La réforme des accords du participe passé, récemment remise à l’ordre du jour, a permis de relancer les discussions sur l’orthographe française, que ce soit dans les médias, les associations d’enseignement ou des activités grand public (p. ex., la table ronde organisée à l’Université de Montréal en septembre dernier). Or les discours sur l’orthographe dans la sphère publique peinent à dépasser les idées reçues sur le sujet (Dister et Moreau, 2012; Rheault et Elchacar, 2019). Toute proposition de changement est perçue comme une dégradation ou un désaveu de l’importance accordée à la « qualité de la langue ». Ceci est particulièrement vrai pour les francophonies périphériques qui vivent une grande insécurité linguistique, insécurité qui s’ajoute, pour la population québécoise, à une peur de voir leur langue décliner, voire disparaître.
Les recherches en linguistique sont pourtant unanimes : l’orthographe française est incohérente, les élèves peinent à la maitriser (Manesse et Cogis, 2007), elle entraîne des problèmes de société non négligeables (Legros et Moreau, 2012). Les recherches qui abordent l’orthographe d’un point de vue linguistique contribuent à mieux la cerner et la comprendre, pour éventuellement agir sur elle d’une manière raisonnée, en se fondant sur des données empiriques.
Dister, A. et Moreau, M.-L. (dir.) (2012) « Réforme de l’orthographe française – Craintes, attentes et réactions des citoyens ». Glottopol, no 19, pp. 36-53.
Legros, G. et Moreau, M.-L. (2012) Orthographe : qui a peur de la réforme ?, Fédération Wallonie-Bruxelles.
Manesse, D. et Cogis, D. (2007) Orthographe : à qui la faute?, Issy-les-Moulineaux, ESF éditions.
Rheault, A.-H. et Elchacar, M. (2019) « La vision des rectifications orthographiques, toujours aussi négatives au Québec ? Étude de l’évolution des discours dans la presse québécoise », Remysen, W. et S. Schwarze (dir.), Idéologies sur la langue et médias écrits : le cas du français et de l’italien, Frankfurt am Main, Peter Lang, pp. 13-36.