Informations générales
Événement : 91e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Les milieux d’enseignement supérieur doivent offrir un environnement d’apprentissage et de travail équitable. Pourtant, malgré la mise en place de politiques EDI, le système perpétue la (re)production d’inégalités basées sur des marqueurs identitaires genrés (Walters et al., 2022). Ce colloque souhaite interroger les dynamiques genrées auxquelles sont confrontés la population apprenante et les membres du corps professionnel (Dutoya et al., 2019) au regard des responsabilités des acteurs et actrices des milieux d’enseignement supérieur et du système lui-même.
Responsabilité éducative. Le travail du care imprègne le parcours d’apprenantes encore marginalisées (Remenick, 2019) et le travail des professeures davantage engagées dans l’accompagnement des étudiant·es (Gaudet et al., 2022). Comment et pourquoi le care teinte-t-il encore l’enseignement supérieur? Quelles innovations mettre en place pour assurer un environnement d’apprentissage et de travail équitable et inclusif?
Responsabilité scientifique. Soutenir la recherche pose la question des indicateurs de performance valorisant le nombre de subventions obtenues, d’articles scientifiques publiés dans des revues prestigieuses et d’étudiants et d’étudiantes diplômés. Comment penser les indicateurs de performance en recherche pour assurer l’équité? Comment les méthodes mobilisées et leur rapidité d’exécution doivent-elles être pensées pour soutenir la recherche de façon équitable?
Responsabilité sociale. Professeures loin des lieux de pouvoirs institutionnels (Dengate et al., 2021) et étudiantes engagées gratuitement dans des comités (mères aux études, rémunération des stages), comment l’institution profite-t-elle des dynamiques genrées pour exploiter le travail des unes au bénéfice de toutes et tous?
Les solidarités intergénérationnelles et interdisciplinaires nées de la première édition du colloque visent à consolider ce lieu d’apprentissage et de réflexion pour bâtir l’université de demain.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Claire Moreau (UdeS - Université de Sherbrooke)
- Maryse Tremblay (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Stéphanie Gaudet (Université d’Ottawa)
- Joelle Basque (TÉLUQ - Université du Québec)
- Khaoula Boulaamane, Ph.d (Université de l'Ontario français)
Programme
Ouverture du colloque
-
Communication orale
Symphonie féministe pour penser des universités équitables et durables ou comment s’affranchir collectivement des dynamiques genréesMélanie Dumouchel (UQAM), Claire Moreau (UdeS - Université de Sherbrooke)
Cette communication s’inscrit à la suite de la publication du chapitre Observer l’université d’aujourd’hui pour penser l’université de demain : intégrer une perspective féministe pour construire maintenant une université équitable et durable (Moreau et Dumouchel, à paraître). Après une courte présentation, nous proposons de travailler collectivement à l’idéation d’actions féministes permettant la mise en œuvre des principes d’équité et de durabilité dans les institutions d’enseignement supérieur.
D’abord, nous nommerons les observations portant autant sur le fonctionnement des universités que sur le contexte social dans laquelle elles s’inscrivent. Ensuite, nous inviterons chaque personne à exposer les défis relevés et à relever, ainsi que les enjeux qui les sous-tendent, parmi lesquels les manifestations de l’invisibilisation de leur travail, les conséquences de leur conciliation travail/famille et tout autre élément dénonçant les dynamiques genrées et leurs conséquences sur leur vie au travail. Enfin, en plus de nommer des pistes d’action, nous construirons ensemble les ponts nous permettant de nous engager et d’engager les universités vers la mise en œuvre d’actions signifiantes et significatives.
Nous visons à ce que chaque personne engagée puisse diffuser comme elle le souhaite dans son institution les actions coconstruites.
Dynamiques genrées : une mise en contexte
-
Communication orale
L’égalité de genre dans le parcours professoral dans les universités canadiennesEya Benhassine (UdeM - Université de Montréal), Olivier Bégin-Caouette (Université de Montréal)
La question de l’égalité du genre dans le contexte professionnel fait l’objet de plusieurs recherches (Meyerowitz, 1994; Pigeyre et Sabatier, 2011), car cette égalité n’est pas atteinte dans certains domaines, dont l’enseignement supérieur. Cette communication a pour objectif de faire l’état des lieux des inégalités de genre vécues par les professeur.e.s et d’examiner les facteurs qu’y sont à l’origine. Nous adoptons le cadre d’analyse de Collins (2015). L’approche féministe intersectionnelle de Collins (2015) propose d’analyser les différents domaines d’action du pouvoir qui structurent cette matrice. C’est à travers l’analyse des domaines structurel, disciplinaire, hégémonique et interpersonnel que nous pouvons comprendre l’enchevêtrement des oppressions liées à la race, la classe, le genre et l’origine ethnique. Nous effectuons du cadre de cette étude une analyse quantitative de la base de données issus du questionnaire Academic Profession in the Knowledge Based Society distribué en 2017-2018 à l’ensemble des professeur·e·s régulier·è·re·s (n = 2968) de 64 universités situées dans les dix provinces canadiennes. Afin de répondre à notre premier objectif, en plus des statistiques descriptives, nous effectuerons une analyse de variance ANOVA ainsi qu’une modélisation par équation structurelle. Ces analyses permettent de documenter les inégalités auxquelles les professeures font face et d’élargir les réflexions autour des facteurs qui y sont à l’origine.
-
Communication orale
Les enjeux académiques genrés et l’internationalisationStéphanie Gaudet (Université d’Ottawa)
Les activités de recherche et leur rayonnement international représentent une contribution significative dans l’économie de prestige du milieu académique (Blackmore & Kandiko, 2011). Le discours sur l’internationalisation est dominant et représente même un indicateur de performance des universités (Sümer et al., 2020). Pour les femmes, les enjeux liés à la garde des enfants ou aux soins des parents les empêchent fréquemment de participer à des occasions de réseautage et de diffusion à l’échelle internationale (Dubois-Shaik & Fusulier, 2017). Dans une recherche qualitative sur les parcours de vie des femmes universitaires, le thème de la mobilité a émergé de manière importante. Nous discuterons des dynamiques genrées inhérentes aux discours sur l’internationalisation à partir d’une enquête sur les femmes universitaires rencontrées dans notre enquête.
-
Communication orale
Pratiques hétéronormatives en contexte académique et pratiques de résistances queerTasha Sarrazin Audras (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM), Maryse Tremblay (UQÀM)
Les inégalités de genre dans le milieu académique se perpétuent via une culture organisationnelle soutenue par des pratiques discriminatoires quotidiennes et insidieuses parfois difficiles à débusquer. La mise en place de politiques formelles telles que celles entreprises dans le cadre des programmes EDI est ainsi complexe et parfois bien insuffisante pour instiguer une culture réellement inclusive. Dans cette recherche, nous désirons exposer l’influence des normes mono-cis-hétérosexuelles sur notre parcours académique en analysant la manière dont nous organisons nos vies professionnelles et personnelles (qui, selon nous, sont étroitement liées). Pour ce faire, nous disséquerons les moments d'inconforts, de désorientation, d'échecs et d'émerveillement à l'intersection de nos corps atypiques et désirs Queer (Ahmed, 2016 ; Weatherall et Ahuja, 2021 ; Steyeart, 2021) via une auto-ethnographie collective de notre trajectoire au doctorat, ainsi que de notre parcours en enseignement académique. Nous souhaitons donc mettre en lumière ces pratiques discriminatoires ainsi que nos pratiques personnelles de contournement ou d’intégration.
Grande conférence
-
Communication orale
Interroger les dynamiques genrées et les inégalités en milieu académique : une perspective queer et intersectionnelleJamie Mcdonald (University of Texas, San Antonio)
Il y a déjà près de 35 ans, la sociologue Joan Acker (1990) formulait sa théorie des « organisations genrées ». À l’époque, Acker affirmait que la nature même des organisations fait en sorte qu’elles fonctionnent selon une logique qui privilégie structurellement les hommes par rapport aux femmes, si bien que le travailleur abstrait et idéal est conçu comme un homme qui a une femme à la maison pour s’occuper de ses besoins personnels. Plus tard, elle a adopté une perspective intersectionnelle pour théoriser les organisations en tant que « régimes d’inégalités » qui reproduisent des inégalités à la fois sur la base des dynamiques de genre, de race et de classe sociale (Acker, 2006).
Dans cette allocution, je m’inspire d’Acker en concevant les universités comme des régimes d’inégalités, malgré la mise en place de certaines politiques d’équité, de diversité et d’inclusion. Pour mieux comprendre les inégalités basées sur diverses formes d’identité dans les universités, je propose une approche performative qui est basée sur la théorie queer et une conception de l’intersectionnalité qui est fluide et qui rejette les catégories binaires. En interrogeant ces inégalités, on est en meilleure mesure de proposer des solutions qui favorisent un environnement propice à l’épanouissement de toute la population universitaire.
Dîner de réseautage du RIFDOC
Dîner de réseautage du RIFDOC (https://rifdoc.com/)
Profitez de cette occasion pour tisser des liens et explorer les missions d’un réseau d’entraide et de solidarité francophone destiné aux femmes doctorantes.
Dynamique genrées : les suites
-
Communication orale
Une expérience d'émancipation et de transformation collective à travers la pédagogie féministeNancy Aumais, Isabelle Cheng (UQAM), Louise Francezon (UQAM), Léo Lefebvre (UQAM), Brigitte Legault (UQAR), Michèle Magema (UQAM)
Au cœur des dynamiques d'enseignement supérieur, les inégalités genrées persistent malgré diverses initiatives d'équité, de diversité et d'inclusion. Cette recherche explore la pertinence d'une pédagogie féministe dans un séminaire doctoral sur la théorie féministe pour contrecarrer cette (re)production d'inégalités. Prenant appui sur les travaux de Pagé (2019) et Lampron (2016), et déployant une approche ancrée dans la co-construction des savoirs, cette approche vise à engager les personnes étudiantes dans la compréhension et l'application des théories féministes. En adoptant la théorie du "positionnement situé", elle valorise les expériences individuelles et les émotions, favorise la pensée critique et se veut inclusive. Des méthodes interactives, centrées sur les valeurs féministes, sont employées pour développer des compétences collaboratives et démocratiques. Les résultats préliminaires permettront de montrer la manière dont cette pédagogie habilite les personnes à devenir agents de changement, transforme les rapports de pouvoir, renforce l'empowerment des personnes marginalisées. Elle témoignera aussi de l’expérience vécue et des défis rencontrés via des entretiens réflexifs. Cette contribution vise à contribuer à repenser l'organisation pédagogique pour une université plus équitable et responsable socialement.
-
Communication orale
La dimension constitutive du travail identitaire des femmes dans le milieu académiqueJoelle Basque (TÉLUQ - Université du Québec)
Dans cette communication j’envisage la construction de l'identité comme une pratique de communication située, qui puise à des conceptions idéalisées du soi et des attentes normatives sur qui on veut être et qui on doit être (Wieland, 2010). Le travail identitaire (Sveningsson & Alvesson, 2003; Winkler, 2013) est révélé par ces moments où les gens puisent à leurs diverses conceptions de soi pour déterminer comment agir dans telle et telle situation, en fonction des attentes sociales en jeu. Ce faisant, ils et elles développent des versions nuancées et évolutives de leurs identités à travers le (re)déploiement continu de ces situations (Winkler, 2013). À travers une autoethnographie de mon parcours de professeure d’université, écrit à la fois en temps réel et de façon rétrospective, j’identifie des moments charnières où mon identité de femme ainsi que mes identités corollaires (telles que mère, amie, etc.) étaient mobilisées et redéfinies par rapport à mon identité de professeure. Ce faisant, je démontre comment ce travail identitaire, par sa dimension située et interactionnelle, contribue à la constitution de l’organisation (Chaput et Basque, 2022) et met en lumière les rapports d’inégalités entre les genres qui marquent le monde universitaire (Gaudet et al. 2022; Anderson et al., 2020).