402 - Promotion, prévention et interventions en santé sexuelle auprès de populations minorisées : quelles implications pour les services sociaux et les soins de santé ?

Bloc 1 : Populations de la diversité capacitaire

• Communication orale 09 h 15
  Brisons le silence! Appropriation de la sexualité en contexte de réadaptation physique et sensorielle
  Chantal Robillard (UQAM - Université du Québec à Montréal)

  Les services de réadaptation physique et sensorielle peinent à briser le silence sur la sexualité. Ils se heurtent à plusieurs obstacles structuraux comme par exemple au manque de formation adéquate ou de ressources spécialisées, ou à l’inconfort des intervenants à aborder le sujet. Le Cadre consolidé de recherche sur la mise en œuvre (CFIR) structurera la réflexion sur les enjeux contextuels (internes, externes) et individuels affectant l’offre d’une éducation sexuelle et d’interventions sexologiques en contexte de réadaptation physique et sensorielle. La réflexion s’appuie sur une revue de la littérature scientifique et des observations sur le terrain au sein d’un centre de réadaptation du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal. Les services de réadaptation physique et sensorielle du CIUSSS Centre-Ouest démontrent une volonté d’intégrer la sexualité dans leurs interventions. L’investissement dans des interventions concrètes demeurent cependant inégalement réparti selon les programmes et les professions de la réadaptation. Étant un droit fondamental, maintenir le silence sur la sexualité des personnes en situation de handicap n’est plus une option. Garder un tel silence constitue alors une forme de discrimination. Les services de réadaptation physique et sensorielle occupent une position privilégiée pour promouvoir le droit à la sexualité chez les personnes en situation de handicap.

• Communication orale 09 h 30
  Exploration des enjeux éthiques liés à l’accompagnement à la santé sexuelle dans le parcours de soins des adolescents hospitalisés vivant avec un handicap ou une maladie chronique
  Annick Bourget (CISSS Côte-Nord), Claude Julie Bourque (Université de Montréal), Magdalena Jaworski (Université de Montréal)

  La délicate période du développement pubertaire et social des patients adolescents hospitalisés et vivant avec une maladie chronique ou un handicap posent plusieurs défis sur le plan de l’accompagnement à la santé sexuelle. Le personnel soignant fait aussi face à des défis liés à l’inconfort, au manque d’habiletés ou de connaissances et à la confidentialité, défis qui relèvent de l’éthique professionnelle. À l’hiver 2024, 22 intervenants de 6 disciplines différentes (médecine, psychologie, ergothérapie, travail social, physiothérapie, soins aux patients, etc.) travaillant dans un centre de réadaptation pédiatrique de Montréal ont participé à un questionnaire mixte en ligne. Les principaux résultats indiquent que la moitié d’entre eux ont eu à aborder directement des questions relatives à la santé sexuelle des patients. Ils expriment ressentir un manque de compétence, vivent un malaise dans ces échanges et souhaitent avoir de la formation sur le sujet. Les données produites constituent une base de connaissances exhaustives et nuancées qui servira à l’élaboration d’un prototype de formation bien adaptée aux besoins des intervenants. Outre une recommandation visant l’ajout d’un sexologue à l’équipe, l’initiation à une réflexion éthique s’avère une approche intéressante pour une intervention adéquate en matière de santé sexuelle.

• Communication orale 09 h 45
  Documenter les injustices reproductives capacitistes : un inventaire des obstacles et des stratégies dans l’accès aux soins de santé sexuelle et reproductive
  Cassioppée Guay (UQAM), Raphaël Jacques (UQAM - Université du Québec à Montréal), Geneviève Pagé (UQAM), Adé Renaudin (UQAM)

  La dernière décennie a ouvert les battants d’une prise en considération grandissante des défis dans l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive (SSR) pour les membres de la diversité capacitaire (Nguyen, 2020; Serrato Calero et al., 2021; Turfan et al., 2022). Hormis quelques rares écrits (Bouquin, 2023; Dupont et al., 2020; Mirlesse et al., 2010; Paré, 2018), ces discussions ont majoritairement évolué en vase clos au sein des sphères anglosaxonnes. Il en découle que les injustices rencontrées dans ce domaine demeurent largement méconnues dans les espaces francophones (Baril, 2017; Masson, 2022). Par le biais d’une recension narrative des écrits publiés dans le Nord global entre 2013 et 2024, la présente communication entreprendra de remédier à ce cloisonnement épistémique. Sur un échantillon de 687 résultats repérés à travers les bases de données Scopus, PubMed et PsycInfo, 32 études qualitatives, 19 études quantitatives et 4 études mixtes répondaient aux critères d’inclusion. Après, un survol des différents types de barrières rencontrées, la présentation se penchera sur les stratégies de résistance déployées par les personnes de la diversité capacitaire. Par la suite, les mesures suggérées par les études recensées afin de faciliter la pleine accessibilité aux soins seront discutées. Cette présentation contribuera à la dissémination de bonnes pratiques en SSR en sensibilisant les professionnel·le·s aux expériences des membres de la diversité capacitaire.

Bloc 2 : Populations ciblées

• Communication orale 10 h 45
  Les résistances et les facilitateurs aux pratiques inclusives pour les jeunes trans et non-binaires en situation d’itinérance: le point de vue des personnes intervenantes
  Philippe-Benoit Côté (UQAM - Université du Québec à Montréal)

  Malgré la surreprésentation des jeunes trans et non-binaires en situation d’itinérance, cette population fait face à de multiples défis au sein des ressources d’hébergement. Sous forme d’une étude de cas, cette présentation vise à documenter les résistances et les facilitateurs à la mise en place de pratiques inclusives pour les jeunes trans et non-binaires au sein des ressources d’hébergement. À partir d’une étude qualitative, cette présentation se concentre sur le témoignage de 38 personnes intervenantes œuvrant auprès de jeunes en situation d’itinérance. Selon les témoignages, les résistances aux pratiques inclusives découlent à la fois de la crainte pour la sécurité des jeunes, d’un regard universaliste et d’un manque de formation sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres. À l’opposé, les facilitateurs renvoient à la création de protocoles et de chartes inclusives, à la concertation avec les organismes LGBTQIA2S+ et à la création d’un accompagnement sensible aux enjeux de l’identité de genre. À partir du cas des ressources d’hébergement, cette présentation montre comment il est possible de dénouer les résistances institutionnelles et individuelles pour créer des pratiques favorisant l’inclusion des jeunes trans et non-binaires au sein des services et, ultimement, d’améliorer leur santé sexuelle.

• Communication orale 11 h 00
  « Ben là, vous le savez que ça c’est dangereux! » : Expériences de dépistage des infections transmissibles sexuellement auprès de populations minorisées ou à risque d’exclusion
  Morag Bosom (UQAM), Club Sexu Club Sexu (Club Sexu, Média à but non lucratif), Emmanuelle Gareau (Université de Montréal), Sara Mathieu-Chartier (Université Laval), Léa J. Séguin (UQAM)

  Afin de concevoir le Dépistafest, une campagne de sensibilisation au dépistage des infections transmissibles sexuellement (ITS), l’OBNL Club Sexu a mené un sondage en ligne auprès de jeunes adultes en 2022. L’intention était d'identifier les facteurs susceptibles d’augmenter l’accès au dépistage dans un contexte où les jeunes adultes sont disproportionnellement affectés par les ITS (Blouin et al., 2023). L'objectif de cette présentation est de décrire les expériences de dépistage d’ITS chez les jeunes adultes appartenant à un ou à des groupes minorisés. Une analyse thématique a été menée sur 78 réponses à la question ouverte suivante : “Raconte-nous comment ton expérience a été influencée ou affectée par ton appartenance ethnoculturelle, ton appartenance à la neurodiversité, ta langue, ta religion, tes capacités physiques, la couleur de ta peau, ta façon de parler, ton genre, ton orientation sexuelle, tes choix relationnels, ton poids ou tes comportements”. Les réponses les plus fréquentes impliquent des jugements négatifs des professionnel.le.s de la santé sur le nombre de partenaires lors du dépistage. Les vécus lesbiens, bisexuels, trans et non-monogames sont invisibilisés ou jugés négativement. Des préjugés liés à l’appartenance ethnoculturelle et au poids sont aussi rapportés. Ces expériences discriminantes de dépistage nuisent à l’accès et doivent être considérées dans les stratégies de sensibilisation, particulièrement pour les populations minorisées.

• Communication orale 11 h 15
  Favoriser la santé et le bien-être sexuels des travailleurs.euses du sexe afin de contrer les injustices vécues
  Julie Deslandes Leduc (UdeM - Université de Montréal), Joris Grail (RÉZO)

  Les travailleurs du sexe font face à une double marginalisation associée à la putophobie et à l’homophobie (Crofts, 2014). Dans ce contexte, ces individus rencontrent de nombreuses discriminations qui nuisent à leur accès aux soins de santé et de services sociaux (Gaudette, 2018). Une recherche communautaire photovoix a été réalisée dans le cadre de la maitrise en travail social auprès de 10 participant.e.s (9 hommes et une personne en questionnement sur son genre). Elle est effectuée en collaboration avec le programme Travail du sexe (TdS) de RÉZO, organisme montréalais en santé et mieux-être des hommes et personnes GBTQ+. Tout d’abord, nous exposerons quelques résultats de la recherche. Ceux-ci porteront, d’une part, sur les injustices que rencontrent les participant.e.s dans leur pratique du TdS, notamment la pression à performer des actes sexuels non souhaités, les violences sexuelles et le jugement social. D’autre part, nous reviendrons sur une stratégie déployée par les participant.e.s afin d’être reconnu.e.s et qui consiste en le fait de se regrouper via le Programme TdS afin de créer une solidarité. Ensuite nous exposerons les stratégies mises en place par les intervenant.e.s de RÉZO afin de favoriser la santé sexuelle et combattre les injustices rencontrées par les participant.e.s. Cette présentation démontre le rôle du communautaire dans la promotion de la santé et du bien-être sexuels des travailleurs.euses du sexe.

Dîner libre

Bloc 3 : Populations adolescentes et aînées

• Communication orale 13 h 00
  « Tu réalises que tu n’es pas seule » : Perceptions du soutien offert par les services d’aide formels des adolescentes ayant vécu des violences en contexte de relations intimes
  Mylène Fernet (UQAM), Roxanne Guyon (Université Laval), Martine Hébert (UQAM), Sylvie Lévesque (UQAM), Alison Paradis (UQAM)

  Compte tenu de l'ampleur des violences sexuelles en contexte de relations intimes (VSRI) vécues à l’adolescence et de l’étendue de leurs conséquences, il est impératif de déployer des services efficaces et accessibles pour soutenir les survivantes, atténuer leurs souffrances et favoriser leur rétablissement. Toutefois, des disparités sont rapportées par les survivantes quant au soutien reçu lorsqu’elles ont recours aux services formels d’aide. Ainsi, cette étude vise à documenter les perceptions des adolescentes ayant vécu des VSRI quant au soutien perçu dans leurs démarches de recherche d’aide auprès des services. Des entrevues individuelles abordant, entre autres, les expériences de recherche d’aide, ont été menées auprès de 100 adolescentes âgées entre 14 et 19 ans qui ont vécu de la VSRI. Les résultats de l’analyse de contenu révèlent que les adolescentes perçoivent les services reçus comme étant : 1) Bénéfiques : suscitent des émotions positives et où les interventions offertes les aident à comprendre et à surmonter leur trauma et à en prévenir d’autres ; 2) Inutiles : suscitent l’impression de pouvoir se débrouiller seules et que les interventions proposées ne changeront rien à leur situation; 3) Nuisibles : suscitent des émotions désagréables où les interventions reçues sont vécues comme re-traumatisantes. À partir du vécu et des perceptions des adolescentes, des recommandations pour améliorer les services offerts aux jeunes survivantes de VSPI seront formulées.

• Communication orale 13 h 15
  Prévenir, détecter et intervenir pour contrer les violences à caractère sexuel perpétrées sur des personnes aînées
  Jacynthe Betts (UQAM), Maude Lecompte (Centre de recherche et d'expertise en gérontologie sociale)

  Les violences sexuelles (VS) commises à l’endroit des personnes aînées se heurtent à un manque d’attention et de reconnaissance (Beaulieu et Lussier-Therrien, 2014 ; Connolly et coll., 2012). Cela a des effets négatifs sur la réponse sociale et professionnelle ; moins d’efforts sont investis dans la prévention et la détection. Pourtant, les professionnels sont bien positionnés pour détecter les signes de victimisation vue la récurrence des contacts et lien de confiance (Connolly et coll., 2012). Cette présentation fait état des résultats d'une revue systématique de la littérature réalisée suivant les recommandations du PRISMA afin de répondre à la question PICo suivante : quelles sont les approches à préconiser dans la prévention, la détection et l’intervention en matière de violences sexuelles perpétrées sur des personnes aînées ? Les résultats démontrent que la prévention et la détection passent par la sensibilisation, l’éducation, la création d’outils et la mise sur pied d’environnements favorables au dévoilement (Band-Winterstein et Avieli, 2022, Bows, 2018; 2020). La collaboration entre équipes multidisciplinaires s'avère également à préconiser dans le soutien aux personnes aînées survivantes (Alon et coll., 2018).

• Communication orale 13 h 30
  Comment les questions liées à la sexualité sont abordées ou non par les professionnel.le.s en travail social dans le cadre du soutien à domicile auprès des adultes vieillissants?
  Julie Beauchamp (Université Laval), Camille St-Louis (Université Laval)

  Des recherches ont mis en lumière des enjeux entourant les pratiques des professionnel.le.s dans le domaine de la santé et des services sociaux relativement aux questions liées à la sexualité et à la diversité sexuelle et de genre. Afin de contribuer aux recherches explorant les interventions liées à la reconnaissance de la sexualité des personnes aînées, nous nous intéressons aux pratiques d’intégration des questions relatives à la sexualité et à la diversité sexuelle et de genre auprès de celles-ci. Cette étude qualitative s’appuie sur des entrevues individuelles menées auprès de travailleuses sociales et travailleurs sociaux ainsi que de techniciennes et techniciens en travail social travaillant au soutien à domicile auprès de personnes âgées de 65 ans et plus. La communication présentera les différentes stratégies mobilisées ou non pour intégrer les questions sur la sexualité et la diversité sexuelle et de genre par les participant.e.s dans leurs pratiques d’intervention auprès des personnes aînées en contexte de soutien à domicile.

Bloc 4 : Populations de la diversité ethnoculturelle

• Communication orale 14 h 30
  Répondre aux besoins des jeunes adolescents en santé et droits sexuels et reproductifs (SDSR) dans un contexte fragile en santé mondiale
  Sabina Abou Malham (UdeS - Université de Sherbrooke), Djamal Berbiche (Université de Sherbrooke), Gabriel Blouin-Genest (Université de Sherbrooke), Jennyfer Boudreau (Université de Sherbrooke), Suzie Boulanger (Cégep de Saint-Jérôme), Fatoumata Dicko (Université des sciences, des techniques et des technologies de Bamako (USTTB), Mali), Mamadou Koné (Projet CLEFS, Mali), Drissa Mansa Sidibé (Université des sciences, des techniques et des technologies de Bamako (USTTB), Mali), Michèle Rietmann (Université de Sherbrooke), Aminata Sangaré (Institut national de formation en sciences de la santé (INFSS)), Souleymane Sidibé (Université des sciences, des techniques et des technologies de Bamako (USTTB), Mali), Issa Souleymane Goïta (Université des sciences, des techniques et des technologies de Bamako (USTTB), Mali), Mohamed Togo (Institut national de formation en sciences de la santé (INFSS)), Doufain Traoré (Projet CLEFS, Mali)

  En vue d’actualiser les formations en santé et droits sexuels et reproductifs (SDSR) au Mali, nous avons évalué les connaissances, les attitudes, et les besoins des adolescents desservis par les centres de santé communautaires universitaires et mis en œuvre des interventions pour les combler. Les données issues d’une enquête transversale menée (mars-avril 2022) auprès de 1287 adolescents ont été analysées à l'aide de SPSS. Les résultats révèlent une méconnaissance des méthodes de prévention des IST (23% filles vs 14% garçons (p<0,001), des violences basées sur le genre (32%) (VBG) et aucune utilisation des méthodes de planification familiale (plus de 77%) bien qu'ils soient sexuellement actifs. Environ 60% des adolescent.es sont d'accord que les filles subissent les mutilations génitales. Le recours aux services de santé pour des problèmes de SDSR est plus élevé chez les filles (22% vs 13%, p<0,001). Des interventions innovatrices (sessions de sensibilisation et de formation, notamment auprès des intervenants autant communautaires que professionnels, causeries, formations de pair.e.s éducateur.trice.s) ont été implantées pour répondre aux besoins des jeunes adolescents. Il y a un besoin continu de formation et de sensibilisation auprès de divers intervenant.e.s, autant communautaires que professionnel.le.s pour offrir des services de SDSR adaptés aux besoins des adolescents.

• Communication orale 14 h 45
  Hommes autochtones auteurs de violences sexuelles, conjugales et familiales : qui sont-ils et que faire pour eux?
  Audrey Brassard (Université de Sherbrooke), Catherine De Pierrepont (Université Laval), Jacinthe Dion (Université du Québec à Trois-Rivières), Charlotte Fournier (UQAM), Natacha Godbout (UQAM)

  Les violences sexuelles, conjugales et familiales au sein des communautés autochtones constituent un enjeu de santé publique d’intérêt au Canada et Québec. Alors que le portrait de ces violences reste encore sous-documenté, les données concernant spécifiquement les hommes autochtones auteurs de violences sexuelles, conjugales et familiales sont rares. Cette présentation offrira un portrait global des facteurs à considérer ainsi que des pistes d’actions concrètes à préconiser pour intervenir en matière de violences sexuelles, conjugales et familiales auprès d’hommes autochtones auteurs de ces violences. En s’appuyant sur une revue de littérature, les facteurs de protection et les facteurs de risque associés aux violences sexuelles, conjugales et familiales chez les hommes autochtones auteurs de violences ont été identifiés, puis intégrés au sein d’une conceptualisation écologique synthèse et schématisée. Cette présentation fera ensuite état des pistes de recommandations dégagées de la littérature permettant de développer ou d’adapter des interventions et des pratiques en santé sexuelle pour des hommes autochtones auteurs de violences sexuelles, conjugales et familiales, en lien avec les différents facteurs de protection et les facteurs de risque identifiés.