.
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La résilience des personnes qui se désistent du crime : analyse de trois processus distinctsIsabelle F.-Dufour (Université Laval)
D'abord définie comme une capacité de l'individu à poursuivre un développement normal en dépit d'événements traumatiques (Manciaux et coll., 2001) et comme une « force intérieure » des individus, on a progressivement constaté que la résilience était également fortement tributaire de la nature des interactions de l'individu avec son environnement (Rutter, 1998). Lorsque transposée au champ sociojudiciaire, l'étude de la résilience porte sur la capacité de certains individus, en lien étroit avec leur environnement, de parvenir à cesser de commettre des délits (Born et coll., 1997, 2001). On y réfère alors comme étant l'étude du désistement du crime.
Jusqu'à ce jour, deux explications théoriques du désistement s'opposaient. L'une statuait que le désistement était induit par la structure (principalement par le biais de l'accès au travail et la formation d'un couple) alors que l'autre l'attribuait à une décision stratégique prise par l'agent. Considérant l'impasse théorique créée par ces deux positions opposées, une nouvelle étude sur le désistement a été entreprise pour identifier clairement les rôles structurel, relationnel et agentiel dans ce processus. Guidée par l'approche morphogénique d'Archer (1995, 2000, 2002) cette étude a montré qu'il y a trois processus distincts du désistement du crime. Cela permet d'offrir une toute première théorisation intégrative du désistement du crime qui tient compte des apports importants des modèles explicatifs antérieurs.
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Pause
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Comment favoriser la résilience des familles de jeunes présentant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l'autisme ?Vanessa COMTOIS (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Hubert GASCON (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Colette Jourdan-Ionescu (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Sylvie Tetreault (Université Laval)
À ce jour, peu de données ont permis de tracer le portrait des familles québécoises vivant avec un enfant ayant une déficience intellectuelle (DI) ou un trouble du spectre de l'autisme (TSA). L'enquête TEDDIF, menée par entrevues téléphoniques (Gascon, Tétreault & Jourdan-Ionescu, 2012), décrit de façon détaillée 697 parents et 751 jeunes âgés de la naissance à 24 ans. Ses résultats permettent d'identifier des facteurs de protection individuels, familiaux et environnementaux sur lesquels agir pour favoriser la résilience de ces familles. La sévérité de l'atteinte, le niveau des comportements adaptatifs, la présence de troubles associés sont autant de caractéristiques qui distinguent ces jeunes. Il s'avère important de considérer cette hétérogénéité couplée avec une variété de facteurs (âge, sexe, état de santé physique, hétérogénéité de la scolarisation des parents, niveau socioéconomique, taille et structure de la famille, réseau social, proximité des services) pour moduler les facteurs de protection afin de favoriser la résilience de ces familles. Pour certaines d'entre elles, le réseau social doit être particulièrement consolidé, notamment chez les familles monoparentales. Les familles, ayant plus d'un enfant ayant une DI ou un TSA, ou encore dont l'enfant ayant une DI a des problèmes de santé ou des déficits plus marqués au plan des comportements adaptatifs sont aussi à considérer, tout comme celles dont l'enfant ayant un TSA présente davantage de comportements défis.
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Stratégies éducatives pour faciliter la résilience des éducatrices en services de garde qui accueillent de jeunes enfants avec un retard global de développementSabrina BOLDUC (Université Laval), Francine Julien-Gauthier (Université Laval), Jessica LÉVESQUE (Université Laval)
Les services de garde accueillent les enfants qui ont un retard de développement depuis plusieurs décennies. En 1991-92, 622 enfants bénéficiaient d'un programme de soutien financier à l'inclusion, ce nombre est passé à 5,002 en 2009-2010, soit 2,26% de tous les enfants qui fréquentent un service préscolaire (MFA, 2011). Les services de garde doivent adapter leurs pratiques éducatives afin de répondre aux besoins particuliers de ces enfants. Une recherche réalisée auprès de 43 services de garde de 11 régions du Québec a étudié les pratiques utilisées par les éducatrices, entre autres pour faciliter l'apprentissage des habiletés sociales de ces enfants. Cette étude, qui s'appuie sur le cadre théorique de l'intervention écosystémique individualisée axée sur la résilience (Jourdan-Ionescu, 2001; 2003) est réalisée à partir de l'observation des stratégies d'intervention utilisées par les éducatrices et de l'analyse des documents fournis par les milieux. Les résultats ont permis d'identifier des stratégies qui favorisent la résilience des éducatrices qui accueillent un enfant qui a un retard global de développement. Les stratégies présentées sont discutées en lien avec le rôle fondamental du développement des habiletés sociales dans l'éducation préscolaire de ces enfants. Des extraits vidéo illustrent la pertinence et la faisabilité des stratégies d'intervention proposées, ainsi que leur contribution à la résilience des éducatrices.
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L'entrée à la maternelle de l'enfant ayant un TSA : une transition à planifier pour soutenir la résilience des intervenantsHubert Gascon (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Francine JULIEN-GAUTHIER (Université Laval)
Lors de l'entrée à la maternelle, les enfants ayant des besoins spéciaux font souvent face à une transition complexe, exigeant beaucoup de soutien aux plans administratif, social et éducatif (Janus et al. 2008). Cette difficulté est particulièrement observée chez les enfants ayant un trouble du spectre de l'autisme en raison de caractéristiques, souvent très atypiques, qui déterminent leur fonctionnement (Levy & Perry, 2008). Ce changement peut causer, chez plusieurs de ces enfants, des désordres tels que cette intégration peut être compromise (Schulting et al., 2005). Pour cette population, une bonne préparation de l'enfant et du milieu scolaire d'accueil est indispensable (Lillie & Vakil, 2002). À cette fin, la Commission scolaire de la Beauce-Etchemin et le CRDITED de Chaudière-Appalaches ont mis en place un programme de transition permettant à l'enfant de fréquenter sa future école et classe de maternelle dès le mois de mai précédant son entrée à l'école. Une étude adoptant une méthodologie de type qualitatif a permis d'en mesurer les retombées sur les principaux acteurs. Vingt-neuf personnes ont été rencontrées dans le cadre de cinq groupes de discussion et de 17 entrevues individuelles : parents, enseignants, intervenants du CRDITED, professionnels du milieu scolaire et gestionnaires des deux réseaux de services. Principale retombée : une pratique qui renforce la résilience des intervenants et facilite l'adaptation scolaire et sociale de l'enfant à la maternelle.