Les populations de la région du Sahel vivent de multiples défis : déplacements forcés, crises alimentaires, instabilité politique. Ces phénomènes ont contribué depuis 1970 à construire le Sahel comme un bloc géopolitique nécessitant des interventions portées surtout par les acteurs occidentaux. L’échec des opérations militaires, l’insécurité, les coups d’État et les sentiments anti-occidentaux ont contribué à diriger les orientations géopolitiques vers la Chine, la Russie et le Moyen-Orient. Ce virage engendre des transformations aux systèmes de gouvernance mis en place au Sahel dès les indépendances.
Dans ce contexte d’enchevêtrement des multiples crises, les politiques de développement international s’inventent en mélangeant des référentiels sécuritaires, climatiques, souverainistes — qui ne sont pas forcément alignés les uns aux autres, car portés par des acteurs aux intérêts divergents : bailleurs de fonds, autorités, populations locales, société civile, universitaires, groupes djihadistes. En se focalisant sur le secteur de la santé, ce colloque propose de réfléchir sur la transformation et le devenir des politiques de développement international dans le contexte de polycrise actuel au Sahel et sur le rôle des acteurs dans la production des savoirs et des informations qui alimentent ces politiques. Comment la polycrise affecte-t-elle les priorités des bailleurs de fonds ? Considérant que la Chine et la Russie ont une grande incidence sur la circulation d’information vers les populations, est-ce que leur importance dans les pays du Sahel représente une menace pour les stratégies d’optimisation de la santé misant sur la démocratisation des savoirs ? Comment la montée d’influence des groupes armés djihadistes a-t-elle des répercussions sur les thématiques des projets en santé ? Quelle place est accordée aux chercheurs locaux et internationaux dans la reconnaissance et la réalisation des projets en santé au Sahel ? Comment les populations s’approprient-elles des solutions apportées par les projets ?