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Informations générales

Événement : 90e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 600 - Colloques multisectoriels

Description :

Alors que les patients mobilisent de plus en plus les pratiques holistiques en complément (et parfois en substitut) aux soins de santé offerts par la médecine conventionnelle, des études empiriques ont montré que certaines intervenantes et intervenants en soins de santé recourraient aussi à ces pratiques, soit pour leurs besoins personnels, soit comme soutien à leur pratique professionnelle. Ces pratiques, qui sont souvent imprégnées d’une forme de spiritualité, présentent des ancrages très divers, allant des traditions de guérison issues des religions institutionnalisées aux spiritualités orientales repensées dans un sens universel ou thérapeutique. Au Québec, ces pratiques holistiques sont strictement balisées (loi 21) — une particularité locale qui ne se retrouve pas nécessairement ailleurs, la Suisse et la Colombie-Britannique offrant des exemples de régulation beaucoup moins contraignante. Un rappel historique montre en effet que la forte différenciation qui existe aujourd’hui entre les sphères de la santé et du religieux/spirituel provient d’un développement assez récent de la pratique des soins, lié à l’avènement de la modernité et du progrès scientifique. En réalité, le recours aux pratiques holistiques s’inscrit dans un mouvement historique plus large qui inclut les formes de guérison associée aux religions populaires, à l’astrologie, à l’occultisme et ayant coexisté avec les connaissances médicales empiriques. Dans les faits, ces deux mondes ne sont aujourd’hui pas si hermétiques et il existe de nombreux enchevêtrements entre les milieux spirituels et médicaux. Dans ce colloque, nous proposons un regard interdisciplinaire et transculturel, porteur d’épistémologies diverses et complémentaires sur les pratiques holistiques, de façon à discuter les enjeux, possibilités et risques inhérents à ce type de pratiques de santé. La discussion nous amènera à problématiser la notion de holisme en soi, au regard des usages et constructions sociales et politiques que le terme a suscités.

Remerciements :

Ce colloque s'inscrit dans le cadre des activités du Centre Interdisciplinaire de Recherche sur les Religions et les Spiritualités (CIRRES). Plus précisément, il participe à l'axe 4 de la programmation de recherche du CIRRES, soit l'axe "Santé, vie-mort et bien-être."

Date :

Format : Sur place et en ligne

Responsables : Partenaire :

Programme

Communications orales

Introduction

Salle : B-4320 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant

Communications orales

Session 1

Salle : B-4320 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
Présidence : Annette Leibing (UdeM - Université de Montréal)
  • Communication orale
    Être ou ne pas être holiste, est-ce vraiment la question?
    Géraldine Mossière (UdeM - Université de Montréal)

    Les pratiques de guérison spirituelles se présentent habituellement comme des approches holistiques qui conçoivent l’être humain dans sa globalité, selon une perspective qui les distingue de la médecine conventionnelle pensée comme plus anatomiste, ou du moins mécanique. Pourtant quelques développements récents de la médecine conventionnelle invitent à revisiter cette dichotomie (humanisation des soins, médecine narrative…). En nous appuyant sur des données ethnographiques collectées dans des milieux de coaching spirituel et sur une recherche documentaire, nous comparons des techniques de guérison spirituelle et des approches de soin innovantes en milieu médical. En examinant la définition du holisme qu’elles impliquent, nous proposons que leur vision de la spiritualité est sans doute le facteur qui les distingue plus nettement.

  • Communication orale
    Expérience d’une santé holistique chez les thérapeutes et les clientes de médecines douces au Québec
    Clara Gargon (Université Laval)

    Les femmes, dans une attitude de résistance de la prise en charge biomédicale aujourd’hui en Occident, fréquentent de plus en plus un réseau de médecines holistiques composé par l’acupuncture, l’ostéopathie, la massothérapie, la naturopathie, etc. Ces pratiques considèrent l’individu dans son ensemble à travers des facteurs psychologiques, physiques, environnementaux, sociétaux, etc. afin de proposer un accompagnement le plus complet possible. Toutefois, cet aspect holistique est appréhendé différemment selon les perspectives des thérapeutes qui le vivent au quotidien et des clientes qui prennent généralement conscience de l’enjeu holistique selon le vécu de certaines expériences. C’est pourquoi, je propose d’explorer la manière dont la notion d’holisme se traduit chez les thérapeutes et les clientes de médecines douces aujourd’hui au Québec. La collecte de données comprend dix-sept entretiens auprès de clientes de médecine douce, douze entretiens auprès de thérapeutes, une observation participante de cérémonie de cacao sacrée ainsi qu’un ensemble de données basé sur une ethnographie en ligne. Les résultats préliminaires permettent d’affirmer que la notion d’holisme est plus conscientisée pour les thérapeutes dans leurs pratiques et accompagnements vers la guérison, tandis que les clientes peuvent connaître cette notion sans l’appliquer ou la reconnaitre directement dans leur processus de guérison.

  • Communication orale
    L’art-thérapie : une approche holistique qui participe à l’activation des ressources spirituelles afin de mieux faire face aux souffrances physiques et morales
    Nancy Couture (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Lise Pelletier (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)

    Véritable trait d’union entre l’art et la psychologie et approche holistique par excellence, l’art-thérapie considère que le processus artistique stimule l’autoguérison et améliore différents aspects de la vie psychique, physique, sociale et spirituelle (McNiff, 1992). Plusieurs recherches supposent qu’une thérapie intégrant la dimension spirituelle présente des bénéfices en diminuant notamment le stress, l’anxiété et la dépression. Frankl (1988/2012) ajoute que la perte de sens engendrée par la souffrance physique ou psychique fait écho à la notion de vide existentiel et trouve fréquemment refuge dans la spiritualité. Ainsi, les images créées dans une démarche art-thérapeutique participent à l’éveil d’un apaisement singulier et donnent du sens tant à la problématique qu’au processus de transformation. La perspective holistique de l’art-thérapie contribue au développement de l’équilibre corps-âme-esprit. Cette vision contribue-t-elle à la maintenir à l’écart de l’offre générale de soins? Comment mieux intégrer cette pratique à une offre de soins intersectorielle? Ouvrant sur un champ disciplinaire qui peine à se faire reconnaître à sa juste valeur, la communication projette de documenter à l’aide de vignettes cliniques, le caractère holistique de l’art-thérapie et sa capacité à reconnaitre et valoriser les ressources spirituelles de la personne qui consulte.


Communications orales

Session 2

Salle : B-4320 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
Discutant·e·s : Pierre Minn (UdeM - Université de Montréal)
  • Communication orale
    Quand « l’alternatif » devient mainstream : Soins gériatriques au Brésil
    Annette Leibing (UdeM - Université de Montréal)

    Cette étude porte sur la gériatrie en tant qu’une science biomédicale ‘alternative’ et ‘religieuse’. Dans la première partie de cette communication, quelques textes clés de la gériatrie moderne sont analysés. Cette analyse montre comment, depuis les années 40, des éléments humanistes et des références à l’holisme, à l’empathie et à l’altruisme font partie d’une rhétorique géronto-religieuse. La deuxième partie porte sur une ethnographie dans une clinique externe spécialisée en gériatrie au Brésil. Des entrevues avec des gériatres et résidents révèlent leur pratique comme une pratique avec un fort symbolisme religieux. Des observations des consultations dans la clinique gériatrique montrent des dilemmes et des contradictions entre rhétorique et pratique gériatrique.

  • Communication orale
    Pratiques holistiques en milieu pédiatrique : projets et défis des services paramédicaux
    Christelle Jacquet (Hôpital de Montréal pour Enfants-CUSM), Catherine Rioux-Crochetière (Hôpital de Montréal pour Enfants-CUSM), Joelle Anna St-Arnaud (CUSM - Centre Universitaire de Santé McGill), Nathalie Tremblay (Hôpital de Montréal pour Enfants-CUSM), Vanessa Wrzesien (Hôpital de Montréal pour Enfants-CUSM)

    Plusieurs membres du personnel soignant du milieu des soins pédiatriques s’intéressent aux pratiques holistiques visant une meilleure intégration des aspects culturels, existentiels et spirituels de la personne dans la trajectoire de soin. Des services offrent dans leurs approches la prise en compte de ces aspects afin de rendre plus accessible les soins dans un souci d’équité. La communication a pour objectif de présenter les initiatives et défis de ces approches menées par les intervenantes et professionnelles des services paramédicaux de l’hôpital de Montréal pour Enfants. En premier lieu, l’offre du service des soins spirituels sur les unités de soin, un espace sacré ouvert et disponible pour les patient.e.s et leurs familles hospitalisés, sera présentée. En deuxième lieu, nous exposerons la question de l’intégration des pratiques autochtones dans le milieu hospitalier. Plusieurs hôpitaux canadiens offrent maintenant l’accès aux patient.e.s aux rituels autochtones, la cérémonie du ‘smudging’ par exemple. Les défis et contraintes pour rendre accessible ces pratiques au Québec seront explicités. Les approches thérapeutiques par l’art, dont la musicothérapie sont de plus en plus intégrées dans les programmes de soin. Leurs apports uniques et complémentaires seront exposés. Une discussion sur les déterminants de la santé et la qualité de vie des pratiques holistiques et la collaboration interdisciplinaire suivra les présentations.

  • Communication orale
    Hólos, partie ou agencement : entre guérisseur traditionnel et santé globale, en passant par l’anthropologie
    Amos Roger Kanaa (Association pour la Recherche en Anthropologie de Médecine Traditionnelle), Julie Laplante (Université d’Ottawa)

    L’opposition du terme holistique à celui de réductionniste tient au fait que ce dernier explique un phénomène en divisant, alors que le premier considère qu’un phénomène excède la somme de ses parties. J. von Uexküll (1937) fait une différence similaire entre Kepler et Newton s’intéressant, pour un même phénomène, respectivement à l’aspect perceptif ou fonctionnel, voire à la recherche d’un design ou d’une cause. C’est en se tenant à cette différence que l’on projette une biomédecine réductionniste et une médecine traditionnelle holistique, imaginant l’une pouvant complémenter l’autre. Il s’agit par ailleurs de poser le problème autrement en évitant de poser 2 mondes ou médecines au préalable afin d’explorer en quoi ces pratiques s’occupent d’un même phénomène du « prendre soin ou guérir » qui s’agence de manières toujours nouvelles entre humain et non humain, réductionnisme et holisme, biologique et cosm(olog)ique. À partir d’un cours terrain en anthropologie des médecines de l’Université d’Ottawa enlisé dans les protocoles de la santé globale et ayant lieu au cœur des pratiques de Kañaa, guérisseur bantou à Yaoundé (Cameroun), une attention particulière est portée à des instances liées à la prévention dans le contexte pandémique, mais aussi en lien avec le contexte de la forêt ancestrale africaine et par-delà.


Dîner

Dîner libre

Salle : B-4320 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant

Communications orales

Session 3

Salle : B-4320 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
Présidence : Annette Leibing (UdeM - Université de Montréal)
Discutant·e·s : Pierre Minn (UdeM - Université de Montréal)
  • Communication orale
    Les aumôniers de prison japonais et l’holisme comme étatisme : rectifier la dysharmonie spirituelle comme composante de l'ordre social
    Adam Lyons (UdeM - Université de Montréal)

    Cette présentation propose une étude de cas de l'aumônerie des prisons japonaises basée sur un travail de terrain et une recherche d'archives. Il est soutenu que le système pénitentiaire japonais évite l'aumônerie des prisons organisée autour d'un concept de soins spirituels, favorisant plutôt une vision de l'instruction religieuse comme moyen de stabilité sociale. Contrairement aux aumôniers d'hôpitaux du monde entier, les responsabilités officielles des aumôniers de prison japonais ne sont pas tant axées sur la souffrance individuelle de leurs clients que sur la pathologie sociale du crime. Ainsi, l'aumônerie des prisons japonaises repose sur un mélange de soutien bouddhiste traditionnel japonais à l'étatisme et de modernisme scientifique sous la forme de criminologie plutôt que de science médicale. La religion est ici conçue de manière holistique comme un élément qui relie la personne individuelle et l'ordre social.

  • Communication orale
    « Prendre soin des malades à partir de leurs histoires : enjeux éthiques de la médecine narrative »
    Morgane Romero (Université de Lausanne)

    La médecine narrative s’est développée dans les années 80 en complément de l’Evidence Based Medicine, remettant au cœur du soin les récits de maladies. Cette médecine se veut holistique par le fait même de ne plus prendre en charge seulement une disease mais en prenant en soin les impacts existentiels (illness) et sociaux (sickness) de cette même disease chez l’individu qu’elle touche. La docteure Rita Charon, figure centrale de cette approche narrative du soin, affirme dans ces écrits que les faits observables de la maladie ne font sens que dans leur mise en perspective avec le vécu de la personne malade. Pour prendre soin, le soignant doit d’abord entendre l’histoire de la maladie vécue, ce sans quoi l’interprétation des faits de la maladie et sa prise en charge demeureront incomplètes : « Une médecine qui se pratique sans réelle conscience de ce que les patients traversent, peut atteindre ses objectifs techniques, mais reste une médecine vide, ou, au mieux, une demi-médecine. » (Charon, 2015). Si cette nouvelle approche du soin semble se présenter et être perçue comme la solution miracle à tous les maux inhérents à la relation thérapeutique et au manque de reconnaissance dont peuvent parfois souffrir les personnes malades, n’est-elle pas en même temps le lieu de nouveaux jeux de pouvoir au sein de cette même relation ? Il s’agira, par cette présentation, de proposer une réflexion sur les enjeux éthiques que soulèvent cette nouvelle approche du soin.

  • Communication orale
    Conspiritualité, le problème de la croyance et le « côté obscur » du wellness
    Ari Gandsman (Université d’Ottawa)

    Au cours des dernières années, le mot-valise « conspiritualité » s'est enraciné en tant que nouveau concept pour décrire comment les mouvements du wellness ostensiblement progressistes et à tendance « nouvel âge » ont convergé avec les croyances de la droite réactionnaire et les théories du complot de l'alt-right. Souvent appelés le « côté obscur » du wellness, certains ont suggéré que les idées derrière ces mouvements ont des liens historiques profonds avec l'occultisme fasciste, le mysticisme, la suprématie blanche et les mouvements politiques apocalyptiques. À l'heure actuelle, le problème de la conspiration est liée à la pensée conspiratrice QAnon (peut-être mieux incarnée par le « chaman » QAnon du Capitole), mais aussi à la résistance aux messages de santé publique COVID-19 concernant les vaccins, le masquage et d'autres restrictions.

    Cette communication vise à mieux comprendre ces controverses à travers une analyse anthropologique ancrée dans le contexte culturel plus large qui construit ces croyances. Je soutiendrai que ces croyances sont une conséquence des messages de santé publique dominants qui, pendant la pandémie, se sont entièrement concentrés sur la transmission virale individuelle sans une attention holistique au contexte pandémique. Nous soutenons qu'une approche de santé publique plus holistique aurait atténué ces types de réactions réactionnaires.


Communications orales

Synthèse et mot de clôture

Salle : B-4320 — Bâtiment : Université de Montréal - Jean-Brillant
Présidence : Annette Leibing (UdeM - Université de Montréal)