Alors que les patients mobilisent de plus en plus les pratiques holistiques en complément (et parfois en substitut) aux soins de santé offerts par la médecine conventionnelle, des études empiriques ont montré que certaines intervenantes et intervenants en soins de santé recourraient aussi à ces pratiques, soit pour leurs besoins personnels, soit comme soutien à leur pratique professionnelle. Ces pratiques, qui sont souvent imprégnées d’une forme de spiritualité, présentent des ancrages très divers, allant des traditions de guérison issues des religions institutionnalisées aux spiritualités orientales repensées dans un sens universel ou thérapeutique. Au Québec, ces pratiques holistiques sont strictement balisées (loi 21) — une particularité locale qui ne se retrouve pas nécessairement ailleurs, la Suisse et la Colombie-Britannique offrant des exemples de régulation beaucoup moins contraignante. Un rappel historique montre en effet que la forte différenciation qui existe aujourd’hui entre les sphères de la santé et du religieux/spirituel provient d’un développement assez récent de la pratique des soins, lié à l’avènement de la modernité et du progrès scientifique. En réalité, le recours aux pratiques holistiques s’inscrit dans un mouvement historique plus large qui inclut les formes de guérison associée aux religions populaires, à l’astrologie, à l’occultisme et ayant coexisté avec les connaissances médicales empiriques. Dans les faits, ces deux mondes ne sont aujourd’hui pas si hermétiques et il existe de nombreux enchevêtrements entre les milieux spirituels et médicaux. Dans ce colloque, nous proposons un regard interdisciplinaire et transculturel, porteur d’épistémologies diverses et complémentaires sur les pratiques holistiques, de façon à discuter les enjeux, possibilités et risques inhérents à ce type de pratiques de santé. La discussion nous amènera à problématiser la notion de holisme en soi, au regard des usages et constructions sociales et politiques que le terme a suscités.
Remerciements
Ce colloque s'inscrit dans le cadre des activités du Centre Interdisciplinaire de Recherche sur les Religions et les Spiritualités (CIRRES). Plus précisément, il participe à l'axe 4 de la programmation de recherche du CIRRES, soit l'axe "Santé, vie-mort et bien-être."