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Informations générales

Événement : 82e congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

La presse est un laboratoire interdisciplinaire particulièrement riche qui invite à regarder au-delà du réservoir d’informations qu’il compose. En ce sens, les travaux autour de l’équipe Penser l’histoire de la vie culturelle (PHVC) proposent de repenser l’usage de la presse et le rôle des médias écrits dans l’élaboration d’une histoire de la vie culturelle.

Prise dans son ensemble, la presse de grande diffusion (journaux, magazines, publications sérielles) raconte et infléchit tout à la fois la nature des changements qui surviennent dans la vie culturelle d’une ville, à une époque donnée. Parallèlement, la ville influence et reflète le nombre et la variété des publications qu’elle héberge. Autrement dit, si la presse exerce une influence déterminante sur la façon dont on conçoit, consomme et pense une ville, celle-ci agit de manière tout aussi marquante sur les publications qui circulent, sur la composition du lectorat ou sur les événements culturels qui nourriront les textes, les images ou la publicité. Si l’on considère que la presse, prise dans son ensemble, constitue, comme la ville, un espace public commun, ne peut-on voir les sections, les rubriques et les chroniques comme des éléments structurants de la vie culturelle urbaine au même titre que les quartiers, les rues et les bâtiments? Qu’est-ce que les intitulés des rubriques, la forme de la publicité, le classement de la matière « culturelle » ainsi que le choix et la présentation des œuvres elles-mêmes nous apprennent sur le mouvement de la vie culturelle?

Les questions qui sont ouvertes par cette homologie presse-ville sont nombreuses, aussi concentrerons-nous nos échanges autour de cinq thèmes : l’esthétique, la publicité, les femmes, l’espace et le temps. Afin de saisir la nature des changements que crée la symbiose presse-ville dans l’espace public, le colloque centrera ses travaux sur la vie culturelle urbaine de l’entre-deux-guerres.

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Dimension esthétique de la relation presse-ville

  • Mot de bienvenue
  • Diversités urbaines médiatisées : approches théoriques et paradigmes interculturels, des almanachs traditionnels à l'audiovisuel (post)moderne?

    Cette communication se propose d'approcher en trois temps la problématique de la diversité ethno-culturelle urbaine et de ses représentations littéraires et médiatiques:

    - en questionnant, d'abord des approches théoriques susceptibles de saisir les imaginaires urbains construits par les médias littéraires et audiovisuels, et en particulier par la presse (notamment à partir des travaux de Georg Simmel, de Marc Augé et de Régine Robin);

    - en évoquant, en second lieu, des paradigmes historiques noués autour des réalités sociales et des imaginaires symboliques créés par les concepts de "ville coloniale" et de "métropole postcoloniale";

    - en analysant, en troisième lieu, les spécificités de l'imaginaire urbain contemporain, sous l'angle de la diversité ethno-culturelle.

  • Discussion

Communications orales

Accueil


Communications orales

Représentations de la ville dans le discours publicitaire

  • La classe moyenne : un phénomène urbain vu à travers la publicité de la presse
    Sébastien Couvrette (Cégep Marie-Victorin)

    De la bourgeoisie naissante des villes médiévales aux salariés de la banlieue d'après-guerre, en passant par les employés de bureau des villes industrielles du XIXe siècle, la classe moyenne constitue un phénomène essentiellement urbain. Ce groupe intermédiaire, situé entre l'élite et la masse populaire, affirme son identité à travers le paraître et la consommation ostensible. Partant de ces constats, nous nous sommes mis à la recherche des traces de cette relation entre la classe moyenne, la ville et la consommation dans les sources historiques. Nous avons trouvé la présence de tels éléments de discours dans un autre phénomène urbain touchant à l'acte de consommation et au domaine des apparences : les publicités des grands quotidiens d'information. Notre étude démontre que la publicité fait le récit de la classe moyenne en la mettant notamment en scène dans une ville tour à tour représentée, imaginée, évoquée, idéalisée et absente. Ainsi, la classe moyenne s'incarne et existe à l'intérieur du tissu urbain, sa périphérie et son éloignement. Elle affirme par le fait même son statut social particulier dans sa capacité à s'établir dans certains quartiers de la ville, à se distinguer par sa tenue vestimentaire dans les lieux de mixité urbaine et même à fuir cette ville et sa pollution industrielle. Classe moyenne, ville, presse et publicité se retrouvent ainsi intimement et profondément liées dans la réalité comme dans l'imaginaire.

  • Le consommateur du Québec sur le divan : recherche sur la motivation et sur la promotion de l'alcool et des magazines
    Lisa Sumner (Carleton University)

    Cette présentation réalise une analyse critique des études issues de la recherche sur la motivation, évaluant les attitudes du public envers des publicités pour de l'alcool et pour trois magazines : Chatelaine, Maclean's et Canadian Homes and Gardens. Ces études ont été réalisées par le « guru du marketing » Ernest Dichter au zénith de la popularité des recherches sur la motivation dans les années 1950. La recherche sur la motivation appliquait les techniques de la psychanalyse pour mesurer et prédire le comportement des consommateurs et a provoqué la controverse en affirmant vouloir révéler et manipuler les désirs inconscients.

    Je me concentre sur des études qui offrent un rare aperçu des réactions du public québécois envers le marketing et la promotion de l'alcool et des magazines canadiens. La recherche sur la motivation voulait évaluer le changement culturel et découvrir les opinions cachées des consommateurs. En ce sens, les études sont des artefacts qui révèlent les préférences de lecture et les goûts de l'époque tout en posant des questions sur des transformations culturelles plus larges. La « stratégie du désir » et la valorisation de Dichter d'une consommation conçue comme un « antidote » aux problèmes sociaux seront examinées de manière critique afin de situer les techniques publicitaires dans un cadre politique.

  • Pause

Communications orales

Vie urbaine pour et par les femmes

  • Journalisme à la Françoise
    Daniela Da Silva Prado (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La fin du XIXe siècle, au Québec, est marquée par l'arrivée de la première femme journaliste rémunérée : Françoise, pseudonyme de Robertine Barry. Sa carrière débute dans le journal La Patrie, de Montréal, où elle collabore de façon hebdomadaire de 1891 à 1899. Dans sa colonne « Chronique du lundi », Françoise aborde tous les sujets, du plus banal et superficiel au plus grave et polémique. Françoise fonde ensuite son propre périodique : Le journal de Françoise, qui paraîtra de 1902 à 1909. En tant que propriétaire, rédactrice et directrice, la journaliste fera preuve, selon Micheline Goulet, « d'audace et d'une modernité absentes des œuvres publiées sous forme de livres par les femmes au Canada français, caractérisées par leur conformité à la doxa ». L'objectif de cette conférence est de montrer la vision particulière de Françoise sur la vie culturelle montréalaise à travers ses écrits journalistiques. L'arrivée de Robertine Barry constitue, per se, un changement significatif dans le panorama culturel de l'époque, puisqu'il s'agit d'une femme occupant un poste important dans un milieu dominé par les hommes. En outre, la façon dont Françoise s'exprime dévoile une femme de caractère, une libre-penseuse capable d'affronter même le clergé montréalais pour défendre ses idées. Françoise a aussi ouvert les pages de son journal pour accueillir plusieurs femmes journalistes, qui se sont penchées sur des récitals, des pièces de théâtre, des concerts, parmi d'autres événements culturels.

  • Femme du monde et femme d'intérieur : le personnage féminin à la croisée de la vie culturelle et de la ville dans la fiction du magazine
    Marie-José Des Rivières (Université Laval), Adrien RANNAUD (Université Laval), Denis Saint-Jacques (Université Laval)

    La fiction constitue la composante la plus importante des grands magazines canadiens-français de l'entre-deux-guerres. On sait que le plus souvent cette fiction, axée sur l'intimité amoureuse, néglige la question de l'urbanité. Certains récits, toutefois, comme Anne Mérival, de Madeleine (1927), ou Le budget et Toto, de Carole Richard (1939), dans les pages de La Revue moderne, situent clairement leurs protagonistes féminines dans un milieu où la vie culturelle et la ville constituent le cœur des enjeux en cause. Lus ensemble, l'espace urbain et les événements culturels influencent l'agentivité du personnage féminin, notamment à travers ses déplacements physiques dans la ville et la sociabilité qui s'y développe. La communication cherchera à en montrer les valeurs tant euphoriques que dysphoriques.

  • Dîner

Communications orales

Temps et espaces de la presse au rythme de la ville

  • Des raids aériens au Tour de France : le reporter et les héros de la vitesse
    Mélodie Simard-Houde (Université Laval)

    L'entre-deux-guerres, en France, est une période marquée par de nombreuses évolutions technologiques, qui bouleversent les usages dans plusieurs domaines de la vie sociale et urbaine : de nouveaux moyens de transport, modes de communication, sports et loisirs connaissent un essor important. La presse se fait le témoin de première ligne de ces bouleversements, comme en témoigne quantité de reportages. Le reporter observe, enregistre les aspects nouveaux de la vie urbaine et en fait souvent lui-même l'expérience. Il s'intéresse aux héros populaires et aux machines perfectionnées qui les incarnent et qui suscitent chez lui admiration, enthousiasme, voire identification.

    De ces témoignages ressort une vive impression de changement. Le thème de la vitesse, croissante et omniprésente, traverse les domaines évoqués et les textes journalistiques qui en rendent compte. Les médiateurs de presse se positionnent vis-à-vis de celle-ci, qu'ils la considèrent comme un signe de la modernité et en exaltent l'ivresse, ou qu'ils soulignent au contraire la standardisation de la vie et les désagréments qui en découlent. Le reporter s'attache à l'étude d'une ville et d'une société en mutation et prolonge, en quelque sorte, le roman d'aventures dans la sphère journalistique, en ouvrant une tribune à de grandes topiques qui lui étaient traditionnellement dévolues.

    Le corpus est établi à partir du dépouillement de quotidiens (Paris-Soir, Le Petit Parisien) et d'hebdomadaires (Vu, Détective).

  • Ni géopoétique ni géographie tout à fait : cartographier le Montréal culturel
    Lucie Robert (UQAM - Université du Québec à Montréal), France VANLAETHEM (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Notre proposition repose sur l'idée de cartographier l'espace culturel montréalais de la première moitié du XXe siècle. L'idée d'une telle démarche vise à la fois à saisir la façon dont la culture s'inscrit dans l'espace urbain, qui en détermine en quelque sorte la socialité, de dessiner l'aire géographique des interactions possibles entre les divers arts et pratiques culturelles, de saisir l'importance des équipements culturels dans les politiques municipales. Cette proposition s'inscrit au croisement de l'histoire urbaine et culturelle, de la géopolitique et de la géographie culturelle, et elle inspirée des travaux en histoire urbaine (M. Dagenais sur les loisirs à Montréal, par exemple) et en sociologie du spectacle (C. Charle sur le théâtre dans les capitales, par exemple). Nous nous proposons de commencer en travaillant sur deux cas exemplaires : les librairies et les théâtres.

  • Pause
  • Vers une cartographie de la vie culturelle au féminin durant l'entre-deux-guerres
    Chantal Savoie (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Au confluent de nos travaux personnels sur l'histoire littéraire et culturelle des femmes, et en phase avec ceux de l'équipe protéiforme « Penser l'histoire de la vie culturelle au Québec », nous souhaitons lors de cette communication poser les premiers jalons de notre réflexion sur une cartographie de la vie culturelle au féminin durant l'entre-deux-guerres. Pour ce faire, nous mettrons à profit les données de trois sources qui nous permettent de sonder les spécificités des lieux, des itinéraires et des pratiques culturelles des femmes. Deux sources d'époque seront d'abord travaillées dans la perspective d'en projeter les données sur une carte géographique, soit l'Almanach d'Albert Lévesque sur La femme canadienne-française (1936), et Entre donc! Analyse du comportement familial de la population de langue française au Canada : sentiments et intérêts de l'élite (1944). Enfin, nous explorerons la possibilité de cartographier certaines données contenues dans la thèse de Fanie Saint-Laurent « Les choses intellectuelles plutôt que la broderie : La Société d'étude et de conférences de l'entre-deux-guerres à la révolution féministe » (Université de Sherbrooke, 2012). Au-delà de la projection des données dans la perspective de cartographier une partie de la vie culturelle des femmes, c'est à une réflexion plus large sur la vie culturelle hors des institutions, à l'écart des monuments et souvent en marge de la légitimité que souhaite contribuer cette communication.

  • Lire la ville : épisodes urbains
    Michel Max Raynaud (UdeM - Université de Montréal)

    Au XIXe siècle, la migration urbaine, par nécessité autant que par ambition, précipitait dans ses « abymes peuplés » une foule ignorante des lieux, des codes et des usages qui s'y rattachaient. Ces vagues successives de nouveaux citadins devaient apprendre à reconnaitre les signes de ce territoire complexe et inconnu, menaçant ; apprendre à s'y déplacer, à échapper à ses dangers ; apprendre à y trouver ses repères.

    L'échelle de la ville par sa complexité va imposer au citadin de multiplier ses modes d'apprentissage pour la déchiffrer. Le roman moderne qui naît avec et dans la grande ville industrielle va participer pleinement à ce rôle formateur. Pour être encore plus efficace, le roman va se greffer sur la grande presse en devenant roman feuilleton. Le roman comme la presse se nourrissent à la même source du « fait divers. De plus, la presse permet au roman d'atteindre plus de lecteurs et les épisodes du roman fidélisent les lecteurs ; une cohabitation saprophyte commensal entre roman et journal.

    Le fait divers romancé qui a besoin d'un décor réel procède à une « inscription de l'urbain » dans de longues descriptions qui ont fait la réputation du roman balzacien et des successeurs. Tout en leur gardant leur spécificité littéraire, étudier ces descriptions romanesques des « documents-monuments » est pour le chercheur en urbanisme une formidable source de connaissances souvent négligées de l'histoire des villes.

  • Mot de clôture