Informations générales
Événement : 86e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :Au sein de ce colloque, nous examinerons les différentes interventions possibles sur les apprentissages en fonction de leurs effets sur le développement global du sujet. Nous aborderons des interventions tant scolaires que parascolaires. Nous débattrons également des cadres théoriques nécessaires pour penser ces démarches.
En effet, la recherche sur les méthodes d’apprentissage continue de prendre de l’ampleur, mais leurs effets à long terme sur le développement global ne sont pas souvent pris en compte ni mesurés, ni même discutés. Ce qui semble, à première vue, profitable à l’apprentissage, par exemple la réduction de la quantité d’informations présentées, peut se révéler porter préjudice à d’autres dimensions du développement, qu’elles soient cognitives, comme la capacité à résoudre des problèmes complexes, ou conatives, comme la motivation indispensable à la persévérance et les émotions nécessaires à la créativité (Buysse, 2012; Longcamp et Velay, 2011). Les interventions devraient ainsi prendre en compte un ensemble de dimensions du développement (Kholmogorova, 2016).
Nous traiterons ainsi des interventions tant scolaires que parascolaires et discuterons également des cadres théoriques essentiels pour penser ces démarches. Des éléments aussi variés que les cartes conceptuelles, l’interaction langagière, la prise en compte des cultures d’origine et les gestes pédagogiques seront examinés.
Nous considérerons ainsi les changements dans le rapport au savoir, le rapport à l’écrit, les genres de raisonnements, le rapport à l’émotion. Ce colloque, qui se situe dans la continuité de nos colloques précédents sur l’apprentissage et le développement, vise ainsi à examiner les manières d’intervenir auprès des sujets, que ce soit auprès de l’enfant, de l’élève ou de l’étudiant en formation professionnelle, ou encore auprès des élèves à besoins particuliers, à la lumière des effets développementaux des apprentissages. C’est dans cette optique que nous étudierons l’effet de diverses interventions sur le développement global de la personne tout en questionnant aussi sur plusieurs approches scientifiques et cadres théoriques.
Chaque participant dispose d’une heure pour présenter ses résultats ou ses idées et allouer du temps aux échanges ou au débat.
Dates :Programme
Intervenir pour influencer le développement 1
-
Communication orale
Principes d'intervention pour demain : éduquer pour un monde d'intelligence artificielleAlexandre Buysse (Université Laval)
Les progrès technologiques nous conduisent rapidement vers une omniprésence de l’intelligence artificielle. De nombreux économistes prévoient déjà une refonte complète de notre activité économique. Celle-ci entrainera à terme la disparition de la plupart des emplois actuels. La question se pose donc de savoir à quoi nous devons former dans nos institutions. En effet, les dernières décennies ont vu en effet augmenter la pression pour enseigner des compétences « utiles », et, parfois, un retour à des méthodes d’apprentissage reposant sur des connaissances primitives du fonctionnement cognitif. Paradoxalement, l’IA a suivi l’évolution inverse en délaissant le concept même d’accumulation systématisée de savoir et de résolution de problèmes simples. En effet, les chercheurs de ce domaine se sont inspiré des dernières connaissances de psychologie cognitive et ont mis l’accent sur la compétence d’apprendre à apprendre et sur l’organisation des connaissances. Dans ce monde en changement, nous interrogeons la part « humaine » de l’intelligence et nous questionnons ce qui permettrait d’y former. C’est ainsi que nous mettrons en valeur l’apport des arts et de la philosophie dans la formation de l’être humain afin qu’il puisse trouver une place dans un monde où l’IA accomplira mieux que nous une partie de nos compétences. Cette réflexion se prolongera par une proposition de principes d’enseignement compatibles avec le développement.
-
Communication orale
Analyse des médiations et processus cognitifs à l'œuvre dans un dialogue : un exemple tiré d'un débat politique.Alexandre A.J. Buysse (Université Laval), Vanessa Villeneuve (Université Laval)
L’enseignement repose essentiellement sur de l’interaction. Nous nous devons donc de tenir compte des influences exercées par le discours sur les processus cognitifs de l’interlocuteur. À titre d’exploration, cette communication propose de présenter l’analyse d’un dialogue entre deux politiciens participant à un débat télévisé, sous l’angle des processus cognitifs mobilisés par chacun. Il s’agit également ici de retracer les influences réciproques d’un locuteur sur l’autre sous la forme des médiations intériorisées suite au discours de l’un des intervenants. L’analyse du discours a été réalisée en employant le logiciel Tropes de manière à permettre une analyse logico-discursive (Ghiglione, Landré, Bromberg et Molette, 1998; Seignour, 2011). Ainsi, nous avons cherché à déceler entre autres la présence de modalisateurs d’intensité, devant témoigner de l’implication du locuteur dans son discours et de la présence d’émotions, de divers modes et temps verbaux, de connecteurs, etc. Le choix des mots a ensuite été mis en relation avec le type des processus cognitifs mobilisés (Buysse, 2012). Nous avons mis cela en lien avec les thématiques véhiculées dans le discours. Les résultats de l’analyse ont, entre autres, montré une part plus importante de certains processus structurants intériorisés, tels les genres de raisonnements et les objectifs. Nous ouvrons sur utilisation de cette méthodologie d’analyse pour cerner les interactions entre un orthopédagogue et un élève en difficulté.
-
Communication orale
Moduler les interventions pour favoriser les apprentissages, accompagner et soutenir le développement de l'apprenantYannick Brun-Picard (Collège Jacques Prévert Les Arcs)
Parfois un éduquant intervient à destination des apprenants avec fermeté tout en jouant avec eux. Cet acteur éducatif agit au contact afin de favoriser l’assimilation des savoirs en fonction des destinataires. Comment moduler les interventions afin de favoriser les apprentissages en accompagnant, soutenant, guidant et orientant le développement de l’apprenant ? Un échec criant de pratiques pédagogiques inadaptées, par refus des spécificités de l’élève, et un socle conceptuel posent les bases de notre développement. Ce ne sont pas des recettes toutes faites qui sont recherchées. Ce sont des leviers pertinents et adaptés aux apprenants qui sont valorisés. La capacité à lire et à comprendre les attitudes, à analyser le contexte, à intégrer les actants au cœur de leurs univers sociétaux, s’inscrit comme la base à toute modulation d’une intervention. L’éduquant progresse alors au sein d’une démarche praxéologique où les erreurs de tous les participants sont incluses dans la modulation afin que chacun progresse et parvienne à ses objectifs. Des points noirs demeurent, mais la modulation créée par la distanciation empathique, l’émulation socioconstructive, la structuration d’interfaces fonctionnelles, ouvre des possibles attrayants pour les pratiques éducatives.
Dîner
Intervenir pour influencer le développement 2
Intervenir pour influencer le développement 3
-
Communication orale
Des dispositifs pour favoriser le développement psycho-cognitif des élèves : illustrations à partir de recherches visant la remédiation cognitive de difficultés de décentrationNatacha Duroisin (Université de Mons)
Nous étudions, dans une perspective développementale, le fonctionnement cognitif des apprenants afin de favoriser le développement et la mobilisation de savoirs, savoir-faire et de compétences chez les élèves. La particularité de ces recherches est de faire converger plusieurs champs scientifiques (sciences de l’éducation, psychologie cognitive et développementale, didactiques des disciplines) afin de les enrichir mutuellement pour contribuer à l’amélioration de l’enseignement-apprentissage en travaillant un concept transversal, à savoir l’espace. Une attention est portée notamment au développement de compétences et de mécanismes spatiaux (passage de la 2D à la 3D et inversement, processus de décentration, etc.) appliqués à divers contenus disciplinaires (mathématiques, géographie, sciences…) chez des sujets typiques et atypiques. En prenant en compte les résultats des élèves à certaines évaluations scolaires et à certaines épreuves psychométriques, nous développons, d’une part, une série d’expériences documentées dans les domaines de la psychologie et des sciences cognitives (i.e. Duval) et, d’autre part, des séquences pédagogiques en prenant appui sur de précédentes recherches (i.e. Berthelot & Salin). Nous présenterons des dispositifs exerçant l’habileté de décentration spatiale que nous avons mis au point avec des enseignants et que nous avons expérimenté dans des établissements scolaires ordinaires et spécialisés (Duroisin & Mengue-Topio, 2017).
-
Communication orale
La persévérance scolaire chez les Premières Nations : intégration d'éléments de leur culture d'oralité dans la classe de français et ses impacts sur l'identité d'apprenant d'élèves d'une école primaire innue.Alexandre A.J. Buysse (Université Laval), Joanie Desgagné (Université Laval)
Cette recherche vise à comprendre comment l’intégration d'éléments relevant de la tradition orale, d'une culture d'oralité, dans la classe de français au sein d'une communauté innue influence le rapport au savoir, voire l’identité d’apprenant des élèves. En effet, les curriculums scolaires en territoire autochtone n’intègrent pas encore de contenus pédagogiques qui reflètent les savoirs, les langues et les traditions autochtones. Par conséquent, nous avons développé et expérimenté, en collaboration avec les élèves d’une classe de l’école primaire Tshishteshinu de Mani-Utenam et des membres de la communauté, dont une conteuse innue, des moyens d’intégrer la culture d'oralité par la littéralité orale et ce, grâce à une approche rappelant la transmission traditionnelle des savoirs innus et la vision holistique de l’apprentissage (atelier interculturel de l’imaginaire (Guilbert, 2007)) tout en suivant la Progression des apprentissages en français du Programme de formation de l'école québécoise. Des entretiens semi-dirigés ont été réalisés auprès des élèves afin de connaître leur identité d’apprenant en contexte scolaire et ce, avant et après l’expérimentation afin de rendre compte d’une possible évolution des rapports au savoir, vu comme les rapports à l'apprentissage et aux objets de savoir, agissant comme indicateur d’engagement, d’intérêt et de réussite scolaire (Charlot, 1997).
Dîner
Intervenir pour influencer le développement 4
-
Communication orale
Exploration de possibilités d'interventions visant le développement global d'élèves en douanceAlexandre A.J. Buysse (Université Laval), Maryse Feliziani (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Nous présentons une recension des écrits visant à comprendre d’une part la réalité des jeunes en douance et d’autre part, les interventions proposées à ce jour dans le cadre scolaire. Sur cette base nous problématisons les enjeux développementaux pour ces élèves à haut potentiel, et esquissons une approche d’intervention vygotskienne. En effet, certains auteurs tentent de mettre en évidence la réalité de ces élèves, qui sont souvent confrontés à un système qui ne répond pas à leurs besoins. En effet, pour Winebenner (2008), les élèves doués font partie de ceux qui reçoivent généralement le moins d’attention de la part de l’enseignant et qui ont le moins de possibilités, par rapport à leurs camarades de classe, de travailler avec du contenu scolaire adapté au développement de leur potentiel. À cela, peut s’ajouter, selon Tordjman (2010), une possibilité de comorbidités qui vient « voiler » le potentiel du jeune doué. Il est désormais reconnu que l’élève doué peut vivre des difficultés scolaires et que la douance peut se manifester sous plusieurs facettes (Alberta Education, 2002), mais il n’en demeure pas moins que l’enseignant doit être en mesure de répondre aux besoins individuels de ces jeunes et d’intervenir adéquatement en classe. Nous esquissons une proposition d’intervention visant à mettre à contribution les compétences exceptionnelles de ces élèves afin de permettre un développement global se déployant tant au plan personnel que scolaire
-
Communication orale
L'écriture de textes identitaires : une voie pour poser un autre regard sur soi et sur le rapport à l'écritCéline Renaulaud (Université Laval)
L’apprentissage d’une langue est une activité cognitive indissociable des interactions sociales (Vygostki, 1934/1997). Au Québec où la majorité des classes sont linguistiquement hétérogènes (élèves francophones et plurilingues), la prise en compte des savoirs langagiers et culturels de chaque élève est fondamentale pour que la classe soit un lieu de construction d’une culture langagière commune favorable à l’apprentissage du français. Aussi, l’apprentissage du français est une condition sine qua non de la réussite scolaire des élèves issus de l’immigration. Nous proposons à tous les élèves une démarche signifiante en termes d’apprentissage du français grâce à l’écriture de textes identitaires. Ce type de textes, en permettant aux élèves de parler d’eux-mêmes, semble favoriser la motivation à écrire et l’expression identitaire, et à partir de là influencer le rapport à l'écrit et donc l'engagement dans l'écrit. Notre dispositif de recherche était fondé sur des ateliers d’écriture dans une classe de 6e année. Des entretiens semi-directifs sur les pratiques langagières et le rapport à l’écrit ont eu lieu en début et fin de projet. Les données en cours d’analyse confirment déjà partiellement nos hypothèses : l’écriture de textes identitaires est un moyen signifiant d’expression identitaire, elle confère du sens à l’écriture et est une voie de développement des compétences langagières, surtout lexicales.