Ce colloque prend comme perspective les géographies queers dont l’un des objectifs est de souligner certaines des expériences des communautés queers au sein de ces espaces. En effet, selon E. Cram (2019) les géographies queers soulignent à la fois comment « les subjectivités queers ne sont pas extérieures, mais au contraire placées dans des environnements particuliers, des migrations transfrontalières et des flux diasporiques ».
Déstabilisant la dichotomie ville pro-queer vs. campagne anti-queer, les géographies queers peuvent en effet inclure des espaces « [urbains] et [suburbains], des espaces commémoratifs, ainsi que des géographies rurales… elles doivent [aussi] également inclure les lieux intermédiaires, ou les espaces transitoires sur la route » (E. Cram, 2019). Ainsi, il est possible de penser les espaces en-dehors de l’opposition réductrice entre métronormativité et ruralité anti-queer : J. Halberstam (2020), par exemple, tisse des liens entre la nature en tant qu’espace imprévisible et la queerness tandis que l’anti-urbanisme queer de S. Herring (2010) critique vivement le mythe de la métronormativité comme seul mode de vie.
Partant de l’année de sortie de Brokeback Mountain (Ang Lee, 2005), jalon incontournable mais ambivalent de la représentation de personnages queer dans un contexte rural et réfractaire à toute différence sexuelle (Bastanmehr, 2015), l’objectif de ce colloque est d’explorer un corpus grandissant de films non-métronormativitifs et mettant à mal l’idée d’une ruralité anti-queer et de milieux urbains pro-queer. Ce colloque sera l’occasion de mettre en dialogue différentes approches théoriques (queer, postcoloniale, par exemple) et la géographie queer, et d’ainsi favoriser des lectures intersectionnelles originales d’œuvres cinématographiques peu discutées jusqu’à présent.
Remerciements
Nous aimerions remercier l'université Queen's (Kingston, Ontario) pour leur soutien.