Que représentent les personnes âgées au sein de nos communautés politiques ? Quelles considérations morales avons-nous à leur égard ? La pandémie actuelle a montré toute la fragilité non seulement de l’existence des personnes âgées, mais aussi de leur valeur morale et politique. Morale, car nous voyons à quel point ces personnes, même lorsqu’elles sont en bonne santé et ne présentent aucun signe d’un quelconque handicap cognitif, ne sont pas toujours considérées comme des personnes adultes. Politique, car ce mépris moral entraîne un certain type de traitement qui les dépossède d’elles-mêmes et nous prive de leur apport social.
Il existe une triangulation spécifique de la discrimination à l’égard des personnes âgées : l’âgisme, soit l’ensemble des stéréotypes négatifs sur le vieillissement, et la tendance à structurer la société comme si tout le monde était jeune; le capacitisme, ou le système de croyances fondées sur des stéréotypes qui donnent lieu une stigmatisation des personnes en situation de handicap; et le paternalisme, par exemple lorsque les personnes âgées se voient imposer certaines choses sous prétexte que cela est pour leur propre bien. La question est de savoir si nous ne devrions pas, étant donné la différence de traitement à l’égard des personnes aînées, penser les choses autrement. Ne faudrait-il pas, sur le plan moral et politique, penser les personnes aînées dans un cadre à part, précisément pour éviter de les exclure ? En d’autres termes, est-il possible, est-il souhaitable, de formuler une éthique politique de la vieillesse ?