Pour commenter le Chapitre 4 de la PNRI, "Favoriser l'entrepreneuriat scientifique et valoriser l'innovation industrielle", nous avons fait appel à Catherine Beaudry et à Michel Brûlé. Dans un premier temps, chacun s'attarde sur l'un des aspects. Puis, nous les avons invités à réfléchir ensemble sur la synergie entre chercheurs, entrepreneurs et innovateurs.
L'entrepreneuriat scientifique vu par Catherine Beaudry
Johanne Lebel : Catherine Beaudry, vous qui étudiez l’impact du financement de la recherche sur la performance des chercheurs universitaires depuis plusieurs années, quel regard posez-vous sur la présente Politique nationale de la recherche et de l’innovation, la PNRI?
Catherine Beaudry : Je vois d’un très bon œil le réinvestissement dédié spécifiquement à la recherche, qui est de 340 millions de dollars au cours des cinq prochaines années, auxquels s’ajoutent 286 millions qui couvriront la totalité des frais indirects de recherche émanant des projets parrainés par les organisations québécoises. Les Fonds de recherche du Québec recevront ainsi 142 millions de dollars supplémentaires sur cette même période. Le gouvernement démontre clairement l’importance qu’il accorde à la recherche et aux activités qui en découlent. Étant donné l’impact direct du financement public sur la production scientifique et technologique, individuelle et collective des chercheurs, on ne peut que se réjouir d’une telle augmentation des investissements.
Johanne Lebel : Aimeriez-vous reformuler ou compléter le contenu de ce chapitre de la PNRI?
Catherine Beaudry : Bien que je sois une grande défenseure de l’entrepreneuriat scientifique, je tiens à souligner l’importance de la recherche fondamentale pour le développement de la recherche appliquée et des technologies et innovations qui en émanent. Je me réjouis de constater que la PNRI a comme principe fondamental l’« équilibre entre tous les types de recherche, qu’elle soit fondamentale ou appliquée ».
Une lacune de la PNRI est toutefois le manque de mécanismes spécifiques permettant de maintenir cet équilibre et donc de protéger la part fondamentale de la recherche scientifique essentielle aux futures innovations. Les chercheurs subissent présentement une pression constante parce qu'on attend d'eux une application rapide et un impact quasi immédiat de leurs recherches. On a récemment vu se multiplier les programmes de partenariat, de coopération, de commercialisation, tous impliquant directement l’industrie, souvent au détriment (budgétaire) des programmes dédiés à la recherche fondamentale sans application immédiate. À cet effet, les Fonds de recherche du Québec devront redoubler de vigilance.
«Une lacune de la PNRI est le manque de mécanismes spécifiques permettant de protéger la part fondamentale de la recherche scientifique essentielle aux futures innovations.»
Outre le travail des Fonds pour susciter la collaboration avec l’industrie, le Québec bénéficie déjà de la présence de plusieurs regroupements de recherche et de développement des technologies. Plusieurs exemples de succès sont cités dans la PNRI, dont ceux du Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ) et de l’Institut national d’optique (INO), pour ne nommer que ceux-ci. Ces consortia aident les chercheurs travaillant dans des secteurs où les recherches appliquées ne mènent pas nécessairement à la création de nouvelles entreprises étant donné la nature de l’industrie pouvant recevoir leurs technologies : ils leur permettent de contribuer à la mise en application de leurs recherches. Bien que ce ne soit pas de l’entrepreneuriat scientifique à proprement parler, il en résulte une certaine commercialisation des recherches et technologies développées au sein de ces regroupements.
Ces consortia de recherche concentrent leurs efforts dans un seul secteur, ce qui les isole quelque peu du reste de l’économie. J'organise des ateliers de recherche regroupant plusieurs acteurs de différents secteurs, et je suis toujours étonnée de voir l’enthousiasme des industriels qui ont l'occasion de discuter avec leurs collègues d’autres secteurs – occasion, à leurs dires, très rare. Je salue donc l’initiative de la PNRI qui vise à encourager les collaborations intersectorielles et à décloisonner les disciplines. En fait, cette politique va beaucoup plus loin que la simple collaboration entre des secteurs industriels. Il s’agit ici d’un projet nettement plus ambitieux qui cherche à mettre en place des projets de recherche « à l’interface des grandes familles disciplinaires : sciences sociales et humaines, sciences naturelles et génie et sciences de la santé ».
Considérant que les entreprises sont un amalgame de ressources humaines provenant de toutes ces grandes familles, il était plus que temps que le domaine de la recherche s’y mette! En effet, il est essentiel de croiser ainsi les connaissances afin de faire émerger l’innovation, qui est souvent le résultat d’une nouvelle combinaison de connaissances existantes. Par exemple, on voit de plus en plus d’artistes utilisant les nouvelles technologies et collaborant avec les créateurs de ces innovations, ou même des scientifiques s’inspirant de la science-fiction pour le développement d'applications. Cela dit, il est impératif de préserver l’intérêt de chacun dans le développement de ces programmes de façon que tous y trouvent leur compte, c'est-à-dire en n’instrumentalisant aucune discipline au profit d’une autre. Encore une fois, la vigilance des Fonds de recherche du Québec sera mise à l’épreuve.
Pour ce qui est de l’entrepreneuriat scientifique spécifiquement, il est indéniable que les bureaux de transfert et de valorisation de la recherche font un travail essentiel. En revanche, la multiplicité des acteurs auxquels les chercheurs doivent s’adresser, que ceux-ci soient soutenus ou non par leur établissement, semble freiner l’ardeur de ceux qui aspirent à sa lancer en affaires. À cet égard, la création du Réseau de recherche innovation Québec (RRIQ) contribuera certainement de faire progresser les choses. Des initiatives comme l'implantation du programme premier brevet – si les nouvelles entreprises dérivées des universités y ont droit –, la bonification du soutien aux entreprises technologiques en démarrage et les autres mesures mises en place pour la valorisation et le transfert des résultats de recherche permettront sans aucun doute d’accroître le nombre de nouvelles entreprises et d’accélérer la commercialisation des innovations.
«Pour ce qui est de l’entrepreneuriat scientifique spécifiquement, il est indéniable que les bureaux de transfert et de valorisation de la recherche font un travail essentiel.»
La PNRI oublie toutefois un aspect important de l’entrepreneuriat scientifique : l’entrepreneuriat étudiant. Bien souvent, ce ne sont pas les universitaires qui commercialisent leurs recherches, mais bien leurs étudiants. Étant donné les critères de performance établis, et ce, davantage par les pairs que par les universités elles-mêmes, les universitaires ont souvent tendance à négliger les aspects plus appliqués de leurs recherches, sans parler de la commercialisation. Bien peu d’universités ont développé des programmes d’entrepreneuriat étudiant ou même réalisé le potentiel de leurs étudiants à cet égard. Un programme comme Premier emploi en recherche ne va pas assez loin pour faire germer la graine de l’entrepreneuriat au Québec.
Johanne Lebel : Quelles actions/stratégies de recherche devraient être réalisées dans les cinq prochaines années autour de cet axe afin de pouvoir relever ce défi à plus long terme?
Catherine Beaudry : À mon avis, l’action la plus importante serait d'opérationnaliser la multidisciplinarité au sein des équipes de recherche scientifique, des regroupements de recherche industriels et à la frontière entre l’université et l’entreprise.
L'innovation industrielle vue par Michel Brûlé
Johanne Lebel : Michel Brûlé, vous qui travaillez du côté de l’innovation depuis plusieurs années, quel regard posez-vous sur la nouvelle Politique nationale de recherche et d'innovation, la PNRI?
Michel Brûlé : Je me réjouis d’un certain nombre d’éléments.
Au-delà de nouvelles appellations et de nouveaux regroupements d’activités, d'abord, j’y vois une continuité opportune avec le précédent plan, la Stratégie québécoise de la recherche et de l'innovation (SQRI). La recherche et l’innovation font partie des éléments indispensables à notre autonomie économique, et il est clair que cette priorité n’est pas passée à un deuxième rang dans la présente politique.
Les exemples illustrant certains axes sont révélateurs. Le Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ) et l’Institut national d’optique (INO) font la démonstration de modèles de recherche collaborative dont la portée dépasse le Québec. C’est à mon avis un des paramètres, sinon LE paramètre d’excellence, à prioriser pour assurer une pérennité. De fait, l’excellence qui se suffit du Québec est très éphémère, que ce soit pour une publication scientifique ou une innovation industrielle visant à résoudre le problème du voisin. Lorsqu’on se rappelle les débuts de ces deux organismes, on ne peut que louer l’œuvre de bâtisseurs tels les Clément Fortin et Jean-Guy Paquet. Ce genre d’entrepreneuriat doit être reproduit, surtout si l’on souhaite développer de nouveaux pôles d’excellence. En lisant ce souhait dans la PNRI pour les énergies renouvelables et l’électrification des transports, je me dis que le Québec doit aussi se trouver un autre bâtisseur pour mener à bien ce chantier.
Cependant, en plus de ce chantier, six autres domaines stratégiques prioritaires ressortent : aérospatiale, industries créatives, bioalimentaire, soins de santé personnalisés, biotechnologies, technologies de l’information et des communications. Ils forment selon moi un objectif un peu héroïque... Espérons que des maîtres d'œuvre seront au rendez-vous.
Ensuite, pour utiliser la formule Facebook, « J’aime » bien la formulation claire du premier paragraphe du chapitre 4, où l'on décrit un des écueils qui subsistent toujours : « Le Québec éprouve encore de la difficulté à commercialiser les résultats de sa recherche. Trop souvent les idées nouvelles développées au Québec trouvent difficilement leur chemin entre le lieu de leur conception et leur lieu de mise en œuvre ou de commercialisation. » Les mesures pour favoriser la synergie et la collaboration, c’est nécessairement une bonne chose. Mais malgré toute cette panoplie, il faut rappeler que la valorisation passe immanquablement par l’identification des problèmes – et des entreprises qui les éprouvent – et par (idéalement suivi par) celle des moyens de les résoudre.
«De notre créativité québécoise émergent beaucoup de solutions, oui, mais pas nécessairement les réponses aux problèmes spécifiques de nos entreprises.»
De notre créativité québécoise émergent beaucoup de solutions, oui, mais pas nécessairement les réponses aux problèmes spécifiques de nos entreprises. De plus, le succès ultime réside dans l'atteinte du résultat suivant : la solution (ou une variante) résout les problèmes de suffisamment d’autres entreprises situées AILLEURS qu’au Québec. On doit investir dans « l’intelligence des marchés » touchant nos sept chantiers pour répondre à des besoins réels et quantifiables À L’EXTÉRIEUR DU QUÉBEC. Parmi les quelque 5000 solutions qu’a développées l’INO, combien sont commercialisées à l’extérieur du Québec? Sans m’étendre davantage sur cet aspect, je répète mon point clé : décourageons l’isolement de la langue et des frontières.
Johanne Lebel : Aimeriez-vous reformuler ou compléter le contenu de ce chapitre de la PNRI?
Michel Brûlé : Le document contient une longue liste d’intentions. Il me semblerait peu productif ou réaliste d'ajouter quelque chose pour compléter cette liste. Cependant, voici deux idées qui me semblent porteuses et qui peuvent aider à actualiser la présente politique.
La PNRI propose le programme Premier emploi en recherche, où les jeunes diplômés sont invités à se joindre à des projets de recherche en entreprise, et ce, dès la fin de leurs études. C’est une très bonne idée. Cela me rappelle, en fait, un modèle de financement utilisé pour le lancement d’une entreprise à partir d’un problème dont la « douleur » a été documentée (le quoi et le qui). Dans ce modèle, les financiers (généralement d’anciens entrepreneurs eux-mêmes) relèvent auprès de grandes entreprises affiliées des problèmes pertinents et les soumettent pour solution, en collaboration avec les autorités compétentes, à des étudiants de maîtrise ou de doctorat. Si une solution est découverte, une entreprise est lancée… avec déjà un premier client! Ce modèle se confine à des secteurs spécifiques, mais il est très efficace pour la valorisation, puisqu’on inverse le traditionnel paradigme de la recherche universitaire, c.-à-d. « une solution qui se cherche un problème ». Quoiqu’on doive encourager le modèle du « problème se cherchant une solution », il ne serait pas sain, pour la liberté de recherche, de minimiser la valeur du modèle universitaire actuel.
Autre idée. Et cette fois, du côté de la question des « élites ». Pour avoir côtoyé l’écosystème du capital de risque (au Québec et ailleurs) depuis près de 30 ans, un peu plus de la moitié comme entrepreneur en série et le reste comme « ange financier professionnel », j’ai pu constater les méfaits du saupoudrage : on reconnaît les meilleurs, mais cela ne se traduit pas par une contribution proportionnelle. On veut bien utiliser une grille d’évaluation constituée d’une série de paramètres empiriques, souvent sous la rubrique « développement économique ». L’effet pervers non désiré d’un tel exercice : on se compare entre nous alors que la norme de comparaison est ailleurs. J’ai aussi constaté cette situation dans le milieu de la valorisation de la recherche universitaire. Mais « que le meilleur gagne » m’apparaît redevenir la quête, que cela favorise ou non une université en particulier. En ce sens, tout programme gouvernemental visant à favoriser le capital ou la valorisation de la recherche devrait s’appuyer sur une compétition. Le défi sera alors déplacé vers la formation de comités d’évaluation compétents ET indépendants.
«Par contre, je sais bien qu’au-delà de ce plan stratégique quinquennal, un plan d’action confrontera des objectifs nobles, d'une part, et des ressources humaines et financières limitées, d'autre part.»
Dialogue entre Catherine Beaudry et Michel Brûlé, sur la question de la synergie
Johanne Lebel : La PNRI identifie comme objectif d'augmenter le partage des connaissances, de briser les barrières et de créer de la synergie entre entrepreneurs, chercheurs ou innovateurs. Quel premier pas feriez-vous de ce côté?
Catherine Beaudry : Je commencerais par modifier une partie des critères de performance des chercheurs pour l'obtention des subventions de façon à valoriser la collaboration université-entreprise. Les chercheurs s'adaptent habituellement rapidement aux nouveaux critères et les universités suivent tout aussi rapidement derrière. En revanche, il faut s'assurer que ces nouveaux critères ou critères additionnels ne nuisent pas aux chercheurs qui se consacrent uniquement à la recherche fondamentale. Il y a peut-être lieu ensuite de favoriser la mise sur pied de revues scientifiques multidisciplinaires, puisqu'il est beaucoup plus difficile de publier des travaux de recherche à la frontière de plusieurs disciplines, les arbitres n'étant habituellement pas multidisciplinaires eux-mêmes. Ce sont les deux premiers pas à faire pour décloisonner les disciplines, pour favoriser le partage des connaissances, les synergies et la collaboration entre entrepreneurs, industriels, gouvernements, chercheurs et innovateurs.Michel Brûlé : Pour ne pas faire injustice à l'histoire, je reformulerais la question ainsi : « Quels pas supplémentaires feriez-vous de ce côté? » En effet, me reviennent en tête le regard et les réactions de certains collègues universitaires aux travaux du laboratoire que j'avais cofondé (Laboratoire d'intégration des technologies de l'information - LITI), duquel sont nées deux sociétés dérivées... il y a plus de 20 ans. En 20 ans, nous avons changé de planète pour ce qui est des trois éléments de l'objectif cités dans la question. Au point qu'une de mes préoccupations réside dans le flou des rôles, des aspirations et des motivations que des incitatifs très (trop?) ciblés peuvent engendrer. Le bon professeur-chercheur n'est pas génétiquement équipé pour devenir entrepreneur en affaires. S'il a des aptitudes de gestion et l'ambition de se distinguer, il va créer un groupe de recherche performant. Il peut être intéressé par les problèmes qu'un marché cherche à résoudre, mais ce n'est généralement pas sa première motivation. Évidemment, la génétique a ses exceptions et les secteurs leurs particularités... Mais revenons à la question. Catherine vous avez mis le doigt sur un aspect qui n'est pas facile à favoriser, mais combien important : la synergie performante d'expertises multidisciplinaires. Maintenant, au sujet de l'efficacité des mesures proposées à cet égard, le seul commentaire avec lequel je me sens à l'aise est le suivant : « C'est l'intention qui compte ».
«Un aspect qui n'est pas facile à favoriser, mais combien important : la synergie performante d'expertises multidisciplinaires.»
Catherine Beaudry : J'ajouterais qu'en plus de l'intention, il faut une bonne dose de volonté et d'efforts de part et d'autre. À cet égard, je crois que les Fonds sont bien placés pour instaurer un changement de direction sur le plan de la culture universitaire. Michel, vous dites que ce ne sont pas tous les professeurs qui sont intéressés par l'entrepreneuriat… heureusement! Ceci m'amène à réitérer un commentaire fait plus haut quant à la volonté des chercheurs de devenir entrepreneurs. À mon avis, on se trompe de cible, et on oublie ainsi les étudiants qui ne veulent pas nécessairement devenir professeurs, mais qui désirent plutôt amener eux-mêmes les technologies sur le marché en démarrant leur propre entreprise. Bien peu de support leur est offert par les bureaux de liaison et de transfert, les bureaux de transfert technologique et autres sociétés de valorisation universitaire, du moins pas explicitement.
Michel Brûlé : Je dirais qu'heureusement les étudiants, en particulier les diplômés, ne veulent pas nécessairement devenir professeurs. Les postes techniques de mes deux premières entreprises furent presque entièrement comblés par mes anciens étudiants. Nos BLEU (bureaux de liaison entreprises-universités) n'ont effectivement pas le mandat d'aider nos étudiants « entrepreneurs en devenir », mais d'autres structures existent au sein et à l'extérieur de l'université. Par exemple, à l'ÉTS, ces étudiants sont financés et guidés par le Centech. À l'extérieur de l'université, on trouve des TandemLaunch, Real Ventures, etc., qui commanditent des incubateurs pour nos entrepreneurs. Certains résultats de ces expériences commencent à être suffisamment probants pour qu'on commence à récompenser les plus performants, c.-à-d. à offrir plus de fonds à ces gestionnaires pour appliquer la formule à plus grande échelle. Ça ne semble malheureusement pas être notre premier réflexe.
Catherine Beaudry : Alors, comment allumer la flamme entrepreneuriale chez nos étudiants? Pour l'instant, celui qui veut se lancer en affaires contacte lui-même le centre d'entrepreneuriat de son université ou un organisme à l'extérieur. Un peu plus de « prospection » de la part des universités permettrait certainement de susciter l'intérêt et la curiosité des étudiants.
«Je crois qu'une façon de briser les barrières consiste à former les chercheurs au langage de l'entreprise.»
Pour revenir à la question de départ, je crois qu'une façon de briser les barrières consiste à former les chercheurs au langage de l'entreprise. Il n'y a rien comme parler la même langue pour se comprendre! Les étudiants de doctorat, qu'ils choisissent une carrière universitaire ou non, devraient recevoir une formation plus vaste les outillant pour le futur. On peut penser à des cours et des ateliers sur l'entrepreneuriat, la commercialisation, la protection de la propriété intellectuelle, les modèles d'affaires, et j'en passe. Les futurs professeurs ne seraient donc plus étrangers au langage des affaires. La meilleure façon de décloisonner les disciplines est sans aucun doute d'agir au sein même de la personne. Nous devons former des chercheurs multidisciplinaires.
Michel Brûlé : Votre vœu a été entendu quant aux notions pertinentes à transmettre aux étudiants. Plusieurs initiatives sur l'entrepreneuriat font maintenant partie des programmes en ingénierie, par exemple, ... du simple cours au programme structuré. Je conclue sur l'aspect que vous soulevez, Catherine : former des chercheurs multidisciplinaires. Un incitatif spécifique à ce sens des fonds subventionnaires m'apparait le moyen efficace à court terme.
- Catherine Beaudry et Michel Brûlé
Polytechnique Montréal et Investissements M&M
Catherine Beaudry est professeure agrégée au Département de mathématiques et de génie industriel, de l’École Polytechnique de Montréal. L’économie de l’innovation, l’impact de la science et de la technologie, les réseaux d’innovation, les systèmes régionaux d’innovation, et la survie et performance des entreprises, sont ses domaines d’intérêt. Parmi les secteurs spécifiques qui sont sous sa loupe d’analyste, on retrouve les biotechnologies, les nanotechnologies et l’aérospatiale.
Pendant près de 20 ans, Michel Brûlé a poursuivi deux carrières, en partie concurremment : à l’École de technologie supérieure (ÉTS), comme professeur, chercheur et doyen, et en affaires, comme entrepreneur et fondateur de six entreprises technologiques. Il a vendu deux de ses entreprises en 2000, dont Inno Media Logic (IML) inc., une transaction qui a reçu le titre de Best VC deal in Canada for year 2000. Il commence à cette époque une carrière d’investisseur providentiel en fondant Investissements M&M. Il a en outre participé au démarrage du FIER Longueuil. En reconnaissance de sa contribution, la National Angel Capital Organization lui a décerné la distinction « Ange financier de l’année 2010 au Canada ». Il est membre du conseil d’administration du Réseau Anges Québec, de Cogiscan inc, d’Octasic inc., de Varitron Technologies inc. et de Prompt inc. [Texte tiré du site d’Investissement Québec où Michel Brûlé a été nommé au conseil d’administration d’Investissement Québec en janvier 2011]
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