605 - Éducation pour la santé et environnements favorables comme piliers de la prévention en santé : regards interdisciplinaires

Introduction : cette présentation explore les enjeux éthiques dans les pratiques de soutien à l’autogestion (SAG) pour les problématiques de santé physique et mentale, identifiant la nécessité d’une approche éthique dans le développement des pratiques de SAG. Méthodologie : une recension des écrits fut réalisée en 2021 dans plusieurs bases de données (CINAHL, MEDLINE et autres) à l’aide des concepts d’enjeux éthiques et de SAG. 12 articles ont été retenus et analysés. La recension sera mise à jour en 2024 pour le colloque. Résultats : l’analyse a révélé des enjeux éthiques principaux liés à la pratique du SAG, aux facteurs organisationnels et systémiques, et à la recherche sur le SAG, soulignant la complexité des dilemmes éthiques dans le soutien à l’autogestion. Discussion et recommandations : les enjeux identifiés soulignent la tension entre les principes éthiques de respect de l’autonomie, de bienfaisance, de non-malfaisance, et de justice. Des recommandations cliniques, scientifiques, théoriques, et académiques sont proposées pour améliorer les pratiques de SAG, notamment une approche plus holistique et éthiquement responsable du SAG dans les groupes de médecine de famille, en mettant l’accent sur la nécessité d’une formation continue et l’établissement d’une relation durable et collaborative avec les personnes.

Dans le contexte du modèle de soins traditionnel, certains patients nécessitent une hospitalisation pouvant s’étendre jusqu’à 48 heures après leur chirurgie. Confronté aux défis croissants liés à l’accès aux soins et à la nécessité d’augmenter la capacité d’accueil des hôpitaux, l’Hôpital Montfort, en collaboration avec les services de paramédics communautaires d’Ottawa et de Prescott-Russell, a exploité la technologie pour proposer des soins centrés sur le patient à domicile. En 2022, un programme de télésurveillance spécifique aux soins postopératoires de certaines interventions, dont la résection transurétrale de la prostate, les procédures gynécologiques et certaines arthroplasties, a été lancé. Disponible 24 /7 pour une durée de deux semaines, le programme assure un soutien continu et offre des interventions éducatives en santé (IES) destinées à l’autogestion postopératoire, assurant ainsi une transition sécurisée vers le milieu communautaire. Les participants ont eu accès à une application fournissant des ressources éducatives en lien avec leur chirurgie (PDF, vidéos, sites web) ainsi qu’à un questionnaire de santé évaluant leur condition clinique. Ce dernier a également permis de fournir un enseignement personnalisé basé sur les réponses au questionnaire. L’objectif de la présentation est de divulguer les résultats préliminaires du programme ainsi que les enseignements tirés, mettant en lumière l’aspect innovant des IES intégrées aux télésoins postopératoires.

Contribuer au développement des droits des femmes en matière de santé sexuelle et reproductive constitue un rôle crucial de la discipline infirmière. Une grossesse peut être le résultat d’un choix délibéré ou survenir de manière inattendue. Lorsqu’elles anticipent une grossesse, les femmes se préparent généralement à changer leurs habitudes et à inclure les soins prénataux dans leur quotidien. En revanche, une grossesse non planifiée peut engendrer incertitude et stress, confrontant la femme à une décision cruciale, souvent sans soutien professionnel adéquat. La Coalition pour le droit à l’avortement au Canada rapporte 91 551 avortements en 2020, un chiffre reflétant potentiellement le manque de soutien pour les femmes ambivalentes face à la poursuite de leur grossesse. L’infirmière joue un rôle essentiel dans l’accompagnement dans la prise de décision, nécessitant une compréhension approfondie des éléments déterminants de la décision face à une grossesse imprévue. Pour identifier ces déterminants, une revue de la littérature a été menée. Les résultats suggèrent que l’ambivalence n’est pas liée seulement à la capacité financière, mais aussi à des significations personnelles, familiales et culturelles de cette grossesse. Une appréhension claire de ces éléments est indispensable pour adapter les interventions éducatives visant une prise de décision éclairée chez les femmes confrontées à une grossesse non désirée.

Depuis 2021, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) déploie la formation nationale en allaitement intitulée : Revitalisation de l’initiative des amis des bébés (IAB) auprès des professionnel·le·s de la santé. Le MSSS a récemment élargi l’accessibilité de cette formation aux étudiant·e·s dans les domaines de la santé, ainsi qu’aux professionnel·le·s, intervenant·e·s et personnes bénévoles des groupes de soutien et d’entraide en allaitement. Cette formation aborde notamment l’approche d’accompagnement à privilégier et le soutien à la prise de décision partagée en matière d’alimentation des nourrissons. Or, si le concept de « décision partagée » vise au départ le partage d’informations et des pouvoirs entre les professionnel·le·s et les femmes/mères/personnes sur l’allaitement, le discours gouvernemental inclut dorénavant d’autres personnes dans cette prise de décision, soit l’autre parent/père/partenaire et la famille. Dans cette communication, il sera discuté des enjeux que soulève ce glissement sémantique sur l’agentivité des femmes et des personnes allaitantes dans leur prise de décision en matière d’alimentation des nourrissons.

Contexte : des études ont révélé que les taux de prévalence du diabète de type 2 (DT2) sont très élevés chez les personnes migrantes originaires de l’Afrique subsaharienne (PMASS) comparativement chez celles d’origine européenne. L’alimentation, l’activité physique et la corporalité sont des dimensions sociales ancrées dans un système de représentations socioculturelles et sont les plus ciblées dans les interventions visant la prévention et le contrôle du DT2. Cependant, ces interventions sont davantage axées sur les approches individuelles en ciblant les facteurs individuels et les déterminants sociaux sont peu considérés. Objectif : explorer les déterminants sociaux susceptibles d’influencer l’adoption et le rejet des normes alimentaires, corporelles et d’activité physique favorables à la prévention et au contrôle du DT2 chez les PMASS. Méthode : une étude qualitative de type exploratoire a été menée. Les données ont été recueillies à travers des entrevues individuelles et des groupes de discussion. Résultats : les réseaux sociaux de soutien limités, le guide alimentaire canadien actuel, un faible niveau de revenu, l’influence des proches et des communautés et les politiques migratoires sont les principaux déterminants identifiés. Conclusion : des interventions préventives, cliniques ou de sensibilisation devraient davantage considérer les contextes de vie et structurels dans lesquels ces personnes naviguent sans ignorer leurs cultures alimentaires prémigratoires.

Les personnes issues des Premières Nations comptent parmi les populations les plus à risque de développer un diabète de type 2. La faible atteinte des résultats de santé visés en matière de gestion du diabète chez cette population découle notamment des limites dans l’offre de soins et de services de santé qui ne tiendrait pas compte du contexte social et culturel de la personne autochtone ainsi que de ses préférences et des obstacles qu’elle rencontre pour reconnecter et intégrer ses ressources culturelles et ses pratiques traditionnelles de soins. Ceci peut notamment s’expliquer par le fait que l’intervention de soutien à l’autogestion repose davantage sur les lignes directrices sans toutefois considérer la conception de la santé (corps, esprit, âme et cœur) telle que conçue par la personne autochtone et ses environnements (social, politique, organisationnel et culturel). Cette communication visera d’une part à exposer les enjeux politiques, cliniques et organisationnels à considérer dans l’intervention de soutien à l’autogestion et d’autre part, comment les adresser pour créer un environnement favorable à la santé en mettant les valeurs et les préférences de la personne autochtone au premier plan.

Au Québec, les personnes autochtones sont moins enclines à rechercher de l’aide en cas de besoin en matière de santé et seraient plus nombreuses à décrire les approches utilisées dans les soins comme étant peu concordantes avec leurs besoins, valeurs et réalités. L’intégration des savoirs traditionnels ancestraux au suivi des patients autochtones figure parmi les stratégies prometteuses pour la prestation de soins de santé culturellement sécurisants. Celles-ci amélioreraient leur santé holistique ainsi que l’adoption des mesures de prévention et de promotion de la santé. Dans ce cadre, une étude de cas interdisciplinaire (santé et travail social) et participative a été réalisée en partenariat avec le centre de santé Masko-Siwin de la communauté atikamekw de Manawan, dont l’objectif principal est de comprendre comment les savoirs traditionnels ancestraux sont intégrés lors du suivi des patients autochtones vivant avec une condition de santé. Les résultats préliminaires issus d’entretiens qualitatifs avec des personnes vivant avec une condition de santé et leur famille, des professionnels de la santé et des aidants naturels (autrement appelés guérisseurs) font ressortir des stratégies et pratiques innovantes en éducation pour la santé auprès des personnes autochtones. Des défis rencontrés dans l’intégration des soins traditionnels ancestraux dans les soins de santé et des pistes de solutions sont soulevés.

Les personnes issues des communautés de minorités raciales sont confrontées à d’importantes disparités en matière de santé. L’éducation en santé doit être accessible à tous afin que les personnes puissent acquérir les compétences pour se maintenir ou améliorer leur santé. Par conséquent, les professionnels de la santé doivent comprendre les obstacles potentiels de la mise en application des enseignements reçus par cette population afin d’utiliser les stratégies adaptées. Objectif : identifier les méthodes utilisées lors d’interventions éducatives auprès de personnes issues de minorités racisée au Canada. Méthode : une revue de la portée dans les bases de données scientifiques et dans la littérature grise a été réalisée. Résultats : il est rapporté les méthodes permettant de donner les informations et la façon dont elles peuvent être adaptées. Toutefois, les méthodes permettant de soutenir l’apprentissage en santé chez les personnes en situation de minorité raciale et culturelle et la mise en application des connaissances acquises ne sont pas abordées. Discussion : communiquer de l’information seulement ne permet pas à la personne issue des communautés racisées de les utiliser dans sa réalité au quotidien surtout lorsque le rapport de la différence est perçu par la personne racisée. Comprendre la façon de soutenir la mise en application des apprentissages en santé serait une des solutions pour contrer la disparité en santé.

Introduction : l’origine du projet était de combler le besoin des intervenants dans leur milieu de travail en mettant en place des protocoles d’intervention en situation de crise. Objectif : développer, mettre en œuvre et évaluer un programme visant à augmenter les connaissances, les habiletés et le sentiment d’efficacité personnelle des intervenants d’une clinique de soins de première ligne, dans l’application de protocoles d’intervention d’urgence. Matériel et méthode : guidées par le cadre de planification de l’Intervention mapping, une recension des écrits, une étude des besoins et des données contextuelles ont permis de développer un programme comprenant des notions théoriques, capsules vidéos, jeu de rôle et simulations. L’évaluation des effets a été réalisée à l’aide d’un devis quasi expérimental à groupe unique avant-après, par questionnaire autoadministré. Résultats : parmi les 24 participants (50 % femmes; 33,4 % intervenants sociaux) 92 % d’entre eux ont déclaré être en mesure de planifier une intervention en situation de violence ou d’arrêt cardiaque. La perception des connaissances a augmenté de 25 % en moyenne. Conclusion : une courte intervention a permis d’outiller les intervenants d’une équipe multidisciplinaire en matière de réponse à une situation de crise et pourrait être répliquée au sein d’équipes de composition semblable.

Problème : l’hypertension gestationnelle constitue la première cause de mortalité maternelle au Canada. Cette pathologie, qui affecte tant la mère que celle de son nouveau-né, peut entraîner des complications graves telles que la prééclampsie, laquelle requière des mesures préventives adéquates. Toutefois, les interventions éducatives préventives (IEP) et le soutien apporté aux femmes enceintes s’avèrent insuffisants. But : accompagner les femmes enceintes atteintes d’hypertension gestationnelle tout au long de leur grossesse à risque et renforcer leur implication dans le processus de soins pour prévenir l’apparition de la prééclampsie. Méthode : un projet-pilote intitulé : « prendre soin de soi en prévention de la prééclampsie » sera développé en se fondant sur la méthode : Intervention Mapping. L’IEP dispensée par des infirmières en pratique avancée consistera à accompagner 8 à 10 femmes enceintes de 20 semaines et plus, âgées de 18 et 45 ans, et ayant reçu un diagnostic d’hypertension gestationnelle. Des outils éducatifs, incluant une application en ligne, seront mis à disposition pour atteindre cet objectif. L’évaluation des résultats portera sur le niveau de connaissances et du sentiment d’auto-efficacité des participantes, avant et après l’intervention. Il est anticipé que ce soutien permettra aux femmes de mieux comprendre leur pathologie et de développer un plan de soins personnalisé, en partenariat, afin d’améliorer leur sentiment d’auto-efficacité.

Les organisations sociosanitaires se complexifiant, le partenariat entre les professionnels et les personnes est de plus en plus encouragé. Tout en devant faire preuve d’autonomie, ces personnes doivent s’engager dans leurs soins et dans la prévention de leur santé, ce qui requiert des compétences liées à la littératie en santé (LS). Ces dernières permettent d’améliorer les interactions entre les différents professionnels et les personnes ce qui facilite leur engagement et favorise la prise en compte de leurs préférences, menant à une plus grande équité en matière de soins. Or, participer et être partenaire fait appel à diverses compétences, notamment en LS pour les personnes et les professionnels qui doivent adapter leurs stratégies éducatives. Dans un premier temps, la convergence entre les fondements du travail social et ceux de la LS à partir du modèle intégré de LS seront exposés. Ensuite, les états des usages, des avantages et des limites de la LS en travail social auprès des personnes, des professionnels et des organisations en portant une attention particulière aux iniquités de santé seront abordés. Finalement, les obstacles qui limitent la mise en œuvre d’interventions pro-littéraciques par les TS et des pistes de solution à explorer, à partir du point de vue d’aînés recevant des services de soutien à domicile seront présentés.