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Informations générales

Événement : 91e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Ce colloque vise à montrer comment les productions d’artistes sont souvent le reflet des tendances marginales, voire contestataires ou subversives d’une époque, tendances qui deviennent dominantes ou non au cours des ans. Puisant à même les textes, performances, récits d’artistes acadiens et acadiennes puis les combinant à des données ethnographiques recueillies pendant la période privilégiée, les participant·e·s au colloque vont montrer l’évolution des positionnements d’artistes dans leur manière de construire l’acadianité depuis 50 ans. Annette Boudreau montrera comment les poètes de la décennie de 1970, Herménégilde Chiasson, Raymond Guy Leblanc et Guy Arsenault, ont voulu donner une voix à leur communauté en libérant la parole, en troquant la honte pour la fierté, en jouant à leur insu un rôle politique indéniable. Mireille McLaughlin se penchera sur la part de l’affect dans les transformations discursives opérées par les artistes pour (re)définir la légitimité de l’acadianité comme espace produit par et reproducteur de la colonialité du pouvoir. Eugénie Tessier poursuit la réflexion en montrant comment la notion de quétaineries, apparentée à des notions-sœurs, le camp et le kitsch (Sontag, 1964), est reprise par des artistes acadiens aujourd’hui et peut servir à examiner des stratégies identitaires et esthétiques nouvelles. Isabelle LeBlanc se penchera sur les performances d’une artiste queer qui remet en question les catégories identitaires et genrées pour proposer une forme de désidentification (Muñoz, 1999), positionnement qui affiche un refus d’être lié à une identité assignée. À partir de son recueil Alma, Georgette Leblanc proposera une autoanalyse sur la représentation d’une femme « comme les autres » en littérature acadienne. Herménégilde Chiasson, artiste invité, proposera une réflexion sur les productions artistiques en Acadie à la suite des quatre présentations. Le colloque montre qu’au fil du temps les artistes agissent comme des révélateurs des changements sociétaux qui caractérisent leur époque tout en restant ancrés dans une réalité qu’ils contribuent à transformer.

Remerciements :

Ce colloque est possible grâce au soutien du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada.

Date :

Format : Sur place et en ligne

Responsables : Partenaire :
  • Conseil de recherche en sciences humaines du Canada

Programme

Communications orales

La production artistique en Acadie de 1970 à aujourd’hui : réflexions intergénérationnelles sur l’apport des artistes dans les transformations discursives et sociales

Les productions d’artistes sont souvent le reflet des tendances marginales, voire
contestataires ou/et subversives d’une époque, tendances qui deviennent dominantes ou non au cours des ans. Réunissant des artistes et des chercheuses, ce colloque se veut une réflexion sur le rôle clé joué par les arts et la culture dans la transformation de l’Acadianité. Puisant à même les textes, performances, récits d’artistes acadiens et acadiennes et les combinant à des données ethnographiques recueillies sur divers terrains, les participant.e.s au colloque montre l’évolution des positionnements d’artistes dans leur manière de construire l’acadianité depuis 50 ans. Axé sur un dialogue intergénérationnel et une approche intersubjective, le colloque veut montrer qu’à travers le temps, les artistes agissent comme des révélateurs des changements sociétaux qui caractérisent leur époque tout en restant ancrés dans une réalité qu’iels contribuent à transformer.

Salle : LMX 339 — Bâtiment : Pavillon Lamoureux (LMX)
Présidence : Mireille Mclaughlin (Université d’Ottawa)
Discutant·e·s : Annette Boudreau (Université de Moncton), Herménégilde Chiasson (Université de Moncton), Georgette Leblanc (Université de Moncton), Isabelle Leblanc (Université de Moncton), Mireille Mclaughlin (Université d’Ottawa), Eugénie Tessier (Université d’Ottawa)
  • Communication orale
    L’émergence de voix nouvelles chez les artistes en Acadie au début des années 1970. Débat autour du bilinguisme
    Annette Boudreau (Université de Moncton)

    Au début des années 1970, avec la création des Éditions d’Acadie, des poètes publient des textes exprimant leur révolte contre l’état de domination linguistique et culturelle des Acadiennes et des Acadiens. Le bilinguisme est pointé du doigt comme l’un des principaux responsables de la situation. Partant des œuvres d'Antonine Maillet, de Guy Arsenault, d’Herménégilde Chiasson et de Raymond Guy LeBlanc, je montrerai comment les écrits de ces auteurs problématisent le bilinguisme et comment des éditoriaux et des « opinions du lecteur » du quotidien L’Évangéline des années 1974 et 1975 se font l’écho de ce débat. Si ces poètes se révoltent contre la domination anglophone et rejettent les pratiques dites bilingues et le mélange de langues, Guy Arsenault et Antonine Maillet écrivent dans le français populaire de leur région, Moncton, y intégrant des variantes régionales. Cette écriture, osée pour l’époque, pave la voie vers l’acceptation de différentes manières de s’exprimer en français en Acadie. Il bat en brèche l’idéologie du standard, idéologie voulant qu’une seule variété du français soit acceptable, idéologie très répandue au Canada français à l’époque. J’aurai recours aux textes publiés dans les journaux étudiants de l’Université de Moncton de cette période, textes qui témoignent de la virulence de cette idéologie. Je pourrai comparer les manières d’appréhender les situations de bilinguisme chez les artistes d’aujourd’hui avec celles d’il y a cinquante ans.

  • Communication orale
    De quoi être fière : de l’ethnicité à l’égalité comme discours légitimant.
    Mireille Mclaughlin (Université d’Ottawa)

    Comme plusieurs identités minorisées, les acteurs et actrices de l’Acadianité ont souvent fait appel au discours de la fierté pour contrer la dévalorisation sociale des marques symboliques et matérielles lui appartenant ou lui étant attribuées (Boudreau 2016). Dans le cadre de cette présentation, je mobilise des données ethnographiques co-produites depuis 1998 avec des chercheur.se.s, des auteur.e.s compositeur.e.s et des écrivain.e.s acadien.enes pour penser la part de l’affect dans les transformations des assises discursives de la légitimité de l’Acadianité (Heller et Labrie 2003; Moise). Je documente en particulier le passage discursif d’un discours légitimateur axé sur la défense d’un groupe ethnique ou nationale à un discours misant sur l’accès égal et différencié de chacun à l’expression épanouie de soi. Ce travail veut ainsi penser les impasses et les possibilités de repenser la catégorie francophone à travers ses conceptions de l’égalité sociale et linguistique, que ce soit pour les francophones dans toute leur diversité ou pour les autres identités qu’elle côtoie. Je montre aussi que les assises discursives de la légitimé de l’action sur les sujets parlants se multiplient, passant d’une approche objectiviste, centrée sur la nation et l’ethnicité, à des revendications subjectivistes, axées sur une quête d’expression de la multidimentionalité du soi qui passe par la reconnaissance de la dignité égale de tous les modes d’altérité.

  • Communication orale
    Qui craint d’être quétaine en Acadie ? Quelques perspectives musicales
    Eugénie Tessier (Université d’Ottawa)

    Entre Y’a une étoile pour vous d’Angèle Arsenault, les t-shirts du quinzou et la chanson thème de la Semaine provinciale de la fierté française C’est un amour d’Étienne Deschêne, qui craint d’être quétaine en Acadie ? Expression généralement péjorative, la quétainerie marque tour à tour le mauvais goût, le manque de raffinement et les trop grandes sentimentalités. Il sert aussi à évoquer, à l’intersection du genre et de la classe, la figure de la matante, celle incarnée par les artistes responsables des événements humoristiques Le Bingo avec Johanne. En prenant pour cas des mises en œuvre musicales de/dans l’Acadie, je me penche sur le quétaine à travers ses affinités avec ses concepts-sœurs, le camp et le kitsch, afin d’en argumenter le potentiel heuristique pour penser la performance de représentations esthétiques du collectif. Le quétaine se fait kitsch lorsque ses pratiques consuméristes étalent avec ostentation l’objet lui-même représenté, il permet alors de penser aux dimensions performatives de la culture dans ses expressions objectivistes. Réfléchi comme forme d’expression camp (Sontag 1964), le quétaine offre des pistes d’analyse critique riche en vue d’élargir notre appréhension des notions de honte et de fierté qui évite les clichés de la commisération et de la ridiculisation. Sous le prisme de l’humour, cette présentation s’intéresse aux façons dont s’articulent dans le quétaine des stratégies d’expression porteuses d’une critique des inégalités esthétiques.

  • Communication orale
    Le corps comme performance artistico-politique en Acadie ou le refus de lisibilité en tant que « unhappy queer »[1]
    Isabelle Leblanc (Université de Moncton)

    Depuis 2017, Xenia, un·e artiste queer, a floué les frontières entre sa vie et son art de sorte à faire de la représentation qu’iel donnait d’iel-même et de son discours sur la langue une performance artistico-politique qui s’inscrit dans la durée et qui se caractérise par un processus dynamique de « désidentification » tant individuelle que collective. A travers une série de gestes, de créations et de performances artistiques (drag, théâtre, humour, littérature) exposées sur des plateformes numériques ainsi que dans des cadres plus traditionnels, Xenia propose une « déshétérosexualisation » de l’espace public acadien, inscrivant un potentiel d’altération, de dissolution et de réarticulation de son identité en usant pour ce faire des « techniques de soi » que Michel Foucault définissait comme « des techniques qui permettent aux individus d’effectuer, seuls ou avec d’autres, un certain nombre d’opérations sur leur corps et leur âme, leurs pensées, leurs conduites, leur mode d’être; de se transformer afin d’atteindre un certain état de bonheur, de pureté, de sagesse, de perfection ou d’immortalité » (Foucault, 2001: 1604). Je m’intéresse à comment ce processus transforme les discours sur l’acadianité à travers une nouvelle voix/voie qui ne fige pas l’artiste dans une identité préexistante. Mobilisant un corpus d’entretiens et de presse, je montre comment la performance de Xenia permet d’envisager une identité linguistique queer francophone incarnée au sein de l’espace citoyen.

  • Communication orale
    Une femme comme les autres : le personnage « extra-ordinaire », Alma, et le corps féminin en littérature acadienne.
    Georgette Leblanc (Université de Moncton)

    Alors que depuis les années 1970, le corps féminin en littérature acadienne était actif et prenait la parole, moi, jeune écrivaine de la génération X, je restais sur ma faim, toujours aux prises avec Évangéline et son mythos adopté par le discours officiel acadien. Où était la jeune femme, mère, sensuelle et hétérosexuelle, collée à éros comme moi, malgré les prescriptions du cadre nationaliste acadien et de ses icônes saintes et chastes ? Je propose une communication sur le corps féminin en littérature acadienne et le personnage Alma en particulier, personnage éponyme comme stratégie non-subversive, féministe et littéraire. L’auto-analyse et le dire-vrai (Éribon) de mon expérience d’écriture de Alma révèle qu’au-delà de mes intentions (conscientes) à l’époque – de vouloir ajouter aux archétypes féminins en littérature acadienne et de faire une place à une expérience féminine occultée du discours « officiel national » acadien - écrire Alma c’était aussi une manière d’écrire sur « moi », la recherche et le récit biographique de ma grand-mère n’étant qu’un squelette narratif pour écrire mon expérience, mon intimité. Autrement dit, Alma était véritablement un « délicieux compromis entre une liberté et un souvenir » (Barthes), un nouveau personnage féminin pour contribuer à la fois à ma propre quête artistique et à la régénération de la mémoire collective acadienne.

  • Communication orale
    Vers une Acadie plurielle
    Herménégilde Chiasson (Université de Moncton)

    Il y a désormais quatre générations d’artistes en Acadie, chacune ayant eu à se définir par rapport à cette identité historique, culturelle et artistique, trois dimensions qui font appel à des articulations diverses et engageantes. D’abord figés dans une vision que l’on pourrait qualifié de folklorique, l’Acadie, dans un deuxième temps et suite à la création de l’Université de Moncton, va s’orienter vers une modernité qui ne sera assurément pas de tout repos. Cette modernité va donner suite, avec la troisième génération, à une ouverture permettant d’échanger autour d’un vocabulaire commun pour finalement donner suite à l’heure actuelle à un éclatement des formes et des propos qui ont normalisé la présence du domaine de la culture pour en faire un espace éclaté et diversifié permettant de contribuer des à domaines complexes et de grande actualité. D’abord utilisé comme un slogan, selon l’expression du poète Raymond LeBlanc, l’Acadie devient présentement de plus en plus une composante et non une finalité en soi, permettant ainsi de se situer par rapport aux grands enjeux de pensée et de création contemporaines. C’est cette évolution que tentera de présenter et de commenter l’artiste multidisciplinaire Herménégilde Chiasson qui fut l’un des principaux artisan et témoin de cette évolution.


Réseautage

Lecture de poésie : hommage au 50e anniversaire de la publication de Mourir à Scoudouc

Venez nous rejoindre pour une lecture de poésie célébrant le 50e anniversaire de la publication de Mourir à Scoudouc, oeuvre phare d'Herménégilde Chiasson, artiste multidisciplinaire et ancien lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick. Il sera accompagné de l'écrivaine Georgette LeBlanc, poète officielle du Parlement en 2018 et finaliste du prix littéraire du Gouverneur général en 2013 pour son recueil Prudent (2013). Elle le remporte en 2021 pour sa traduction de l'oeuvre Océan (2019).

La lecture de poésie débutera à 17h. Nous vous prions d'arriver vers 16h30. Un léger goûter sera servi.

Salle : LMX 339 — Bâtiment : Pavillon Lamoureux (LMX)
Présidence : Mireille Mclaughlin (Université d’Ottawa)
Discutant·e·s : Herménégilde Chiasson (Université de Moncton), Georgette Leblanc (Université de Moncton)