Depuis la fin des années 1980, l’évolution des politiques publiques québécoises est marquée par l’introduction de la nouvelle gestion publique (NGP) (Hood, 1991), d’abord dans le domaine de la santé (Bolduc, 2018), des services sociaux (Bourque, 2018), puis de la justice (Bernheim, 2023). Les principes à son fondement imposent la rationalisation des finances publiques par l’atteinte d’objectifs mesurables selon des indicateurs d’efficacité, d’efficience, de responsabilité et d’imputabilité. Les conséquences de ce mode de gouvernance sur les organismes et les acteurs du secteur public ainsi que les personnes qui y ont recours sont documentées. D’une part, l’évaluation de la performance du personnel devient tributaire de la célérité de l’intervention sans égard à la complexité de la tâche à accomplir. D’autre part, l’accès aux services publics est de plus en plus difficile en raison de leur rareté, mais aussi de l’imposition de conditions d’accès fondées sur des critères moraux et comportementalistes.
Si l’évolution des politiques publiques et leur implantation dans les domaines de la santé, des services sociaux et de la justice sont documentées, aucune analyse n’a transversalisé les constats dans ces trois domaines en contexte québécois. Or, des liens évidents sont à établir. D’abord, la logique de marché a transformé la conception de ce que sont les services publics. Ensuite, elle a des répercussions sur la qualité du travail des personnes au service de l’État, qu’il s’agisse du sens du travail ou de la capacité à déployer son autonomie professionnelle. Enfin, l’organisation des services sociaux, judiciaires et de santé sur le continuum de services a eu pour effet d’accroître la surveillance et le contrôle des personnes marginalisées, la justice devenant la « porte d’entrée dans les services ».
Le colloque abordera la thématique sous ces trois aspects, en privilégiant les communications portant sur plus d’un des domaines à l’étude.