Au Québec comme ailleurs, l’état de la santé psychologique des individus est préoccupant. Ce portrait s’est d’autant plus aggravé avec la pandémie de COVID-19 (Généreux et al., 2021), suscitant une prise de conscience collective quant aux enjeux de santé mentale. Ceux-ci peuvent nuire aux parcours d’apprentissage et entraver les possibilités d’accès à des emplois, formations ou projets de vie (Michaud et al., 2012; Supeno et Bourdon, 2017). Aussi, certains groupes de personnes, en raison de leurs caractéristiques et conditions de vie (p. ex., genre, statut socioéconomique, handicap, origine ethnique, accès aux services), se trouvent désavantagés, vulnérabilisés, notamment en matière de santé mentale (Alegria et al., 2018; Giguère et Hanfield, 2021). Ce désavantage se traduit par des phénomènes de marginalisation et de stigmatisation menaçant leur pleine participation à la société (Gaborean et al., 2018).
Plusieurs travaux soutiennent l’importance de s’intéresser aux liens entre les sources structurelles d’inégalités sociales et la santé mentale (Corbeil et Marchand, 2006). À cet égard, la recherche qualitative peut jouer un rôle significatif en permettant d’appréhender la complexité de l’interaction entre les inégalités sociales et les difficultés de santé mentale (Davidson et al., 2008; Joseph et al., 2009). Riche de sa diversité théorique et méthodologique, la recherche qualitative contribue à décrire, à comprendre et à théoriser, sous différents angles, des processus et des phénomènes complexes entourant la santé mentale, les inégalités et la justice sociale (Gewurtz et al., 2016). Les connaissances issues de ces recherches s’avèrent pertinentes, en permettant d’appréhender des phénomènes invisibles, de déconstruire des préjugés et d’aborder avec délicatesse des sujets tabous qui entourent la santé mentale et qui ont répercussions considérables pour les individus, leur entourage et la société.