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Informations générales

Événement : 91e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

La catégorie de pensée du « populaire » renvoie à des manifestations multiples et complexes. Elle provient de la formation des États-nations, de leur personnel lettré et d’un mouvement plus général de démocratisation de l’éducation. Au 19e siècle, la catégorie est ensuite associée à la « question sociale » : en dépit de l’augmentation des capacités productives, la pauvreté ne diminue pas dans une même proportion. Aujourd’hui, le populaire renvoie en sus à la culture de masse.

Comment penser le populaire dans la diversité des situations sociales et dans son historicité depuis le « quêteux » jusqu’aux personnes inscrites dans des réseaux de redistribution ? Comment envisager les variations dans le contenu de la catégorie comme étant des traces significatives de la transformation plus générale du mode de production des rapports sociaux ? Comment penser aujourd’hui le populaire sans reconduire la dichotomie populisme-misérabilisme qui repose sur une ontologie individuelle d’êtres sociaux plus ou moins libres, autonomes et indépendants ? En somme, comment construire un objet d’étude sociologique à partir d’une catégorie polysémique et problématique ?

Deux axes interdépendants sont proposés :

Théorique : Archéologie théorique de la catégorie à partir des travaux de la sociologie et de l’anthropologie, selon différentes traditions nationales. Définitions de la catégorie dans les travaux actuels ou dans vos propres projets d’enquête. Pourquoi privilégier celle-ci plutôt que d’autres (marginalité, exclusion, etc.) ?

Empirique : Présentation d’enquêtes empiriques explicitant autant que possible l’usage qui a été fait de la catégorie en interrogeant ses fondements et ses limites. Questionnements concrets sur ce que nous pourrions qualifier de modes de vie et de sociabilités populaires, analyses comparées de ces modes de vie en recourant à différentes enquêtes sociologiques et anthropologiques. Ces enquêtes peuvent relever de méthodologies quantitative et qualitative.

Dates :

Format : Uniquement en ligne

Responsables : Partenaires :
  • Laboratoire de recherches ethnographiques du Québec
  • Explorations sociologiques. Revue d'épistémologie pratique

Programme

Communications orales

Réflexions méthodologiques et épistémologiques

  • Communication orale
    "Le populaire", une transposition à la vie sociale des sémantiques propres aux relations de parenté et d'alliances?
    Paul Sabourin (UdeM - Université de Montréal)

    Dans le cadre de cette communication sera reprise et étayée une hypothèse déjà avancée par le sociologue Marcel Rioux. La culture populaire s’élaborerait à partir d’une généralisation des relations de parenté et d’alliance rendant compte de la transposition des notions relatives à la famille à d’autres domaines de la vie sociale. Peut-on envisager encore que « le populaire » soit construit par les rapports de coprésence de la vie quotidienne ? En recourant à une sociologie des espaces sociaux, seront proposées des avenues pour répondre à ces questions.

  • Communication orale
    Éprouver son imposture : une réflexion méthodologique sur les appartenances
    Karelle Villeneuve (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Comment penser nos appartenances aux terrains de recherche, dans un contexte où l’enquête se fait dans des « milieux populaires », et/ou lorsque nous-mêmes sommes issu.e.s des « classes populaires »? Comment ne pas reconduire une définition figée et substantive des « classes populaires », à la fois dans la définition de notre objet de recherche, mais aussi en réfléchissant notre localisation par rapport aux connaissances produites? En m’appuyant à fois sur l’enquête de terrain faite dans le cadre de mon mémoire de maîtrise, qui portait sur la conversion spirituelle et/ou identitaire dans les Alcooliques Anonymes, que sur ma « trajectoire sociale » et sur les questions au centre de mon projet de thèse présent, je propose, à la suite de plusieurs ethnographes et sociologues, une réflexion sur comment les questions qui traversent nos objets de recherche permettent de (re)construire, de manière consubstantielle avec nos inscriptions sur nos terrains, ainsi qu’à nos façons d’y entrer et de s’y investir, la « catégorie du populaire ».

  • Communication orale
    Dire ce que je suis : auto-analyse, formes et catégories
    Michel Lacroix (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    À partir des travaux de Pierre Bourdieu sur les luttes de classements et de Fernand Dumont sur la culture première et la culture seconde, d’une part, et du corpus des essais et récits de soi des « transclasses » il s’agira d’opérer un retour réflexif sur l’usage des catégories de « populaire » de « savant » et de « classe », en tenant compte des médiations formelles et disciplinaires qui donnent une coloration spécifique à ces enjeux. Ainsi, qu’est-ce que le sociologue de la littérature, que je suis, peut dire d’autre que l’essayiste qui a essayé, dans, Cécile et Marx, d’explorer le conflit entre la culture familiale villageoise de ses origines, et la culture savante et militante dans laquelle il baigne désormais? Plus encore : que peut-il dire sur la série d’essais publiés au Québec sur ce thème, dans les premiers mois de 2024, dont Cécile et Marx fait partie?


Dîner

Dîner


Communications orales

Enquêter en milieux « populaires »

  • Communication orale
    Sociabilités féminines en milieu communautaire
    Claire Alvarez (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    À partir d’une ethnographie de 18 mois dans un groupe communautaire non-mixte réunissant des femmes issues de l’immigration, cette présentation sera l’occasion de discuter des liens de sociabilités féminines en milieu communautaire. Elle aborde plus particulièrement la création des liens de solidarité puis d’amitié entre les femmes participantes, à partir d’une expérience commune, soit celle de l’immigration. Peut-on qualifier cette sociabilité de « populaire »?

  • Communication orale
    Les campagnes québécoises : terres de misère ou espaces d’innovation ?
    Jessie Grégoire (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Durant la pandémie de COVID-19, les migrations de la ville vers la campagne ont pris de l’ampleur au Québec. Si le phénomène de la néo-ruralité n’est pas nouveau, les questionnements autour de l’intégration des ex-ubain.e.s venu.e.s s’installer en campagne reste d’actualité en sciences sociales. Originaire d’un village de campagne où j’ai eu l’occasion par l’entremise d’une enquête de terrain d’aller à la rencontre des « néo-ruraux », je propose une réflexion sur les lectures de la néo-ruralité qui mobilisent une théorisation en termes de « classe sociale » pour comprendre les tensions présentes dans les milieux ruraux en « recomposition ».

  • Communication orale
    Une nouvelle écologie populaire? Comparaison d’études de cas de personnes usagères de l’aide alimentaire
    Jessie Grégoire (UQAM), Frédéric Parent (UQAM), Louis Rivet-Préfontaine (Ecole Normale Supérieure), Karelle Villeneuve (UQAM)

    Après avoir exposé, de manière comparative, quelques définitions courantes de la catégorie populaire telles qu’utilisées dans des organismes communautaires et sans but lucratif montréalais des quartiers Centre-Sud et Pointe-Saint-Charles, nous nous interrogerons sur les difficultés de passer d’une catégorie de sens commun à une catégorie sociologique. À partir des enquêtes ethnographiques menées dans des organismes communautaires œuvrant en alimentation dans ces deux quartiers, nous nous questionnerons enfin sur l’émergence ou non d’une nouvelle « écologie populaire ».

Communications orales

Dimension historique de la catégorie

  • Communication orale
    Les sciences et le populaire : mise en perspective historique (XIXe-XXe siècles)
    Florian Mathieu (Université Paris-Saclay)

    Depuis au moins le XIXe siècle, certains acteurs du champ scientifique se revendiquent du populaire. L’astronome Camille Flammarion réfute par exemple en 1882 la notion de vulgarisation scientifique pour au contraire défendre l’idée de « populariser la Science, c’est-à-dire la rendre accessible, sans la diminuer ni l’altérer ». Sans toujours défendre une position aussi tranchée, de nombreuses initiatives au XIXe et au début du XXe siècle font la promotion de la « Science populaire ». L’expression se déploie dans un contexte d’omniprésence des sciences dans l’espace public, mais aussi en lien avec le développement des réseaux d’amateurs. Elle est également utilisée par certains militants du mouvement ouvrier, qui envisagent la popularisation des sciences dans une perspective d’émancipation du prolétariat.
    Or, pour chacun de ces acteurs, la définition du « populaire » revêt des significations bien différentes, relevant de diverses oppositions : science populaire/bourgeoise, pratique populaire amateur/pratique professionnelle, ou encore éducation populaire aux sciences/enseignement institutionnel.
    Alors que de nos jours, certaines associations se revendiquent toujours de « l’éducation populaire aux sciences », cette communication propose, à partir d’une réflexion historique, de préciser les différents modes d’articulation entre les sciences et le populaire, en insistant sur la dimension politique de l’usage conjoint de ces catégories.

  • Communication orale
    La désindustrialisation, les "laissés-pour-compte" et le "quartier populaire" codé racialement blanc dans le Sud-Ouest de Montréal
    Fred Burrill (Cape Breton University), Steven High (Université de Concordia)

    À l'instar d'autres villes et quartiers industriels d'Amérique du Nord, les quartiers ouvriers du Sud-Ouest de Montréal ont été décimés par les fermetures d'usines après la Seconde Guerre mondiale. Entre 1951 et 1971, 10 000 emplois ont été perdus et 30 000 personnes ont quitté la région ; un exode de la population qui s'est accompagné d'un processus progressif de suburbanisation des travailleurs syndiqués qui ont acheté des maisons et élevé des familles en dehors des zones industrielles du centre-ville où ils travaillaient. Les laissés-pour-compte de la désindustrialisation et de la suburbanisation, la "surpopulation relative" du capitalisme, se sont tournés vers l'État-providence nationaliste - en s'organisant autour de questions telles que le logement social, les soins de santé locaux et les droits à l'aide sociale - dans une lutte pour la simple survie. Ce faisant, les militants se sont de plus en plus éloignés du cadre de la classe pour se tourner vers une défense plus diffuse du "quartier populaire", enracinée dans un sentiment d'identité locale qui liait la colère face à la dépossession et à l'abandon capitaliste à un discours nationaliste codé racialement blanc. Cette alliance a assuré la durabilité des mobilisations à long terme des personnes à faibles revenus dans le Sud-Ouest et également limité son potentiel libératoire, en particulier depuis l'effondrement du projet keynésien provincial et la montée du nationalisme identitaire.

  • Communication orale
    Penser le populaire en histoire du Québec, une catégorie toujours utile?
    Martin Petitclerc (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Je me propose de réfléchir à la catégorie du populaire à partir de mes recherches sur la formation de la classe ouvrière, le droit social et du travail, ainsi que le capitalisme. Je présenterai d’abord mon usage de cette catégorie dans mes recherches sur la formation de la classe ouvrière au XIXe siècle, usage qui s’appuie principalement sur les réflexions de Karl Polanyi et E.P. Thompson. J’expliquerai ensuite les raisons qui m’ont amené à délaisser cette catégorie d’analyse dans mes recherches sur le droit social et la crise du capital durant la Grande dépression. Je m’appuierai enfin sur mon travail récent sur le film Les ordres de Michel Brault (1974) pour réfléchir sur quelques apories de l’usage de la catégorie du populaire dans l’analyse de la société québécoise, y compris dans la dialectique dumontienne entre culture première et culture seconde.


Dîner

Dîner


Communications orales

L’espace politico-médiatique et le populaire

  • Communication orale
    Étudier l’évitement de l’actualité en milieu populaire au Québec, un pari impossible?
    Lena Alexandra Hübner (Université d’Ottawa)

    La circulation massive de contenus générés par l’intelligence artificielle en contexte électoral inquiète le domaine politico-médiatique. Ces préoccupations se traduisent par la construction de catégories de pensées péjoratives et essentialistes dans les discours médiatiques, exprimant une peur envers l’électorat perçu comme « irrationnel » et « manipulé » par les infox. Ce sont souvent les milieux populaires, décrits comme peu politisés, peu scolarisés et à faible revenu, qui endossent le blâme dans ces contextes. Des recherches récentes vont pourtant à l’encontre de ces discours : en évitant tout ce qui parait « trop politique », ces milieux sont peu exposés à la désinformation (Boyadjian 2020, Hübner 2022).

    Soulignant l’importance des rapports de classe pour saisir ces stratégies d’évitement, lesdites recherches invitent à élargir l’étude des publics aux milieux éloignés de l’actualité. Or, au Québec, ce pari parait impossible : les modèles théoriques situés pour décrire les classes sociales contemporaines sont quasi absents (Maillé 2015). Cette communication discute des avantages et des limites de la catégorie « populaire » pour contourner cette impasse. Puis, elle propose une solution méthodologique narrative et intersectionnelle (Winker & Degele 2011). En m’appuyant sur ma thèse, il s’agira d’illustrer à l’aide de la narration, l’étroite articulation des rapports de classe avec d’autres systèmes d’oppression et de privilèges dans l’évitement de l’actualité au Québec.

  • Communication orale
    Mettre en dialogue les clivages socio-spatiaux : construction collective, mise en oeuvre et détournement des catégories d’actions politiques sur les classes populaires
    Mathis Bouquet (Université d’Ottawa), Loïg Pascual (Université d’Ottawa)

    Nous proposons de considérer le rôle de ce que nous appelons des catégories politiques d’action sur le populaire (mixité sociale, espace périurbain…). Coconstruites entre espace des mouvements sociaux, institutions étatiques et communauté scientifiques, elles sont naturalisées par les sciences sociales et régulièrement opérationnalisé par l’administration publique, avec des conséquences sur la reproduction des clivages sociospatiaux.

    Elles sont l’objet de deux littératures, l’une liée aux territoires ruraux et l’autre née de la politique de la ville et des phénomènes plus récents de métropolisation. La sociologie des espaces ruraux (Nicolas Renahy, Gilles Lafferté) souligne l’importance des styles de vie et des sociabilités socialement et spatialement situés dans la définition des classes populaires. Ces travaux tendent à écarter le travail de catégorisation des institutions politiques dans la construction de ces groupes sociaux, plutôt l’objet d’une analyse de l’action publique (Patrick Hassenteufel, Vincent Dubois).

    Nous soutenons par une revue bibliométrique qu’un dialogue est possible et a peu été ouvert entre ces deux champs. Nous proposons à partir de deux terrains français spatialement différenciés (Lyon et la Drôme), des moyens de combiner ces approches pour éclairer le fonctionnement des catégories d’action, la manière dont elles renforcent ou fragilisent les « effets de lieu » (Pierre Bourdieu), soit la dimension territoriale du social.

  • Communication orale
    Le populisme ordinaire et la construction problématique d’une catégorie politique « populaire » : l’exemple de la chanson (Cowboys fringants) et de l’habillement (Catherine Dorion)
    Charles Berthelet (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Depuis leur entrée dans le 21e siècle politique, les sciences sociales se sont mises à faire grand cas du phénomène populiste dont les manifestations parfois outrancières ont été progressivement décelées aux quatre coins du monde. Or, en deçà du caractère spectaculaire du populisme tel qu’on le conçoit désormais (avec en tête des porteurs ou promoteurs aussi proéminents que l’ancien [sic] président étatsunien Donald Trump) se profile possiblement une forme de populisme que l’on pourrait dire « ordinaire », manifestée à travers des objets du quotidien ou au sein de représentations sociétales en apparences banales, mais non moins définitoires d’un « (vrai) peuple » ou d’un « peuple ordinaire » qu’elles se donnent justement pour tâche de dépeindre et de représenter. Autrement dit, les occurrences plus discrètes et les indiscrétions plus subtiles d’un tel populisme s’emploieraient néanmoins implicitement à définir une notion de « peuple » et, corollairement, de ce qui vaut ou devrait prévaloir
    comme « populaire », en fonction de critères à la fois particuliers et restrictifs. C’est cette hypothèse d’un « populisme ordinaire » que la présente communication entend explorer sur le plan conceptuel comme sur le plan empirique en prenant appui sur les exemples de la chanson « populaire » et de l’habillement « politique » à partir d’une analyse sémio-discursive du cas des Cowboys fringants et de Catherine Dorion respectivement.