Informations générales
Événement : 81e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines
Description :Nous nous souvenons tous de cette phrase assassine qui clôturait les Thèses sur Feuerbach de Marx et Engels : « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe, c’est de le transformer. » Loin d’en entériner d’emblée le constat, la Société de Philosophie du Québec (SPQ) voudrait plutôt, pour son Congrès 2013, convier les philosophes de tous horizons à réfléchir et échanger sur la manière dont la philosophie a, de tous temps, compris son efficace sur le monde. Que le moteur de l’acte de philosopher soit de transformer celui qui en est l’auteur, celui à qui il s’adresse ou encore l’objet qu’il se donne, on ne saurait douter que la philosophie même lorsqu’elle interprète le monde, cherche toujours à le transformer, lui ou ses habitants. À moins, bien sûr, que la philosophie ne soit que le reflet des changements qui s’opèrent dans le monde dont elle est issue…
S’agit-il, comme dans le cas des tentatives qui visent à définir la « vie bonne », de fournir les conditions de possibilité d’une maîtrise ou d’une production de soi, alors la philosophie se donne comme remède, hygiène, exercice ou démarche créatrice. Pour les philosophies qui prennent pour objet les pratiques sociales et les normes sur lesquelles elles s’articulent, c’est leur propre teneur théorique qui prend valeur de praxis dans un effort pour « changer la façon commune de penser » (Denis Diderot). Ainsi, qu’elle demeure purement critique ou qu’elle se donne pour fondatrice de normes nouvelles, la philosophie, toujours, cherche à atteindre les institutions qui fabriquent le sujet ou qui structurent ses relations au monde ou aux autres et d’en ébranler la légitimité.
Les questions qui sont ouvertes par ce thème sont nombreuses et cherchent à rendre possible la constitution d’échanges féconds entre philosophes issus de toutes les spécialisations et de toutes les écoles.
Dates :Programme
Symposium des jeunes chercheurs en histoire de la philosophie 1 - Philosophies de l'Antiquité au Moyen-Âge
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Mot de bienvenue
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La parrêsia socratiquePatrick Ouellette (UdeS - Université de Sherbrooke)
Ma communication portera sur l'usage que Socrate fait de la parrêsia (franc-parler), dans les dialogues platoniciens et sur la façon dont il la subsume à sa quête des vérités morales. La présentation débutera avec un bref exposé du rôle que joue la parrêsia dans la démocratie athénienne, un rôle qui est d'abord politique (dans la mesure où la parrêsia aurait été utilisée comme une protection contre la tyrannie et comme un préalable nécessaire au bon fonctionnement des institutions démocratiques athéniennes) et qui est ensuite identitaire (puisqu'elle se situait à l'épicentre de l'identité athénienne). Après avoir exposé le rôle de la parrêsia dans les rouages de la démocratie athénienne, je tenterai de démontrer l'usage qu'en fait Socrate dans ses procédés dialectiques. Contrairement à son usage traditionnel, la parrêsia socratique n'est pas proprement politique, elle a plutôt une valeur éthique; Socrate l'utilise à des fins morales, c'est-à-dire pour aider ses interlocuteurs à prendre soin de leur âme et, idéalement, à changer leur façon de vivre. Cela dit, l'objet de mon exposé sera de démontrer que la parrêsia de Socrate est en fait antidémocratique puisque son but, qui est d'expliciter la singularité de l'ethos d'une personne en exposant ses vérités personnelles (ce qui lui est singulier et ce qui la distingue de la masse) a comme conséquence de dissocier l'individu de sa polis.
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Discussion
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La conception platonicienne de la contradictionGenevieve Lachance (UdeM - Université de Montréal)
Il revient à Aristote d'avoir été le premier à formuler le principe de contradiction et à définir la contradiction logique (ou « contradiction formelle ») comme l'opposition d'une affirmation et d'une négation. Toutefois, il n'en demeure pas moins que plusieurs philosophes antérieurs lui ont préparé le terrain. Ainsi, Parménide, Gorgias et Platon ont tous proposé une formulation explicite du principe de contradiction, de laquelle Aristote s'est inspiré à divers degrés. En ce qui concerne la contradiction logique, les choses apparaissent sous un autre jour: bien que les prédécesseurs d'Aristote décrivent quelquefois des raisonnements contradictoires dans leurs textes, on ne retrouve à première vue aucune formulation explicite de la contradiction logique dans ceux-ci. Mais, en est-il vraiment ainsi? La communication proposée cherchera à répondra à cette question en s'appuyant sur l'œuvre du maître d'Aristote, Platon. Nous monterons qu'il existe déjà chez Platon une formulation explicite de la contradiction logique et que celle-ci, quoique différente, annonce la formulation aristotélicienne. L'analyse se concentrera sur les termes et les métaphores utilisées par Platon pour décrire l'acte de (se) contredire et montrera que Platon distinguait deux types de contradiction. Enfin, une attention toute particulière sera portée à la méthode qu'il convient de privilégier dans le cadre d'une analyse portant sur la « préhistoire » des concepts.
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Discussion
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Rhétorique et commandement chez AristoteZoli Filotas
Dans la Rhétorique, Aristote distingue trois sortes de « preuves » ou « modes de persuasion »: on peut persuader, dit-il, non seulement avec l'argument même, mais aussi avec les
émotions de l'auditeur et avec des preuves qui « sont dans le caractère de l'orateur ». Je m'intéresserai aux aspects politiques et éthiques de cette dernière sorte de persuasion. Que ce passe-t-il au niveau psychologique et épistémique lorsqu'un auditeur est persuadé non par le contenu d'un discours, le logos même, mais par le caractère de l'orateur? Est-ce que l'auditeur peut faire preuve de rationalité quand il est ainsi persuadé? La psychologie morale d'Aristote fourni une solution précise. La persuasion par le caractère est un exemple d'un phénomène sur lequel Aristote insiste à plusieurs reprises dans le livre 3 de l'Éthique à Nicomaque: le raisonnement pratique, et surtout la délibération, peut être (pour ainsi dire) partagé par les âmes de plusieurs personnes. On trouve dans la Métaphsyique un exemple très important d'une telle relation psychique: l'ἀρχή. Celui-ci (dans le sens du pouvoir pratique et politique) entend la chose dont la décision cause des mouvements et des changements (1013a10-11). Je proposerai que lorsqu'une personne persuade une autre avec son caractère, sa capacité délibérative se joint avec l'âme de l'auditeur, qui reçoit alors la décision de l'autre. Le jugement collectif est ainsi rationnel, même si l'auditeur n'exerce pas pleinement ses propres capacités rationnelles. -
Discussion
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Le fonctionalisme des états mentaux et la théorie des ficta de Guillaume d'OckhamDeni Gamboa (UQAM - Université du Québec à Montréal)
D'après le fonctionnalisme métaphysique, ce qui caractérise un certain état mental est son rôle causal ou fonction. Ce qui fait qu'un certain état mental soit l'état qu'il est – par exemple, un état de douleur – est son rôle causal par rapport à certains stimulis – ou inputs, par rapport à certains outputs et par rapport à certains autres états mentaux. D'ailleurs, d'après cette sorte de fonctionnalisme, un certain type d'état mental peut être réalisé de manières multiples, c'est-à-dire de manière indépendante à la nature du système où il est réalisé. Ces deux caractéristiques, au moins, doivent être satisfaites par n'importe quelle théorie fonctionnaliste portant sur la nature des états mentaux. Mon objectif dans cette communication consiste à
donner des raisons suffisantes pour soutenir que la première théorie de l'esprit d'Ockham – celle qui considère que les concepts généraux et les propositions sont des ficta, des entités qui ne sont pas réelles – est une théorie fonctionnaliste en ce qui concerne la nature des états mentaux. Pour Ockham, en effet, ce qui caractérise un certain état mental est son rôle
causal par rapport à certains inputs et certains autres états mentaux. Les ficta, en conséquence, ne sont pas des états mentaux dans la première théorie d'Ockham, mais plutôt des objets intentionnels. D'ailleurs, chez Ockham, en effet, les anges et les humains partagent certains types d'états mentaux. Donc, certains états mentaux sont réalisés de manières multiples. -
Discussion
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Pause
Symposium Les sens du territoire 1 - Murs et frontières
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Mot de bienvenue
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Espace et géopolitique contemporaine : le sens du territoire planétaireLouis-Étienne Pigeon (Université Laval)
À l'heure de la globalisation, les grandes puissances occidentales ont déjà étendu leurs réseaux d'influence ou de contrôle sur l'ensemble du globe. Cette mouvance s'est effectuée largement par la conquête militaire, qui implique des occupations territoriales formelles, ou par des formes d'expansion culturelle qui incorporent les territoires visés au sein de la sphère d'influence du monde moderne. Ainsi peut-on admettre qu'il existe désormais une certaine homogénéité du territoire mondial : la géographie l'a cartographié, exploré et systématisé. On définit le territoire par la géographie naturelle et humaine, avec des systèmes géologiques, des écosystèmes et des États. Mais au plan des relations de pouvoir, cette même géographie se définit par une occupation technique qui relève d'un autre principe. En effet, une étude géopolitique montre que le principe d'occupation formelle, hérité d'une conception classique de la guerre et de la conquête, a laissé place à un principe de surveillance, hérité de la conception hobbesienne de l'exercice du pouvoir intra-étatique. Cette présentation vise à définir le mode d'occupation territorial tel qu'il est pratiqué par les grandes puissances occidentales contemporaines, en relation avec le développement de la technique moderne et de son pouvoir opérationnel de déstructuration des territoires dans une perspective de mise en abîme des spécificités territoriales humaines vécues au profit d'une logique spatiale neutralisante et objectifiante.
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Le vide entre les murs : une approche mésologique du territoireFrédéric Dubois (Université Laval)
Kakuzo Okakura décrivait l'idée de « vacuité » dans la pensée taoïste en utilisant l'exemple d'une pièce dont la réalité réside non pas dans les murs ou le plafond, mais dans l'espace vacant de celle-ci (Le Livre du Thé, 2006). En d'autres mots, ce n'est pas le contenant en tant qu'objet concret et saisissable qui importe, mais le vide à l'intérieur de celui-ci puisque c'est dans cette vacuité que se loge la possibilité de tout contenu et de toute action. Que pouvons-nous tirer de cette pensée aujourd'hui ? Si Heidegger décrivait la pensée moderne comme une pensée calculante, comment alors penser le vide s'il apparaît comme insaisissable, voire impensable et incalculable ? À partir de cet exemple donné par Okakura, nous questionnerons le rôle du mur dans notre perception de l'espace. Par mur, nous entendrons non seulement les murs d'une pièce, mais plus largement les structures séparant ou délimitant deux espaces donnés. De ce point de vue, nous examinerons comment les limites de nos territoires et espaces, autant naturelles (les mers, les montagnes ou les déserts en tant que « murs » délimitant naturellement des espaces géographiques) qu'artificielles (des constructions historiques comme la muraille de Chine jusqu'au simple mur de nos résidences), construisent notre façon d'habiter notre milieu. Ainsi, nous tenterons du même coup de répondre au questionnement suivant : pouvons-nous considérer un territoire seulement en termes d'espace délimité métriquement ?
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Pause
Michel Foucault. Du gouvernement des vivants
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Dîner
Symposium Les Sens du territoire 2 - Environnement et politique
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L'environnementalisme avant et après la critique de la wilderness : entre écologie et identité territorialeAntoine C. Dussault (UdeM - Université de Montréal)
Plusieurs ont montré le caractère anti-scientifique et ethnocentrique de la conception de la conservation environnementale se focalisant sur la préservation de la wilderness, c'est-à-dire de la nature vierge de toute intervention humaine. L'anti-scientificité de cette conception repose sur son incompatibilité avec une vision darwinienne du monde selon laquelle l'humain fait partie de la nature, et sur sa négation implicite du changement inhérent au monde écologique. Son ethnocentrisme vient du fait que l'idée d'établir comme norme de conservation
l'état dans lequel se trouvaient les écosystèmes du Nouveau Monde à l'arrivée des Européens ne peut être significative que du point de vue de la culture euro-américaine. Il ressort de ces critiques que la préservation de la wilderness est un objectif arbitraire. Deux alternatives à cette approche ont été principalement discutées. D'une part, l'éthique écocentrée, qui s'ancre dans la vision anhistorique et fonctionnaliste de la nature développée par l'écologie, et promeut l'établissement d'une symbiose mutualiste entre l'humain et les écosystèmes ; et d'autre part, l'éthique du patrimoine naturel, qui admet la légitimité d'un critère historique de conservation des écosystèmes, mais établit ce critère en fonction de la valeur symbolique et
identitaire qu'il peut avoir pour les populations en interaction avec les écosystèmes à conserver. L'objectif de ma présentation est de montrer comment ces deux approches sont complémentaires. -
Qu'est-ce que le géo-nationalisme?Jonathan Durand Folco (USP - Université Saint-Paul)
Le nationalisme est un phénomène sociopolitique protéiforme qu'on distingue parfois en deux principaux courants. D'une part, le nationalisme ethnique repose sur la communauté constitutive, qui renvoie à la mémoire du passé, la langue, la culture commune, etc. D'autre part, le nationalisme civique insiste plutôt sur la communauté associative, qui conçoit la nation comme une union contractuelle, un consentement partagé qui doit être sans cesse renouvelé. Ces deux conceptions, à la fois complémentaires et antagonistes, présentent néanmoins quelques difficultés. Le nationalisme ethnique comporte certaines tendances essentialistes et exclusivistes, tandis que le nationalisme civique reste relativement trop abstrait et déraciné du monde vécu. Si ces deux visions insistent tour à tour sur les dimensions culturelles et politiques du nationalisme, elles oublient pourtant un élément essentiel : le territoire. Cette communication esquissera les contours d'une troisième voie, le géo-nationalisme, qui considère le milieu comme le principal vecteur de l'identité collective. Le milieu signifie à la fois le territoire et le lieu des activités, par opposition à l'espace abstrait ; c'est le monde tel qu'il est habité. Après avoir présenté les fondements théoriques du géo-nationalisme à l'aide de certains exemples issus du contexte québécois, nous analyserons différentes implications normatives de cette approche, permettant de jeter un nouvel éclairage sur les enjeux politiques actuels.
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Dîner
Symposium des jeunes chercheurs en histoire de la philosophie 2 - Philosophie moderne 1ère partie
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Scepticisme et cartésianisme : à propos du monde sensibleJoël Boudreault (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Le problème de l'existence effective du monde sensible a préoccupé les philosophes sceptiques depuis l'Antiquité et les philosophes modernes ne font pas exception. L'attention particulière que Descartes accorde à ce problème montre bien l'importance de cette question quant au fondement de la philosophie et des sciences. En effet, dans ses Méditations,
Descartes résout ce problème grâce à sa preuve de l'existence de Dieu et de sa bonté nécessaire. Par contre, sa solution résout-elle vraiment le problème de manière à convaincre un sceptique? Il semble que non, du moins c'est ce que l'on voit dans les textes de Foucher lorsqu'il est question de ce problème. L'intervention se concentrera donc autour de ce problème de l'existence du monde sensible. Il sera essentiel de comprendre en un premier temps le problème tel qu'il est présenté par les philosophes de l'Antiquité, particulièrement
ceux de la Nouvelle Académie, afin de mieux pouvoir l'adapter au contexte cartésien. En partant de ce point, il sera possible d'évaluer la tentative que Descartes met de l'avant pour résoudre ce problème et de comprendre les critiques que Foucher y oppose. Cela permettra par la suite de comprendre les différents dialogues que Foucher a eus avec Leibniz et Malebranche à propos de ce problème. -
Les chemins de la libération : analyse comparative des éthiques spinoziste et stoïciennesAlexandre Rouette (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Malgré leur grande distance spatio-temporelle, les thèses défendues par Baruch Spinoza et par les philosophes stoïciens semblent se rejoindre à bien des points de vue. Éminemment systématiques, les doctrines spinozistes et stoïciennes ont toutes deux été déclarées à la fois rationalistes, monistes, déterministes et matérialistes. Plusieurs commentateurs soutiennent une parenté profonde entre les deux systèmes, certains allant jusqu'à déclarer un renouvellement spinoziste des thèses stoïciennes. Par ailleurs, les deux philosophies sont d'abord des éthiques, cherchant l'atteinte du bonheur par l'élaboration d'une méthode pour s'affranchir des passions. Mais cette apparente proximité entre les deux philosophies est-elle tangible ou est-elle le fruit d'une mécompréhension des concepts propres à chacun des systèmes? Est-elle profonde ou simplement anecdotique? Quels sont les principaux points de divergence, de convergence? Pour répondre à ces questions, nous nous intéresserons plus particulièrement aux voies spinoziste et stoïcienne de la libération. C'est en comparant ce qui constitue le cœur de chacun des systèmes que nous pourrons déterminer les notions communes aux deux ainsi que leurs différences. Notons au passage que le caractère hautement systématique des deux philosophies nous obligera à étudier succinctement les thèses métaphysiques et logiques ; sans cela, notre compréhension des thèses éthiques risque d'être difficile.
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La nécessité de la vision en Dieu chez Malebranche : un regard sur la critique arnaldienneAntoine Dabrowski (Collège universitaire dominicain)
Si la philosophie de la connaissance de Nicolas Malebranche a fait l'objet d'études détaillées, il semble que sa critique par Antoine Arnauld ait été trop négligée. Nous pensons qu'une analyse de l'œuvre d'Arnauld Des vraies et des fausses idées peut enrichir notre compréhension de l'épistémologie malebranchienne. Plus particulièrement, le passage III.II.1 de la Recherche de la vérité est reconnu comme étant un endroit clef pour comprendre l'épistémologie de Malebranche. Dans ce passage, celui-ci identifie et analyse cinq manières possibles de voir le monde matériel, pour finalement défendre la vision en Dieu. La critique d'Arnauld dans Des vraies et des fausses idées, en plus d'accorder une grande importance à
l'extrait mentionné, fait constamment écho au rapport qui doit exister entre trois réalités métaphysiques: l'esprit de l'homme, le monde matériel et Dieu. Malebranche débute sa préface à la Recherche de la vérité en suggérant que tout l'enjeu de l'épistémologie consiste à déterminer comment une union est possible entre ces trois réalités. Nous proposons d'analyser comment le texte d'Arnauld est utile afin d'identifier les enjeux de cohérence qui peuvent être soulevés contre la théorie malebranchienne de la connaissance. Nous examinerons ensuite de quelle manière Arnauld permet de constater comment le développement logique de la présentation des cinq théories ne peut être compris qu'en considérant la structure métaphysique présentée au début de l'œuvre de Malebranche. -
Discussion
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Dîner
Nature et fonction du discours philosophique
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Mot de bienvenue
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Nelson Goodman. La Philosophie face à nos mondesAlexandre Declos (École normale supérieure de Lyon)
La philosophie peut parfois sembler éloignée de l'effectivité et démunie face aux exigences de la pratique. Peut-elle donc transformer le monde, ou ne fait-elle jamais qu'enregistrer son évolution ? Nous voulons montrer ici que Nelson Goodman propose une réponse originale à ce problème : il n'existe pas un monde, mais des mondes, que nous pouvons former, transformer, et déformer par nos divers systèmes symboliques. La philosophie est donc réhabilitée en tant que nécessaire activité créatrice.
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Discussion
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Friedrich Nietzsche et la forme aphoristique. Une critique de l'interprétation thématico-synthétique et trans-aphoristiqueStéphane Roy-Desrosiers (UdeM - Université de Montréal)
Les écrits aphoristiques de Friedrich Nietzsche (1844-1900) posent une évidente difficulté. Celle-ci n'a pas échappé au philosophe qui a recommandé à ses lecteurs, en 1887 dans sa préface à Zur Genealogie der Moral, qu'ils pratiquent en lisant ses aphorismes un « art de l'interprétation [Kunst der Auslegung] » [KSA, V, p. 255, § 8.]. Malheureusement, Nietzsche ne nous dit pas précisément en quoi consiste une telle lecture. Il s'ensuit que nous viserons d'abord à cerner les raisons qui auraient pu motiver ce dernier à s'exprimer en aphorismes. Ensuite, ayant souligné l'importance de cette forme d'expression pour toutes tentatives, en qualité d'« art de l'interprétation », visant à déchiffrer sa pensée, nous proposerons une perspective de lecture qui n'oublie pas mais revalorise plutôt la forme aphoristique de ses écrits. Une part importante de notre propos portera notamment sur la nature synthétique de certaines interprétations de sa philosophie, menées dans une perspective de lecture thématico-synthétique et trans-aphoristique, qui marginalisent à bien des égards la particularité et l'autonomie des formes d'expression – à savoir l'aphorisme, mais aussi la maxime et la sentence – au moyen desquels Nietzsche s'exprime.
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Discussion
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La Philosophie comme institution médiatrice selon Fernand DumontJérôme Melançon (University of Alberta)
Fernand Dumont développa la notion d'institution médiatrice dans le contexte d'une étude de l'Église catholique au Canada-français et de la crise de la religion au moment de la Révolution tranquille. Nous tentons ici d'étendre cette notion à la philosophie, à partir de la réflexion que Dumont mena par ailleurs sur la philosophie – non pas en tant que sociologue, mais bien en tant que philosophe, en relation à la phénoménologie française et à l'avenir du Québec.
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Discussion
Symposium des jeunes chercheurs en histoire de la philosophie 3 - Philosophie moderne 2e partie
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Le Traité de la nature humaine de Hume comme tentative de modélisation de l'esprit humainKim Noisette (UdeS - Université de Sherbrooke)
Depuis plusieurs décennies, les commentateurs de la pensée de Hume en donnent une interprétation de plus en plus positive, à rebours d'une lecture plus ancienne qui insistait essentiellement sur son scepticisme. Notre projet s'inscrit dans cette nouvelle tendance. En effet, le Traité de la nature humaine développe un ensemble de principes de façon systématique qui constituent une conception organisée de l'esprit humain. Le Traité peut-il être lu comme une tentative de modélisation de l'esprit humain, et dans quelle mesure? L'énonciation de principes fondamentaux formalisables et laissant une grande importance aux différences de degrés semble annoncer de façon prototypique les théories computationnelles de l'esprit humain que l'on verra se développer à la fin du XXème siècle. Nous montrerons comment le livre 1 du Traité présente l'entendement comme un ensemble de structures cognitives traitant l'information et créant des croyances, comment le livre 2 ajoute à cela un principe de mouvements avec les passions, et comment le livre 3 constitue une déduction à partir du modèle créé dans les livres 1 et 2, où la mise en situation de l'être humain dans le monde est comparable au test d'un modèle dans des conditions contrôlées. Notre projet montre que la pratique philosophique peut s'avérer féconde lorsqu'elle se jette hors des sentiers habituels et qu'elle réexamine les classiques à l'aide d'outils conceptuels dont ils ne disposaient pas et à l'émergence desquels ils ont contribué.
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Discussion
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La solution Humienne au problème de vie sceptiqueRicardo Wicker (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Comprendre comment conserver la tranquillité de l'esprit en face de l'infortune est un problème philosophique traditionnel. Les sceptiques pyrrhoniens ont formulé une série de méthodes, ou « modes », pour atteindre la tranquillité de l'esprit à travers la suspension de jugement. Ce problème philosophique et souvent associé au travail de Sextus Empiricus. Néanmoins, la solution dans l'œuvre de Sextus présente un problème central, c'est-à-dire, la question concernant la cohérence du scepticisme pyrrhonien: peut-on vivre sans rien croire? Notre projet a pour objectif l'exploration de la façon dont David Hume, un des plus récents penseurs sceptiques dans l'histoire de la philosophie, répond au problème de la vie
sceptique. Notre présentation visera à essayer de résoudre cette problématique d'une façon rigoureuse. Les questions suivantes guideront notre exposition: Y a-t-il certains aspects thérapeutiques, ou au moins formatifs, dans le scepticisme de Hume? Est-ce qu'il y a des contradictions entre les théories épistémologiques de Hume et ses vues éthiques? Quel est le degré de la force thérapeutique offerte par Hume? Quels avantages et/ou désavantages thérapeutiques présente le scepticisme humien par rapport au scepticisme ancien? Est-ce que pour Hume vie philosophique et discours philosophique sont deux domaines distincts et impossibles à mélanger? -
Discussion
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Étude d'un cas sympathique : le problème du bégaiement chez David HumeMarie-Hélène Audy (UdeM - Université de Montréal)
Dans le chapitre 5 de l'Enquête sur les principes de la morale, David Hume présente plusieurs exemples afin d'expliquer pour quelles raisons l'utilité est une caractéristique qui est ordinairement agréable pour les individus. Il a alors souvent recours à la sympathie et laisse entendre qu'elle joue un rôle non-négligeable dans l'appréciation de l'utilité. Cependant, toute la question est de savoir à quelle espèce de sympathie on a affaire car les exemples sont variés et suffisamment différents pour que l'on puisse douter qu'une seule espèce de sympathie soit toujours à l'œuvre... Ainsi, suivant les passages, les sympathies décrites par Hume semblent tantôt appartenir à la catégorie des conversions d'idées en impressions, tantôt se rapprocher de la « contagion des mœurs », tantôt être simplement considérées comme des synonymes de la compassion. La diversité des sympathies dans ce chapitre rend difficile la compréhension du texte et pose des problèmes d'interprétation. On verra que le paragraphe 5.2.37 qui commence par des indications sur le bégaiement et sur le déplaisir qu'il procure, illustre particulièrement bien ces problèmes. Hume en effet y use à trois reprises du terme « sympathie », mais il le fait d'une manière quelque peu équivoque. D'une part, les trois usages de la sympathie ne semblent pas être les mêmes; d'autre part la sympathie semble varier suivant le point de vue avec lequel on aborde cet exemple.
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Discussion
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Pause
Symposium La Philosophie autrichienne 1
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Mot de bienvenue
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Deux thèses de Franz Brentano sur la conscienceDenis Fisette (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Je propose une relecture des textes principaux de Franz Brentano sur la conscience. Mon point de départ est la formulation de deux thèses sur la conscience que Brentano avance au tout début du deuxième chapitre du deuxième livre de sa Psychologie d'un point de vue empirique qui constituent le fondement de sa théorie des objets primaires et des objets secondaires. Mon hypothèse de travail s'appuie sur le principe de l'unité de la conscience qui représente la clé de la plupart des problèmes que l¹on associe généralement à la théorie de la conscience de Brentano. J¹examinerai d'abord trois de ces problèmes, à savoir les problèmes de la duplication, de la régression et de la complexité, et
j'analyserai, dans un deuxième temps, le principe de l¹unité de la conscience qui tient compte des écrits de Brentano après la publication de sa Psychologie en 1874. J'évaluerai enfin la portée des
changements que Brentano apporte à sa théorie de la conscience dans ses écrits publiés à titre posthume sur les débats actuels autour de Brentano. -
Discussion
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Aux origines de la phénoménologie : la psychologie descriptive de Brentano et ses rapports avec la psychologie explicativeDenis Courville (UQAM - Université du Québec à Montréal)
On peut affirmer sans crainte que la psychologie connait un essor remarquable au cours de la seconde moitié du 19e, notamment en pays de langue allemande. L'une des orientations qui fixent le développement de la psychologie moderne apparaît dès lors en Allemagne avec Wundt et la psychophysique. Considéré comme le « père de la psychologie expérimentale », Wundt définit, dans Principes de psychologie physiologique (1874), la psychologie comme l'étude de la conscience (ou des phénomènes mentaux) au moyen des méthodes de l'introspection et de la physiologie expérimentale. Une seconde orientation en psychologie se constitue en parallèle aux recherches allemandes en Autriche avec les travaux de Franz Brentano. La méthode empirique proposée par Brentano dès Psychologie du point de vue empirique (1874) consiste à analyser de façon strictement descriptive les phénomènes mentaux, laissant ainsi de côté toutes considérations d'ordre physiologique ou expérimental. La priorité accordée par Brentano à l'approche descriptive reflète moins une opposition aux recherches expérimentales en psychologie qu'une tentative de fournir, entre autres, un fondement conceptuel à cette dernière.
Nous nous proposons de présenter dans le cadre de cette communication les principes de la psychologie descriptive de Brentano, ce qui la distingue de la psychologie explicative et expérimentale ainsi que d'analyser les relations qui se nouent entre ces deux approches au sein de la philosophie brentanienne.
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Discussion
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Pause
Symposium Les Sens du territoire 3 - Ville et transports
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La Terre, l'Air et la BanlieueAlexis Hudon (Université Laval)
Les hommes habitent tous la même Terre, mais cet espace est divisé, découpé par les frontières nationales et le zonage ; il oppose les hommes les uns aux autres en les séparant. D'un autre côté, la science a mis en évidence le problème énorme des changements climatiques ; les choix localisés ont d'importantes conséquences globales qui engendrent des problèmes d'éthique environnementale et intergénérationnelle. Des considérations urbanistiques ou développementales s'étendent bien au-delà de l'espace qui est de leur ressort, en commençant par la région métropolitaine. C'est donc l'air, et non la terre, qui exige que les habitants de la planète agissent de concert. Nous illustrerons cette idée générale par l'exemple particulier de la banlieue nord-américaine. Phénomène polymorphe, nous définirons la banlieue afin d'évaluer l'ampleur des transformations que les impacts environnementaux exigent. Les changements climatiques, en particulier, sont accélérés par la faible densité et la dépendance à l'automobile. On se réfugie à la banlieue pour se couper du monde, du bruit, de la pauvreté, de la violence, de la pollution, etc. Ce faisant, on doit adopter un mode de vie dépendant de l'automobile et consommer de grandes quantités d'espace et d'énergie, ce qui nous rattache par les liens de la justice au monde dont on voulait se séparer. Pour juger adéquatement un tel phénomène, notre réflexion se situera aux frontières de l'urbanisme, des sciences environnementales et de l'éthique.
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Les modes de transport et le sens du territoire urbain : mise en perspective des expériences des femmes et des minoritésFannie Bélanger-Lemay (Université Laval)
Cette conférence exposera comment les modifications des réglementations du transport urbain s'imposent différemment à certains groupes par deux exemples : l'automobilisation et la création récente des zones piétonnes. L'imposition de l'automobile comme mode de transport dominant dans les villes s'est accompagnée d'une restriction des mouvements des piétons et des autres usagers de la rue, pour leur propre sécurité. Cette restriction de l'usage du territoire urbain pour permettre la mobilité de certains au cours du XXe siècle est l'histoire de la restriction de la mobilité féminine au profit de la mobilité des hommes (Schmucki 2012). Depuis les années 2000, dans un mouvement opposé, des zones piétonnes commerciales sont créées d'où sont exclus les plus pauvres ou les membres des minorités visibles (Reigner et al. 2009). À partir de ces constatations, nous explorerons l'influence du mode de transport sur l'appropriation du territoire urbain comme espace public selon le groupe d'appartenance.
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Pause
Symposium des jeunes chercheurs en histoire de la philosophie 4 - Philosophie allemande
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Le statut du signe symbolique chez Leibniz et Kant : la possibilité d'une IdéographieXavier Corsius (Université d’Ottawa)
Cette communication portera sur les liens entre la philosophie critique de Kant et le projet de Leibniz de fonder une caractéristique universelle. Elle s'inscrit dans une recherche plus large s'intéressant aux conséquences de l'épistémologie kantienne sur le projet leibnizien d'une mathesis universalis. Inspiré par la méthode algébrique, Leibniz défend l'idée de fonder une caractéristique universelle. En d'autres termes, il désire mettre en place une écriture des notions conceptuelles, une Idéographie. Leibniz veut ainsi mettre en forme tous les raisonnements et présenter de manière sensible toutes les relations logiques entre les concepts. Il en ressort une pensée particulièrement intéressante sur le signe figuré. L'hypothèse que j'énoncerai est qu'il y a dans la philosophie kantienne une doctrine du symbole sensible et que celle-ci n'est pas sourde aux visées leibniziennes. Afin de discuter de cette hypothèse de travail, on comparera la thèse de Kant qui dit que toutes constructions mathématiques et symboliques sont des constructions ostensives (Lisa Shabel, Kant “Symbolic Construction” of Mathematical Concepts, 1998) avec les thèses leibniziennes. Il semble alors possible d'affirmer que dans la Critique de la raison pure il y a un espace théorique pour le développement d'une écriture symbolique. Résultat: sur le plan défini par le projet de fonder une écriture conceptuelle, il y a une filiation historique entre les thèses de Leibniz et de Kant, mais aussi celles de Frege.
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Discussion
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Le temps de l'histoire : Temps et histoire chez KantSteve Bourget (Université Laval)
La nouveauté introduite par la philosophie kantienne est une révolution de la pensée du temps (Deleuze, 1978). Toutefois cette révolution se retrouve viciée par son enracinement dans une conception appauvrie de l'expérience. Sur ce point, Kant est l'héritier de la philosophie de l'expérience des Lumières. Sa conception de l'expérience marque la forclusion, dans le domaine de la pensée, des dimensions théologique et historique de l'expérience humaine (Benjamin, 1918). La philosophie critique, en tant que recherche des conditions de possibilité de la connaissance objective, s'est modélisée, du moins dans les Prolégomènes à toute métaphysique future (1783), sur l'expérience de la physique mécanique newtonienne. Cette conception privilégie, sans aucune justification transcendantale, la certitude de ce qui demeure dans l'expérience, en négligeant, par exemple, le flux temporel caractéristique de la subjectivité et de l'historicité. Notre exposé inscrit le discours kantien dans son contexte historique et montre que sa conception de l'expérience vient répondre aux réquisits de la société bourgeoise émergeante en privilégiant l'identique au détriment du non-identique. Il s'agit également de montrer qu'une des conséquences du primat de l'identique est une conception homogène et continue du temps, qui n'est pas sans effet sur la théorie kantienne de l'histoire. Il appert que le temps vide kantien est le présupposé de la philosophie de l'histoire conçue comme progrès accumulatif.
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Discussion
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Pluralité et spéculation dans l'analyse du commencement chez HegelJeanne Allard (UdeM - Université de Montréal)
La présentation portera sur l'état actuel de mes recherches sur la notion de commencement dans la Science de la logique de G.W.F. Hegel considérée problématique par Daniel Guerrière (« With What Does Hegelian Science Begin? », 1977) et Cynthia Willett (« The Shadow of Hegel's Science of Logic », 1990) en raison de la pluralité des concepts identifiés: la dialectique spéculative commence à la fois par l'être immédiat, le devenir et l'absolu. Cette pluralité me paraît poser problème. À la lumière de la distinction entre méthode,syllogisme et dialectique spéculative dans « L'idée absolue » et de la limite de la déterminité dans la Doctrine de l'être, j'exposerai que: 1.l'argumentaire hégélien du commencement repose, comme le montre l'ouverture de la Science de la logique, sur son unité; 2.les analyses de Guerrière et Willett sont fondées sur la différence non des concepts du commencement, mais des rapports dans lesquels chacun d'entre eux se trouve relativement à la dialectique; 3.la méthode employée dans cette analyse du commencement comme pluralité relève d'une critique de la spéculation. J'espère montrer que le problème que pose la pluralité des commencements n'est ni un défaut d'unité, ni un manque de cohérence mais une entorse à la méthode spéculative où ce qui est dépassé n'est pas extérieur et distinct, mais absolu et conservé. L'hypothèse de Guerrière et Willett doit être comprise comme une tentative de poser le commencement hors spéculation.
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Discussion
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Du dépassement de la ratio-logique chez F. NietzscheHermann Kuitche (Université d’Ottawa)
L'une des préoccupations centrales de la philosophie depuis les Lumières, est sans nul doute le projet d'émancipation de l'homme, l'affranchir de tout ce qui constitue un obstacle à son plein épanouissement ce qui conduit à une montée en puissance de l'individualité. C'est dans ce processus de libération de l'homme que s'inscrit la philosophie de Friedrich Nietzsche. Elle découle du constat selon lequel toute la pensée traditionnelle occidentale s'est posée jusqu'ici en ennemie de la Vie, en affirmant le primat de la raison sur l'instinct, mais aussi en maintenant l'opposition des contraires: sensible et intelligible, un et multiple, être et devenir, esprit et corps. Nietzsche entreprend de remettre en cause les acquis de la tradition pour dépasser la métaphysique, c'est-à-dire la « surmonter ». Il nous faudra donc voir quelle est la nature de cette étrange relation qui se noue ici entre le dessein de destituer le supra-sensible et la reconquête du « paradis perdu » tel que voulu par lui. Il s'agira de repérer les arguments qui l'amènent à penser l'effondrement de la métaphysique occidentale. On partira d'un éclaircissement des concepts de destruction et de déconstruction afin de ne plus se méprendre sur leurs sens respectifs et donc, sur l'exactitude du projet nietzschéen de dépassement de la ratio-logique de la métaphysique traditionnelle, projet dont les intentions premières se trouvent explicitement dévoilées par l'universel meurtre de Dieu.
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Discussion
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Mot de clôture
Symposium La Philosophie autrichienne 2
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Y a-t-il une phénoménologie autrichienne?Guillaume Frechette (Université de Salzbourg)
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Discussion
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Les relations de l'évaluation aux objets culturels dans trois moments de la pensée autrichienneSiegfried Mathelet (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Menger et Brentano ont vu dans une théorie subjective des valeurs le fondement des objets culturels et ont situé le fondement des valeurs dans un acte d'évaluation. Nous retracerons le type de relations envisagé entre cet acte et son produit, objet des sciences culturelles, dans trois grands moments distincts de la pensée autrichienne Ceci pour montrer comment une réflexion sur les relations fonctionnelles permet le passage d'un individualisme méthodologique à une approche structurale, tout en spécifiant le contenu affectif et cognitif des objets culturels. Le premier moment concerne la fondation de l'École d'économie autrichienne par Menger qui introduit le problème de l'évaluation comme fondement des objets culturels à travers sa conception des institutions. Le second moment concerne le débat entre Ehrenfels et Meinong sur l'acte d'évaluation, lequel revoit le rôle du jugement dans sa relation aux autres types d'actes et à l'objet en question. Le troisième concerne la façon dont Stumpf et Twardowski conçoivent et approchent cette relation entre l'acte ou les actes producteurs et l'objet culturel. Nous constatons que le passage de l'individualisme méthodologique à une approche structurale de l'objet des sciences de la culture se fait par une réflexion caractéristique de la pensée autrichienne sur les types de relations entre un ou des actes fondateurs et l'objet culturel.
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Discussion
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Titre à déterminerLaurent Cesalli (Université Lille 3)
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Discussion
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Mot de clôture
Symposium Les Sens du territoire 4 - Culture paysanne et autochtone
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Des bébés et des baies : continuité culturelle et territorialité des femmes inuites du NunavikClaudine BOUCHER (Université Laval), Laurence Simard-Gagnon (Université Laval)
La compréhension académique des territorialités autochtones repose souvent de façon implicite sur des symboles spectaculaires de leurs relations au territoire. L'engouement des chercheurs pour les pratiques de chasse des hommes inuit illustre bien comment ces activités, cruciales mais somme toute ponctuelles, en viennent à dominer notre perception de la territorialité du groupe dans son entièreté. Cette vision de la territorialité autochtone tend à limiter la reconnaissance des activités territoriales des femmes – celles-ci tendent à se déployer dans d'autres lieux, à une échelle plus réduite et de façon plus régulière. Cette contribution canalise des éléments de deux projets de maîtrise, l'un portant sur les naissances et l'autre sur l'utilisation des petits fruits au Nunavik. Nous nous intéressons aux gestes du quotidien qui visent à soutenir l'existence, et à la façon dont ces gestes ancrent les individus dans des lieux qui forment le territoire (Tuan 1977). Cette perspective nous permet de revisiter la dichotomie conceptuelle opposant les idées de territoire et de foyer en démontrant la résonnance certaine des activités quotidiennes des femmes inuites. Des exemples puisés dans le vécu de ces femmes soulignent les manières dont l'espace est quotidiennement investi et imprégné de leurs pratiques culturelles. Celles-ci nourrissent la résilience des individus, des familles et des communautés face aux changements et aux défis associés aux réalités modernes de l'Arctique.
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Pierre Perrault ou le territoire de l'âme désertéRaphaël Zummo (Université Laval)
L'homme a été déclaré largement coupable de la crise environnementale et, quand on le considère comme victime, on cible essentiellement ses conditions de possibilité écologiques d'existence, avec pour horizon des scénarios catastrophes toujours plus plausibles. L'inquiétude sur ce registre est profondément fondée, mais, en creux, la mise en péril de la culture immatérielle demeure par trop impensée. Le traitement de la crise environnementale en termes de territorialité peut contribuer à combler ce vide. Car le territoire, c'est la terre changée en pays et c'est l'homme changé par la terre qu'il habite : c'est pourquoi Pierre Perrault peut parler du territoire de l'âme qui n'est autre que le site où s'arriment les pratiques, les parlers, les représentations, le vécu d'un groupe. Perrault a diagnostiqué, dans ses films comme dans ses écrits, une crise du territoire de l'âme dont on peut dire, avancerons-nous, qu'elle a procédé des mêmes mutations économiques qui ont accéléré la dégradation environnementale au sens courant. Tout en établissant ainsi la connexion, basée sur des vecteurs économiques, entre la crise environnementale et l'atrophie du territoire de l'âme, nous dégagerons la texture de ce territoire à partir des essais de Perrault, ceux consignés dans De la parole aux actes (1985) en particulier. Au final, les enjeux actuels du monde rural apparaîtront comme foncièrement culturels, les deux sens du mot culture retrouvant ainsi leur connivence première.
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Mot de clôture
Plénière I : Conférence organisée en collaboration avec la Faculté de Philosophie de l'Université Laval
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Variations interprétatives et décisionEmmanuel Picavet (Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1))
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Période de questions
Symposium La Phénoménologie : description ou transformation du monde?
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Mot de bienvenue
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Phénoménologie, monde et conscience dans la Wissenschaftslehre 1804/II de FichteMaria Hotes (UdeM - Université de Montréal)
En 1804, Fichte a donné trois séries de leçons sur la Wissenschaftslehre (WL). Dans l'annonce pour la deuxième série de leçons, Fichte présentait la WL comme une « solution complète de l'énigme du monde et de la conscience ». À la lumière des développements de la WL, on constate pourtant que ce que Fichte décrit ici, c'est plus précisément sa phénoménologie, laquelle doit, une fois l'absolu atteint, « dériver le divers » de l'absolu. En quel sens cette dérivation du divers, qui est en même temps une dérivation du phénomène véritable (wahrhafte Erscheinung) et de l'apparence, réussirait-elle à résoudre « l'énigme du monde et de la conscience » évoquée par Fichte ? Telle est la question que nous nous proposons d'examiner.
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Hegel et la phénoménologie en 1807Kaveh Boveiri (UdeM - Université de Montréal)
La Phénoménologie de Hegel porte évidemment sur l'« esprit », notamment en tant que ce dernier se présente sous la forme d'un savoir. Il s'agit d'une phénoménologie parce que Hegel entend décrire ce savoir tel quel, c'est-à-dire comme « savoir apparaissant ». En fait, Hegel entend de retracer le long parcours effectué par la conscience naturelle à travers ses diverses figures. Il cherche en d'autres mots à refaire ce « chemin de l'âme ». Rien d'étonnant dès lors à ce qu'il ait voulu au départ intituler cette œuvre « science de l'expérience de la conscience ». Mais cette science de second niveau qui surplombe l'odyssée de la conscience et qui en observe la dialectique n'est lui-même rien d'autre qu'un savoir. Aussi lui incombera-t-il à terme de se débarrasser de cette « apparence » qui fait qu'il se présente dans un premier temps comme un savoir au même niveau que tous les autres.
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Discussion
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Pause
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Husserl. L'Idée de la phénoménologie (1907), à la croisée des cheminsEmmanuel Chaput (UdeM - Université de Montréal)
Les cinq leçons de 1907 sur l'idée de la phénoménologie ont une double pertinence : exotérique et ésotérique. D'un point de vue exotérique, L'Idée de la phénoménologie constitue une introduction à l'entreprise phénoménologique et à sa visée interprétative du monde. D'un point de vue ésotérique cependant, on peut y voir l'amorce d'un tournant en regard de l'orientation à venir de la phénoménologie vers un idéalisme transcendantal. Ces leçons s'inscrivent alors au cœur des débats opposant Husserl à certains de ces disciples, dont Heidegger (voir ci-dessous), sur la tâche de l'entreprise phénoménologique comme compréhension – voire comme transformation – du monde. La philosophie de Husserl devient phénoménologie transcendantale.
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Husserl. La réduction phénoménologique et la transformation du mondeRudolf Boutet (UdeM - Université de Montréal)
Pour le Husserl des Idées directrices pour une phénoménologie (1913), il n'est pas question de se demander de quelle façon la philosophie peut transformer le monde. La philosophie, en tant que phénoménologie transcendantale, se définit d'emblée comme modification du monde, en tant qu'elle renverse le rapport de priorité ontologique entre le monde et la conscience. Dans la fameuse réduction phénoménologique, le monde apparaît dès lors comme constitué au sein de la conscience, relatif à ses propres opérations. Qui plus est, c'est la transcendance même du monde qui devient le produit de la subjectivité transcendantale. C'est précisément de cette modification ontologique que veut traiter notre présentation. Nous verrons comment l'effectuation de l'épochè phénoménologique ouvre un univers de sens entièrement formé au sein de la conscience pure, ce qui, sur le plan métaphysique, entraîne un idéalisme radical.
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Discussion
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Dîner
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Travailler et servir : linéaments d'une phénoménologie de l'esclave chez HusserlJean-Sébastien Hardy (Université Laval)
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Au seuil de la phénoménologie : la critique heideggérienne de la conscience pure chez HusserlPhillip Drouin-Leger (UdeM - Université de Montréal)
Le débat entre Husserl et Heidegger présenté ici met en lumière leurs divergences de vues à propos du rôle de la philosophie dans la société. En vérité, deux manières radicalement différentes de voir la philosophie s'affrontent ici. Pour Husserl, la philosophie est une science rigoureuse, mais surtout une prise de conscience vis-à-vis de la crise de l'humanité occidentale. Seule la philosophie peut véritablement assumer la responsabilité d'amorcer la régénération de cette humanité. En revanche, pour Heidegger la philosophie n'a pas de mission sociale ; ce qui revient à dire que l'instrumentalisation de la philosophie pour un but spécifique correspond à une compréhension déchue de la philosophie. La philosophie est un Bien que l'on cultive pour lui-même. Transformera-t-elle son monde ? Certes, mais cela est secondaire, car la philosophie ne peut prédire les transformations qui s'enracineront en elle. La critique heideggérienne de la conscience transcendantale chez Husserl me servira de porte d'entrée pour faire part de leurs différences fondamentales en ce qui concerne le rôle de la philosophie dans notre monde.
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Discussion
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Pause
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La phénoménologie dans Être et Temps de HeideggerCharlotte Sabourin (Université McGill)
C'est sans doute au §7 d'Être et Temps que Heidegger développe le plus complètement sa conception de la phénoménologie, encore qu'il prétende s'en tenir ici à un simple « préconcept ». La phénoménologie repose sur une compréhension du phénomène comme « le manifeste », donc comme ce qui se montre, se donne à voir. Or, pour Heidegger, ce qui se montre peut fort bien se montrer tel qu'il n'est pas, sous le couvert de l'« apparence ». De fait, le phénomène insigne que doit faire voir la phénoménologie, soit l'être de l'étant, a succombé au recouvrement, et plus précisément au recouvrement comme « dissimulation » (Verstellung), au sens de faux-semblant. La phénoménologie qui est mise à contribution dans l'entreprise d'Être et Temps n'a donc rien à voir avec un regard naïf qui prétendrait parvenir à une saisie directe et immédiate du phénomène. La description de ce dernier exige au contraire des précautions, qui font de la phénoménologie une véritable herméneutique.
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Heidegger et la vérité comme dé-voilementChristian Morissette (UdeM - Université de Montréal)
La conception traditionnelle de la vérité, ancrée dans l'énoncé en tant que logos apophantique, offre l'avantage d'instaurer un cadre de référence et de validation qui se fonde au sein d'une relation entre intellectus et res reposant sur l'adaequatio, c'est-à-dire sur une correspondance vérifiable. S'il est possible de fonder phénoménologiquement – et de façon plus originaire – cette approche de la vérité sur une relation entre l'être-découvrant (Dasein) et l'être-découvert (ἀλήθεια/a-lètheia/dé-voilement) comme le propose Heidegger, qu'advient-il alors de la relation de vérité propre à la conception traditionnelle ? Mais surtout qu'advient-il du cadre de référence et de la possibilité de valider, épistémologiquement ou même éthiquement, le concept phénoménologique originaire de vérité comme dévoilement ? Le gain phénoménologique (ontologique) vaut-il l'indétermination épistémologique ? Le tout cdépend de l'importance accordée à la précompréhension de l'Être.
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Discussion
Symposium Fictions et inventions philosophiques 1
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Mot de bienvenue
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Le récit, l'image : régimes de pensée, régimes d'histoireJulien Lefort-Favreau (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Partant de cette comparaison binaire entre récit et image, il s'agira de formuler une seconde interrogation afin de mettre au jour le fait que cette distinction n'en est pas juste une de modes de pensée, mais surtout de constructions de l'histoire. Heidegger tisse le récit héroïque de l'histoire, alors que Benjamin monte l'histoire comme le film des échecs successifs de la modernité. Que l'on soit heideggérien ou benjaminien, le problème reste le même : en quoi la pensée emploie-t-elle les fictions pour parvenir à faire l'histoire ? En quoi ces conceptions divergentes nous aident-elles à guider notre action ? Comment devons-nous nous comporter face à l'histoire ?
Faire un récit consiste à tisser des faits entre eux. Faire une image, au contraire, consiste à arracher une représentation de la réalité et à la présenter comme une entité autonome. Notre première interrogation porte sur les différences paradigmatiques et pragmatiques entre ces deux régimes de fictions. En quoi le récit et l'image font-ils penser et font-ils agir différemment ? Nous développerons ce problème en nous appuyant sur des textes de Heidegger et Walter Benjamin. Nous montrerons comment Heidegger formule un projet de pensée fondé sur le récit, tandis que Benjamin pense, délibérément contre Heidegger, en termes d'images. Il s'agit d'un heurt épistémologique fondamental qui détermine leurs conceptions de l'Homme, du monde et du temps.
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Platon, la philosophie et l'ordre du discoursUgo Gilbert Tremblay (UdeM - Université de Montréal)
Ainsi ce colloque serait-il placé sous le signe de l'adisciplinarité. Le geste n'est pas banal. À son fondement se discerne un irrépressible besoin de décloisonnement. Il faudrait faire tomber les murs. Retrouver l'indistinction des origines. S'arracher au poids funeste des frontières. Le mot d'ordre pourrait être : libérons les flux du discours, par-delà les obsessions/fixations qui le sédimentent. Il faudrait en quelque sorte élire domicile dans la conjonction, s'arrêter un instant à ce qui passe, à ce qui se passe, dans le et (Deleuze), dans l'interstice a priori sibyllin qui se creuse, tout particulièrement, entre fiction et philosophie. Mais que signifie au juste ce désir d'entre-deux ? Je travaillerai pour ma part à mettre au jour la rupture que représente un tel geste par rapport à la tradition instituée par Platon. Ce dernier posait des digues ; il calfeutrait les fuites du discours à la façon d'un plombier ; il solidifiait les jointures de manière à les rendre hermétiques (poésie | sophistique | philosophie). La philosophie est née, ni plus ni moins, d'un tel désir d'étanchéité. Dès l'aurore de son surgissement, sa fonction première et pour ainsi dire inavouable a consisté à discipliner les disciplines. Or se pourrait-il qu'alors que nous déclarons aujourd'hui vouloir « sortir » de l'ordre du discours, ce soit plutôt à certaines exigences de la philosophie elle-même que nous souhaitons échapper ?
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Pause
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Le problème de l'invention d'idéaux philosophiquesOlivier Perreault-Bouffard (Université Laval)
Une des techniques de la philosophie est de poser un idéal humain pour ensuite s'engager dans une forme de pratique concrète visant à atteindre cet idéal. Envisagée de cette façon, la philosophie devient une sorte d'entreprise à poser des modèles humains qu'un lecteur peut chercher à accomplir pour soi-même. La théorie qui propose de tels idéaux est un des moyens qu'ont les philosophies de se communiquer, sous forme d'œuvres écrites par exemple, et sa valeur ne se mesure qu'en tant qu'elle sert la voie que nous définirons comme pratique.
Ainsi, il ne s'agira pas dans cette conférence de prouver que les philosophes auraient effectivement procédé selon cette méthode, ce qui nous ferait tomber dans une méthode historique qui, bien qu'intéressante, nous éloignerait de notre chemin concret, mais plutôt de nous inspirer de leurs idéaux pour pouvoir en jouer en les comparant et en les évaluant. Car ces modèles, bien qu'ils se ressemblent par leur ancrage dans une vie humaine concrète, restent tout de même distincts et autosuffisants, c'est-à-dire qu'il subsiste toujours après l'analyse de chacun une différence essentielle. Ce contexte posé, il s'agira de comprendre pourquoi la fiction est essentielle au processus d'accomplissement de soi du sage. N'avons-nous pas une idée de l'essence de l'homme à laquelle nous aurions directement accès pour en déduire notre meilleure nature ? Sommes-nous à ce point perdus que la fiction reste notre seule voie pour le salut ?
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Deux portraits d'AristoteMatthew Wood (Université d’Ottawa)
À titre d'expérience de perspective philosophique, le présent travail essaie d'esquisser deux portraits d'Aristote à travers son traitement de la métaphore. Pour ce faire, nous allons suivre trois étapes : premièrement, une élaboration brève des apories qui sous-tendent la discussion aristotélicienne de la métaphore dans la Rhétorique, Poétique, et Métaphysique ; deuxièmement, une abstraction globale des forces binaires et contradictoires qui engendrent ces apories ; et troisièmement, une portraiture fictive de ces deux forces comme personnages dont le conflit rend possible le « drame » philosophique de la pensée aristotélicienne.
Le premier portrait d'Aristote que nous allons esquisser se caractérise surtout par une attitude négative à propos de la métaphore, et par une tendance à la voir comme l'ennemie du raisonnement proprement philosophique, ou au mieux comme sa façade cosmétique. D'autre part, le deuxième portrait figure le génie sauvage et poétique qui sous-tend le raisonnement philosophique comme pratiqué par Aristote. Plutôt que de négocier leur confrontation, nous voulons laisser apparaître la pensée d'Aristote comme le produit non parachevé de leur rencontre. Autrement dit, nous voulons produire une vision d'ensemble de la philosophie aristotélicienne à la façon d'une « double image ».
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Dîner
Fonction de la philosophie : de l'antiquité à aujourd'hui
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Mot de bienvenue
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La République de Platon: le problème de la corruptibilitéDave Savard (Cégep de Baie-Comeau)
La République de Platon n'est pas qu'un travail sur la philosophie politique, mais aussi une analyse sur l'être humain en général. Ce dialogue cherche à définir les désirs de l'homme et ce qui les corrompt. C'est ce sur quoi nous nous interrogerons, afin de mieux comprendre les limites de la démocratie, car s'il nous est possible de comprendre le problème de la corruption dans la condition humaine, il nous sera possible d'avoir une plus grande compréhension des limites de la démocratie de nos jours.
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Discussion
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Socrate ou le philosophe à l'épreuve de la philosophiePhilippa Dott (Université Laval)
Qu'est-ce qu'un philosophe ? Question difficile, surtout si les philosophes des temps modernes, aux dires de Kant, ont perdu « l'Idée véritable du philosophe. » Pour comprendre son essence, il semble nécessaire de remonter à celui qui inaugura la tradition. Mais qui de Thalès ou de Socrate incarne la première figure du philosophe ? Cette question nous amènera à exposer une tension propre à toute tentative de définition de la philosophie.
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Discussion
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La transformation du langage de la faute au 17e siècle : du péché selon la cité au péché de la cité. Réflexions à partir du Traité politique de SpinozaSimon Habel (Université Laval)
Par une etude des regles de transformation de la notion de peche dans le Traite politique de Spinoza ― du peche selon la cite au peche de la cite ―, nous voudrions developper ces points : 1° la portee philosophique, morale et politique, de l'enonciation, au seuil de la modernite, de l'idee d'un certain ≪ blame raisonnable ≫ des institutions ; 2° la nature du discours philosophique comme comprenant la modification graduelle des significations.
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Discussion
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La fonction éthopoétique du discours philosophique chez Pierre HadotMartin Arriola (UdeM - Université de Montréal)
À partir de l'analyse de la notion de choix de vie philosophique élaborée par Pierre Hadot, cette communication consiste à approfondir le thème de la subordination du discours philosophique au mode de vie afin de mettre en lumière une fonction alternative à la fonction purement théorique du discours philosophique, c'est-à-dire une fonction éthopoétique qui peut s'appliquer au discours théorique, mais qui vise ultimement à produire un bon caractère et de bonnes habitudes de vie.
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Discussion
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Dîner
La philosophie comme pratique sociale instituée
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Dîner
Symposium Questions de normativité 1
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Mot de bienvenue
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La métaphysique des raisonsJonas Olson (Stockholm University)
This paper focuses exclusively on normative reasons, so by ‘reason' I shall throughout mean ‘normative reason'. Normative reasons count in favour of actions and attitudes like beliefs, desires, feelings, emotions, etc. The focus is on the broadly meta-normative (rather than narrowly meta-ethical) issue of the metaphysics of reasons. Once we have cleared the common ground (section 2) we shall see that the really controversial meta-normative issues do not arise with respect to the metaphysics of reasons but with respect to the metaphysics of the reason relation. The following two sections consider competing accounts of the reason relation. Robust and quietist versions of non-naturalism are considered in section 3. Naturalism is considered in section 4. Section 5 summarizes and gives a brief comparative assessment of the accounts considered.
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Discussion
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Non-égo et altruisme : quelle est la relation?Antoine Panaioti (Union College)
Il est probablement impossible d'établir une relation d'implication logique entre le 'n'est pas' de l'inexistence de l'égo et le 'doit' de l'altruisme, mais il pourrait néanmoins y avoir une relation psychologique entre l'internalisation de la vérité de l'inexistence de l'égo et un relâchement des dispositions égoïstes en faveur de dispositions altruistes. Nous tâcherons de distinguer clairement ces deux types de relation entre non-égo et altruisme nous expliquerons en quoi l'échec de la première n'implique en rien celui de la seconde. Finalement, nous tenterons d'étayer cette seconde thèse psychologique sur le rapport entre croyance et attitude/comportement.
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Discussion
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Pause
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Le bien attributif, le « bon pour », et la condition de leur pertinence moraleAntoine C. Dussault (UdeM - Université de Montréal)
Les approches méta-éthiques néo-aristotéliciennes (ex.: Thomson 2008; 2003; Foot 2003; Hursthouse 1999) tentent de naturaliser le bien moral via la notion de « bien attributif » développée par Geach (1956). Cette notion tente d'élucider le bien moral par la relation d'exemplarité que possède un individu avec la classe à laquelle il est réputé appartenir. J'argumenterai d'abord que ces approches ne parviennent pas à articuler une notion de bien qui soit directement pertinente pour l'éthique, mais qu'elles formulent plutôt une notion de « bon pour » (goodness for) parallèle à celle développée par les théories se focalisant sur le concept d'intérêt (ex.: Feinberg 1974), et dont la pertinence morale n'est que conditionnelle. Ensuite, je soutiendrai que seul ce qui est bon pour les entités qui possèdent le statut de considérabilité morale définit par Goodpaster (1978) a une pertinence morale, et que le fait d'avoir un bon pour n'est pas en soi suffisant pour posséder la considérabilité morale.
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Discussion
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Bien-être, satisfaction des préférences et comparaisons interpersonnelles d'utilitéMauro Rossi (UQAM - Université du Québec à Montréal)
In his article, “The Impossibility of Interpersonal Utility Comparisons” (1995), Daniel Hausman has argued that the preference satisfaction theory of wellbeing should be rejected on the ground that it leads us to make morally unacceptable interpersonal comparisons of wellbeing. Hausman's argument rests on three claims. (I) An individual's wellbeing is determined by the degree to which her preferences are satisfied. (II) The degree to which her preferences are satisfied is given by the relative position of the realised prospect in that individual's preference ranking. (III) While the zero-one rule is the right method to make interpersonal comparisons of degrees of preference satisfaction, the zero-one rule does not allow us to make such comparisons in a morally acceptable way. In this paper, I pursue three goals. First, I defend (II) and (III) against an objection presented by Ruth Weintraub (1996). Second, I reject (I), by claiming that it offers an implausible characterisation of the preference satisfaction theory of wellbeing. I maintain that an individual's wellbeing is not determined by the degree to which her preferences are satisfied, but by the intensity of the individual's preferences for the prospect that is realised. Third, I argue that, while Hausman's argument, as originally stated, does not succeed, it can nonetheless be successfully defended, when reformulated in accordance with the proposed characterisation of the preference satisfaction theory of wellbeing.
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Discussion
Symposium Fictions et inventions philosophiques 2
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Pragmatiques de la fiction : lecture littéraire et lecture philosophiqueÉlise Boisvert Dufresne (Université Laval)
Quel est le rôle joué par le critère de fiction dans la classification des textes littéraires et philosophiques ? Alors que la distinction entre la littérature et la non-littérature, massivement fondée sur le critère de fiction et entretenue tant bien que mal par des institutions éditoriales et universitaires, par l'inculcation de stratégies de lecture spécifiques et par une tradition de
références à des corpus « hors de doute », résiste mal aux nombreuses critiques qu'on a adressées à ses théoriciens, il nous semble éclairant d'évaluer quel rôle le même critère peut jouer dans un tout autre corpus : celui de la philosophie.Nous dresserons d'abord un portrait du discours sur la fiction tenu en études littéraires et sur le rôle esthétique qui lui incombe, puis nous rappellerons les principales critiques qu'on a formulées envers cette conception de la fiction et du littéraire. Nous chercherons ensuite à montrer que, si l'utilisation d'une quelconque « fiction » en philosophie semble à peu près irréconciliable avec les traits esthétisants qu'on a voulu associer à ce concept, elle semble néanmoins bien ancrée dans ce genre du discours. Il convient donc de s'interroger sur les différentes stratégies de lecture appartenant à chacune de ces institutions du savoir. On a longtemps cherché à définir une « lecture littéraire » des textes où le rapport à la fiction occupait une importance centrale. Comment pourrait-on définir, à présent, la « lecture philosophique » ?
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Le jeu de l'illusionValérie Roberge (Université Laval)
Prenant comme point de départ l'idée selon laquelle la fiction influence et transforme à la fois nos idées et nos émotions en nous permettant de vivre une expérience personnelle unique, singulière, nous supposons que l'illusion d'une œuvre d'art, peu importe laquelle, permet de briser les illusions que nous entretenons sur la réalité, donc de changer nos idées, nos conceptions, et parallèlement, de changer le rapport que nous entretenons avec le monde.
C'est ce thème que nous aimerions aborder en réfléchissant à la portée du jeu de représentations qu'une œuvre propose et fait vivre au visiteur, en tentant de bien percevoir en quoi le simple fait de décider que quelque chose de faux est vrai permet une expérience unique et donc indissociable de celui qui fait ce choix. Puisque l'œuvre ne propose pas de réponse ni de donnée théorique, mais plutôt une expérience qui s'offre par un biais, c'est-à-dire par un jeu de représentations et qu'elle est aussi singulière que le spectateur lui-même, il est surprenant alors que bien qu'aucune donnée claire, si l'on peut s'exprimer ainsi, ne soit donnée, le spectateur reçoive quelque chose qui le transforme d'autant plus. La question se pose alors : pourquoi une œuvre d'art peut-elle transformer plus profondément un être humain qu'un discours, théorique ou non, ne peut le faire ? Qu'est-ce qui permet à l'œuvre d'art, à l'œuvre de fiction, d'aller par delà les préjugés du spectateur ?
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La recherche philosophiqueBenoît Guimont (Université Laval)
Dans la mesure où la pratique actuelle de la philosophie se manifeste essentiellement par l'activité de recherche universitaire, un questionnement sur les spécificités de la recherche philosophique peut s'avérer un exercice de grand intérêt pour quiconque voudrait cerner non pas les grands thèmes de la philosophie contemporaine, mais les contours plus précis de ses pratiques. Telle sera donc la question qui orientera la présente communication.
L'approche adoptée sera celle de l'étude d'une œuvre philosophique du corpus classique en tant qu'elle représente un modèle de recherche philosophique. Ce qui sera visé est le repérage de certaines opérations de pensée caractéristiques d'une authentique recherche philosophique. Ainsi, à travers l'étude rapide de quelques éléments du Traité de la nature humaine de David Hume, nous tenterons de montrer que la recherche philosophique ne peut être envisagée comme la découverte de vérités ou de significations qui lui préexisteraient, mais qu'elle implique certains gestes d'invention qui lui donnent un statut particulier quant à sa position face à ce que nous pouvons appeler la réalité. La communication elle-même se veut être un extrait d'une recherche philosophique. Ainsi chercherons-nous à communiquer une idée autant qu'à l'exprimer.
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Pause
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Exercices d'antiphilosophie littéraire : autour du MystiqueCatherine Lemieux (UdeM - Université de Montréal)
Nous proposerons une définition de la pensée littéraire antiphilosophique en prenant comme pierre de touche la notion du Mystique (dans l'acception précise qu'en donne Wittgenstein dans son Tractatus logico-philosophicus) ; notion qui permettra de penser la distinction entre dire et montrer, ainsi qu'entre décrire et écrire. Il s'agira de comprendre ce que l'antiphilosophie montre, là où la philosophie prétend ne rien pouvoir dire ; ceci afin d'exposer en quoi la fiction se révèle une forme privilégiée, voire essentielle, de l'acte de pensée antiphilosophique. On verra également en quoi ce rôle prépondérant de la fiction est à considérer suivant une valorisation du Sens plutôt que de la Vérité.
C'est tout contre la philosophie, au plus près de celle-ci, que nous penserons ses limites et ses fautes de style, en passant par Ludwig Wittgenstein et Alain Badiou, puis Ingeborg Bachmann, Thomas Bernhard et Louis-Ferdinand Céline. Ultimement, cette communication se veut l'occasion d'imaginer un dénouement alternatif à la chute dramatique du Tractatus :
« Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence… ou créer une œuvre artistique littéraire ». -
« Qu'est-ce qu'avoir une idée en cinéma? » : l'entre-image dans l'œuvre de Terrence MalickYoann Hervey (Université Paul-Valéry Montpellier 3)
Le cinéma pense. Il pense en lui-même et par lui-même, c'est-à-dire qu'il tend à créer un mode de pensée qui lui est spécifique. Notre communication se propose d'interroger l'une des modalités de cette pensée-cinéma à travers l'analyse de la filmographie de Terrence Malick. Cinéaste aussi rare que singulier, ses films développent un certain nombre de procédés qui défont les schèmes de la représentation cinématographique classique et ouvrent les images (visuelles et sonores) vers une pure expressivité : « bloc de sensations, […] composé d'affects et de percepts » dirait Deleuze.
Nous étudierons les deux instances narratrices propres au cinéma de Malick – voix off et plan de coupe déconnecté – qui permettent au dispositif audiovisuel, composé hétérogène d'images, d'engendrer des connexions qui sont autant de conjonctions non synthétiques. L'entre-image sera ainsi pour nous le lieu de cette mise en co-présence des images dans lequel ces dernières développent des harmoniques libres qui sont autant de cheminements fugaces dont la lisibilité nous échappe.
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Mot de clôture
Pratiques théoriques
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Mot de bienvenue
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À la découverte de soi : comment la pratique philosophique transforme l'individuKim Noisette (UdeS - Université de Sherbrooke)
Comment la pratique de la philosophie nous affecte-t-elle en tant qu'individus ? Pour répondre à cette question, le présent article cherche à identifier ce qui a lieu lorsqu'un jeune élève de Cégep ou de high school découvre la philosophie. En apprenant à définir ses notions, à formuler et à interroger ses croyances, un apprenti philosophe ne reste pas inerte ; son évolution individuelle joue un rôle crucial au regard d'enjeux beaucoup moins modestes.
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Discussion
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Regard henryen et philosophie dévoyéeBrian Monast (Université Laval)
Si l'humain est tel qu'il se pense, alors effectivement sa philosophie le forme et transforme le monde, malheureusement le plus souvent pour le pire. Une lecture henryenne du naturalisme contemporain, pris ici pour exemple, montre les ravages — pour employer l'expression de Michel Henry — qu'a pu laisser sur son passage l'idéologie objectiviste. Cet exposé comprendra quatre temps : définition du naturalisme, la thèse henryenne, quelques cas concrets, puis un début de réflexion portant sur le remède.
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Discussion
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Descartes et la face du mondeChristophe Perrin (UCL - Université catholique de Louvain)
Pour Heidegger au fond, Descartes fonde la représentation, sur laquelle se fonde la science, que fonde la technique. Pour le dire autrement, c'est de la technique que procède la science, qui procède par représentation, ou pour être tout à fait rigoureux, c'est « de l'essence de la technique, non pas simplement [de] la technique » que procède la science en son essence, qui procède à « l'essence de la métaphysique moderne » dans la représentation. Procédons donc de manière cartésienne en éclairant méthodiquement dans la pensée heideggérienne ces trois essences, au prisme desquelles se révèle en quoi Descartes change la face du monde.
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Discussion
Plénière II : Conférence
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La politique comme condition de possibilité de la morale. À propos du principe de solidaritéChristian Nadeau (UdeM - Université de Montréal)
La notion de solidarité pose le problème majeur du rapport d'adéquation entre vie morale et vie politique. Peut-on dissocier l'une de l'autre ? Si non, faut-il les hiérarchiser ? Et est-il juste de concevoir la philosophie politique comme une branche de la philosophie morale ? L'argument général de cette conférence est que les responsabilités des groupes ou des individus au sein d'une société émergent au sein des échanges que nous avons entre nous et des attentes légitimes que nous pouvons avoir au sujet de tel ou tel groupe. Nos échanges encadrent le genre de pouvoir qui existe entre nous, mais aussi ses limites, ce qui correspond selon moi à des responsabilités mutuelles. Or, ces responsabilités s'appuient sur des institutions, formelles, très organisées, comme informelles. L'ensemble de ces responsabilités forge ce que je décris comme des réseaux de solidarité.
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Période de questions
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Souper
Symposium Après les Intellectuels? 1 - L'Ancrage problématique dans un savoir
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Mot de bienvenue
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L'accroissement du savoir en situation. Rôle et limite de l'intervention philosophique dans une pratique de « formation-recherche »Marc Maesschalck (UCL - Université catholique de Louvain)
Dans l'intervention sociale, la position du savoir philosophique en contexte est généralement contrainte dans un modèle d'expertise déterminé à la fois par un rapport à la vérité et par une coupure à l'égard de la pratique. S'il est possible de corriger ces biais dans l'interaction formative, une autre voie est envisageable et, en même temps, déterminante pour la qualité de l'expérience d'intervention. Il s'agit d'une révision méthodologique du cadre formatif lui-même pour transformer d'emblée le rapport à la vérité et la coupure à l'égard de la pratique. C'est une telle option que notre contribution vise à justifier, expliquer et débattre pour en indiquer les limites. Cette option dite de « formation-recherche » a été mise au point dans un contexte d'intervention dans les relations de travail et servira de référence aux réflexions présentées.
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Le philosophe et le politiqueDaniel Tanguay (Université d’Ottawa)
Dans un texte célèbre, Max Weber mettait en garde les savants contre le danger d'intervenir au nom de leur science dans les débats politiques et publics. Si on laisse de côté le fait que cette critique wébérienne reposait sur une conception de la neutralité axiologique que l'on peut remettre en question, Weber soulignait néanmoins un problème qui n'a pas perdu de son actualité : celui des rapports entre le domaine de la science et celui de l'action. Pour Weber, les conditions de l'action politique ne sont pas les mêmes que celles de la réflexion scientifique ou philosophique. C'est pourquoi l'exercice du jugement politique exige des qualités qui ne sont pas nécessairement développées par la pratique du savoir théorique. Cette analyse wébérienne peut éclairer sous un nouveau jour certains problèmes que rencontre la philosophie politique contemporaine dans sa tentative de passer de la théorie normative à l'application.
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Contribution du chercheur métissé pour penser les problèmes publics
Si la valeur des approches disciplinaires et des théories à grande portée n'est plus à prouver, celle des approches métissées ou interdisciplinaires, comme on les désigne souvent, sont encore mises en doute dans certains cercles académiques. En effet, éclectisme, bricolage théorique, pluralité interprétative, recherche empirique ou qualitative et approche inductive sont souvent des expressions à connotation péjorative, sous-tendant des recherches qui s'en réclament qu'il s'agit de formes non seulement moins « scientifiques » de faire de la recherche, mais aussi moins « nobles » de faire de la science. Je soutiens pour ma part que ces approches métissées constituent au contraire un lieu particulièrement fécond pour penser les problèmes, nombreux et complexes, de nos sociétés modernes avancées. Dans cette communication, je tenterai de circonscrire et de qualifier ce lieu, situé à la croisée de la sociologie et de la philosophie, ainsi que ses implications épistémologiques et méthodologiques pour la philosophie qui, dans cette perspective – et sans récuser son identité - « devient, ou redevient […] méthode, recherche, construction et résolution de problèmes » (Karsenti, 2004, p.320).
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Pause
Symposium Indignation et transformation 1 - Indignation à dominante éthique et sociale
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Mot de bienvenue
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Quand l'indignation est-elle justifiée? Conditions et critèresJean-François Méthot (Collège universitaire dominicain)
Dans un monde dominé par les médias, l'indignation s'est professionnalisée et a trouvé son créneau dans les lignes ouvertes et les émissions d'affaires publiques. La couverture médiatique attise aussi les démonstrations de grandes émotions. Dans la vie quotidienne, l'indignation peut apparaître dans les relations de famille ou de travail, mais elle doit être gérée et contrôlée au risque de rompre des relations vitales. L'indignation nous montre en même temps que nous ne sommes pas complètement tombés dans le cynisme ou le mépris, car on ne s'indignerait pas si on s'attendait forcément à des actions injustes de la part de personnes, d'organisations, d'institutions ou d'États. Cette présentation tente donc d'analyser les critères et les conditions de justification de l'indignation et conclut que sa justification dépend d'une démarche herméneutique.
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Relation de soins : accueillir l'indignationMarc Zaffran (UdeM - Université de Montréal)
En Amérique du Nord, et dans quelques pays d'Europe, les relations entre soignants et patients sont guidées par des principes d'éthique clinique inspirés du travail de Beauchamp et
Childress (Principles of Biomedical Ethics). Mais rien n'y est dit d'un aspect psychologique et moral essentiel.L'indignation – sentiment de colère provoqué par une injustice – est une composante fréquente et peut-être incontournable de la relation de soins. Elle teinte toutes les situations de maladie, perçues comme une injustice ; elle contredit la relation de soins lorsque l'injustice est produite par le système de santé ou les soignants eux-mêmes.
La position du soignant est complexe : il doit entendre l'indignation du patient face à une injustice ; l'assister alors que d'autres professionnels de santé sont en cause et se retrouver en conflits d'intérêt ou de loyauté ; éviter de projeter sur le patient sa propre indignation. Autrement dit : œuvrer pour le patient sans le soumettre à ses valeurs et en restant soi-même.
Nous tenterons de démontrer que pour être en accord avec les principes d'éthique clinique couramment admis, tout soignant se doit de prendre en compte l'indignation des patients qu'il soigne et de prendre conscience de l'impact de ses propres sentiments d'indignation sur sa pratique. Et nous suggèrerons comment inclure la dimension d'indignation dans la formation éthique des soignants.
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La légitimité démocratique : enjeux de l'interprétation des principes et sentiments d'indignationEmmanuel Picavet (Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1))
L'attribution formelle de la légitimité est souvent liée, dans ses formes socialement dominantes, à l'interprétation de principes et de normes qui pourraient être interprétés différemment. Les sentiments d'indignation jouent un rôle important dans la contestation, et corrélativement dans l'évolution, des interprétations qui prévalent. Dans cette contribution, on cherchera à montrer que cela fournit une heuristique pour tâcher de rendre compte – sans partir d'un diagnostic général de crise de la démocratie – de certains phénomènes qui paraissent illustrer l'affaiblissement de l'autorité démocratique. On mettra en relief le rôle que joue, dans cet affaiblissement, la rhétorique de la soumission plus approfondie à des forces ou notions impersonnelles (le « marché », la « compétition mondiale », les « réalités économiques», l'« excellence reconnue»…), paradoxalement portée par des acteurs publics et par la transformation des procédés de gouvernement et d'administration. La discussion conduira à mettre en relief les enjeux herméneutiques des aspirations à une « démocratisation » des procédures discursives de la vie sociale.
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Pause
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Savoir et transformation : moyens avec finsFrance Giroux (Cégep Montmorency)
Si nous sommes les témoins des mouvements d'opposition à la manière dont on gouverne le monde, alors nous avons à poser des questions de philosophie politique reliées au savoir. Déjà -- dans le sillage des dénonciations de la corruption au Québec --, la révolte des citoyens occupant le square Victoria face à la Tour de la bourse et la lutte des étudiants du carré rouge traduisent un esprit de distance. La conviction animant cet exposé est que l'esprit de distance, parfois dissident, définit un rapport au savoir, à ses fins autant qu'à ses moyens : en faisant appel à l'argumentation, au débat et non à l'unique raison du plus fort, il permet d'imaginer les choses différemment. Cet esprit de distance est à l'œuvre dans des moments décisifs qui font croire en la valeur de l'indignation à condition, toutefois, d'économiser ses colères et d'allier raison et passion. Au plan individuel, l'indépendance d'esprit devient indispensable à la perfectibilité. Au plan politique, puisque le monde est l'objet des philosophes, il devient possible de le transformer : il faut susciter des révolutions, concevoir des utopies, rédiger des constitutions. Il vaut la peine d'examiner l'esprit philosophique, occupé de ces transformations. Car, dans les épisodes historiques -- à l'origine tantôt d'inquiétude, tantôt d'espoir --, c'est bel et bien cet esprit, distancié, critique, exigeant, qui ne renonce pas à innover.
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Après, on fait quoi? Indignation et démocratie au jour le jourAlain Saulnier (UdeM - Université de Montréal)
"Le temps n'est pas qu'à l'indignation, il est aussi à la responsabilisation des citoyens, des élus, des fonctionnaires." (Le Devoir, 4 février 2013) Les révélations des journalistes d'enquête et les témoignages entendus à la Commission Charbonneau ont tôt fait de nous indigner. On ne croyait pas notre démocratie si mal en point. Et pourtant, si. Mais après la corruption, la collusion, on fait quoi? L'indignation, oui, mais la démocratie au jour le jour, c'est aussi notre responsabilité afin de redonner un sens et une cohésion à la vie en société?
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"Synthèse du volet éthique" et discussion généraleRyoa Chung (UdeM - Université de Montréal)
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Dîner
Symposium Animaux : conscience, empathie et justice 1 - Du droit des bêtes aux droits des animaux
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Mot de bienvenue
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Vache à lait : dix mythes de l'industrie laitièreElise Desaulniers (Chercheur indépendant)
Notre attachement au lait est construit sur des mythes. Nous sommes les vaches à lait de l'industrie laitière, qui, à force de campagnes publicitaires « sources de réconfort » et de lobbying bien pensé, a réussi à se doter de consommateurs réguliers et satisfaits. Or, on sait que boire du lait n'est pas essentiel : les trois quarts des humains ne peuvent le digérer. Ce sont les nutriments du lait qui sont essentiels – des nutriments qu'on peut facilement trouver dans les végétaux. Mais si boire du lait n'est pas essentiel, élever des centaines de milliers de vaches dans la souffrance ne l'est pas non plus. Produire du fromage qui émet autant de C02 que la viande est tout aussi inutile. La seule raison de boire du lait est la satisfaction qu'il nous procure et qui nous permet d'entretenir les mythes de l'industrie laitière.
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Discussion
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Pause
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La Philosophie des Lumières et la question du droit des bêtesRenan Larue (Université de Picardie)
Le déplacement du seuil des sensibilités qui s'opère en Europe tout au long du XVIIIe siècle a profondément modifié le regard que les humains portent sur les animaux. L'abattage des bêtes de boucherie, par exemple, ou les mauvais traitements qu'on leur inflige provoquent un malaise de plus en plus grand, particulièrement au sein des élites urbaines. La littérature et la philosophie des Lumières témoignent de ces dispositions psychologiques nouvelles : la souffrance animale devient un sujet sérieux, et même important. Plusieurs auteurs emblématiques du siècle, comme Voltaire et Rousseau, vont jusqu'à plaider en faveur du régime végétarien au nom de « la commisération que nous devons avoir pour les animaux ». Leur démonstration repose en partie sur une conception élargie de la pitié, qui n'embrasse plus seulement les hommes mais l'ensemble des êtres sensibles. C'est d'ailleurs en raison de leur capacité à souffrir que les animaux mériteraient des droits, assurent certains jurisconsultes. Une telle position implique de repenser les fondements anthropocentriques de la justice, mais elle met aussi dangereusement en évidence les limites de la charité chrétienne.
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Discussion
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L'Animal souffre-t-il en droit ?Martine Lachance (UQAM - Université du Québec à Montréal)
S'il est indéniable que les autorités prêtent aujourd'hui davantage attention aux inquiétudes soulevées par la population quant à la douleur, la détresse et autres formes de souffrance infligée aux animaux, la volonté d'assurer leur protection juridique demeure pour certains indécente. Pourtant, à travers l'histoire, les philosophes et les savants ont envisagé, refusé puis admis la notion de douleur en l'animal. Le discours scientifique – considéré en occident comme détenteur de la vérité – a par la suite pris la relève, en établissant les balises scientifiques de cette douleur. Malheureusement, nonobstant les oscillations sur la nature et le statut de l'animal, notre législation demeure accablée par la vision cartésienne qui n'admet l'animal qu'au titre de bien, sans égard à sa sensibilité. La démonstration en sera faite à partir de l'analyse du discours juridique dont l'animal est objet, ce qui nous conduira ultimement à poser un regard sur les systèmes juridiques étrangers pour peu qu'on les dédierait à protéger adéquatement les animaux de toute souffrance inutile.
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Discussion
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Dîner
Symposium Questions de normativité 2
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Émotions et raisons pratiquesChristine Tappolet (UdeM - Université de Montréal)
Quelle est la relation entre nos émotions et la capacité d'agir en fonction de nos raisons ? Sur la base d'une théorie des émotions dite « perceptuelle », je soutiendrai que les émotions peuvent, à l'occasion, nous permettre de détecter les raisons que nous avons. La question qui se pose, dès lors, est celle de savoir si en agissant en fonction des raisons que nous avons, nous agissons aussi à lumière de ces raisons. Selon une conception courante, agir à la lumière des raisons que nous avons nécessite un jugement au sujet de ces raisons. Nous verrons toutefois que cette conception n'est pas adéquate.
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Discussion
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Le constructivisme humien et le problème de l'objectivitéPatrick Turmel (Université Laval)
Le constructivisme en méta-éthique est souvent présenté comme une troisième voie face à l'alternative réductrice entre un réalisme moral qui doit postuler l'existence de propriétés métaphysiques difficilement conciliables avec le monde naturel et un antiréalisme qui rend bien compte de sa force motivationnelle ou de ce que l'on appelle parfois l'exigence pratique de la morale, mais au prix de son objectivité. Le constructivisme se présente ainsi comme une position antiréaliste, qui reconnaît tout de même une objectivité aux valeurs ou aux normes. À première vue, le constructivisme humien de Street n'échappe pas à cette caractérisation. Il s'agit d'une théorie antiréaliste et elle cherche à préserver l'objectivité des jugements normatifs, bien qu'elle reconnaisse qu'il s'agit d'une objectivité qui n'est pas aussi robuste que celle qu'ont en tête les réalistes. C'est que, pour elle, la vérité d'un jugement normatif pour un individu donné est entièrement déterminée par l'ensemble des autres jugements normatifs de cet individu. Cet élément est doublement problématique du point de vue de l'objectivité. D'une part, une telle définition de la vérité semble la rapprocher d'un subjectivisme éthique, où un jugement normatif est vrai pour moi. D'autre part, sa caractérisation des jugements normatifs l'amène à présenter une théorie sémantique qui la rapproche de façon importante de l'expressivisme, que l'on dénonce aussi pour son incapacité à rendre compte de l'objectivité des jugements normatifs.
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Discussion
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(De quoi) l'acratique épistémique est-il coupable?Aude Bandini (UdeM - Université de Montréal)
Le mensonge à soi-même – ou aveuglement volontaire – constitue le paradigme non seulement de l'irrationalité théorique, mais même de la faute épistémique (croire que p bien que l'on ait des raisons suffisantes de croire que non-p). On s'interrogera ici sur la légitimité d'un tel jugement, qui suppose implicitement que l'on puisse concevoir la sphère épistémique au travers de catégories empruntées à l'éthique : il paraît, au moins à première vue, difficile de comprendre ce qu'est l'acquisition d'une croyance en général en la considérant comme une forme d'action, volontaire ou intentionnelle. Mais il demeure l'intuition, que l'expérience commune de l'aveuglement volontaire renforce, selon laquelle nos croyances ne sont pas, ou du moins pas uniquement, déterminées par des raisons théoriques, mais aussi par des intentions ou des motivations (des raisons pratiques). Que veut-on exactement, lorsque l'on pratique l'aveuglement volontaire ou le mensonge à soi-même – si tant est que l'on veuille quelque chose par-là ? et peut-on effectivement atteindre la fin visée par-là ? Quelle est alors la nature des normes (épistémique ou éthique) auxquelles on doit faire référence si l'on veut défendre l'idée qu'il y a bien des devoirs, et partant des fautes (et une responsabilité) épistémiques ?
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Discussion
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Dîner
Symposium Après les Intellectuels? 2 - L'Autorité de la parole publique
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Les pratiques de l'inter-régulation : éclairages pour l'éventuelle alternative entre l'expertise et l'engagementAlain Létourneau (UdeS - Université de Sherbrooke)
Une approche descriptive et compréhensive de types sciences humaines sur des questions d'éthique vise une prise en compte explicite de la vie éthico-morale des organisations, groupements, ensembles d'humains en interaction. On aurait ici une forme d'expertise particulière, qui porterait sur les tensions normatives ou axiologiques, qu'on pourrait documenter et comprendre. Bien sûr, des postures différentes sont possibles, notamment celle de l'intellectuel engagé : un discours articulé exprime un écart concret devant une requête normative, ce qui permet de requérir une transformation de la situation, dans un engagement articulé et public. Or l'expérience humaine se déploie dans une pluralité de formes normatives, des valeurs en passant par les règles, lesquelles ont toujours aussi à voir avec des états de fait, des situations. Chez des acteurs situés dans des réseaux complexes qui sont souvent à caractère multi-niveaux, une réflexion et une pratique de l'inter-régulation est peut être préférable à une quête foncièrement auto-régulatoire, qui tente le plus souvent d'actualiser l'autonomie du point de vue d'un seul des groupes en présence. Prendre en compte les tensions normatives suppose peut être de dépasser également les recours à un unique principe. On tentera de montrer comment une telle perspective permet d'éclairer la tension entre statut d'intellectuel et statut d'expert dans les discours et les pratiques de personnes se réclamant d'une réflexion éthique.
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La dimension performative du langage : pour penser une éthique pragmatiqueRachel Nigro (Université pontificale catholique de Rio de Janeiro)
Je propose d'ouvrir une discussion sur une nouvelle façon de comprendre le langage et ses implications pour l'éthique appliquée. Je présente d'abord Wilhelm von Humboldt comme le précurseur d'une conception du langage comme communication, puis, la radicalisation des conclusions de J.L. Austin (Speech Acts ou "Théorie des actes du langage"), faite par Jacques Derrida pour penser aussi la dimension dialogique - qui favorise un processus de construction intersubjective du sens - et 'itérable' du langage. Ainsi, l'autorité, la reconnaissance et la crédibilité du discours des philosophes et éthiciens passent par l'analyse de la force performative des actes de parole des intellectuels, i.e., de la nature de l'autorité du locuteur et du contexte de l'action selon la compréhension partagée par les sujets. Alors, inspirée de la lecture de Derrida, je propose une version de la pragmatique qui pense que la parole des philosophes engage une promesse et une responsabilité en demandant à l'autre de croire à cette déclaration sur parole. Prise comme une déclaration performative, une éthique pragmatique doit d'abord impliquer une réévaluation du discours sur l'éthique en tant que actes performatifs de professeurs d'éthique.
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Dîner
Plénière III : Dîner-conférence
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Sexualité, gouvernement de soi et domination politique selon saint AugustinMichel Senellart (École normale supérieure de Lyon)
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Période de questions
Symposium Animaux : conscience, empathie et justice 2 - Nouvelles approches des droits des animaux
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Les droits fondamentaux des animaux : une approche anti-spécisteValéry Valery.giroux@umontreal.ca (UdeM - Université de Montréal)
L'homme utilise d'innombrables animaux pour son bénéfice, de manières qui paraîtraient scandaleuses s'il s'agissait d'êtres humains. Or, depuis Aristote, nous admettons que, pour traiter des individus de manières distinctes, il faut pouvoir identifier une différence entre eux qui justifie la différence de traitement. Opérer une discrimination injustifiée en fonction de l'espèce relèverait du spécisme et serait moralement aussi condamnable que racisme et le sexisme. S'il est souvent approprié de distinguer entre l'homme et les autres animaux, certaines discriminations soulèvent pourtant des problèmes moraux sérieux. Selon l'approche abolitionniste, aucune raison moralement valable ne permet de justifier la discrimination faite en fonction de l'espèce, qui mène au refus d'accorder le statut moral et légal de personne à tous les êtres conscients. Je cherche à démontrer que, en raison de leurs intérêts communs à ne pas souffrir, à vivre et à vivre librement, tous les êtres sensibles devraient également bénéficier des droits les plus fondamentaux que sont le droit de ne pas être torturé, le droit de ne pas être tué et le droit de ne pas être asservi. Par conséquent, les êtres humains devraient renoncer à toute forme d'exploitation institutionnalisée des animaux sensibles et adhérer au véganisme.
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Discussion
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Justice animale : une théorie politique du droit des animauxJean-Philippe Royer (UdeM - Université de Montréal)
Dans cette présentation, je m'intéresse essentiellement aux fondements politiques d'une théorie des droits des animaux (TDA) dans le cadre d'une approche libérale de la justice. Mon travail devrait ainsi relever un double défi, soit (1) produire une argumentation sur le plan de la justice en faveur d'une TDA, et (2) mettre à l'épreuve (et, éventuellement, faire reculer) certaines limites d'une approche libérale « classique ». Ces limites sont notamment liées à (a) une focalisation exclusive sur les rapports sociopolitiques interhumains au détriment des rapports entre humains et animaux d'autres espèces, (b) une application exclusive du concept de personne juridique et de personne citoyenne aux êtres humains, (c) une capacité restreinte à considérer les effets occasionnés par la structure de base de la société sur les conditions de vie des animaux domestiques et sauvages, et (d) une conception étroite de la raison publique qui peine, entre autres, à intégrer des revendications de justice qui reposent sur des intérêts nonhumains.
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Discussion
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Les implications politiques du désaccord raisonnable quant au statut moral des animauxAndrée-Anne Cormier (UdeM - Université de Montréal)
Le paysage de la philosophie politique anglo-américaine des dernières décennies est marqué par le virage « politique » de nombreuses théories du libéralisme, lequel fut largement influencé par les travaux du second John Rawls (1993). Les différents défenseurs du libéralisme politique (LP) ont au moins deux points cruciaux en commun. D'une part, ils endossent ce qu'on appelle « le principe de justification publique » selon lequel une politique publique n'est légitime qu'à condition que les arguments qui la justifient puissent être acceptés par l'ensemble des citoyen(ne)s raisonnables qui y sont assujetti(e)s. D'autre part, ils soutiennent que seuls des arguments de nature politique sont susceptibles d'être acceptés par l'ensemble des citoyen(ne)s raisonnables. Dans le cadre de cette présentation, j'examinerai la question de savoir si, et dans quelle mesure, le LP est capable d'admettre les considérations de justice envers les animaux, considérant (1) que ces derniers ne sont pas eux-mêmes des « citoyens raisonnables » et (2) qu'il existe un désaccord raisonnable quant au statut moral des animaux. Je rejetterai la thèse de R. Abbey (2007) selon laquelle par rapport à Théorie de la Justice (1971), le « virage politique » de Rawls représente une régression du point de vue de la capacité du libéralisme à penser la justice envers les animaux, mais je soutiendrai que l'espace pour les considérations de justice animale offert par le LP demeure néanmoins limité.
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Discussion
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Pause
Symposium Après les Intellectuels? 3 - Les Publics et leurs problèmes
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L'auto-constitution des « publics »Luc Bégin (Université Laval)
Lorsqu'il intervient dans des milieux de pratique, le philosophe-éthicien est rapidement confronté aux limites du paradigme classique de l'appel à la rationalité des interlocuteurs. Non pas qu'un tel appel n'ait aucune pertinence ni utilité. C'est plutôt que cet appel semble n'acquérir une efficience suffisante que lorsqu'il est envisagé en tant qu'élément parmi un ensemble de conditions rendant possibles une transformation des acteurs et des situations. Parmi ces conditions, la présente communication mettra l'accent sur l'importance, dans une telle visée de transformation, que les acteurs concernés par l'intervention puissent se constituer en «publics» (collectifs). Cette auto-constitution, qui revient à se doter d'une identité collective, est ce par quoi, en effet, les acteurs parviennent à s'approprier et à problématiser les situations les concernant et pour lesquelles des transformations sont requises. Je verrai à clarifier l'intérêt, pour l'éthicien intervenant dans des milieux de pratique, d'intégrer cette préoccupation à l'endroit de l'auto-constitution des «publics». Je prendrai notamment appui sur quelques exemples tirés de telles interventions.
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Vitam impendere vero : la vérité dans le débat publicChristian Nadeau (UdeM - Université de Montréal)
La devise de Juvénal, reprise par Rousseau dans sa lettre à d'Alembert, pourrait résumer à elle seule une grande difficulté des débats publics et politiques auxquels prennent part les universitaires et les intellectuels aujourd'hui. Quel est la valeur de vérité du débat public ? S'agit-il d'un pugilat d'opinions ? Ou s'agit-il de rechercher par la discussion une voie conduisant à la vérité, ou à tout le moins, à ce qui serait par exemple le scénario le plus vraisemblable, le plus juste, le plus adéquat, etc. pour telle ou telle question sociale. La difficulté tient en ce que ces débats publics, comme ceux orchestrés par les médias, sont conçus comme des arènes, et non comme des forums d'échanges. Il en va de même des exercices de discussions publiques qui se réduisent au final à des confrontations de groupes d'intérêt. Il s'agit alors de penser si une véritable réflexion peut véritablement émerger de tels types d'échanges. Il s'agit aussi de penser ce que peut signifier l'engagement des intellectuels dans un tel contexte.
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Pause
Symposium Indignation et transformation 2 - Indignation à dominante politique
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Servitude volontaire et amitiés libertairesHélène Cazes (University of Victoria)
Si le Discours sur la servitude volontaire d'Étienne de la Boétie est peu commenté par « l'ami » Michel de Montaigne dans les Essais, en revanche il l'est, avec ampleur, dans le souvenir collectif d'une pensée libertaire, ou libérale, ou individualiste, de la désobéissance civile et de la citoyenneté contractuelle. Je veux interroger ici le succès moderne de ce court traité à deux aunes : celle de la jeunesse, celle de l'amitié. D'abord, la catégorie « d'œuvre de jeunesse », lancée par les premiers éditeurs du texte et par Montaigne lui-même, garantit-elle la liberté au regard des dogmes? Je comparerai le jeune auteur du Discours au jeune anatomiste André Vésale (1543). Selon ces postures auctoriales et éditoriales, l'âge semble être une habitude de l'abus et un paresseux confort dans le dogme. L'amitié est, dans cette Renaissance des amis singuliers et électifs, comme dans la République des Lettres cicéronienne, l'invention d'un rapport à l'autre dans la confiance et hors de la relation de pouvoir. C'est dans le lien amical, qui existe surtout avec le lecteur, que se définit une communauté d'hommes (et maintenant de femmes) libres. Cette liberté, qui s'inscrit dans l'espace public des publications (justement), se lit dans les préfaces et commentaires au Discours, mais également sur la toile, où le nom de La Boétie sert de bannière de ralliement pour la révolte par la non-participation et la revendication de la liberté individuelle.
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S'agit-il d'indignation dans Refus global de Paul-Émile Borduas? Examen d'un texte fondateur de la modernité au QuébecFrançois Marc Gagnon (UdeM - Université de Montréal)
Je me demande comment l'indignation a pu présider à un texte de Refus. Un désir de liberté, de libération, voire d' « anarchie » dans le cas de Borduas, oui... mais indignation? Borduas n'est pas indigné par le catholicisme de ses amis Guy Viau, Robert Élie, etc. Mais il étouffe sous la religion, sous l'académisme pictural. Il aspire à une ouverture sur le monde, sur la pensée universelle. Enfin, il y a là une nuance que je tenterai de défendre.
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Une révolte régionale : les Opérations DignitéJean-Claude Simard (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Au début des années 1970, deux régions du Québec sont secouées par un vaste mouvement d'indignation, qui donnera naissance aux Opérations Dignité. Issue d'un impérieux besoin de mobilisation, cette révolte populaire spontanée a marqué un tournant dans l‘histoire du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. Moment fondateur, ce soulèvement populaire cristallisait en fait un sentiment d'injustice aigu, lié aux relations difficiles entre la métropole économique (Montréal ), la capitale politique ( Québec ) et les régions du Québec. Malheureusement, les problèmes alors soulevés demeurent on ne peut plus actuels, qu'il s'agisse de la dévitalisation des campagnes, de l'occupation du territoire ou encore de l'utilisation des ressources naturelles. Bref, les Opérations Dignité auront constitué un révélateur des tensions qui agitaient le Québec de l'époque, et qui le traversent encore en 2013.
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Pause
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Visages de l'indignationDjemila Benhabib (vlb éditeur)
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La révolte est-elle encore possible dans une société progressiste?Christian Rioux (Le Devoir)
La révolte a traditionnellement été l'affaire de ceux qui voulaient imposer le progrès à une société conservatrice. Depuis que le progressisme domine sans partage la pensée de droite comme celle de gauche, tout particulièrement au Québec, la révolte est-elle encore possible ? Comment s'indigner dans un monde où le mot rebelle est devenu une marque de vêtements de sport et où la posture du révolté domine la culture commerciale ? Se pourrait-il que les révoltés de demain soient obligés de cesser de mimer les luttes passées pour assumer la préservation des institutions et de la transmission de l'histoire, aujourd'hui de plus en plus abandonnées par l'État moderne et progressiste.
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"Synthèse du volet politique" et discussion généraleMicheline Labelle (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Symposium Questions de normativité 3
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Les raisons épistémiques sont-elles instrumentales?Daniel Laurier (UdeM - Université de Montréal)
Selon la conception instrumentaliste des raisons épistémiques, un agent possède une raison (suffisante) de croire que p seulement si croire que p constitue un moyen de réaliser un de ses objectifs ou possède une valeur épistémique intrinsèque. Elle a été critiquée sur la base du fait qu'elle est apparemment incapable de rendre compte du caractère catégorique de nos évaluations épistémiques. Dans un article paru en 2011, Steglich-Petersen a proposé une modification de la conception instrumentaliste qui évite cette objection en assimilant les raisons épistémiques à ce qu'il appelle des "raisons instrumentales hypothétiques". Je chercherai à montrer que si cette proposition semble marcher pour les raisons de croire, elle ne marche pas pour les raisons de ne pas croire, et qu'il y a donc une asymétrie entre ces deux types de raisons épistémiques. Si cela est juste, alors éviter de croire le faux a plus de valeur que croire le vrai, ce qui pourrait avoir une incidence sur la manière dont il convient d'évaluer les arguments sceptiques.
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Discussion
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La normativité de l'indétermination : quand l'accès épistémique limite la comparabilitéJean-Charles Pelland (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Traditionnellement, lorsque nous comparons deux objets par rapport à une valeur, nous avons trois choix pour exprimer la relation qui tient entre eux : meilleur, pire, ou égale. Or, certaines publications récentes tentent d'élargir l'espace conceptuel de la comparabilité en y ajoutant une quatrième relation, celle de la parité. Dans cette présentation, nous présentons un argument selon lequel cette notion ne peut rendre justice à l'indétermination, et, par conséquent, modifie la notion d'erreur de manière à rendre cette dernière inutile et contre-intuitive. Plus particulièrement, nous proposons qu'en remplaçant l'indétermination par la parité, il devient trop facile d'excuser toute déviation de la norme qui serait normalement considéré comme une erreur de comparaison. Si l'argument tient la route, il devrait être clair qu'on ne peut ajouter des relations de valeur dans l'espace conceptuel de la comparabilité sans aussi modifier des intuitions de base sur la normativité, particulièrement en ce qui a trait à l'erreur.
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Discussion
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Pause
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Existe-t-il des arguments esthétiques?Martin Gibert (UdeM - Université de Montréal)
Nous sommes habitués à rencontrer et à évaluer des arguments moraux ou épistémiques. Ils nous donnent des raisons d'agir ou de croire. Mais qu'en est-il de la normativité esthétique ? Existe-t-il quelque chose comme des arguments esthétiques ? Militent-ils pour l'attribution de certaines valeurs esthétiques ? Et qu'est-ce que seraient des raisons proprement esthétiques d'apprécier ou de déprécier (esthétiquement) quelque chose? Par ailleurs, si l'on doit trancher des dilemmes esthético-éthiques, des raisons esthétiques peuvent-elles faire le poids face à des raisons morales ou bien faut-il plutôt considérer qu'il y a une incommensurabilité entre ces deux domaines normatifs ? Dans cette présentation très prospective, je souhaite m'interroger sur la nature et la fonction d'éventuels arguments esthétiques et proposer quelques pistes pour penser l'unité de la normativité.
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Discussion
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Épistémologie rossienneMark Nelson (CRÉUM)
How far do the parallels between ethics and epistemology extend? To pursue this question, I pick an attractive ethical theory, then model an epistemological theory on it as closely as possible. The ethical theory is W.D. Ross's theory of obligation in The Right and the Good, which is distinctively pluralist, defeasibilist, and intuitionist. The epistemological theory is a ‘Rossian epistemology', based in part on William Alston's ‘Doxastic Practice Epistemology'. The resulting epistemic theory is also pluralist, defeasibilist, and intuitionist, and (according to me) just as attractive as Ross's ethical theory. I anticipate, and defend the theory from, several criticisms.
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Discussion
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Mot de clôture
Symposium Après les intellectuels? 4 - Quel pouvoir pour la philosophie?
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À quel(s) pouvoirs la philosophie est-elle à même d'être candidate aujourd'hui? La question des compétences du philosopheAlain Renaut (Université Paris-Sorbonne (Paris 4))
En 150 ans, la philosophie a dû accepter de reconnaître, de gré ou de force, une réduction incomparable de ses compétences. Certaines lui ont été confisquées, en totalité ou en partie, par de nouvelles sciences, humaines, sociales ou politiques – ou par des sciences de la nature aussi anciennes que celles du vivant. A d'autres compétences, elle a su renoncer de son propre chef, devant ses propres échecs ou sous la critique sans concession qu'elle a su faire d'elle-même, en déclarant closes les interrogations spéculatives sur le monde, l'âme, Dieu. Ne prétendant plus être roi, sachant qu'il n'est pas plus sage que les autres, ignorant tout, comme tout le monde, du sens de l'histoire, n'osant plus en prophétiser la fin, le philosophe n'a-t-il plus d'autre choix que de reconstituer interminablement ce qu'a été son propre parcours depuis les Grecs ? Après s'être cru compétente pout tout, la philosophie n'est-elle plus compétente pour rien ? Après avoir, à défaut d'être roi, conseillé les théologiens et les princes, le philosophe peut-il encore être candidat à exercer un quelconque pouvoir dans ou sur des sociétés qui lui laissent penser qu'elles ont de moins en moins besoin de lui ?
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Que peut la philosophie?Daniel Weinstock (UdeM - Université de Montréal)
Il s'agira de développer deux points quant au rôle que peut remplir un discours proprement philosophique dans les débats de politiques publiques. Je prendrai comme point de départ la position de Jonathan Wolff selon laquelle au-delà de la formulation de grands principes, la philosophie doit céder le pas devant des sciences sociales empiriques. Je concéderai l'importance de tenir compte des résultats les plus fiables de ces disciplines, mais je défendrai néanmoins contre Wolff l'Idée que la philosophie a un rôle à remplir jusque dans les détails les plus fins des décisions de politiques, puisqu'elle est en mesure notamment de faire ressortir les principes qui sous-tendent même les décisions relevant de détails de politiques, d'évaluer la cohérence ou l'incohérence de choix dans un domaine par rapport à ceux qui ont déjà été effectués dans d'autres domaines, et ainsi de suite. Je terminerai en proposant des principes permettant une saine alliance entre discours philosophique et sciences sociales.
Symposium Animaux : conscience, empathie et justice 3 - Approches critiques et problèmes
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Progrès de la biologie et animaux inédits : de la capacité de l'éthique animale à poser des limitesLyne Létourneau (Université Laval)
Grâce au génie génétique, il est dorénavant possible de dépasser les limites de la sélection génétique et, par transgénèse, de modifier les cellules germinales des animaux par l'addition, la destruction, le remplacement ou la mutagenèse d'un gène, de quelque provenance qu'il soit. Or, loin de faire l'unanimité, la perspective d'une telle intervention directe de l'être humain sur le devenir biologique des animaux soulève de nombreuses inquiétudes. Quel sera le futur des animaux? Sera-t-il habité d'animaux « améliorés » ou dépourvus de certains attributs en vue d'en faciliter l'exploitation commerciale? Sera-t-il décoré d'animaux-oeuvres d'art? Sera-t-il peuplé de créatures métissées se définissant à l'extérieur des frontières du connu? Face à l'éventail des possibilités, plusieurs insistent sur la nécessité de se parer des dérives. Dans le cadre de ma communication, je poserai donc la question des limites à la modification génétique des animaux. Tout particulièrement, je me pencherai sur la capacité de l'éthique animale à poser de telles limites. L'éthique animale offre-t-elle un rempart contre les dérives?
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Discussion
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L'abolitionnisme et l'objection de la prédationAntoine C. Dussault (UdeM - Université de Montréal)
Il est courant d'invoquer le fait de la prédation dans la nature comme objection à l'abolitionnisme en éthique animale. Après avoir dissocié cette objection de l'enjeu métaéthique du sophisme naturaliste, je la présenterai comme une (tentative de) réfutation par l'absurde, faisant valoir que les prémisses des abolitionnistesengendrent un devoir moral de démanteler les écosystèmes afin de mettre un terme aux relations proies-prédateurs caractérisant naturellement les écosystèmes. J'examinerai trois réponses possibles à l'objection et montrerai leurs limites. D'abord, je discuterai la réponse qui consiste à faire valoir que les prédateurs non-humains ne sont pas des agents moraux et ne peuvent conséquemment pas être tenus responsables de leurs actes. Ensuite, je discuterai une réponse qui consisterait à plaider que les devoirs des agents moraux envers les animaux non-humains ne sont que négatifs, et qu'ils n'engagent conséquemment pas les agents moraux à protéger les proies des prédateurs. Et finalement, je discuterai la réponse consistant à « mordre la balle » et à admettre que les agents moraux auraient effectivement le devoir de démanteler les écosystèmes si cela était dans l'intérêt de leurs habitants non-humains. Je soutiendrai que seule la dernière réponse est cohérente avec les prémisses des abolitionnistes, mais que le devoir d'abolir la prédation n'est potentiellement pas la seule balle que les abolitionnistes s'exposent à devoir mordre.
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Discussion
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Questions émergentes en métaéthique évolutionniste et implications pour l'éthique animaleLise Lévesque (UdeM - Université de Montréal)
L'éthique évolutionniste, en tant que champ d'investigation interdisciplinaire, étudie les facteurs qui influencent l'évolution biologique des capacités et des comportements moraux. L'éthique évolutionniste pose plusieurs problèmes de métaéthique qui ont des implications importantes pour l'éthique animale, que nous tenterons de délimiter dans cette communication. Premièrement, nous déterminerons quelle contribution l'éthique évolutionniste peut apporter à la réflexion éthique sans entrer dans l'erreur naturaliste. Deuxièmement, nous verrons que l'avancement des connaissances sur les capacités et comportements moraux des animaux comporte des implications importantes quant au statut moral des animaux. Nous verrons que l'éventualité de responsabilités élargies de l'humain envers les animaux comporte nécessairement des défis accrus pour l'éthique animale sur le plan conceptuel. Le problème du spécisme s'impose avec une complexité qui dépasse la prise de position antispéciste. Notamment, se pose la question des critères permettant de justifier que les humains ont une responsabilité envers une espèce animale ou envers des animaux particuliers. La notion de responsabilité s'accompagne de celle de relation et d'initiative et ainsi, malgré l'estompement de certaines différences entre l'humain et de l'animal, l'humain occupe une position asymétrique déterminant la relation.
Assemblée générale de la Société de Philosophie du Québec
Symposium Émergence, individualité, fonctions : enjeux métaphysiques en philosophie des sciences biologiques 1 - Philosophie de la biologie
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Mot de bienvenue
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Individualité et récapitulation chez Ernst Haeckel : une source théorique légitime pour Evo-Devo?Ghyslain Bolduc (UdeM - Université de Montréal)
Il s'agira d'élucider les rapports entre l'individualité biologique selon Ernst Haeckel et la loi biogénétique de la récapitulation, selon laquelle l'ontogénie (le développement individuel) consiste en une courte et rapide récapitulation de la phylogénie (l'évolution des espèces). Dans le cadre de sa Morphologie générale (1866), Haeckel expose une analyse schématique de l'individualité, où il discrimine 6 catégories individuelles pour chaque type d'individualités (morphologique, physiologique et généalogique). Cette schématisation se démarque de la conception physiologique traditionnelle qui répondait aux critères de développement et de reproduction; en suggérant l'inséparabilité formelle comme unique critère d'une subsomption individuelle morphologique, Haeckel semble tailler l'individualité à la mesure de la récapitulation. Or il est considéré par certains comme un précurseur du programme de recherche « Evo-Devo » (pour biologie évolutionnaire développementale) dont l'objet central est l'interrelation causale entre le développement et l'évolution à différents niveaux d'analyse. Entre autres, les principes fondamentaux de la récapitulation ont, pour certains, une valeur paradigmatique au programme. Il s'agira finalement d'une occasion de s'interroger sur la pertinence de cette réhabilitation historique de E. Haeckel menée entre autres par R. Richards et F. Churchill et sur la contribution effective de la théorie haeckelienne à un programme de recherche contemporain.
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Explication et volume en phase en génétique des populationsLaurent Jodoin (Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1))
La relation entre la mécanique statistique et la génétique des populations a une longue histoire. Deux articles récents (Sella & Hirsh 2005 ; Barton & Coe 2009) empruntent au formalisme de la mécanique statistique afin d'expliquer, par analogies formelles, certains phénomènes de la dynamique évolutionnaire. Ainsi, dans l'un des modèles, l'« entropie » S exprimerait la « tendance des populations, ceteris paribus, à adopter des états macroscopiques pouvant être réalisés selon un volume plus grand dans l'espace des séquences, donc vers des S plus grandes ». De sorte que la stratégie explicative est inversée par rapport à celle de la mécanique statistique qui se base sur l'observation de la tendance vers l'équilibre et sur la configuration de l'espace des états pour justifier l'augmentation d'entropie. Cette stratégie soulève (au moins) deux questions : (1) en quoi l'explication, ici par analogies formelles, est-elle légitime si plusieurs hypothèses de la mécanique statistique ne sont pas satisfaites en génétique des populations ; (2) comment la « dynamique microscopique » permet-elle d'expliquer les comportements macroscopiques (par exemple par l'« émergence ») ? Il est soutenu, d'une part, que malgré l'analogie formelle plusieurs hypothèses de la mécanique statistique ne sont pas satisfaites par ces modèles, et d'autre part, que la réalisabilité multiple (relation micro-macro) pose des défis importants à la stratégie explicative qu'ils proposent.
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Pause
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Compétition et collaboration dans la théorie de l'évolutionAnne-Marie Gagné-Julien (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Suite à la parution de la célèbre œuvre de Darwin, L'origine des espèces, les interactions entre les organismes semblent avoir été toutes subsumées sous l'expression de « lutte pour l'existence ». Suivant une interprétation particulière de cette expression, l'évolution par sélection naturelle a généralement été comprise comme un processus purement compétitif. Sous cet angle, les phénomènes de coopération ont été lus comme des manifestations d'une compétition fondamentale, position qui est manifeste au sein de la sociobiologie et plus particulièrement avec la théorie dawkinsienne du gène égoïste (1976).
En nous basant sur la distinction entre les différents sens de la compétition (strict et métaphorique) mis en lumière par Evelyne Fox Keller (1991, 1999), nous pensons que cette compréhension de la théorie de l'évolution est trop étroite, et qu'elle ne rend pas compte d'une conception plus large de la lutte pour l'existence. L'objectif de notre présentation est donc de démontrer qu'une place demeure pour des interactions véritablement coopératives qui s'inscrivent dans certains processus de sélection naturelle. La mise en évidence des phénomènes de symbiose semble être la voie à emprunter pour démontrer l'existence de ces phénomènes coopératifs. Il s'agira ensuite de suggérer que l'emploi du terme collaboration (Dupré et O'Malley 2009) est plus adéquat pour rendre compte des interactions propres au vivant, tant coopératives que compétitives.
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La vie à l'intersection de la lignée et du métabolisme. Vers une typologie de l'individualitéThiago Hutter (UdeM - Université de Montréal)
La problématique de la question de l'individualité biologique est imposante en raison d'un manque de définition précise de certains termes communément utilisés en philosophie de la biologie. En s'inspirant de Dupré et O'Malley Varieties of Living Things : Life at the intersection of Lineage and Metabolism nous proposerons donc une définition de l'individualité biologique. L'attrait de cette approche consiste en ce qu'elle ne présuppose pas une vision paradigmatique de l'individualité. Ainsi, notre définition doit pouvoir rendre compte également des organismes parfois escamotés dans les études philosophiques tels que les microorganismes et les végétaux. Afin d'expliciter ce dernier point, notre étude sera centrée plus spécifiquement sur le cas de l'individualité des biofilms, tel que présenté par O'Malley et Dupré dans Size doesn't matter : towards a more inclusive philosophy of biology, ainsi que l'individualité des plantes tel que présentée par Clarke dans Plant individuality : a solution to the demographer's dilemma. L'analyse de ces deux dernières approches nous permettra de mettre au jour les complications issues de la présupposition d'une vision paradigmatique de l'individualité ainsi que les manières de surmonter ces dernières.
Symposium Animaux : conscience, empathie et justice 4 - Conscience, autonomie et connaissance
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Est-ce que seuls les humains sont autonomes?Frédéric Côté-Boudreau (UdeM - Université de Montréal)
À force d'insister sur la capacité de souffrir, les principales théories d'éthique animale ont laissé peu d'espace théorique pour concevoir les animaux non humains comme des êtres actifs dont les choix seraient dignes de considération morale — en un mot, comme des êtres autonomes. Ce manquement s'explique par le fait que le concept d'autonomie est généralement employé en tant qu'autodétermination, en tant que révision réflexive (ou de second ordre) de nos préférences et conceptions du bien. Or, cette conception classique de l'autonomie, héritière du kantisme, se voit de plus en plus critiquée, entre autres par des théories féministes. Pour ma part, je soumettrai que l'une des grandes difficultés de cette conception est de ne pas s'être distinguée de l'agentivité morale. Alors que cette dernière concerne les choix par rapport aux autres, l'autonomie concernerait plutôt le fait de faire des choix par rapport à soi-même. Mais alors, exiger que l'autonomie soit rationnelle serait un jugement perfectionniste, voire paternaliste, ce qui est pourtant contraire au libéralisme et à l'idée même d'autonomie. Qu'importe si un choix est fait de manière intuitive, impulsive, instinctive, du moment que ce choix importe aux yeux de l'agent? Une conception de l'autonomie en tant que capacité à s'occuper de son bien-être permettrait alors que les choix d'agents non rationnels et non moraux, comme les animaux non humains, puissent être dignes de considération morale.
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Discussion
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Pause
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Épistémologie animale – Les animaux savent-ils ce qu'ils font?Vincent Duhamel (UdeM - Université de Montréal)
Les épistémologues ont longtemps évité de parler de connaissance animale, pensant que les animaux non humains ne peuvent s'élever aux standards à satisfaire pour se qualifier comme sujet épistémique c'est-à-dire pour savoir quoique ce soit. Je tenterai de démontrer que les difficultés liées à la connaissance animale sont largement dues à ce que Wittgenstein identifiait comme une cause principale de maladie philosophique : une pensée s'abreuvant toujours aux mêmes exemples. En attirant l'attention sur la face pratique de la connaissance, le savoir-faire et la familiarité acquise par l'expérience avec les lieux, les choses, les activités, les individus, les manières de faire et les substances, j'espère dissoudre une conception intellectualiste de la connaissance qui disqualifie a priori toute véritable épistémologie animale. Une connaissance pratique bien conçue doit nécessairement se libérer de l'association traditionnelle entre capacités intellectuelles et capacités linguistiques. À sa plus simple expression, la connaissance exprime une relation entre un individu et son environnement, une relation qui ne présuppose ni ne nécessite la possession d'un langage.
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Discussion
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Sémiose peircéenne et individus non humainsMarie-Claude Plourde (Université Laval)
Nous présenterons brièvement le concept de sémiose de Charles Sanders Peirce ainsi qu'une partie de sa théorie du signe, plus particulièrement ses notions d'interprétants immédiat, dynamique et final. Cette subdivision tripartite ajoutée tardivement à son modèle, et qui fait partie intégrante de sa manière de concevoir la connaissance comme faillible et toujours perfectible, permet, selon nous, de tracer une frontière floue mais significative dans le continuum des êtres vivants en séparant ceux qui agissent « mécaniquement » de ceux qui peuvent, parce qu'ils sont dotés de sémiose, parvenir à se convaincre de changer leurs habitudes (habits). En effet, pour Peirce, la pensée est nécessairement dialogique : elle est un dialogue intérieur qu'un organisme entretient avec lui-même à propos d'une interprétation du monde extérieur, ce qui lui permet d'agir et d'apprendre à se perfectionner en fonction de la réalisation d'un but (purpose). Être un « individu » (a self), c'est être conscient au monde, c'est penser (être doté de sémiose, autrement dit, manipuler des signes), et c'est agir de manière délibérée sur le monde extérieur par suite de la représentation intérieure de ce monde qui a été élaborée au moyen de ces signes.
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Discussion
L'idée de transformation et le cours de l'histoire
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Mot de bienvenue
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La métaphysique du jeune Marx et sa conception de la pratique philosophiqueArnaud Theurillat-Cloutier (UdeM - Université de Montréal)
Nous tenterons dans cette communication de mettre en lumière la métaphysique du jeune Marx, comprise comme synthèse d'une ontologie de l'agir et d'une ontologie de la relation. Elle nous permettra de présenter l'originalité de la position de Marx face à l'idéalisme allemand et au matérialisme de Feuerbach. Sa position métaphysique nous portera à tirer les conséquences qui s'imposent sur sa conception de la pratique philosophique.
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Discussion
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Interprétation ou changement? À propos de la onzième thèse de Marx sur FeuerbachKaveh Boveiri (UdeM - Université de Montréal)
Dans la onzième thèse de Marx sur Feuerbach on peut lire : « Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe, c'est de le transformer. » Martin Heidegger affirme, dans son commentaire sur cette thèse, qu'elle n'est pas bien fondée parce que i) elle présuppose une philosophie, ii) les deux parties de cette thèse se contredisent. Dans cette communication, j'aimerais faire valoir que cette interprétation est basée sur une erreur.
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Discussion
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Tirer les leçons de l'histoire pour se méfier de la « responsabilité sociale des entreprises »Antoine Verret-Hamelin (Université Laval)
L'histoire est un champ de recherche négligé par l'éthique des affaires. En observant la trajectoire historique des barons de l'industrie de la fin du XIXe siècle, nous y apercevons des liens de parenté avec le contexte actuel de la mondialisation économique. Dans les deux cas, les acteurs privés profitent d'un fossé de régulation (« regulatory gap ») dû à la transformation rapide des réalités économiques. En réponse à cette situation, plusieurs misent sur la responsabilité sociale des entreprises. Mais cette voie est celle de l'autorégulation et est contraire à l'idéal démocratique : ce que l'on doit retenir du détour historique est qu'il vaut mieux miser sur l'ajustement, certes progressif, des structures légales et politiques. Dans un avenir rapproché, cela devra se traduire notamment par le redressement équitables des règles commerciales internationales et la revalorisation du pouvoir d'intervention de l'État national.
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Discussion
Symposium Mobilité et justice : échelles urbaine et globale 1
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Mot de bienvenue
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Trottoirs et frontières : la volonté politique d'invaliderSperanta Dumitru (Université Descartes (Paris 5))
Depuis les années 1970, le modèle social du handicap montre de quelle manière « c'est la société qui handicape les personnes physiquement diminuées » (UPIAS, 1976). Loin d'être une infortune individuelle, l'incapacité est socialement et physiquement construite par des trottoirs, des escaliers, des moyens de transport, des logements et des lieux de travail adéquats. Construites avec des fonds publics, ces nombreuses barrières urbaines diminuent l'accès aux opportunités de certaines personnes, quand elles ne les excluent et les ségrégue définitivement.
Cette intervention compare les barrières urbaines et les frontières nationales. En empruntant l'approche des capabilités, qui met la capacité à choisir entre différents fonctionnements au centre de l'étude des inégalités, je soutiendrai que la mobilité comme accessibilité est une capabilité humaine centrale. Je comparerai les barrières urbaines et les frontières nationales selon trois critères : 1. la nature et la valeur des opportunités ; 2. la mesure de l'inaccessibilité ; 3. la manière dont celle-ci augmente des inégalités existantes. Je conclurai que les
frontières nationales dans les pays riches illustrent une volonté politique non
pas de handicaper, mais d'invalider les personnes nées au pays pauvres. -
Planifier la mobilité : pour qui et avec qui?Geneviève Cloutier (Université Laval)
Depuis une vingtaine d'années, les administrations publiques travaillent à la planification du transport en s'inspirant davantage du vocabulaire et des valeurs associées à la mobilité sociale et spatiale. Les urbanistes s'intéressent de plus en plus aux comportements et aux questions d'accessibilité, s'appuyant sur les enquêtes développées à travers les travaux de recherche sur le sujet. Cependant, ces outils restent incomplets et sous-exploités dans la planification urbaine. En pratique, au Québec, l'accessibilité continue d'être abordée comme une dimension physico-spatiale et les inégalités d'accès à la ville sont jugées trop complexes pour l'ingénierie urbaine. Dans quelle mesure la participation d'une diversité d'intervenants à cette planification pourrait-elle renforcer sa prise en compte des enjeux d'équité et de justice sociale ? La communication s'appuie sur une comparaison de trois initiatives (Québec, Bruxelles, Genève) pour réfléchir à la pertinence d'intégrer l'expertise citoyenne et territoriale dans la planification de la mobilité.
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Le système de l'auto-mobilité et la justice urbaine : critères d'évaluation, possibilité de résistance démocratiqueFannie Bélanger-Lemay (Université Laval)
Le mode de transport qui domine nos villes est l'automobile, au point où l'on peut parler d'un système de l'auto-mobilité. La mise en place du système, au courant du XXè siècle, a suscité des oppositions que Matthew Paterson classe en sept catégories : environnementalisme technocratique, sécurité, restructuration de la forme urbaine, inégalités des sociétés dépendantes de l'automobile, la nature atomisante de l'automobile, résistance à l'obsession de la vitesse et, finalement, liens entre l'automobile et la géopolitique du pétrole. Cette conférence présentera comment chacun soulève des problèmes de justice spécifiques à la ville et comment ces résistances pourraient permettre une réappropriation de la politique urbaine par les citoyens. Cette réappropriation est en difficulté face au discours de l'efficacité économique. Nous proposerons trois critères évaluatifs (accessibilité, sécurité, respect de l'environnement urbain) des systèmes de transport urbain fondés sur des principes de justice plutôt que sur ceux de l'efficacité économique qui pourront dynamiser la discussion publique sur le transport urbain.
Plénière IV : Dîner causerie
Symposium Animaux : conscience, empathie et justice 5 - Altérité et intersubjectivité
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Peut-on comparer l'expérience humaine à celle des autres animaux?Pascal Riendeau (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La plupart des théories contemporaines en éthique animale (Singer 1979, Regan 1983, Francione 2000, Nussbaum 2006, Rowlands 2009, Donaldson et Kymlicka 2011) s'entendent pour dire que la possession d'intérêts est une condition nécessaire, et souvent suffisante, pour l'attribution d'un statut moral non dérivé aux animaux. Selon ces théories, ce statut moral génère des obligations exprimées par différents dispositifs : devoirs, droits, capabilités, etc. Or, la spécification de ces dispositifs dépend du niveau de détail avec lequel on peut décrire les intérêts sous-jacents, lesquels dépendent à leur tour d'une description des expériences conscientes qui les fondent. Puisqu'on ne saurait décrire ces expériences sans les comparer à l'expérience humaine (Burghardt 2007), il semble que la célèbre question de Nagel, « What is it like to be a bat ? », doive être interprétée ainsi : à quoi cela ressemble-t-il d'être une chauve-souris ? L'intuition selon laquelle notre perception de la douleur ressemble davantage à la perception de la douleur chez le chat, par exemple, qu'à sa perception d'une odeur, semble raisonnable. Je propose donc de tenter de relever le défi de Blumberg (2007) et d'articuler une méthodologie anthropomorphique critique en montrant quels rôles les théories, modèles et outils descriptifs utilisés pour caractériser la conscience peuvent jouer pour guider et contraindre nos descriptions de l'expérience consciente des animaux.
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Discussion
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Un animal comme un autre. Connaissance et reconnaissance de la subjectivité animaleChristiane Bailey (UdeM - Université de Montréal)
La conscience trône au sommet des propres de l'homme et la critique de l'humanisme métaphysique (de Heidegger, Sartre ou Levinas) n'a pas su se dépêtrer de ce solipsisme de l'espèce. Pourtant, le père de la phénoménologie n'hésitait pas à reconnaître que les animaux, en tant qu'êtres égoïques-psychiques, ne sont pas des êtres simplement vivants, mais qu'ils ont comme nous un monde, qu'ils sont « sujets d'une vie de conscience dans laquelle le monde leur est donné dans une certitude d'être » (Husserl). La phénoménologie husserlienne de l'altérité permet de découvrir l'existence d'une intersubjectivité interspécifique où les animaux nous sont eux aussi donnés comme des autres moi (alter ego), comme des êtres existant à la manière des personnes, sans en être tout à fait. Il soutient que les animaux ont une structure du Moi (Ich-Struktur), mais ne sont pas des personnes. Or, comment conceptualiser une vie de conscience qui ne soit pas celle de quelqu'un ? Ce paradoxe illumine la situation dans laquelle se trouve un large pan de la pensée contemporaine qui admet que plusieurs animaux ont eux aussi une vie psychologique, mais ne les reconnaît pas comme des personnes sous prétexte qu'ils ne peuvent pas réfléchir à cette vie de conscience qui est la leur.
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Discussion
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Le visage non-humainPier-André Doyon (Université Laval)
La philosophie de Levinas propose une clé d'interprétation de la relation éthique et des impératifs qu'elle impose au sujet. La notion de visage peut nous aider à penser la responsabilité envers l'Autre. Sa contribution, en tant que philosophie continentale dans les études animales, où la philosophie analytique et l'utilitarisme sont rois, pourrait être d'un intérêt capital dans le débat des idées. Néanmoins, le penseur refuse d'appliquer sa pensée à d'autres êtres que les êtres humains masculins. Quels sont les préjugés de la tradition philosophique qui ont retenu Levinas? La présente communication essaiera d'abord, à travers la lecture de Totalité et Infini, de déceler la problématique traditionnelle de l'animal-objet. Ensuite, la communication nous permettra de déceler les limites qu'impose l'anthropocentrisme à la globalité de la philosophie de Levinas. Finalement, nous nous pencherons sur des pistes extérieures, dans la philosophie asiatique notamment, qui pourraient nous permettre de radicaliser la philosophie levinassienne et la faire passer d'une philosophie du respect de l'homme à une philosophie du respect de la vie.
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Discussion
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Pause
Symposium Émergence, individualité, fonctions : enjeux métaphysiques en philosophie des sciences biologiques 2 - Philosophie de l'écologie
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Gaïa : proposition pour une attribution fonctionnelle écologique par le hautJulien Delord (Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1))
La biologie de la conservation s'appuie de plus en plus la notion de« service écosystémique », qui recouvre l'ensemble des processus écosystémiques utiles à la survie et au bien-être de l'espèce humaine. Or, cette notion de service écosystémique semble détachée de toute fondation épistémologique solide. Elle présuppose en effet celle de fonctionnement et de fonction écologiques applicables aux différentes échelles écologiques. Mais, l'existence d'une finalité proprement écologique paraît difficilement acceptable du fait de l'absence de sélection naturelle à ces niveaux du vivant.
Nous souhaiterions reprendre à nouveaux frais ce problème en renversant les présupposés épistémologiques réductionnistes qui sous-tendent ce débat, et cela en trois étapes :
-Il s'agira premièrement d'adopter une perspective holiste forte et cohérente instituant Gaïa, c'est-à-dire le système Terre, comme l'unité vivante totalisatrice.
-Par une approche « top-down » conséquente, il faudra affirmer que les parties du tout ne sont que des déterminations secondaires du tout en fonction de ses propriétés inhérentes. Ainsi, nous redéfinirons la biodiversité « par le haut » comme une hiérarchie inclusive d'entités physico-biologiques.
- Enfin, nous nous attacherons à définir rigoureusement une notion de fonction écologique non évolutionniste applicable à ce système hiérarchique holistique.
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À quelles conditions la biosphère (« la Terre », « Gaïa ») constitue-t-elle un niveau authentique d'organisation biologique autorisant l'attribution de fonctions à ses parties?Sébastien Dutreuil (Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1))
L'hypothèse Gaïa (HG) suggérait que l'influence de la vie sur l'environnement global pourrait mener à une homéostasie planétaire par et pour la biosphère; on en retient une comparaison de la Terre à un organisme. Dawkins rappellera que la Terre ne peut être soumise à sélection, car elle ne se reproduit pas. Les auteurs sur HG en ont tiré les conséquences en abandonnant les formulations téléologiques.
Tout en m'appuyant sur les découvertes réalisées dans les sciences du système Terre et les clarifications théoriques d'une littérature sur Gaïa, je voudrais m'engager dans une voie complémentaire en réexaminant certaines questions philosophiques abandonnées après Dawkins. La force relative de la sélection aux différents niveaux de la hiérarchie des individus biologiques joue un rôle important dans l'émergence et le maintien de ces niveaux. Or la Terre constitue un niveau singulier: contrairement aux écosystèmes c'est en droit que la sélection ne peut s'appliquer.
À partir d'exemples précis j'examinerai les questions, liées, de savoir à quelles conditions (i) Gaïa constituerait un niveau authentique d'organisation biologique et (ii) des énoncés fonctionnels attribués soit à des individus situés à un niveau hiérarchique plus bas («organismes », écosystèmes, ...), soit à des phénomènes abiotiques seraient légitimes.
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Pause
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Un concept de santé écosystémique à la fois normatif et naturaliséAntoine C. Dussault (UdeM - Université de Montréal)
Le concept de santé écosystémique, bien qu'il soit régulièrement invoqué par plusieurs écologues et environnementalistes, a généralement été considéré suspect par les philosophes qui s'y sont intéressés. Un premier problème associé au concept est celui de sa normativité. Le concept de santé semble être chargé axiologiquement, et devoir nécessairement se fonder sur des valeurs. Cela a souvent valu au concept l'accusation d'être un moyen détourné par lequel les écologues pourraient imposer leurs propres points de vue axiologiques sous le couvert d'un terme en apparence scientifique. Un second problème concerne le lien entre le concept de santé et celui de fonction. La principale théorie normative de la fonction ayant été formulée en philosophie de la biologie fait reposer la normativité des fonctions sur l'action passée de la sélection naturelle. Ancrer le concept de santé écosystémique dans cette théorie de la fonction nécessiterait par conséquent de faire la supposition que la sélection naturelle opère au niveau des écosystèmes, ce qui semble trop exigeant pour inclure la majorité des écosystèmes. Ma présentation vise à proposer une solution à ces deux problèmes. Je présenterai un concept de santé écosystémique qui ne se fonde pas sur des valeurs et qui s'ancre dans une théorie de la fonction plus polyvalente. Ceci nécessitera une rediscussion des relations entre les concepts de santé, de normalité et de fonctions, et une analyse du type de normativité requise par ces concepts.
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Le rôle vital d'une fonction ou pourquoi la nature est utilitaire selon BergsonSébastien Lacombe (Université Laval)
Henri Bergson affirme n'avoir jamais développé de thèses philosophiques touchant la science qui ne soient issues de l'expérience ou possiblement confirmées par elle. En effet, c'est un souci constant à travers son œuvre que d'établir clairement la complémentarité entre la science et la philosophie ; il le fait en insistant à maintes reprises sur les erreurs qu'entraîne une interprétation faussée.
Mais, venant d'un philosophe dont la conception de la vie a été associée au vitalisme, quel intérêt y a-t-il aujourd'hui à revoir une thèse d'une évolution créatrice de la vie? A contrario, se pourrait-il qu'il y ait des problèmes philosophiques que les spécialistes de la philosophie des sciences – en particulier les défenseurs du positivisme logique – ont quelque peu dénigrés en les taxant de métaphysique, mais qui gagneraient à être considérés de nouveau? Par exemple, considérer la nature comme étant utilitaire est l'une des thèses défendues par le philosophe français qui s'avère être une méthode féconde pour de nombreuses découvertes qu'il a proposées.
C'est en mettant l'accent sur le rôle vital que jouent les fonctions dans la philosophie de Bergson que cette présentation répondra au thème de ce colloque. Nous verrons comment ce rôle impliquait pour lui une certaine finalité vers laquelle tend l'évolution de la vie. L'étude que nous ferons de sa conception de la nature pourra aussi apporter un éclairage singulier sur les questions portant sur le rapport entre espèce et individualité.
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Mot de clôture
Symposium Mobilité et justice : échelles urbaine et globale 2
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« Mobilité » et/ou « migration » : enjeux normatifs d'un choix de vocabulaireSolange Chavel (Université de Poitiers)
Parler de « mobilité » pour décrire les migrations n'est pas neutre. En effet, les mots de migration et de mobilité ne sont pas simplement synonymes. On ne peut considérer la migration comme une espèce du genre « mobilité » qu'à condition d'adopter un certain nombre d'hypothèses normatives. Ainsi, les partisans de la liberté de mouvement préféreront souvent le vocabulaire de la mobilité (voir par ex. UNDP, Mobility and Migration, 2010) conçue comme une capabilité humaine fondamentale ; les partisans d'un contrôle plus ou moins rigoureux des états sur leurs frontières mobiliseront moins volontiers ce concept.
Je voudrais : (a) expliciter et interroger les hypothèses normatives qui permettent de décrire les migrations comme des cas particuliers de « mobilité » ; (b) préciser la conception des frontières qui en découle.
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Mobilité, justice et milieu urbainLouis-Étienne Pigeon (Université Laval)
Le milieu urbain contemporain est la forme paradigmatique de l'espace de la modernité. Ses structures spatiales et ses lieux propres procèdent ainsi d'une technique moderne dont la nature et les effets influencent l'ensemble des dimensions de l'expérience humaine. De ces dimensions, la mobilité en est une qui révèle toute la puissance de la technique moderne, mais aussi ses insuffisances. La conception technique (moderne) de la mobilité urbaine induit notamment des problèmes de justice, tant au plan environnemental qu'humain.
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Quelle mobilité pour les théories de la justice globale : droit pour les riches, privilège pour les pauvres?Martin Provencher (Université McGill)
Les théories cosmopolitiques de la justice globale admettent qu'à l'échelle internationale, le lieu de naissance est l'un des facteurs moralement arbitraires qui affectent le plus les chances de vie des individus. En conséquence, elles estiment qu'on ne devrait pas tenir compte de la nationalité des individus quand il s'agit de penser l'égalité des opportunités à cette échelle. Plusieurs auteurs ont cependant conclu que cela ne remettait pas en cause la légitimité des frontières des États. La justice globale imposerait seulement aux États riches un devoir de redistribuer une partie de leurs ressources vers les États pauvres. Cette conclusion est maintenue même lorsque certains de ces auteurs reconnaissent que les frontières ne servent pas seulement à empêcher les individus de circuler librement, mais qu'elles ont aussi pour effet de renforcer les inégalités entre les États riches et les États pauvres. À la lumière des travaux récents de l'école de sociologie de Bremen, il s'agira de mettre en évidence le système hiérarchique de droits inégaux à la mobilité qu'engendre cette thèse et d'en explorer les implications pour une théorie de la justice globale qui entend traiter tous les individus de manière égale et respecter leur droit de circuler librement.
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Pause
Symposium Animaux : conscience, empathie et justice 6 - Carnisme et psychopathie
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Êtes-vous carniste?Martin Gibert (UdeM - Université de Montréal)
Le carnisme est un concept crée par la psychologue Melanie Joy, auteure du livre publié en 2011 Why we love dogs, eat pigs and wear cows. Il désigne une idéologie, c'est-à-dire un ensemble structuré de croyances, de valeurs et de comportements qui fait en sorte que certaines espèce (comme les cochons ou les vaches) sont jugées comestibles contrairement à d'autres (par exemple, les chiens, les chats ou les écureuils). C'est, en un certain sens, l'envers du véganisme. En quoi ce concept doit-il être distingué de celui de spécisme? Qu'apporte-t-il de nouveau à la réflexion en éthique animale et en psychologie morale? J'essayerai de montrer qu'en plus de rendre explicite une idéologie habituellement invisible, il favorise une lecture de notre rapport aux animaux en termes de perception morale.
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Discussion
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Luxe, nécessité, souffrance : pourquoi je ne suis pas carnivoreStevan Harnad (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en sciences cognitives, Stevan Harnad est végétarien depuis 50 ans. Il peut témoigner du fait que nous n'avons pas besoin de manger des animaux pour survivre et être en santé. Pourtant, lorsque nous prenons conscience de ce que nous faisons subir quotidiennement aux animaux sans sourciller et sans en perdre l'appétit, il faut bien se demander : sommes-nous psychopathes ?
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Discussion
Symposium Mobilité et justice : échelles urbaine et globale 3
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Le programme d'incitatifs à la mise au rancart de vieux véhicules au Québec : justice procédurale et mobilitéUgo Lachapelle (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)
Le programme « Adieu Bazou » vise le retrait préventif de véhicules produit avant 1995 de manière à réduire les émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques. Les vieux véhicules sont échangés contre des rabais automobile, des titres de transport en commun, d'autres incitatifs aux transports alternatifs ou une petite somme d'argent. Le programme réduit toutefois le parc d'automobiles bon marché disponibles pour les populations moins nanties, réduisant potentiellement leur habilité à se déplacer. Est-ce que le programme québécois, et la structure d'incitatif qu'il offre permettent aux populations moins nanties d'en bénéficier? Les populations moins nanties participant au programme ont par exemple tendance à choisir l'incitatif en argent, d'une valeur bien moindre que les autres incitatifs, mais qu'ils touchent plus rapidement. D'autres questions de justice procédurale, de justice environnementale et d'inégalités dans la distribution des avantages et inconvénients des programmes de recyclage dans le monde sont présentées.
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Réflexions au sujet de la migration du labeur des soins maternels : le dilemme des nounousRyoa Chung (UdeM - Université de Montréal)
Dans le cadre de cette présentation, nous discuterons du phénomène contemporain de la migration du labeur des soins maternels ou, en d'autres termes, du problème des « nounous ». En effet, de plus en plus nombreuses sont les femmes ressortissantes d'autres nationalités qui viennent migrer dans les pays les plus riches de l'Occident afin de trouver du travail domestique. Parmi ces femmes provenant de pays plus défavorisés, on dénombre un nombre important de « nounous » qui ont délaissé leurs propres enfants derrière elles afin de pouvoir trouver un emploi mieux rémunéré en s'occupant des enfants d'autres femmes occidentales mieux nanties. Certaines de ces dernières embauchent des nounous afin de poursuivre elles-mêmes des carrières professionnelles et en tentant ainsi de concilier travail et maternité. Ce phénomène de société commence à être de mieux en mieux connu et documenté et soulève, d'un point de vue philosophique, des questions relatives aux inégalités socioéconomiques à l'échelle internationale, de même que des questions relatives aux inégalités touchant la condition des femmes. Cette présentation tentera d'identifier certaines de ces questions fondamentales et portera en particulier sur des perspectives féministes d'analyse en vue d'apporter des pistes de réflexion.
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Migration, coûts sociaux et justice socialeChristine Straehle (Université d’Ottawa)
Dans cette communication, je me pencherai sur les types de coûts sociaux associés à l'émigration de travailleurs hautement qualifiés. Je veux défendre l'idée que notre préoccupation pour les conditions de justice exige une évaluation attentive des types de conséquences de la migration sur des institutions comme la famille ou sur les bases du respect de soi pour ceux l'émigré laisse derrière. Je crois que l'émigration peut miner les conditions sociales de la justice sociale. Et que cela peut être particulièrement vrai pour les migrants hautement qualifies. Dans un deuxième temps, je pars des coûts sociaux de la migration pour évaluer deux propositions différentes à propos de la nature de nos devoirs globaux. Je compare le devoir de bien-être social établi par David Miller avec un devoir humaniste d'assistance. Nous verrons alors si une évaluation attentive de la migration de travailleurs hautement qualifies peut nous amener à accepter l'argument de Miller.