Informations générales
Événement : 84e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 100 - Sciences de la santé
Description :Depuis les écrits d’Hippocrate, tour à tour, médecins, théologiens, philosophes et psychologues se sont interrogés sur la nature de l’impulsivité et sur son rôle pour expliquer les différences individuelles dans la psychopathologie et l’expression des comportements inadaptés. Aujourd’hui, le DSM-5 (cinquième édition du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) consacre un chapitre entier sur les troubles de comportements perturbateurs ou du contrôle des impulsions. Cependant, l’impulsivité se trouve, de manière explicite ou implicite, associée à de nombreux autres troubles psychologiques. En outre, il existe des comportements impulsifs spécifiques dont la psychopathologie de la personne qui les adopte demeure méconnue. Si cette relation entre impulsivité et psychopathologie n’est plus à démontrer, la compréhension du rôle de l’impulsivité dans le contexte de la psychopathologie soulève encore plusieurs problèmes. Par exemple, bien que la définition de l’impulsivité se précise avec le DSM-5, elle demeure encore vague pour départager les individus impulsifs entre eux ou encore de ceux qui ne le sont pas. De plus, les causes de l’impulsivité peuvent être nombreuses, allant d’un manque de contrôle des impulsions à un manque de prévoyance, en passant par une difficulté à tolérer les retards. Malgré les efforts de recherche, les mécanismes psychologiques et cognitifs sous-jacents aux manifestations impulsives propres à chaque entité clinique demeurent peu connus et nécessitent des instruments de mesure dont les validités diagnostique et prédictive ne sont pas toujours assurées. Le colloque vise à proposer des solutions à ces problèmes et à bien d’autres. Les troubles psychologiques et les comportements inadaptés qui seront abordés seront le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité, le syndrome de Gilles de la Tourette, le trouble bipolaire, le trouble de la personnalité limite, les agressions sexuelles et la compulsion sexuelle.
Date :- Jean Gagnon (UdeM - Université de Montréal)
- Fannie Carrier Emond (UdeM - Université de Montréal)
Programme
Troubles neurodéveloppementaux et schizophrénie
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Mot de bienvenueFannie Carrier Emond, Jean Gagnon (UdeM - Université de Montréal)
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Liens entre les comportements hyperactifs et impulsifs, les habiletés sociales et les difficultés d'adaptation des personnes qui ont un TDAH, Samuel GIROUX (UQAM - Université du Québec à Montréal), Marianne LOYER CARBONNEAU (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Cette communication vise à faire état des connaissances sur les liens entre les comportements hyperactifs et impulsifs et les difficultés d'adaptation des personnes qui ont un TDAH. D'abord, les symptômes du TDAH seront décrits et analysés en regard du modèle théorique de Barkley qui propose une explication du TDAH selon laquelle, le déficit d'inhibition (ou l'impulsivité) est au cœur de la problématique. Ce déficit d'inhibition entraine des déficits des fonctions exécutives et subséquemment, des difficultés d'adaptation qui persistent de la petite enfance à l'âge adulte. Ces liens seront donc décrits dans une perspective développementale. Par ailleurs, dans la majorité des études, on ne fait aucune distinction entre les filles et les garçons. Pourtant, les différences identifiées dans les études récentes témoignent de la pertinence de s'intéresser à ces questions. Nous allons donc présenter comment l'expression des symptômes d'hyperactivité et d'impulsivité varie chez les filles comparativement aux garçons et comment cela nuit à l'adaptation des filles. Enfin, le TDAH est souvent associé à d'autres troubles, dont les troubles de comportement perturbateur ou du contrôle des impulsions.Malheureusement, les difficultés d'adaptation sont alors plus sévères et peuvent même entrainer des ruptures de fonctionnement. Dans le DSM-5, ces troubles ont été redéfinis et mieux précisés. Nous exposerons ces changements.
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L'impulsivité au sein du syndrome de Gilles de la TouretteBruno Gauthier (UdeM - Université de Montréal), Marc E. LAVOIE (UdeM - Université de Montréal), Julie Leclerc (UQAM - Université du Québec à Montréal), Simon Morand-Beaulieu (UdeM - Université de Montréal), Kieron P. O’CONNOR (UdeM - Université de Montréal)
Le syndrome de Gilles de la Tourette (SGT) est un trouble neuropsychiatrique affectant environ 1% de la population. Les patients qui en sont atteints sont aux prises avec des tics moteurs et vocaux, qui sont des gestes et des sons produits de manière non-volontaire. On retrouve aussi plusieurs comorbidités associées au SGT, comme le trouble obsessionnel-compulsif, le trouble déficitaire de l'attention, la dépression et l'anxiété, entre autres. Les tics chroniques constituent une manifestation immédiatement observable d'impulsivité motrice. Toutefois, dans certains contextes, les patients atteints du SGT peuvent être aux prises avec des épisodes de colère, d'opposition, d'agressivité, et même des crises de rage. Ces problèmes liés à l'impulsivité peuvent parfois causer davantage de détresse que les tics et surviennent souvent lorsqu'il y a de la comorbidité. Cette présentation abordera l'impulsivité dans le cadre du SGT sous plusieurs angles. Il sera question des différentes manifestations impulsives qui affectent ces patients, et de l'impact de ces manifestations sur leur performance neuropsychologique. La présentation aura également pour but de discuter des réseaux cérébraux qui sont impliqués dans le déclenchement et le contrôle de l'impulsivité chez les patients atteints du SGT, ainsi que des comorbidités pouvant venir moduler l'expression des symptômes impulsifs dans cette population.
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Pause
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Le rôle de l'impulsivité dans la schizophrénie et les comportements violentsAlexandre Dumais (Institut Philippe-Pinel de Montréal), Geneviève Martin (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Malgré que les comportements violents de personnes souffrant de schizophrénie fassent l'objet d'une importante couverture médiatique, l'ensemble des facteurs biopsychosociaux qui contribuent à de tels comportements demeure à ce jour à préciser. Le sous-groupe de personnes atteintes de schizophrénie qui ont des comportements violents se montre souvent résistant ou réticent aux interventions. Le suivi en milieu psychiatrique est donc souvent sous-optimal (pour une durée de temps limitée ou variable), ce qui rend leur prise en charge clinique difficile. Bien que des stratégies basées sur des données probantes soient proposées afin d'améliorer la capacité des équipes traitantes à prédire et à gérer le risque de violence des personnes atteintes de schizophrénie, les connaissances relatives à plusieurs facteurs clés qui sont reconnus augmenter le risque de comportements violents demeurent limitées. Parmi les facteurs dynamiques qui peuvent être ciblés en traitement (p. ex. le manque d'autocritique, la colère) (Fazel et al., 2012), l'impulsivité est identifiée comme jouant un rôle essentiel dans l'agissement de comportements violents chez les personnes atteintes de schizophrénie. À partir d'une recension de la littérature scientifique, la présentation vise à tracer le contour des connaissances actuelles en lien aux manifestations de l'impulsivité et aux corrélats neurobiologiques de l'impulsivité chez les personnes atteintes de schizophrénie et de faire le lien avec la violence.
Pause repas
Humeur, personnalité et sexualité
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Impulsivité et troubles bipolaires : portrait clinique, comorbidités et implications thérapeutiquesAudrey MORIN (Institut universitaire en santé mentale Douglas), Antoine Pennou (clinique des troubles bipolaires de l'institut Douglas), Suzanne RENAUD (Institut universitaire en santé mentale Douglas)
Critère diagnostique inféré lors de manie ou d'hypomanie, l'impulsivité chez les troubles bipolaires représente une caractéristique centrale pouvant entraîner plusieurs conséquences importantes (Swann et al., 2005). Par ailleurs, plusieurs autres troubles mentaux, tels que le trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), les troubles liés aux substances et le trouble de la personnalité limite (TPL) sont eux-mêmes associés à une impulsivité élevée (Crunelle et al., 2013) et il s'avère parfois difficile de distinguer en quoi cette caractéristique est similaire ou diffère de celle retrouvée chez les troubles bipolaires. Parallèlement, ces mêmes troubles sont souvent comorbides avec la bipolarité et la présence de ceux-ci semble exacerber les risques déjà importants associés à une impulsivité élevée (Swann et al., 2004; Victor et al., 2011). Dans l'optique de fournir une évaluation et des pistes d'intervention ciblant l'impulsivité, cette présentation tentera de dresser un portrait clinique de cette caractéristique retrouvée chez une population bipolaire et de présenter les associations fréquemment retrouvées. De plus, des éléments de différenciation au niveau de l'impulsivité avec le TDAH, les troubles liés aux substances et le TPL ainsi qu'une réflexion entourant la présence de telles comorbidités seront proposés.
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Les déterminants et les corrélats de la compulsion sexuelleMarie-Ève Daspe (UQAM - Université du Québec à Montréal), Natacha GODBOUT (UQAM - Université du Québec à Montréal), Stéphane SABOURIN (Université Laval), Marie-Pier Vaillancourt-Morel (Université Laval)
Les pensées, préoccupations ou comportements sexuels incontrôlables, source de détresse et d'une altération du fonctionnement, sont conceptualisés selon un ensemble de modèles théoriques et cliniques hétérogènes. Afin de clarifier les déterminants de la compulsion sexuelle et d'enrichir les observations scientifiques au sein d'un échantillon non clinique, la présente étude traite principalement du rôle de l'impulsivité et de la détresse psychologique dans la prédiction des pensées, préoccupations ou comportements sexuels compulsifs. L'échantillon se compose de 989 adultes ayant complété des questionnaires auto-rapportés en ligne. Afin d'évaluer la pertinence d'un modèle prédictif incluant des variables intrapersonnelles associées à la compulsion sexuelle, une analyse de régression linéaire a été réalisée. Les résultats révèlent que les compulsions sexuelles s'inscrivent au sein d'un riche réseau de facteurs de risque psychologiques où deux dimensions de l'impulsivité et la détresse psychologique prédisent une faible augmentation des compulsions sexuelles. Ces résultats soutiennent l'hypothèse d'une certaine cooccurrence entre la compulsion et certaines facettes de l'impulsivité pour expliquer les conduites sexuelles vécues comme excessives. Cette présentation contribue à mieux situer la validité de la notion de compulsions sexuelles et à dégager quelques voies de réflexion clinique sur ce phénomène.
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L'impulsivité et les agressions sexuellesFannie Carrier Emond (UdeM - Université de Montréal), Shawn Marschall-Lévesque (UdeM - Université de Montréal), Kévin NOLET (UdeM - Université de Montréal), Joanne-Lucine ROULEAU (UdeM - Université de Montréal)
L'impulsivité dans diverses sphères de la vie de l'individu (p. ex. déménagements fréquents, conduite automobile dangereuse) est considérée comme un des importants facteurs lors de la prédiction de la récidive chez les agresseurs sexuels. Bien que plusieurs modèles multifactoriels incluent l'impulsivité comme une variable étiologique, plusieurs questions subsistent. Les différents types agresseurs sexuels sont-ils tous impulsifs? L'impulsivité retrouvée chez les agresseurs sexuels est-elle liée à la déviance sexuelle ou est-elle simplement une variable de la personnalité observée chez les populations criminalisées? Dans cette revue critique de la littérature, nous présenterons les principales théories et recherches empiriques traitant des liens entre l'impulsivité, tant comme disposition intrapersonnelle des agresseurs sexuels qu'en tant que composante du processus délictuel des agressions sexuelles. Puis, nous aborderons les récentes données neurophysiologiques et de la neuropsychologiques ayant testé l'hypothèse que des atteintes, autant structurelles que fonctionnelles, pourraient être liées aux différentes manifestations cliniques de l'agression sexuelle. Enfin nous conclurons sur les implications du rôle de l'impulsivité lors de l'évaluation des différents types d'agresseurs sexuels.
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Déficits neuropsychologiques en lien avec l'impulsivité dans le trouble de la personnalité limiteJean Gagnon (UdeM - Université de Montréal)
Il y a maintenant plus de 20 ans que la neuropsychologie étudie le trouble de la personnalité limite avec l'objectif de décrire ses dysfonctions cognitives. À travers les années, les méthodes de la neuropsychologie ont beaucoup évolué. Bien que certains déficits dans différents domaines de fonctionnement aient été identifiés dans le trouble de la personnalité limite, que peut-on dire à propos de l'impulsivité qui représente l'un de ses symptômes les plus invalidants? En effet, il est coutume de croire que les comportements auto-dommageables sont le reflet de perturbations cognitives associées. La neuropsychologie a-t-elle été en mesure de confirmer cette hypothèse? Cette présentation fera la recension des études issues de cinq courants de recherche sur l'impulsivité dans le trouble de la personnalité limite afin d'identifier les déficits cognitifs associés et d'en dégager les implications cliniques. Les limites de la définition de l'impulsivité du trouble de la personnalité limite de même que les avantages et désavantages des méthodes pour la mesurer seront discutés.