Le modèle médical actuel peine à relever les défis multidimensionnels et complexes auxquels fait face le domaine de la réadaptation dans une société en rapide évolution. Pour répondre aux enjeux sociétaux, plusieurs initiatives combinant les arts et la réadaptation, et qui s’appuient sur des paradigmes de coconstruction, ont vu le jour ces dernières années (Boydell et al., 2016).
La transdisciplinarité est une approche préconisée lorsque les codes d’une discipline ne suffisent pas pour répondre aux problèmes complexes rencontrés par les individus (Klein et al., 2001). L’atteinte d’une posture transdisciplinaire comporte néanmoins de nombreux défis lorsque des partenaires provenant de disciplines et de milieux de vie variés doivent se comprendre et avancer vers un objectif commun. Plusieurs obstacles se posent à l’émergence de réelles collaborations transdisciplinaires, tels que : la hiérarchisation des savoirs; le pouvoir d’expression inégal octroyé par les milieux universitaires aux différentes disciplines et acteurs; les épistémologies variées dans la recherche scientifique; la tendance sociétale de voir les pratiques artistiques comme relevant du loisir plutôt que du soin.
Malgré les intentions sincères de s’impliquer dans un réel processus de coconstruction, ces barrières peuvent empêcher les partenaires de sortir des vases clos habituels et pousser à l’instrumentalisation d’une discipline au profit d’une autre.
Dans ce colloque d’une journée, nous abordons les défis et les pistes de solution propres aux équipes intégrant les disciplines de la réadaptation et les arts.
Nous mettons l’accent sur l’émergence de la transdisciplinarité à différentes phases du processus de recherche, soit :
- l’élaboration du projet;
- le codéveloppement de méthodologies et d’interventions;
- l’interprétation et la valorisation des résultats;
- le codéveloppement d’interventions;
- le transfert des connaissances.
Trois thématiques constituent le fil rouge de ce colloque :
• Communication et humilité : Comment se comprendre et parler le même langage, valoriser et reconnaître différents types de savoirs et éviter l’instrumentalisation d’une discipline au profit de l’autre?
• Nature des interventions, des activités ou des programmes : Quels sont les « ingrédients actifs » d’une intervention, et qu’est-ce que ceux-ci ont comme implication sur les retombées (attendues et observées), les méthodes de recherche, et la qualification de l’intervention comme thérapie versus loisir?
• Place des interventions transdisciplinaires dans la société : Quel accueil est réservé à ces interventions novatrices dans différents milieux? Quelles sont les tensions relatives, entre autres, aux chapeaux disciplinaires traditionnels et à leurs organisation et affiliations professionnelles et quelles solutions s’offrent à nous pour les lever?