Informations générales
Événement : 81e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines
Description :Depuis une vingtaine d’années, les chercheurs en éducation muséale tentent d’évaluer l’effet de l'action éducative des musées sur l'apprentissage. Les résultats montrent la multiplicité des paramètres à considérer pour appréhender les raisons de cet effet. Certaines recherches menées à ce jour se fondent sur le Modèle didactique d’utilisation du musée à des fins éducatives. Dans ce modèle, le sujet est le visiteur, l’objet est le programme éducatif et toutes les ressources éducatives permettant d’en atteindre les finalités, le milieu est le musée où se déroule la situation pédagogique et l’agent est l’éducateur de musée. Dans la foulée de la création de sites Web, aussi appelés musées virtuels, l’environnement numérique fait dorénavant partie intégrante de ce modèle. Les recherches menées en relation avec ce modèle ont porté sur les habitudes de fréquentation des visiteurs, les formes d’aide qui leur étaient offertes, les habiletés intellectuelles qu’ils mettaient en oeuvre, l’effet du musée sur leur apprentissage d’ordre cognitif et affectif, etc. Au plan de l’objet, elles ont été menées en relation avec les différents types de visite au musée, de même que sur les stratégies pédagogiques mises en oeuvre, l’évaluation des programmes éducatifs ou des ressources éducatives en ligne. Quant à la composante milieu, elles s’est rapportée aux différentes étapes mises en oeuvre, soit la préparation et le prolongement en classe à une visite au musée. Elles ont également consisté à tracer l’historique et la place du musée dans les programmes d’études passés et actuels. Quant aux études sur l’agent, elles ont porté sur son rôle, sur celui des enseignants ou, plus récemment, sur la collaboration entre eux. Ce colloque sera non seulement l’occasion de réaliser le bilan de ces vingt ans de recherches québécoises, mais également de réfléchir sur les nouveaux angles qui émergent au travers de celui-ci.
Date :Programme
Introduction au colloque : vingt ans de recherche en éducation muséale
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Mot d'introductionMaryse Paquin (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
La relation entre le musée et l'éducation
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Les origines du Groupe d'intérêt spécialité en éducation muséale (GISÉM) dans une perspective de l'histoire de l'éducation muséale au Québec et au CanadaMichel Allard (UQAM - Université du Québec à Montréal)
2013 marque une année significative dans la recherche en éducation muséale au Canada. C'est en 1993 que, réuni à l'université Carleton, un groupe de d'universitaires et de muséologues fondait le Groupe d'intérêt spécialisé sur l'éducation et les musées (GISEM). Le présent exposé retracera dans une perspective historique la place du GISEM dans l'évolution de l'éducation muséale depuis la fondation des premiers musées canadiens. C'est dans la première moitié du dix-neuvième siècle qu'apparaissent au Canada les premiers musées. L'une des intentions prévalant à leur fondation est de faire œuvre éducative. Appartenant à des intérêts privés (particuliers ou sociétés savantes), ils dénotent une prise en compte de leur fonction éducative en ouvrant leurs portes à un public déterminé. Vers le milieu du dix-neuvième siècle, la révolution industrielle provoque un vent de démocratisation. Les musées canadiens, selon les historiens Duchesne et Carte, n'échappent pas au mouvement international « en faveur de l'éducation populaire à travers les musées et les collections ». Au cours de cette période, plusieurs musées sont mis pied dans les établissements d'enseignement. Il faut attendre l'année 1961, pour que le Musée des Beaux-Arts de Montréal devienne le premier musée québécois à organiser un service éducatif. Cette structure administrative symbolise la reconnaissance de l'éducation à titre de l'une des fonctions des musées et accélère le développement de l'éducation muséale.
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Bilan de vingt ans de recherche en éducation muséale scolaireMaryse Paquin (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Passablement d'auteurs démontrent, de manière éloquente, que l'institution muséale contribue depuis toujours à l'éducation de ses clientèles, notamment celle d'âge scolaire. D'autres part, afin d'atteindre sa triple mission éducative d'instruire, de socialiser et de qualifier, au regard des nouveaux besoins de la société de demain, le ministère de l'Éducation du Québec favorise une approche culturelle pour enseigner les matières. Inversement, les musées d'art, de sciences et d'histoire peuvent avantageusement contribuer au rehaussement des contenus culturels à l'école, tout en rejoignant les voeux du Ministère. Si, traditionnellement, les institutions muséales s'investissent surtout dans la conservation, la recherche et la transmission de savoirs reliés aux collections, à compter des années 80', les choses évoluent au point de consacrer davantage de ressources à l'éducation. Ce faisant, le musée en vient rapidement à s'interroger sur l'élève lui-même, ses besoins et, ensuite, sur ceux requis par les programmes d'études. Ces préoccupations s'étendent dorénavant au développement des compétences chez les personnes à la recherche d'expériences éducatives au musée, en vue de contribuer à leur processus d'apprentissage tout au long de la vie. Par cette communication, nous présenterons le bilan de la recherche menées en éducation muséale scolaire.
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De la production de sens du visiteur aux caractéristiques de l'exposition. Vingt ans de recherche en éducation des adultesNadia BANNA, Colette Dufresne-Tassé (UdeM - Université de Montréal), Dominique MARIN (UdeM - Université de Montréal), Monique SAUVÉ, Anne-Marie ÉMOND (UdeM - Université de Montréal)
La mise au point d'un instrument donnant accès en temps réel à ce que pense, imagine ou ressent un adulte, c'est à dire à mesure qu'il visite une exposition, a amené une équipe de recherche de l'Université de Montréal à délaisser la seule étude de l'apprentissage pour celle de la production de sens. Cette production donne en effet accès non seulement à l'apprentissage, mais également à d'autres types de fonctionnement qui contribuent autant que l'apprentissage au développement et à l'épanouissement de l'adulte. C'est le cas, par exemple, du rappel de connaissances ou de l'utilisation de ces dernières pour explorer un sujet nouveau, de l'appropriation imaginaire d'un objet ou d'un phénomène de la réflexion. La production de sens d'un visiteur variant d'une exposition à l'autre, nous en sommes venus à étudier l'exposition elle-même pour en identifier les caractéristiques favorables à un développement optimal du visiteur. Enfin, l'examen de ces caractéristiques nous a conduits à élaborer neuf principes destinés à guider la conception d'une exposition thématique. La communication proposée présentera les neuf principes et la démarche de recherche qui a conduit à leur élaboration.
L'action éducative dans les divers types de musées
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Les musées de sciences, les objets et les défis pédagogiques de l'habitusJean-Francois Gauvin (Harvard University)
L'objectif premier de cette communication est de jeter les bases théorique et pratique pour la création d'une approche complémentaire à la visite conventionnelle des musées de sciences et de technologie. Le point de vue proposé cherche à (re)centrer, à (re)focaliser encore plus la pédagogie et la didactique muséale sur l'objet. Comment, en effet, redonner à ces objets froids et inertes, généralement placés derrière d'austères vitrines, leur « présence » originelle, qui éveillera non seulement le sens de la vue (à la « beauté » esthétique et pratique de l'objet) mais à tous les autres, sans lesquels les objets de notre quotidien (voiture, iPhone, micro-ondes, kinect, etc.) perdent toute leur signification — leur sens. La clé d'analyse se trouve dans trois concepts : profondeur, procédé et participation. Et au cœur de ces concepts se cache l'habitus, l'apprentissage structuré et structurant de toute connaissance.
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Vingt-cinq ans de pratique : l'éducation dans un musée de société, au passé, au présent et dans l'avenirFrance Gagnon (MCQ - Complexe muséal du Musée de la civilisation à Québec)
Depuis son ouverture en 1988, le Musée de la civilisation a pris les devants en matière d'éducation muséale, expérimentant de nouvelles manières de faire et mettant en pratique les résultats de recherches de plus en plus précises et d'avant-garde. Le Musée de la civilisation est un musée de société, musée pluridisciplinaire qui rend compte de la complexité du monde et pour contribuer à la réalisation de son projet culturel et scientifique, ses praticiens en éducation muséale, chargés de projet et guides-animateurs, utilisent de nombreuses stratégies. Engager l'élève-visiteur dans sa démarche d'apprentissage, offrir à l'enseignant une ressource concrète, participative et à la fine pointe des connaissances, offrir un complément (patrimonial, muséographique et humain) signifiant aux programmes scolaires, voilà les finalités de l'éducation au Musée. Au fil du temps, ces manières de faire se sont raffinées et ont fait un appel croissant aux conclusions des chercheurs comme aux découvertes et aux nouveautés technologiques. Un survol des différentes approches et stratégies, au passé et au présent, précédera un aperçu des projets à venir et des nouvelles approches envisagées, approches qui reposent pour plusieurs sur les plus récentes recherches dans le domaine ou, dans quelques cas, font même partie active de l'avancement des connaissances.
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« J'aime jardiner et rapporter quelque chose à la maison ». Le jardin botanique comme outil de développement identitaire des jeunesMarie-Paule Martel-Reny (UdeM - Université de Montréal), Jrène Rahm (UdeM - Université de Montréal), Violène SIMARD (Jardin botanique de Montréal)
Le jardinage dans les écoles et les programmes communautaires a gagné de la popularité pour soutenir le développement d'un rapport positif avec l'environnement, les plantes et de saines habitudes d'alimentation. Jardiner supporte des apprentissages vastes et dynamiques, intégrant des disciplines telles que la science, les mathématiques, la littérature, l'histoire, les sciences sociales et les arts. Pourtant, nous connaissons encore très peu les raisons particulières pour lesquelles les jeunes de milieux urbains accordent de la valeur au jardinage dans leur temps libre. Pourquoi recherchent-ils et participent-ils à de telles activités à l'extérieur du contexte scolaire? Qu'est-ce que cette expérience signifie pour eux à long terme? Notre présentation s'appuie sur une étude de cas du programme Jardins-jeunes au Jardin botanique de Montréal. Les témoignages de jeunes de 10 à 15 ans soulignent l'importance du jardinage pour soutenir un rapprochement avec la nature, qui amène à un développement identitaire ancré dans le respect de la terre et de soi-même. Être à l'extérieur et « s'occuper » pendant l'été s'avère valorisant, tout comme l'occasion de se faire des nouveaux amis avec qui discuter de sujets qui les préoccupent. De plus, une vision positive des jeunes se retrouvait transmise aux visiteurs. En résumé, les jardins botaniques devraient être vus autant comme des agents éducatifs que des sanctuaires pour le développement des jeunes.
La formation en éducation muséale
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Repenser la formation en muséologieYves Bergeron (UQAM - Université du Québec à Montréal), Sheila HOFFMAN (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Au cours des deux dernières décennies, de nombreuses réflexions ont été menées afin de réfléchir aux grandes transformations qui sont venues bouleverser le monde des musées. Outre les travaux sur les tendances sociétales (Tobelem, Mairesse, Hooper-Grennhill) et leurs répercussions sur les principes de la démocratisation culturelle qui affectent les comportements des visiteurs, jeunes comme adultes (N. Simon), il devient impératif pour le monde universitaire de poser un regard critique sur les grandes orientations qui balisent la formation des jeunes professionnels en muséologie en Amérique du Nord et en Europe. L'examen de ces transformations conduit à considérer plutôt ces changements comme une véritable révolution de l'institution muséale qui commande par ailleurs une véritable « révolution » des programmes de formation en muséologie afin de faire face aux grands enjeux de la culture.Cette communication repose sur un bilan des principales tendances qui ont transformé la culture des musées et sur des enquêtes de terrain auprès des responsables des formations en muséologie.
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Médiatisation du programme court de 2e cycle Interprétation et médiation culturelles à l'UQTR : évaluation de la satisfaction chez les premiers diplômésMaryse Paquin (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
À l'automne 2010, à la suite d'une analyse de la concurrence et d'une consultation auprès d'organismes du milieu, le Département d'Études en loisir, culture et tourisme de l'Université du Québec à Trois-Rivières offrait une nouvelle formation professionnelle d'études supérieures en muséologie à distance. Les premiers diplômés ont accepté de participer à l'évaluation de la satisfaction par rapport à cette formation. La communication présentera les résultats obtenus.
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La formation en muséologie à l'Université du Québec en Outaouais (UQO)Nada Guzin Lukic (UQO - Université du Québec en Outaouais)
L'Université du Québec en Outaouais (UQO) offre un programme en muséologie et patrimoines de 1er cycle. Une maîtrise en muséologie et pratiques des arts sera ajoutée à partir de l'automne 2013. Le développement de la formation en muséologie à l'UQO s'inscrit dans l'essor de la discipline et comble un manque en matière de formation dans le domaine dans la région. Le programme de 1er cycle est composé d'une majeure en muséologie et patrimoines complétée par les mineures suivantes : histoire, communication, pratiques administratives, approches éducatives, arts visuels, bande dessinée et design graphique. La maîtrise a deux concentrations: une en muséologie et l'autre en pratiques des arts. La formation en muséologie de l'UQO se situe dans la région Ottawa-Gatineau, une région avec une forte concentration muséale et patrimoniale. La collaboration avec les institutions muséales environnantes tant par les stages que par l'implication des professionnels à l'enseignement crée un environnement stimulant pour les études et la recherche en muséologie.
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La médiation auprès des publics
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Survol des avancées du programme de recherche sur l'étude de la réception de l'art contemporain auprès du grand publicAnne-Marie Emond (UdeM - Université de Montréal)
Le grand public constitue plus de 80% de la population habilitée à fréquenter des institutions muséales, mais il n'en franchit la porte qu'une fois l'an, tout au plus. L'une des raisons évoquées pour expliquer cette situation est le malaise que ce public non spécialisé semble éprouver devant l'art contemporain, qui implique une plongée dans la vision du monde propre à chaque artiste et qui risque ainsi de dérouter le visiteur plus que ne faisaient les formes d'art classiques, davantage encadrées par les exigences des pouvoirs en place. Pour mieux comprendre la nature et les sources de ce malaise et trouver des avenues pour l'atténuer, nous avons mis sur pied un programme de recherche intitulé « Étudier et favoriser la réception de l'art contemporain auprès du grand public ». La communication fera un survol des résultats de nos recherches depuis 1999, et ce, dans le domaine de la recherche en éducation muséale dans le contexte d'un musée d'art contemporain.
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Éducation non formelle et médiations écrites dans les muséesJason Luckerhoff (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Pour étudier la vulgarisation scientifique à l'oeuvre dans les musées, Jacobi (1990) propose de la séparer du champ de l'éducation dite formelle. Il privilégie le terme « éducation non formelle » à celui de « éducation informelle » pour éviter la connotation négative (désorganisée, non structurée) associée à la traduction de informal education. Le fait d'écrire pour être compris par le public profane ou, plus simplement, pour le non spécialiste suscite toujours débats et polémiques, surtout si on considère le musée comme une instance éducative vouée à la diffusion et au partage de la culture plutôt que comme un gardien de ce qui est collectionné et préservé. Jacobi se demande s'il est possible, dans le processus de vulgarisation scientifique, de ne pas appauvrir, simplifier, dégrader et même dénaturer la science que l'on prétend vulgariser ? De la même façon, est-il possible de rendre accessibles les savoirs en histoire de l'art ? Ceux-ci sont-ils voués à demeurer hors de portée des non spécialistes ?
Clôture du colloque
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Bilan de la journéeVirginie Soulier (UQAM - Université du Québec à Montréal)