Informations générales
Événement : 91e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :Au Québec, le modèle d’accessibilité aux études a été mis en place dans les années 1960, avec la création des premiers cégeps, du réseau de l’Université du Québec et de l’adoption de la loi québécoise sur l’aide financière aux études (AFE). Fondé sur la redistribution, le programme d’AFE continue d’avoir des effets positifs sur l’accessibilité à l’enseignement supérieur de plusieurs groupes de la population étudiante en réduisant les barrières financières et les inégalités des chances (Bouchard St-Amant, 2020; Colas et al., 2021).
L’accessibilité financière aux études est aussi favorisée par un gel des droits de scolarité à différents moments depuis les années 1960, fruit des luttes d’un mouvement étudiant structuré et présent dans l’espace public (Beaupré-Lavallée et Bégin-Caouette, 2019). Depuis le « printemps érable » de 2012, le consensus sur l’indexation des droits de scolarité à l’inflation est partagé par l’ensemble des acteurs et actrices de l’enseignement supérieur.
Or, cette inflation est en forte croissance actuellement : l’Indice des prix à la consommation a augmenté de près de 11 % en 2022, un sommet en 40 ans depuis la récession de 1982 (Statistique Canada, 2023).
Dans la population étudiante, les répercussions de l’inflation sont inégales et atteignent davantage certaines personnes étudiantes, dont celles qui sont dans une ou plusieurs des situations suivantes (Bottorff et al., 2020; Savoie-Roskos et al., 2023) : provenir d’un milieu socioéconomique défavorisé; être en situation de handicap; être de la première génération à fréquenter un établissement d’enseignement supérieur; provenir de l’étranger; vivre sur le campus; faire partie de la diversité sexuelle et de genre; s’identifier à une minorité ethnoculturelle; avoir des personnes à charge.
L’accessibilité financière aux études, tout comme la persévérance et la réussite, est compromise par des enjeux liés notamment à l’insécurité alimentaire, au logement étudiant, à l’endettement et à la rémunération étudiante.
Alors que les recherches scientifiques et institutionnelles sur l’accessibilité financière aux études au Québec se concentrent sur différents thèmes, des initiatives et des actions sont parallèlement présentes dans les établissements d’enseignement supérieur : frigos partagés, répertoire de logements disponibles, formations en littératie financière, etc. Le colloque proposé par l’ORES aborde l’accessibilité financière aux études au regard des différentes conditions pour favoriser la réussite étudiante en éclairant des thèmes complémentaires provenant à la fois de savoirs scientifiques et expérientiels.
Le colloque de l’ORES contribue à l’avancement des connaissances notamment en valorisant le partage et la complémentarité des savoirs scientifiques et expérientiels et en favorisant le dialogue entre des chercheurs et chercheuses, et des praticiens et praticiennes d’horizons disciplinaires et de secteurs d’activité différents.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsable :Programme
Accueil et ouverture du colloque
Accessibilité financière aux études, conditions pour la réussite étudiante et partage de savoirs scientifiques et expérientiels
Programmes de soutien financier et endettement chez les populations étudiantes
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Communication orale
L’accessibilité financière et les programmes de soutien financier en enseignement supérieur : sommes-nous toujours au diapason des besoins des populations étudiantes ?Yan Martel (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Le portrait des populations étudiantes d’aujourd’hui et de leurs besoins en soutien financier a passablement évolué. Le parcours scolaire standard d’études secondaires/collégiales/universitaires n’est plus la norme puisque les profils étudiants sont diversifiés entrainant notamment des réalités multiples de conciliations études/travail/famille. Le paysage des campus s’est aussi modifié considérant entre autres les nouvelles méthodes d’enseignement, les formats de cours et l’offre croissante de collaboration internationale par des projets de recherche ou des stages.
À contrario, les programmes actuels de soutien financier semblent peiner à suivre la cadence et à s’adapter à tous ces changements : des paramètres de calcul vétustes et homogènes, des objectifs fixés sur l’accès au marché du travail plutôt que l’accès à l’enseignement supérieur, de bonnes initiatives qui n’ont pas les moyens de leurs ambitions. La possibilité pour les futures générations d’effectuer des études postsecondaires ne semble pas être un sujet prioritaire à l’agenda des leaders politiques.
Si l’objectif de la présentation n’est pas de faire une critique des programmes de soutien financier, il vise plutôt à tracer un parallèle entre ces programmes et les besoins criants des différentes populations étudiantes en matière d’accessibilité financière. Cela permettra d’amorcer une réflexion sur de meilleures façons de soutenir financièrement les populations étudiantes d’aujourd’hui.
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Communication orale
Étudiantes et étudiants internationaux du Québec : exploration qualitative du défi financierSimon Coulombe (Université Laval), Zina Kharchi (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
En constante croissance, les étudiantes et étudiants internationaux au Canada participent activement à l’économie du pays, à la diversité culturelle des campus universitaires et celle de la société. Selon la fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ, 2012), ces personnes représentent des candidates privilégiées pour l’immigration en raison, entre autres, de leur maitrise du français et leur formation au Québec. Or, les difficultés qu’elles rencontrent dans la société d’accueil telles que le choc culturel, les barrières linguistiques et les difficultés financières soulignent l’importance de les soutenir tout au long de leur mobilité étudiante, et ce, même avant leur arrivée (Gélinas-Proulx et al., 2021). Cette communication se penche sur le défi financier, principal facteur de stress chez les étudiantes et étudiants internationaux (Bérubé et al., 2021). Elle présentera des résultats issus de 12 entrevues qualitatives (Bertaux, 2016). Les résultats montrent, parmi d’autres, que les étudiantes et étudiants internationaux font face à des niveaux variés de difficultés financières. Pour les personnes étudiantes qui ont des bourses couvrant les frais majorés de scolarité, le travail suffit à couvrir les frais de subsistance et d’études. Celles n’ayant pas de bourses ressentent beaucoup de stress et peinent à payer leurs frais de scolarité. Des recommandations seront enfin émises pour soutenir les étudiantes et étudiants internationaux face aux difficultés financières.
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Communication orale
Existe-t-il une différence de facteurs influençant l’endettement à la consommation selon le nombre d’heures consacrées à un travail rémunéré ?Jacinthe Cloutier (Université Laval)
L’endettement affecte certaines décisions telles que de retarder ou de ne pas poursuivre ses études ou encore de débuter un emploi (Lusardi et al., 2010). Augmenter le nombre d’heures consacrées à un travail rémunéré peut entraîner des changements dans sa façon d’envisager l’endettement. Il devient alors pertinent de se questionner si les facteurs influençant le fait de posséder des dettes à la consommation chez les étudiants universitaires diffèrent selon le nombre d’heures travaillées pour un emploi.
Un questionnaire électronique a été envoyé par courrier électronique aux étudiants de deux grandes universités du Québec (Université Laval et UQTR). Au total, 1323 étudiants y ont répondu. Une analyse de régression logistique binomiale a été conduite sur trois sous-échantillons (0 h/1-29 h/plus de 29 h) afin de trouver les déterminants de posséder une dette à la consommation.
Les résultats préliminaires permettent de constater qu’il y a quelques déterminants qui sont similaires entre les sous-échantillons, telle l’influence des parents et de l’auto-efficacité. Alors que d’autres déterminants sont propres au sous-échantillon ciblé.
Trouver les déterminants de l’endettement en fonction du nombre d’heures travaillées permet de comprendre la population étudiante selon des caractéristiques propres à leur situation, ajoutant ainsi de la précision à la compréhension au phénomène de l’endettement à la consommation.
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Communication orale
Regard étudiant sur les programmes de soutien financier et l’endettement des populations étudiantes au QuébecLaurence Mallette-Léonard (Fédération étudiante collégiale du Québec), Etienne Paré (Union étudiante du Québec (UEQ))
Parcours et rapports non traditionnels aux études : réalités et défis financiers
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Communication orale
Dire les tensions matérielles et financières dans une perspective féministe : quand les apprenantes portent, vivent et subissent la charge financièreDie Mbaye (Université de Sherbrooke), Claire Moreau (UdeS - Université de Sherbrooke)
Plusieurs recherches témoignent d’une augmentation de la population de personnes apprenantes au rapport non traditionnel avec les études dans les programmes universitaires de premier cycle. Celles-ci relèvent que, dès qu’une personne apprenante concilie à la fois sa scolarité avec la parentalité ou une activité professionnelle (Soares, 2019), elle est plus triplement vulnérable (psychologiquement, académiquement et financièrement) du fait des multiples tensions et interférences entre ses obligations professionnelles ou familiales et sa réalité d’apprenante (Babb, Rufino et Johnson, 2021; Chen, 2017). Parmi ces recherches, deux démontrent que les personnes apprenantes au rapport non traditionnel sont majoritairement des femmes, mères et travailleuses, engagées dans un projet de retour aux études à temps partiel (Gosselin et Julien, 2015).
Située et féministe, la recherche vise à documenter les tensions matérielles et financières inhérentes à la conciliation des différents rôles sociaux d’apprenantes au rapport non traditionnel avec les études en donnant la parole à vingt d’entre elles dans le cadre d’une entrevue de type récit de vie. Les résultats mettront en lumière l’influence du genre sur les tensions matérielles et financières vécues par les apprenantes et seront mis en relation avec les notions de charge mentale (Haicault, 1984) et de rapports sociaux de sexe (Kergoat, 2010).
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Communication orale
La reconnaissance des acquis à l’université et l’admissibilité à l’aide financière aux personnes étudiantesDaniel Laurin (Bureau de coopération interuniversitaire (BCI))
La mise en place, au sein du Bureau de coopération interuniversitaire (BCI), d’un Service de soutien interuniversitaire pour la reconnaissance des acquis est une mesure qui vise à soutenir le développement et la promotion de la reconnaissance des acquis et des compétences (RAC) dans le réseau universitaire québécois.
La RAC permet de prendre en considération la diversité des parcours, faciliter les retours aux études en reconnaissant les expériences de vie et de travail des étudiant.es.
Cette communication propose de présenter les résultats d’études démontrant comment la RAC favorise la persévérance et la réussite scolaire. En second lieu, nous présenterons une analyse de l’impact pour les étudiant.es recourant à la RAC sur leur statut de fréquentation scolaire et leur admissibilité aux programmes d’aide financière ou aux bourses Perspective Québec.
Ces deux constats soulèvent une situation paradoxale entre la promotion de ces mesures favorisant la réussite éducative et les règles d’accès à l’aide financière.
L’imposition de conditions qui ont un impact sur l’aide financière accordée pour les étudiant.es en contexte de RAC va à l’encontre des objectifs de réussite scolaire visés par la Loi québécoise sur l’aide financière aux études et peut avoir un effet dissuasif pour ces mêmes étudiant.es de recourir aux services de RAC offerts par les établissements universitaires.
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Communication orale
Regard étudiant sur les réalités et défis financiers des étudiantes et étudiants aux parcours et aux rapports non traditionnels aux étudesLaurence Mallette-Léonard (Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ)), Etienne Paré (Union étudiante du Québec)
Dîner libre
(In)sécurité alimentaire et logement étudiant
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Communication orale
Le bien-être alimentaire des étudiants au collégial : données préliminairesAude Fournier (Cégep de Victoriaville), Éric Richard (Cégep du Vieux Montréal), Élodie Rouillard-Gagnon (Cégep du Vieux Montréal), François Régimbal (Cégep du Vieux Montréal)
Les défis alimentaires chez les étudiants sont souvent abordés en termes d’insécurité alimentaire, traduisant un accès difficile à des aliments de bonne qualité et en quantité suffisante. La présentation vise à élargir le regard porté sur l’alimentation chez les étudiants du collégial, en mobilisant la notion de bien-être alimentaire (McAll et collab, 2014) assortie de 5 dimensions (matérielle, relationnelle, corporelle, décisionnelle et temporelle). Elle fait part des résultats préliminaires du volet qualitatif d’une enquête proposant des liens entre leur alimentation et leur réussite.
Le premier objectif est de présenter un portrait des habitudes alimentaires. Nous proposons une synthèse des journaux de bord complétés sur une période de 7 jours par 28 cégépiens relativement à leurs habitudes alimentaires, dont les repas non pris et le contexte relationnel. Ces participants proviennent de trois cégeps différents et ont des profils variés quant à leurs conditions résidentielles, socioéconomiques et ethnoculturelles. Le deuxième objectif est d’expliquer ces habitudes par une synthèse de 29 entretiens semi-dirigés mettant en évidence leur désorganisation temporelle, comme les défis relationnels et économiques liés à leur alimentation.
Enfin, nous explorons le lien entre alimentation et réussite. La précarité économique s’accompagne souvent d’autres réalités sociales faisant vivre des formes de mal-être qui sont discutés lors de la communication.
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Communication orale
Défis et innovations en logement étudiant au QuébecNicholas Revington (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
Le Québec est en pleine crise de logement. Ayant typiquement de faibles revenus durant leurs études, les étudiant.es figurent parmi celles et ceux qui sont les plus touchés par des loyers élevés et des pénuries de logements étudiants (Sotomayor et al., 2022). Malgré cette crise, très peu est connu sur le logement étudiant au Québec (Alamel, 2018). L’objectif de cette communication est de brosser un portrait de la réalité québécoise (Gherbi-Rahal, 2022) par rapport aux enjeux dans le reste du Canada (Calder et al., 2016; Revington, 2021) et à l’international (Reynolds, 2020) afin d’identifier de futures pistes de recherche et d’action. Elle consiste en une recension des écrits scientifiques canadiens et internationaux, ainsi que les quelques écrits québécois, et en un inventaire de projets novateurs dans la province. Si nous identifions plusieurs lacunes importantes dans les connaissances sur le logement étudiant au Québec, la province fait preuve également de plusieurs modèles innovants de logement étudiant. Un programme de recherche renouvelé sur le logement étudiant au Québec contribuerait donc à développer des pistes de solutions aux enjeux de l’accessibilité financière aux études non seulement au Québec, mais aussi sur le plan international. Bien que le logement pose lui-même une barrière à l’accessibilité aux études, il est également le lieu où se négocient d’autres conditions pour favoriser la réussite étudiante, telle que la conciliation études-travail-famille.
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Communication orale
Démystifier les défis du logement étudiant en 2024 : l’expertise de l’UTILE au service de l’accessibilité aux étudesÉlise Tanguay (Unité de travail pour l'implantation de logement étudiant (UTILE))
En 2024, les frais relatifs à l’habitation occupent une partie majeure du budget des personnes étudiantes. Elles vivent majoritairement sur le marché locatif privé, travaillent de plus en plus et habitent souvent plus loin des campus. L’accessibilité (ou non) à un logement est désormais, rentrée après rentrée, un facteur déterminant dans la possibilité d’accomplir un projet d’études. L’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) est la seule entreprise d’économie sociale qui se spécialise en logement étudiant à l’échelle du Québec, par des projets de recherche jusqu’à la construction et la gestion d’immeubles. Par son approche unique, l’UTILE a su cerner les enjeux et défis que vit la population étudiante qui cherche à se loger. Dans le contexte où l’ensemble de la communauté étudiante est sollicitée afin de répondre à la crise du logement, l’organisme espère que le partage de son expertise et de ses constats permettra une plus ample compréhension des réalités locatives étudiantes et des bonnes pratiques. L’UTILE peut d’ailleurs étayer ses propos grâce à plusieurs recherches et enquêtes. Dans ses rapports ÉCLAIR (Étude sur les conditions de logement axée sur l’information régionale), elle documente la situation locative étudiante dans plusieurs régions du Québec. L’UTILE sonde aussi périodiquement ses locataires quant à leurs réalités, leurs besoins et leurs passés locatifs.
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Communication orale
Regard étudiant sur l’(in)sécurité alimentaire et le logement étudiantLaurence Mallette-Léonard (Fédération étudiante collégiale du Québec), Etienne Paré (Union étudiante du Québec (UEQ))