Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.

Informations générales

Événement : 83e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Ce colloque vise à étudier la bibliothèque rabelaisienne, entendue dans son acception la plus large d’ensemble de livres que l’on peut rattacher directement ou indirectement à Rabelais, médecin, humaniste, philologue et auteur de Pantagruel (1532), de Gargantua (1534), du Tiers livre (1546) et du Quart livre (1552). Il s’agira d’abord d’éclairer la bibliothèque réelle de l’humaniste, à partir des quelques exemplaires portant son ex-libris et dans lesquels sont consignées ses notes de lecture, dont certaines constituent le dossier génétique de son œuvre de fiction. Il s’agira aussi d’éclairer la bibliothèque éditée par Rabelais et constituée par les éditions de textes qu’il a publiées comme philologue et humaniste. Il s’agira ensuite de mieux comprendre la bibliothèque de Rabelais telle qu’elle peut être reconstituée à la lumière de l’intertextualité qui informe ses œuvres narratives et qui, pour une large part, reste encore méconnue, faute d’avoir été étudiée en fonction des éditions du 16e siècle auxquelles l’humaniste avait accès et qui donnent bien souvent à lire un texte différent de celui que l’on connaît aujourd’hui, en particulier s’agissant des auteurs de l’Antiquité gréco-latine ou encore en raison du recours aux compilations et miscellanées humanistes. Il s’agira enfin de voir comment l’œuvre rabelaisien donne à lire et à imaginer une bibliothèque fantasmée, que ce soit en fonction des références à des livres inventés ou inconnus que fournit Rabelais lui-même — pensons au catalogue de la bibliothèque Saint-Victor — ou à partir des fictions parabelaisiennes qui cherchent à prolonger l’univers fictionnel du maître pour s’en approprier l’autorité, le style, les personnages ou la diégèse, comme si les continuateurs répondaient à la page de titre du Tiers livre, enjoignant le lecteur à « soy reserver à rire au soixante et dixhuytiesme livre », véritable invitation à imaginer les 74 livres manquants.

Date :
Responsable :

Programme

Communications orales

Ouverture du colloque

  • Mot de bienvenue
  • Sous le sceau de Rabelais
    Mireille Huchon (UPS-Université Paris-Sorbonne (Paris IV))

    Le blason de Rabelais que vient d'exhumer Claude La Charité à l'occasion de son exceptionnelle découverte de l'édition grecque du Pronostic d'Hippocrate de 1537 est présent dans diverses éditions données par l'auteur chez Gryphe et chez Juste entre 1533 et 1537, en latin ou en français, telle l'édition de l'Almanach pour l'an 1535, récemment retrouvée. Ce blason, un chevron accompagné en chef de deux croix pattées et en pointe d'une cane, le tout entouré d'une couronne, avec une devise en grec, ΤΥΧΗ ΑΓΑΘΗ ΣΥΝ ΘΕΩ, "A la bonne fortune, avec Dieu", évoque le blason d'un des ses amis proches, Hubert de Suzanne qui précise, qu'à côté d'éléments rappelant la valeur de ses ancêtres, la couronne de laurier lui est personnelle, dans la mesure où il l'a acquise par sa plume. La création du blason de Rabelais sera mise en relation avec les autres marques de reconnaissance qu'il utilise, à la lumière de son appartenance à certains réseaux, alors même que les correspondances des composantes du blason seront explicitées dans son œuvre française.


Communications orales

Rabelais lecteur

  • Rabelais lecteur et annotateur du De usu partium
    Romain Menini (Université Paris-Est Marne-la-Vallée)

    Nous étudierons les marginalia autographes de Rabelais dans son exemplaire aldin du texte grec de Galien (1525, exemplaire de la Bibliothèque universitaire de Sheffield). Le vaste traité "Sur l'usage des parties" (De usu partium), recueilli dans le premier tome de ces Opera omnia, retiendra notre attention : les trois premiers livres de cette somme se trouvent copieusement soulignés et annotés dans l'exemplaire de Sheffield. En recourant aussi aux traductions latines disponibles à l'époque de Rabelais, nous nous pencherons sur la nature de ces annotations, révélatrices de la pratique rabelaisienne de la philologie médicale.

  • Rabelais dissecteur d'après les Procédures anatomiques de Galien dans l'exemplaire de Sheffield
    Claude La Charité (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    À partir des Carmina (1538) de Dolet et des registres de la Faculté de Montpellier, la critique rabelaisienne a forgé la légende dorée d'un Rabelais pionnier de l'anatomie et praticien de la dissection à l'égal de Vésale. Qu'en est-il vraiment? Rabelais a-t-il contesté l'anatomie galénique comme l'auteur du De humani corporis fabrica (1543)? A-t-il, à son instar, manié lui-même le scalpel pour acquérir une « parfaicte congnoissance de l'aultre monde, qui est l'homme »? C'est ce que nous nous proposons d'étudier à la lumière des annotations de Rabelais aux Procédés anatomiques de Galien dans son exemplaire de Sheffield.

  • Période de questions
  • Pause
  • La bibliothèque vernaculaire de Rabelais dans Pantagruel et Gargantua
    Nicolas Le Cadet (UPEC - Université Paris-Est Créteil (Paris 12))

    La bibliothèque intérieure de Rabelais, c'est‑à‑dire l'ensemble des livres qu'il a possédés, qu'il a lus ou dont il a entendu parler, est d'une extrême richesse, à en juger par l'abondance des références livresques dans son œuvre fictionnelle. Dans le sillage du travail magistral du sourcier Jean Plattard, la critique rabelaisienne du XXe et du XXIe siècle a montré l'étendue de la bibliothèque humaniste de Rabelais, constituée d'ouvrages de l'Antiquité grecque et latine et d'ouvrages contemporains rédigés en latin. La bibliothèque vernaculaire a fait l'objet d'une attention moindre et il s'agit ici de lui redonner toute sa place, en se concentrant sur les exemples de Pantagruel et de Gargantua dans l'édition François Juste de 1542. Composée de chroniques, d'hagiographies, de romans de chevalerie et de leur travestissement burlesque (avec le Baldus de Folengo, le Morgante de Pulci et l'Orlando furioso de L'Arioste), d'histoires facétieuses (Till Eulenspiegel), de poèmes (Villon, Marot, Coquillart, Saint‑Gelais), de mystères, de monologues dramatiques, de farces et de sotties, d'ouvrages de piété et de dévotion, d'un traité de typographie (le Champfleury de Tory), cette bibliothèque nous fait découvrir un autre visage de ce lettré polymathe, certes « très instruit en l'une et l'autre langue » (« vir utraque lingua doctissimus »), mais aussi désireux d'illustrer notre « vernacule gallique ».

  • Rabelais lecteur du commentaire de Jean Brodeau sur l'Anthologie de Planude
    Raphaël Cappellen (Université Paris Diderot (Paris 7))

    En 1549 est publié à Bâle le premier commentaire intégral des sept livres d'épigrammes grecques qui composent l'Anthologie de Planude. Ce commentaire est l'œuvre d'un jeune humaniste tourangeau nommé Jean Brodeau. En comparant ce texte avec le Quart Livre de 1552, il est possible de remarquer que Rabelais s'est inspiré des notes philologiques de son compatriote, commentaires qu'il a dû lire avec intérêt et précision. À défaut d'avoir à notre disposition l'exemplaire que Rabelais a dû posséder et annoter, nous essayerons de prendre la pleine mesure de cet intertexte privilégié et pourtant ignoré jusqu'à maintenant du texte rabelaisien.

  • Période de questions
  • Dîner

Communications orales

Rabelais édité, conservé et enseigné

  • L'atelier Juste – de Tours : l'après-Tiers livre à Lyon, 1546-1548
    William Kemp (Université McGill)

    En 1546, les étoiles semblent s'aligner afin que Rabelais quitte Lyon pour Paris. Mais, à regarder de plus près, on constate que, sous l'égide du gendre de François Juste, Pierre de Tours, l'atelier renaît de ses cendres. À partir de 1532 jusqu'aux éditions de Gargantua et Pantagruel de 1542, François Juste imprime ses éditions de Rabelais dans un assez joli bâtard mesurant 70 mm par 20 lignes, qui apparaît en 1530 chez Vingle et sans doute Juste. On a dit que l'édition de 1542 suivait l'évolution archaïsante de Maître François. Or, en 1542, les fontes bâtardes faisaient vieillies ou vieillottes. À partir de la publication du Tiers livre en 1546, les choses changent. À Paris, avec le privilège royal de Rabelais, Christian Wechel publie le Tiers livre dans une belle italique (It 115) gravée par Claude Garamont en 1540. Mais c'était une des belles fontes de la nouvelle génération des graveurs parisiens, et autant Wechel que Rabelais ont dû en être contents. Le vieux père Juste et son gendre, allaient-ils laisser échapper le butin rabelaisien? Quoi faire? Ils ne disposaient au début de l'année 1546 que des bâtardes et des anciens romains bâlois. Dans cette communication, préparée en collaboration avec Jacques André (Rennes), nous examinerons les nouvelles fontes romaines de style aldin (et non pas italiques) que De Tours utilisera pour imprimer de nouvelles éditions de Rabelais en 1547 et 1548, sans exclure l'année 1546, parfois sous le privilège royal accordé à Rabelais en 1546.

  • Rabelais dans les bibliothèques de congrégations (16e-19e siècles)
    Olivier Pedeflous (Institut de recherche et d'histoire des textes (CNRS))

    La réception de l'œuvre de Rabelais dans les bibliothèques de congrégations est un sujet encore peu exploré. Le tableau paraît contrasté, écornant l'image d'un Rabelais uniquement anticlérical et athée célébrée par le XIXe siècle. Cette communication se propose de faire un premier panorama de la question à partir d'exemples précis. A côté d'exemplaires des récits pantagruéliques ou des publications scientifiques où le nom de Rabelais est fréquemment caviardé et où certains passages lestes sont censurés, il se trouve que plusieurs bibliothèques de congrégations ont été accueillantes et certains volumes de la bibliothèque de travail de Rabelais sont passés dans des monastères au entre la fin de la Renaissance et le XIXe siècle, ce qui pose question.

  • Rabelais à l'école et sur la scène québécoise

    Dans leur récente bibliographie rabelaisienne, Guy Demerson et Myriam Marrache-Gouraud ont recensé les nombreuses éditions, adaptations et traductions qui ont été faites des récits de Rabelais à travers les siècles. L'œuvre du Chinonais ayant été traduite en plus de vernaculaires que n'en parle Panurge lorsqu'il rencontre Pantagruel : allemand, anglais, chinois, coréen, danois, espagnol, grec, hongrois, italien, japonais, néerlandais, portugais, russe, turc, etc., on peut se demander quel retentissement les écrits de Rabelais ont connu et sous quelles formes ils ont circulé en Nouvelle France, sous le Régime anglais et depuis la Révolution tranquille. Comme l'écrivait Barthes, « la littérature étant ce qui s'enseigne », nous nous intéresserons à la réception que le monde scolaire, longtemps sous la férule des communautés religieuses, a réservée aux textes de Rabelais, ainsi qu'à leur réécriture et diffusion sur les scènes théâtrales du Québec.

  • Période de questions
  • Pause

Communications orales

Rabelais imité

  • De Platon à Rondibilis : comment La louenge des femmes (1551), reprenant le chapitre 32 du Tiers livre, condamne Rabelais à la misogynie
    Véronique Foisy (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Cette communication propose de visiter les liens entre l'oeuvre romanesque de Rabelais et La Louenge des femmes, un recueil poétique hybride qu'un certain « André Misogyne » - derrière lequel se cache fort probablement l'homme de lettres Thomas Sébillet (1512?-1589) - a fait paraitre en 1551. Ce recueil rentre dans le corpus pararabelaisien surtout par sa récupération du chapitre 32 du Tiers Livre, où le médecin Rondibilis cite Platon. Nous ferons particulièrement pression sur l'attribution confuse des propos de Rondibilis dans La Louenge; propos alors associés successivement à Pantagruel - comme le titre complet du recueil l'annonce, La Louenge des femmes: Invention extraite du Commentaire de Pantagruel, sus l'Androgyne de Platon - et à Alcofribas Nasier. Nous postulerons que cette confusion identitaire a participé à l'invention de la réputation misogyne de Rabelais, articulée dans le Fort inexpugnable en l'honneur du sexe féminin en 1555 par un François de Billon qui a trouvé dans La Louenge des femmes des munitions pour accuser Rabelais d'antiféminisme et pour inviter tout une meute de lecteurs à ne considérer dès lors le troisième roman de Rabelais que comme un éloquent plaidoyer contre les femmes.

  • Rabelais, arme catholique sous Louis XIII
    Christine Arsenault (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    L'œuvre de Rabelais, où abondent les prises de position concernant la plupart des grands enjeux idéologiques de son époque, a, dès sa parution, été associée aux débats religieux et politiques qui secouent la France des XVIe et XVIIe siècles. Nombre de ses imitateurs ont été tentés d'évoquer son univers fictionnel et ses personnages à des fins de polémique et de propagande, qu'il s'agisse d'Antoine Marcourt, de Théodore de Bèze, ou encore des auteurs de la Satyre Ménippée (1593), qui associent tous l'imaginaire rabelaisien à la dénonciation des abus de l'Église romaine. On voit toutefois apparaître, avec la fin du règne d'Henri III et l'avènement au trône d'Henri IV, un nouvelle tendance dans la littérature pararabelaisienne, qui récupère, pour la première fois dans les Paraboles de Cicquot en forme d'advis sur l'Estat du Roy de Navarre (1593), des éléments de la chronique pantagruéline avec une visée catholique, explicitement anti-réformée. Cette tendance atteindra son apogée sous le règne de Louis XIII. Ainsi, Guillaume Reboul offrira une violente attaque contre les protestants dans son Nouveau Panurge (1613), l'auteur de Conférence d'Antitus, Panurge et Guéridon (1614) alternera les arguments pour et contre la Réforme, et François Garasse emploiera, dans son Rabelais reformé (1619), une verve toute rabelaisienne pour s'attaquer au ministre Pierre Du Moulin et à ses fidèles, marquant un tournant majeur dans la chaîne de réception des écrits de Rabelais au début du XVIIe siècle.

  • Période de questions
  • Rabelais sans-culotte? Une récupération révolutionnaire de la geste pantagruélique en 1791
    Ivan Kraljic (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    En 1791 parut à Paris De l'autorité de Rabelais dans la Révolution présente. L'auteur en était Pierre-Louis Ginguené (1748-1816). Reproduisant et commentant maints passages de l'œuvre rabelaisienne où les puissants, le clergé, les moines et les juristes étaient tournés en dérision, Ginguené prétendait établir que Rabelais avait « préparé la destruction [des] sottises politiques et religieuses » de l'ancien régime. Pourtant, lorsque le clergé de France assemblé à Paris vingt ans avant la Révolution avertissait les Français des menaces qui pesaient contre le trône et l'autel, ce ne sont pas les fables rabelaisiennes qui étaient dénoncées mais les philosophes et les œuvres ouvertement matérialistes ou opposés au catholicisme. Ces Messieurs du clergé avaient-ils négligé un puissant ennemi dans Rabelais ? Nous discuterons dans un premier temps de la réception de Rabelais au XVIIIe siècle et de sa réputation de bouffon et de « philosophe ivre » (Voltaire), c'est-à-dire d'un auteur qu'on ne prenait pas au sérieux. Présenter Rabelais comme un authentique philosophe voire un théoricien des institutions était audacieux et incongru dans l'ambiance intellectuelle grave et sérieuse du siècle des Lumières. Nous présenterons dans un second temps les parallèles que Ginguené établissait entre les événements et les personnages révolutionnaires et ceux du roman rabelaisien et jugerons de leur pertinence, pour conclure sur l'autorité réelle de Rabelais dans la Révolution française.

  • Les représentations de la tradition rabelaisienne dans Les contes drolatiques de Balzac
    Seyed Behdad Ostowan (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Les contes drolatiques sont uniques dans l'oeuvre de Balzac. Les lecteurs ont l'impression d'avoir une œuvre renaissante entre leurs mains. Nous aborderons les éléments qui relient ce chef-d'œuvre au XVIe siècle et au cycle romanesque de Rabelais. Balzac ne fait pas mystère de sa dévotion pour son compatriote tourangeau. En effet, il mentionne Rabelais dans Les contes drolatiques, ainsi que dans d'autres œuvres comme La peau de chagrin, car les écrits de Rabelais, ainsi que sa langue sont l'une de ses sources d'inspiration pour ses contes. À vrai dire, Balzac s'amuse à rédiger en moyen français, et cela ne se limite pas à ses contes drolatiques, il compose également deux pages comprenant un poème en moyen français dans L'Israélite. En même temps que Balzac expose sa maîtrise du moyen français dans Les contes drolatiques, il emprunte un grand nombre de mots à Rabelais. En fait, les éléments qui lient Les contes drolatiques aux œuvres du maître François ne se limitent pas à la langue, une série de facteurs comme la philosophie et l'épicurisme les réunissent. Balzac a pris plaisir à utiliser des mots archaïques dans certains textes et c'est sa familiarité avec l'œuvre de Rabelais qui le lui a permis. Mais les points communs entre les contes de Balzac et les écrits de Rabelais vont au-delà de la langue et c'est la connaissance qu'a Balzac des œuvres de maître François et sa compréhension de la langue du XVIe siècle qui ont lui permis d'écrire les Cent contes drolatiques.

  • Période de questions


Cocktail

Vin d'honneur