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Informations générales

Événement : 90e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 600 - Colloques multisectoriels

Description :

Pour mettre fin à l’itinérance, de nombreux acteurs institutionnels et communautaires postulent que la solution passe par l’obtention d’un logement (Gaetz, Scott et Gulliver, 2013; MSSS, 2021). Or, Montréal, comme toutes les grandes villes occidentales, n’échappe pas à la pression liée à la spéculation immobilière, au manque de logement social et abordable, au tourisme de masse et aux exigences esthétiques. Cette pression a d’abord pour effet de provoquer un déplacement incessant des populations qui occupent l’espace public et qui sont jugées comme étant indésirables (Harvey, 2011; Parazelli, 2021). Cette pression a ensuite pour effet de rendre difficile la matérialisation des solutions dites idéales pour mettre fin à l’itinérance (Gaetz, Gulliver et Richter, 2014; Buchnea, Legate, McKitterick et Morton, 2021). Force est de constater que toutes les populations n’ont pas un accès égal à la ville. Les populations en situation d’itinérance sont plus que jamais cachées ou repoussées dans des quartiers ou des espaces non centraux, souvent loin des services qui leur sont dédiés (Lavigne, 2014; Loison-Leruste, 2014; Wasserman et Clair, 2010). Elles vivent également de nombreuses barrières à l’accès pour les programmes de sortie de rue, dont les places sont trop peu nombreuses et principalement accessibles aux personnes jugées comme les plus aptes à sortir d’un mode de vie à la rue (Namian, 2021; 2018). La réflexion sur l’itinérance porte ainsi très souvent sur les pratiques qui peuvent ou devraient être mises en place pour y mettre fin.

En parallèle à cette réflexion, l’itinérance est une expérience vécue quotidiennement par de nombreuses personnes. Lorsqu’on regarde l’itinérance sous le prisme d’une expérience vécue quotidiennement, un déplacement peut s’opérer dans la réflexion critique, passant de l’analyse d’éléments macrosociologiques (p. ex., les politiques sociales, des programmes, les pratiques d’intervention) à une analyse microsociale (p. ex., le bien-être, le rapport personnel à l’espace, les stratégies à mettre en place pour soutenir les besoins journaliers des personnes, leur droit à l’autodétermination). Qu’il s’agisse de circuler, occuper l’espace public ou habiter la ville de différentes manières, la réflexion ne peut se centrer exclusivement sur le fait de mettre fin à l’itinérance. C’est pourquoi nous vous invitons à contribuer à une réflexion plus large sur les gestes et les pratiques mis ou à mettre en place pour soutenir le bien-être des personnes en situation d’itinérance.

Cette journée veut donc apporter des éléments théoriques et pratiques à la question des conditions pour habiter et exister dans une ville aujourd’hui. Utilisant à la fois des exemples de campements urbains, des projets d’aménagement conçus par ou pour les personnes en situation d’itinérance ainsi que des réflexions sur les politiques et pratiques existantes, nous nourrirons la question des conditions nécessaires pour mieux « vivre-ensemble ».

Date :

Format : Sur place et en ligne

Responsables :

Programme

Communications orales

Itinérance et habitat

Salle : B-4295 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    Quelles sont les possibilités d’habiter la ville lorsqu’une personne est en situation d’itinérance?
    Carolyne Grimard (UdeM - Université de Montréal)

    Dans les sociétés occidentales contemporaines, le processus d’intégration sociale des individus tourne autour de deux grandes normes sociales : avoir un domicile et avoir un travail salarié. Les personnes qui n’adhèrent pas à ces normes se retrouvent souvent en dehors des circuits normatifs de la reconnaissance sociale et des interactions socialement valorisées. Ces personnes expérimentent même parfois du mépris social. Dans ce sens, l’itinérance bouscule la conception normative de l’habiter qui se conçoit généralement comme devant être entre quatre murs, en dur, à soi, sur le long terme. Et les personnes qui expérimentent une situation d’itinérance sont perçues comme des personnes faisant un mésusage de la ville puisque l’espace extérieur n’est pas perçu comme un lieu d’occupation ou d’habitation valide, mais est plutôt perçu comme un espace de transit. Avec la spéculation immobilière et les crises du logement récurrentes, habiter les grandes villes nord-américaines pose d’énormes défis aux personnes qui sont en marge des interactions socialement valorisées. Est-il possible dans ce contexte de revoir les manières d’habiter la ville? Misant sur la notion de « chez soi » est-il possible d’étendre les possibilités de l’habiter pour y inclure des typologies inhabituelles? Cette présentation théorique vise à renverser les conceptions normatives de la domiciliation afin de promouvoir un vivre-ensemble plus inclusif.

  • Communication orale
    L’ethnographie institutionnelle, le soutien aux personnes marginalisées et le développement de projets d’habitation communautaire à Montréal : enjeux, défis et stratégies
    Emanuel Guay (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Les projets d’habitation communautaire, qui incluent les coopératives, les habitations à loyer modique et les projets gérés par des OSBL d’habitation, ont été identifiés comme une des méthodes les plus efficaces pour encourager la réinsertion sociale et l’accès au logement pour les personnes qui sont en situation de marginalité ou qui doivent conjuguer avec différents défis sociaux (Bouchard et Hudon 2008 ; Morin, Robert & Dorvil 2001). Ma communication vise à brosser un portrait de l’environnement institutionnel dans lequel les acteurs et actrices dédié-e-s à l’habitation communautaire mènent actuellement leurs activités à Montréal, en m’appuyant à la fois sur une recherche menée entre 2019 et 2022 avec des organismes communautaires dans le quartier Parc-Extension et sur les travaux associés à l’ethnographie institutionnelle (Smith 2005 ; DeVault 2006) et à l’action communautaire autonome au Québec (Shragge 2007 ; Panet-Raymond 1991). Je prêterai ainsi attention aux facteurs sociaux et politiques qui entravent le développement de projets d’habitation communautaire, ainsi qu’aux stratégies qui peuvent être employées pour affronter ces obstacles et mener ces projets à bien (Bergeron-Gaudin 2017).

  • Communication orale
    « Refaire sa place dans le quartier » : la reconfiguration des frontières sociales et des usages sociaux de l’espace public en contexte de renouvellement urbain
    Mélusine Dumerchat (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La gentrification, soit le processus par lequel un quartier populaire se retrouve progressivement investi par des résident.e.s aisé.e.s, entraine la recomposition socio-démographique du quartier ainsi que des changements en termes de manières d’habiter l’espace (Glass, 1964). Si ce phénomène engendre entre autres le déplacement forcé des habitant.e.s plus modestes et leur exclusion des espaces publics (Bélanger, 2010 ; Twigge-Molecey, 2014), certains secteurs conservent une forme de « mixité sociale » et ne deviennent pas pour autant des « ghettos bourgeois » (Rose, 1996). De fait, la « diversité » semble compter aujourd’hui parmi les attraits de quartier gentrifiés, prisés par les classes privilégiées et progressistes (Tissot, 2011). Au-delà de l’apparente harmonie sociale qui constitue aujourd’hui le branding de plusieurs quartiers de Montréal, comment cette cohabitation se passe-t-elle concrètement et quels sont ses impacts sur l’aménagement urbain et les usages de l’espace public? Cette communication a pour objectif de questionner les manières dont les frontières sociales se reconfigurent via les dynamiques de revitalisation urbaine et le façonnement de villes sûres. À partir des premiers résultats d’une recherche doctorale, il s’agira de se pencher sur la (re)production de figures indésirables dans l’espace public, dans le contexte du renouvellement urbain d’un quartier de Montréal, et ce que cela implique pour l’accès des personnes marginalisées à la ville.


Communications orales

Intersectionnalité et politiques sociales

Salle : B-4295 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    Les politiques en logement abordable: Une solution au phénomène grandissant des campements urbains à Montréal?
    Véronic Lapalme (UdeM - Université de Montréal)

    La crise du logement qui sévit partout dans le monde a son lot d'impacts sur le Québec et elle a des conséquences directes sur les populations les plus vulnérables, notamment les personnes en situation d’itinérance. De surcroît, le phénomène des campements urbains prend de l’ampleur à Montréal, le manque criant de logement abordable et les crises économiques sont intimement liés à leur présence dans l’espace public (Leblanc, 2021; Hunter et al., 2014; Lefebvre et Diaz, 2021). Les politiques publiques en vigueur à Montréal tentent de répondre aux besoins en matière de logement abordable, mais on rapporte un désinvestissement de l’État dans le logement social et communautaire et un virage des trois paliers gouvernementaux vers le marché privé pour combler la pénurie (Gaudreau, 2022; Reiser, 2020). Est-ce que ces politiques arrivent à atténuer, pérenniser ou contribuer au phénomène des campements urbains? L’objectif de cette présentation est de mieux comprendre les récentes politiques en habitation au Québec et leurs impacts sur les campements urbains à Montréal à l’aide d’une méthode d’analyse de synthèse des connaissances des politiques (INSPQ, 2011) et d’une revue des médias . Par suite de cette enquête, certaines dynamiques propres au marché capitaliste ont été identifiées comme posant un problème à l’abordabilité des logements. Une piste envisageable serait de proposer des politiques publiques hors du marché pour des logements réellement abordables à Montréal.

  • Communication orale
    Un évènement de pensée systémique concernant les campements
    Caroline Leblanc (UdeS - Université de Sherbrooke)

    L’itinérance et le nombre de campements sont en croissance au Québec ainsi que dans le reste du Canada. La crise du logement précarise davantage de personnes et amène une plus grande partie de la population à vivre en situation d’itinérance. Cependant, plusieurs ne trouvent pas réponse à leurs besoins dans l’offre d’hébergement mise en place actuellement et se retrouvent à habiter la rue. Contexte de vie où, les actions pour contrôler leur présence peuvent avoir pour effet de les déstabiliser constamment et ainsi, de les exclure de la réponse à l’itinérance. Or, malgré notre bonne volonté, cette réalité devient une préoccupation croissante pour l’ensemble de la société. Par conséquent, cette présentation abordera les résultats issus d’un évènement de pensée systémique qui a eu lieu le 23 février 2023 à Montréal. Le but de cet évènement était d’ouvrir un dialogue avec une diversité d’acteur.es transdisciplinaire et intersectionnel dans le milieu de l’itinérance incluant les personnes qui habitent la rue et ce, afin de développer une compréhension profonde de leur réalité et ainsi repenser ensemble notre agir collectif. Plus spécifiquement, cette présentation orientera son regard sur les différents discours des acteur.trices présent.es lors de l’évènement et soulignera les leviers de transformation durables qui ont été abordés lors de cet évènement pour améliorer les conditions de vie et de santé des personnes qui habitent la rue.


Dîner

Dîner

Salle : B-4295 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant

Communications orales

Aménagement

Salle : B-4295 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
  • Communication orale
    Sentiment de sécurité et partage de l’espace public entre les citoyen.nes avec et sans domicile à Montréal : les enjeux de l’intervention en cohabitation sociale
    Ariane Brisson (L'Anonyme), Simon P.lauzon (L'Anonyme)

    La présence de personnes en situation d’itinérance dans l’espace public est souvent identifiée comme source d’insécurité et de malaise par des résident·es. Sous le couvert de la cohabitation sociale, les stratégies municipales présentement déployées impliquent d’orienter les personnes qui vivent dans l’espace public vers des ressources et ultimement, visent à mettre fin à l’itinérance visible. Ces stratégies peuvent affecter le sentiment de sécurité de ces personnes et les forcent à se déplacer. Alors qu’on pourrait voir un potentiel sécurisant dans la présence des personnes en situation d’itinérance (surveillance informelle), elles sont amenées à déserter l’espace public. Ainsi, plutôt que de favoriser un partage de l’espace juste et adapté à tou·tes les citoyen·nes, les mesures déployées tendent à en exclure des populations vulnérables, contribuant à les marginaliser, à les surjudiciariser et à alimenter les tensions sociales. Lors de cette communication, des membres de l’équipe d’intervention en sécurité urbaine de L’Anonyme proposeront, à partir d’études de cas, des pistes d’intervention favorisant le sentiment de sécurité de tou·tes les citoyen·nes, sans égards à leur statut résidentiel. Les propositions sont de l’ordre de l’aménagement, de la médiation et de la sensibilisation auprès des personnes qui occupent, transitent ou travaillent dans l’espace public. La mise en place de ces actions pourrait contribuer à réduire les tensions et mener à une réelle cohabitation.

  • Communication orale
    Architecture + Itinérance : mobiliser l’aménagement pour favoriser le bien-être des personnes en situation d’itinérance
    Sonia Blank (Architecture Sans Frontières Québec), Élizabeth Prince (Architecture sans frontières Québec), Sarahlou Wagner-Lapierre (Architecture sans frontières Québec)

    Plusieurs gestes d’aménagement peuvent contribuer au processus d’invisibilisation des personnes en situation d’itinérance urbaine (PSI). Le design hostile est l’un de ceux qui est le mieux connu, à savoir le design de dispositifs mis en place afin d’en exclure des groupes d’individus ciblés de l’espace public. Plusieurs autres gestes passent souvent plus inaperçus, tels que les démantèlements de campements urbains, les protestations citoyennes (« NIMBY ») contre l’implantation de services destinés aux PSI au sein d’un quartier, l’organisation d’événements créant une grande affluence dans des lieux qu’ils occupent historiquement et qui contribue à la dilution de ceux-ci dans l’espace. De façon consciente ou non, ces gestes d’aménagement visent à rendre invisible, aux yeux des citoyens mieux nantis, la pauvreté qui, évidemment, n’en est pas pour autant enrayée. Nous posons l’hypothèse que, si le design peut, d’un côté, contribuer à l’exclusion des PSI, il a, de l’autre, le potentiel, d’être mobilisé afin de favoriser leur bien-être. Cette présentation a pour but d’expliciter la manière dont les pratiques d’aménagement de la ville peuvent favoriser le bien-être des personnes en situation d’itinérance urbaine. Elle est basée sur une revue de littérature (N = 150) qui visait à dresser un portrait des pratiques d’aménagement pouvant favoriser le bien-être des PSI.

  • Communication orale
    Apprendre à concevoir avec les personnes en situation d’itinérance : l’expérience d’un atelier de design d’intérieur axé sur la participation des usager-ères
    Roxane Chaimbault (Université de Montréal), Olivier Vallerand (UdeM - Université de Montréal)

    La formule pédagogique au cœur de l’enseignement de l’architecture et du design repose sur le travail en atelier visant la reproduction de l’expérience future de la pratique. Cependant, la plupart des projets proposés aux étudiant-es par cette formule repose sur un-e client-e et des usager-ères fictif-ves, ce qui souvent amène à éviter une réflexion sur les besoins réels et sur la discussion entre concepteur-trices, client-es et usager-ères. Il devient ainsi facile de faire abstraction des enjeux éthiques qui encadrent la pratique du design. Cette communication présente la démarche participative développée dans un atelier de cycles supérieurs en design d’intérieur à l’Université de Montréal. L’atelier visait à explorer des pistes de réaménagement pour un organisme travaillant auprès de jeunes de 16 à 21 ans en itinérance ou à risque de l’être. En s’inspirant des réflexions d’expert-es en design et en travail social et de l’expérience d’Architecture sans frontières Québec, les étudiantes ont élaboré leurs propres stratégies de travail collaboratif afin de bien comprendre les besoins des jeunes et des intervenant-es. La communication se concentre sur l’expérience d’une étudiante ayant participé à l’atelier, sur ses apprentissages et sur les défis soulevés par le projet, en dialogue avec les intentions ayant guidé l’enseignant responsable.


Panel / Atelier

Atelier de dessin – Cartographie du secteur du parc Émilie-Gamelin

Les espaces extérieurs sont souvent perçus comme étant des espaces de transit, où l'on privilégie la circulation plutôt que l'occupation. Des conflits dans l’usage des espaces surviennent entre les divers groupes qui circulent dans la ville en fonction de ces perceptions, usages et conceptions de l’espace qui nous entoure. Les parcs sont connus à Montréal pour être des lieux où les personnes en situation d'itinérance s'installent. Le secteur du Parc Émilie-Gamelin est dans ce sens l'un des parcs les plus utilisés par ces personnes. Les phases successives de revitalisation tendent toutefois ces dernières à chasser les personnes en situation d’itinérance de ce parc, alors que ce secteur est connu pour être historiquement occupé par des personnes marginalisées. À l’aide de différents matériaux de bricolage qui seront fournis aux personnes participant au colloque no 675, il s’agira de revoir chacun.e à sa façon le secteur du Parc Émilie-Gamelin afin que ce dernier maximise le bien-être des personnes qui l’utilisent.

Salle : B-4295 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
Discutant·e·s : Sonia Blank (Architecture Sans Frontières Québec), Carolyne Grimard (UdeM - Université de Montréal)