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Informations générales

Événement : 91e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Que disons-nous quand nous clamons être marxistes, épicuriens ou spinozistes ? Que signifie être utilitariste, nominaliste ou matérialiste ? La philosophie, discipline éminemment critique, est étonnamment, aussi, marquée par une activité incessante de production de filiations. Les philosophes, souvent, inscrivent leur travail de production conceptuelle dans le sillage d’autres philosophes, revendiquent un concept arraché à un corpus existant ou prétendent restituer l’authenticité d’une démarche repérée dans les replis d’une œuvre. Que les philosophes admettent ou non faire de l’histoire de la philosophie, toujours est mis en scène un état de la discipline par rapport auquel leur opération se situe, toujours leur pensée fournit des indices au sujet des lieux où elle a trouvé ses matériaux.

Cet atelier s’intéressera à la manière dont les philosophes ont thématisé la question de l’héritage, de l’héritage plus proprement philosophique, c’est-à-dire de la manière dont est abordée la question de la réception, mais depuis la perspective de la personne qui reçoit. Comment use-t-on d’un legs ? Quel devoir de fidélité avons-nous par rapport à lui, et comment sait-on que nous lui faisons honneur ? De quelle liberté disposons-nous à son égard et à partir de quand peut-on dire que nous avons rompu avec lui ?

Date :

Format : Sur place et en ligne

Responsable :

Programme

Communications orales

L’héritage cartésien et la définition de la modernité philosophique

Communications sur les modalités de déploiement de l'héritage cartésien et son rôle dans la définition de la modernité au 17e siècle.

Salle : FSS 11003 — Bâtiment : Pavillon des Sciences sociales (FSS)
  • Communication orale
    L’héritage de Descartes : qu’est-ce que c’est que l’école cartésienne ?
    Christian Henkel (UdeM - Université de Montréal)

    Il est incontesté que la philosophie de René Descartes (1596-1650) a conditionné la philosophie moderne comme presque aucune autre. Cependant, l’héritage spécifique de Descartes n’est pas assez clair. Après sa mort, plusieurs philosophes comme Claude Clerselier, Louis de la Forge, Géraud de Cordemoy, Nicolas Malebranche, Pierre-Sylvain Régis et bien d’autres se sont proposés tant interpréter qu’augmenter la philosophie de leur « maître ». Pour nous, comme historien(ne)s et philosophes, ces efforts mettent en question en quoi consiste ce qu’on appelle « l’école cartésienne » ou « le cartésianisme ».
    Le but de ma communication sera d’analyser deux solutions : (1) D’un côté, peut-être le dénominateur commun de tous les Cartésiens, en tant que tels, est un ensemble de quelques doctrines essentielles comme le dualisme, la division ontologique entre substances et modifications, la doctrine que les vérités essentielles dépendent de la volonté de Dieu, ou la réalité de l’interaction causale entre les substances. Le problème avec ce point de départ est de déterminer ce dénominateur commun, notamment son envergure. (2) De l’autre côté, l’auto-identification en combinaison avec l’identification d’autrui sera mieux. Cependant, fréquemment, les polémiques, même entre les philosophes inclinés à suivre Descartes, compliquent ce chemin. Je finirai en explorant s’il y a une solution différente de ces deux proposées.

  • Communication orale
    L’héritage cartésien du chancelier d’Aguesseau : entre fidélité et éclectisme
    Maxime Ilou (ENS de Lyon)

    L’héritage cartésien de d’Aguesseau, chancelier de France et juriste éminent du XVIIIe siècle, ne fait aucun doute pour les historiens du droit. Le titre même de ses Méditations métaphysiques renvoie explicitement à cette filiation cartésienne. Or, d’Aguesseau procède à une application juridique – peut-être surprenante – de la philosophie de Descartes, et ce à travers un déplacement de concepts ou de philosophèmes cartésiens. Ce premier détournement nous invite à questionner la manière dont la réception d’un héritage philosophique peut servir des fins étrangères au projet initial : que reste-t-il de cartésien dans la pensée de d’Aguesseau ? C’est alors la fidélité à la méthode et aux concepts cartésiens qui permettrait au jurisconsulte de s’inscrire légitimement dans la filiation de Descartes, tout en dialoguant avec d’autres de ses disciples, comme Malebranche et Domat.

    Or, la fidélité au cartésianisme s’accompagne également d’emprunts pluriels au jusnaturalisme (citons a minima Gro0us et Pufendorf). Ce serait dès lors une forme d’éclectisme qui permettrait au jurisconsulte de proposer une théorie du droit.

    Deux hypothèses s’offrent alors à nous : ou bien cet héritage cartésien doit être relativisé, au vu notamment de l’absence de considérations juridiques et politiques de Descartes ; ou bien cet éclectisme permet de mettre au jour des similitudes, ou du moins des échos conceptuels et théoriques, entre des philosophies qui, au premier abord, semblent étrangères.


Communications orales

La construction d’un canon philosophique

Salle : FSS 11003 — Bâtiment : Pavillon des Sciences sociales (FSS)
  • Communication orale
    Conférence/Atelier: Autour du livre "L’Autorité d’un canon philosophique : le cas Descartes"
    Delphine Antoine-Mahut (ENS de Lyon)

    "L'autorité d'un canon philosophique. Le cas Descartes" (Paris, Vrin, 2021), se donne pour objectif de penser philosophiquement le processus de canonisation d’une figure philosophique. Il explique le lien entre les premiers autoportraits polémiques de Descartes et sa postérité qui en fait un label : le « dualisme », en partant de la querelle d’Utrecht pour aller jusqu’à l’institutionnalisation, au XIXe siècle et particulièrement en France, du Descartes qui continue d’être enseigné aujourd’hui.

    Il constitue donc un matériau particulièrement opportun pour questionner , dans toutes ses implications méthodologiques, la question, au coeur de l'actualité de la recherche, qui fait l'objet de ce colloque: qu'est-ce qu'un héritage philosophique?


Dîner

Dîner libre

Salle : FSS 11003 — Bâtiment : Pavillon des Sciences sociales (FSS)

Communications orales

Héritages alternatifs et fragmentation de la modernité (17e-20e siècles)

Salle : FSS 11003 — Bâtiment : Pavillon des Sciences sociales (FSS)
  • Communication orale
    Qu’est-ce que ne pas être cartésien ? Pascal, Malebranche et la connaissance de l’homme
    Emmanuel Mabille (UdeM - Université de Montréal)

    Au lieu de proposer une réponse à la question désormais classique : « Qu’est-ce qu’être cartésien ? », on se demandera ici ce que peut bien signifier ne pas être cartésien, en s’intéressant aux cas de Pascal et de Malebranche. On proposera d’abord de lire ces deux philosophies comme deux manières apparemment opposées de « partir de Descartes » (Vincent Carraud), en privant le savoir de tout fondement métaphysique (Pascal) ou en fondant le savoir en Dieu même (Malebranche). Mais l’on s’attachera surtout à montrer que ces deux manières divergentes de se positionner par rapport à l’héritage que constitue le « cogito » trouvent leur origine dans un même constat, c’est à savoir la nécessité d’une anthropologie : ne pas être cartésien, c’est en fait approfondir
    la connaissance de l’homme. Dans cette perspective, on essaiera de déterminer les modalités et les enjeux d’une telle connaissance qui, chez ces deux auteurs, devient indissociable de la philosophie elle-même - préfigurant ainsi la « science de l’homme » des Lumières. Ce faisant, on réfléchira plus généralement à la manière dont ils se réapproprient, en partant de Descartes, la question pluriséculaire de la connaissance de soi (Pierre Courcelle) pour l’arracher au giron de la métaphysique : Pascal et Malebranche ne seraient-ils pas montaigniens plutôt que cartésiens ?

  • Communication orale
    Que vaut la catégorie historiographique de leibniziano-wollfisme?
    Christian Leduc (UdeM - Université de Montréal)

    L’une des grandes catégories historiographiques au 18e siècle est celle de leibniziano-wolffisme qui exprime une synthèse entre les pensées de Leibniz et Wolff. Le terme aurait été forgé en 1724 par Franz Budde dans le but d’en critiquer le contenu. Il fut cependant récupéré ultérieurement par des partisans de ce mouvement, comme Georg Volckmar Hartmann qui en fait d’ailleurs l’histoire en 1737. Cette catégorie est cependant surtout connue par l’usage que des penseurs plus tardifs des Lumières en font, au premier rang duquel se trouve Kant, mais aussi par la place qu’elle occupe au sein de l’historiographie sur l’époque moderne depuis le 19e siècle. Sans constituer une situation unique, la construction de cette catégorie a pour particularité d’exprimer la fusion entre deux doctrines. La raison principale de cet amalgame consisterait en ce que l’exposition wolffienne serait venue systématiser les principes et idées de Leibniz, dont la présentation était initialement plus fragmentaire ou incomplète. Cette communication abordera trois questions : d’abord, que vaut cette interprétation d’une systématisation de la pensée leibnizienne ? Ensuite, le leibniziano-wolffisme reflète-t-il véritablement des théories spécifiques, ou s’agit-il d’un simple abrégé doctrinal et historiographique ? Finalement, à la lumière des deux précédents points, cette catégorie a-t-elle une utilité interprétative pour nous aujourd’hui ?


Communications orales

Héritages construits et redéfinition de la modernité (17e-18e siècles)

Salle : FSS 11003 — Bâtiment : Pavillon des Sciences sociales (FSS)
  • Communication orale
    « Ressusciter peu à peu » – la philosophie des Grecs. Diderot et la question de l’héritage philosophique
    Mitia Rioux-Beaulne (Université d’Ottawa)

    Dans les articles de l’Encyclopédie qu’il consacre à l’histoire de la philosophie grecque ancienne, Diderot problématise de manière soutenue la question de ce qui constitue une bonne manière de se positionner par rapport à cet héritage. Cette communication développera deux lignes de force qui structurent cette problématisation : en un premier sens, hériter veut proprement dire « ressusciter » des thèses empruntées à des corpus de l’Antiquité – la question est alors de savoir quel type d’adhésion une telle opération commande; en un second sens, hériter s’entend plutôt du point de vue de l’ethos, ou d’une manière de pratiquer la philosophie – qui pose cette fois la question de savoir à quel type d’imitation les philosophes modernes devraient se livrer.

  • Communication orale
    Un héritage en construction: Ninon de Lenclos et l'Encyclopédie
    Alexis Tétreault (Université d’Ottawa)

    L’enjeu du canon en philosophie et plus particulièrement de l’absence de diversité de genre au sein de ce même canon a été l'objet de nombreuses réflexions au courant des dernières années. Contestant l’héritage reçu par ceux ayant construit le canon, certains appellent à sa diversification thématique, à l’inclusion de nouvelles figures au sein de ces mêmes thèmes ou au rejet du critère de causalité comme outil de sélections des figures.

    Cette communication déplacera l’interrogation en amont du processus de canonisation ayant eu cours au XIXe siècle et s’interrogera sur comment l’Encyclopédie représente un lieu d’effervescence pour des réflexions sur les lieux communs en philosophie, voire ce que l’on pourrait nommer un lieu où se performe une politique mémorielle des figures philosophiques et plus particulièrement des philosophesses. Nous croyons que divers articles de Diderot, d’Alembert et de Jaucourt donnent à voir non seulement une valorisation des femmes philosophes, mais aussi l’affirmation d’une égalité à l’endroit de l’ethos du philosophe.

    La communication suivante présentera, dans un premier temps, certaines postures contemporaines sur la valorisation et l’inclusion de certaines femmes philosophes au sein du canon. Dans un second temps, nous explorerons comment certains articles de l’Encyclopédie performent, à travers leurs rejets et leurs louanges, la création d’un héritage philosophique incluant des figures féminines.


Communications orales

Postmodernité et problématisation de l’héritage (20e siècle)

Salle : FSS 11003 — Bâtiment : Pavillon des Sciences sociales (FSS)
  • Communication orale
    Être « héritier » postmoderne : un jeu de continuité et de rupture. Une lecture d’Alasdair MacIntyre par voie de Reinhart Koselleck
    Alexei Kazakov (Université d’Ottawa)

    Cette communication vise, dans un premier temps, à analyser la relation entre un philosophe et la tradition philosophique en se calquant sur la notion de « pratique » telle qu’elle s’articule dans Après la vertu d’Alasdair MacIntyre. En me référant aux notions de « bien interne », « standard d’excellence », et la dimension historique de ces deux, je tente de démontrer que l’appartenance légitime à une tradition philosophique est une fonction de la reconnaissance accordée par les autres membres de la tradition en question.
    Dans un deuxième temps, je chercherai à problématiser cette dynamique à l’époque postmoderne en me référant surtout à la pensée de l’historien allemand Reinhart Koselleck. Dans la mesure où une pratique selon MacIntyre contient une dimension historique irréductible, j’avance que le changement dans nos rapports au temps subi dans le sillage de la postmodernité brouille la
    dynamique autour de l’appartenance véritable à quelconque tradition. En me penchant sur l’anthropologie transcendantale de Koselleck, qui a pour moteur principal l’intégration des nouvelles générations dans la société existante, j’examine comment l’expérience postmoderne du temps rend cette dernière tâche plus difficile.