Le champ des études rituelles témoigne d’un phénomène d’invisibilisation de la femme. On reconnaît volontiers les contributions décisives d’auteurs tels que Marcel Mauss, Victor Turner, Gregory Bateson, oubliant les femmes ayant œuvré avec eux. Mauss a initié avec succès des femmes au monde de la recherche anthropologique, dont Germaine Dieterlein et Denise Paume. Edith Turner a, pour sa part, accompagné son mari, Victor Turner, dans le cadre de son enquête de terrain auprès des Ndenbus en Afrique, y retournant après son décès pour reprendre la recherche. Mary Catherine Bateson, anthropologue comme son père, risque d’être connue plus par les fameux « métalogues » avec son père que par ses propres contributions, dont notamment son regard sur la vie des femmes. Ce phénomène réclame une prise de conscience critique et une mise en valeur du rôle et des contributions des femmes pour l’émergence, la constitution et le développement des études rituelles. À titre d’exemple, aux noms de Mary Douglas et de Catherine Bell, nous souhaitons ajouter les noms d’autres femmes pionnières oubliées ayant contribué à façonner les études rituelles avec de recherches originales. Avec Susanne Langer et Judith Butler, il est possible de mettre en valeur les apports interdisciplinaires des femmes. Avec Hélène Lubienska de Lenval et Marjorie Procter-Smith, le potentiel critique du regard féminin sur les rites religieux peut être revisité. Avec Marina Abramović, enfin, l’audace de l’invention rituelle et performative peut gagner un nouvel élan. Le point focal de notre colloque est la mise en valeur de l’originalité et de l’audace des contributions féminines aux études rituelles.
Du mercredi 10 au jeudi 11 mai 2023