12 - Les droits des femmes et le cercle vertueux des impacts sociaux de leur respect : enjeux interdisciplinaires

Depuis la Révolution industrielle, le patriarcat et le capitalisme ont mis en place le modèle de l’époux pourvoyeur et de l’épouse responsable de la bonne marche de la maisonnée. Lorsque les femmes ont conquis leur droit d’avoir un emploi rémunéré, leurs conjoints n’ont pas considéré la possibilité de les décharger de leurs responsabilités préalables : la domesticité et le soin des enfants. Les études féministes ont nommé le phénomène provoqué par la double tâche la « charge mentale ». Dans le cas de la pratique privée du droit qui sera donné en exemple, cette charge s’ajoute aux exigences d’un éthos professionnel qui « ne compte pas les heures » de travail, mais se glorifie plutôt de leur nombre extrêmement élevé. Cette conjugaison crée un rapport au temps très contraignant, générateur de souffrance pour les individus. Les femmes seront-elles le grain de sable qui enrayera l’accélération du temps?

Au cours des dernières décennies, plusieurs études ont permis de documenter l’importance de la diversité de genre au sein du conseil d’administration et de la haute direction des sociétés ouvertes. Certaines de ces études font état de l’impact positif de la présence des femmes dans les instances décisionnelles sur la gouvernance des entreprises ainsi que sur la société en général. Parmi les principaux effets mis en relief, citons la prise de décisions plus éthiques, l’amélioration de la performance financière, la meilleure transparence dans l’information, l’implémentation des politiques favorables à la diversité, la saine gestion des risques, le renforcement de la légitimité et de la fiabilité du conseil d’administration, la diminution de l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes, l’adoption des politiques de responsabilité sociale et la promotion de l’innovation. Partant, la participation féminine au conseil d’administration et à la haute direction est pensée comme un moyen de répondre à la pluralité des demandes et des besoins des parties prenantes à la société

Documentariste au sein du Groupe Via le monde, Catherine Viau, s’intéresse aux impacts sociaux du respect des droits des femmes. Au fil des décennies, les films qu’elle a produits avec son associé Daniel Bertolino témoignent du rôle des femmes dans l’amélioration des conditions de vie d’une communauté, mais aussi des défis qu’elles doivent relever. Quel accueil le monde des médias réserve-t-il à ces nouvelles narrations?

Le continent africain est de fait le plus grand désert médical au monde. Avec seulement 3% des soignants formés en faculté de médecine occidentale, le continent aurait besoin de 1,8 million de professionnels de santé selon les Nations unies. L'insuffisance de personnels se double d’un manque d’infrastructures biomédicales et surtout d’une inadaptation de la formation des professionnels et de l’organisation des systèmes de santé aux conditions de la région. La situation est d’autant plus dramatique que dans le même temps, on assiste à des stratégies déjà documentées de marginalisation institutionnelle des initiatives endogènes de soin auxquelles 85 % des patients en Afrique ont pourtant encore recours, surtout en zone rurale. Mais comment les femmes coincées dans ces déserts médicaux parce dépourvues de moyens financiers doivent-elles se soigner lorsqu’elles sont par exemple confrontées à la nécessité de l’accouchement et que la seule solution autorisée est une biomédecine hyperspécialisée davantage attentive aux problèmes des plus riches? Pourquoi la notion de « vérité » et les combats qu’elle engendre sont-ils désormais non-pertinents lorsqu’on est confronté à la question de la santé des femmes considérée ici comme une urgence de santé publique ? Peut-on fonder de manière cohérente la réhabilitation des savoirs endogènes comme une contribution pertinente au cercle vertueux du droit de la femme africaine à la santé ?

En Guinée-Conakry et en République démocratique du Congo (RDC), la question de la stigmatisation sociale des victimes de violence sexuelle crée une série d’obstacles méconnus. C’est ainsi le cas en présence d’entrave d’accès à d’importants services créés pour ces victimes. En choisissant d’observer l’expérience et la perception des femmes et filles victimes de violences sexuelles dans ces deux pays, que ce soit dans le cadre d’un conflit armé ou non, ma recherche identifie de potentiels liens entre la stigmatisation sociale subie et les parcours individuels qui concrétisent l’accès aux structures d’interventions spécialisées. Le tout permet, au final, de mieux adapter les interventions et les services offerts aux victimes en connaissant mieux la perception qu’en ont les survivantes de violences sexuelles, en espérant ainsi mieux contribuer à leur rétablissement.