Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Les érablières couvrent de vastes étendues dans le nord-est de l’Amérique du Nord. Les érables matures qui dominent ces écosystèmes sont entaillés depuis des centaines d’années, voire des milliers d’années en commençant par les peuples autochtones. L’acériculture, la production des produits agricoles à partir de la sève des érables, ne prend pas seulement une place importante dans la culture du nord-est de l’Amérique du Nord, mais est aussi devenue une importante industrie avec plus de 12 000 travailleuses et travailleurs au Québec seulement. De plus, cette industrie poursuit une trajectoire de forte croissance. Pourtant, les activités acéricoles sont contingentes à la santé des érablières. Dans un contexte où les crises du climat et de la biodiversité sont de plus en plus préoccupantes, la santé des érablières et la durabilité des activités acéricoles sont un enjeu pertinent avec des facettes biologiques, culturelles, socioéconomiques et technologiques. Le colloque proposé tentera de rassembler des personnes des parties prenantes telles que des scientifiques de divers domaines et des représentantes et représentants des associations acéricoles et des équipementiers pour dresser la liste des problématiques concrètes et développer des pistes de solutions.
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Tim Rademacher (UQO - Université du Québec en Outaouais)
- Jérôme Dupras (UQO - Université du Québec en Outaouais)
- Sylvain Delagrange (UQO - Université du Québec en Outaouais)
- Elise Filotas (TÉLUQ - Université du Québec)
- Christian Messier (UQO - Université du Québec en Outaouais)
- Julie Lafortune (UQO - Université du Québec en Outaouais)
- Faby Anne Gagné-Mimeault (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Programme
Séance d’ouverture
Session 1 – Les pressions des changements globaux
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Communication orale
La croissance des érables : une déterminante primaire de la séquestration de carbone et d'une entaillage durableSylvain Delagrange (Université du Québec en Outaouais), Jérôme Dupras (Université du Québec en Outaouais), Élise Filotas (TÉLUQ), Tim Rademacher (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Les érables croissent chaque année en formant des cernes. Cette croissance radiale est un indicateur de la santé de l'arbre, un déterminant de la séquestration de carbone et pour une entaillage durable. Bien que tout le monde ait déjà vu des cernes de croissance, ce qui détermine exactement la largeur des cernes chez les érables reste largement inconnu. Nous avons compilé une base de données des cernes radiaux de l'érable rouge (n = 41 773) et de l'érable à sucre (n = 558 852) du Kentucky au Saguenay et du Minnesota jusqu'au Nouveau-Brunswick, datant de 1686 à 2020. Avec ces données nous avons étudié comment la croissance des érables varie en fonction des caractéristiques de l'arbre et d'autres facteurs.
Nos analyses montrent que les érables ont une croissance stable tout au long de leur vie, ce qui signifie qu'ils absorbent exponentiellement plus de carbone en vieillissant. Bien que la croissance reste plutôt stable tout au long de leur vie, elle peut varier énormément entre des arbres individuels. Toutefois, la croissance des érables est restée relativement stable au cours des 100 dernières années avec des déclins dans les années 80 et 90. En résumé, nos résultats indiquent que les érables à sucre et rouges sont des espèces résilientes, mais leur résilience pourraient masquer des déclins de vigueur et de santé dans le futur et justifient de la prudence étant donné que nous ne sommes pas encore capables d'expliquer la grande variabilité de la croissance de ces espèces.
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Communication orale
Changement potentiel de l'habitat de l'érable en milieu nordique dans un contexte de réchauffement climatiqueSergio Rossi (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
La distribution de l’érable pourrait être affectée par le réchauffement climatique, avec des contractions importantes attendues à la limite méridionale, qui pourraient être partiellement compensées par des expansions vers le nord. Nous avons analysé les facteurs environnementaux qui expliquent la présence de l'érable à sucre et de l’érable rouge afin d’estimer les changements potentiels de l'habitat en milieu nordique. Nous avons quantifié les conditions locales des érablières et évalué les changements potentiels en fonction de scénarios de réchauffement. Nous avons identifié les facteurs expliquant la présence des érablières par rapport à d'autres peuplements forestiers et aux cultures en Outaouais et au Saguenay-Lac-Saint-Jean, et estimé le changement dans l'habitat en fonction de scénarios de réchauffement jusqu'à 2°C. L’état actuelle montre une plus faible densité d’érable dans le nord (7,76 %) que dans le sud (33,01 %). Suite à un réchauffement, notre modèle suggère une augmentation de la densité des érablières de 3,54 et 1,45%, respectivement au nord et au sud avec les augmentations les plus importantes lors du réchauffement initial (+1,0°C). Nous concluons que l'érable à la limite nordique pourraient bénéficier du réchauffement local si les précipitations ne deviennent pas limitantes et dans les sites avec des conditions édaphiques favorables. Ces changements pourraient créer des nouvelles opportunités pour l'industrie forestière et acéricole en milieu nordique.
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Communication orale
La production acéricole dans un contexte de changements climatiquesLouis Duchesne (Direction de la recherche forestière - MFFP)
Au cours des 40 dernières années, la production acéricole au Québec a connu un essor considérable; le nombre d’entailles en production a plus que triplé, pour atteindre 48,3 millions en 2021. La production de sirop d’érable varie toutefois considérablement d’une année à l’autre, puisque les conditions climatiques influencent le rendement à l’entaille, qui peut varier du simple au double selon les années. Considérant la sensibilité de la production acéricole au climat, il importe d’évaluer les répercussions possibles des changements climatiques sur cette activité économique. Pour ce faire, nous avons réalisé une série d’études pour examiner les liens entre le climat et les statistiques annuelles et hebdomadaires de rendement à l’entaille pour les régions du Québec et les États américains. À partir de ces relations, nous avons estimé les rendements futurs selon différents scénarios de changements climatiques. Nos analyses révèlent que les meilleures conditions climatiques pour la production acéricole sont celles qui favorisent la photosynthèse l’été précédent, un hiver froid, un dégel hâtif et des températures fraîches qui perdurent au printemps. En fonction des scénarios de changements climatiques, on anticipe que le rendement à l’entaille changera peu dans le futur, mais que le début et la fin de la saison de coulée seront devancés de 2 à 3 semaines. La position concurrentielle du Québec ne semble pas menacée et pourrait même s’améliorer.
Présentations étudiantes éclair
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Communication orale
Résistance au froid de l'érable à sucreClaudio Mura (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Dans les écosystèmes tempérés et boréaux, les arbres s’alternent entre les phases de croissance et de dormance afin d'éviter les températures froides pendant la saison défavorable. Ce cycle inclut des changements dans la résistance au froid, qui est minimale pendant la saison de croissance et atteint son maximum pendant la dormance.
Dans cette étude, nous avons mesuré la résistance au froid de semis d’érable à sucre issus de 7 provenances commerciales du Québec et du Nouveau-Brunswick. Les semis ont été plantés dans deux sites : Chicoutimi au nord et Ripon au sud. On a effectué les mesures de résistance au froid chaque mois à partir de septembre 2021 jusqu’à juillet 2022.
Les résultats montrent peu de différence entre les deux sites dans la dynamique automnale et hivernale de résistance au froid. Par contre, pendant le printemps les échantillons dans le site plus méridionale (Ripon) ont perdu leur résistance au froid plus rapidement par rapport au site nordique (Chicoutimi). Ce dernier résultat indique l’influence des températures printanières, plus chaudes au sud, qui entrainent une désacclimatation plus précoce.
Au niveau des provenances, on a remarqué peu des différences dans les dynamiques de résistance au froid. En particulier, les provenances ont atteint des valeurs maximales de résistance au froid similaires, ce qui indique peu de différence inter-provenance dans la probabilité de survie aux froids hivernaux.
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Communication orale
Étude de l’interaction entre l’ontogénie et la phénologie sur la croissance primaire et secondaire de l’érable à sucre (Marsh.)Arthur Danneels (UQO - Université du Québec en Outaouais), Sylvain Delagrange (Université du Québec en Outaouais)
L’accès d’une plante à la lumière constitue un facteur essentiel pour sa survie. En effet, l’exploitation de celle-ci lui permet de synthétiser l’énergie nécessaire pour subvenir à ses besoins. L’exploration de l’espace environnant disponible permet aux plantes de maximiser cet accès. L’exploration dans l’espace représente un coût énergétique important car les plantes doivent allouer des ressources dans l’élaboration et dans la maintenance de leurs nouvelles structures. Au cours de leur vie, les plantes et en particulier les arbres sont confrontés à ce compromis entre allouer des ressources dans l’exploration de l’espace ou dans l’exploitation de la lumière disponible.
Mon travail de recherche tend à caractériser la croissance primaire et secondaire des érables à sucre avec cette vision fonctionnelle axée sur la lumière et cela selon deux échelles temporelles. La première échelle s’étend sur une année et se base sur les différents événements phénologiques influençant la croissance des érables à sucre. La seconde échelle temporelle s’étend sur la vie entière de cette espèce au travers de changements ontogéniques. Je cherche à brosser un portrait annuel de croissance pour chacun des stades ontogéniques étudiés pour déterminer les différences majeures de croissances entre ces stades. Mon but est d’établir dans quelles mesures les différences phénologiques observées entre les stades ontogéniques influencent la dynamique de croissance primaire et secondaire de l’érable à sucre. -
Communication orale
L’expansion du hêtre dans l’érablière à bouleau jaune peut-elle s’expliquer par l’entremise du potentiel hydrique du sol? Aperçu d’une variable inexploréeNicolas Bélanger (TÉLUQ), Blandine Courcot (TÉLUQ - Université du Québec), Daniel Lemire (TÉLUQ)
L’expansion du hêtre à grandes feuilles (Fagus grandifolia Ehrh.) au détriment de l’érable à sucre (Acer saccharum Marsh.) est observée dans les forêts mixtes du Québec depuis les années 1970. En nous intéressant plus spécifiquement à des périodes de déficit de précipitations responsables de sécheresses-flash, nous nous sommes demandés quelles étaient les différences entre une érablière à bouleau, une érablière à hêtre et une sapinière à érable face à ce type de stress, courts mais répétés.
Dans le cadre du projet, deux mesures du potentiel hydrique du sol, réalisées par deux sondes indépendantes, ont été collectées toutes les 15 minutes entre 2017 et 2020, de mai à octobre, dans 32 parcelles caractéristiques des peuplements décrits ci-dessus. Nous avons exploité ces données massives en combinant des approches reposant sur l’étude de séries temporelles et en tenant compte des trois peuplements d’intérêt. La présence du hêtre semble favoriser un refroidissement du sol et être accompagnée par une réponse mieux tamponnée du potentiel hydrique du sol en comparaison aux autres peuplements. Ce micro-environnement du sol pourrait être le résultat d’une régulation induite par la canopée dense des hêtres qui s’avère possiblement favorable pour le hêtre lui-même dans un contexte de changement de climat, alors que la disponibilité de l’eau risque de devenir de plus en plus un enjeu pour certaines autres espèces locales.
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Communication orale
Pressions ascendantes et descendantes sur les insectes herbivores dans les érablièresMarielle Affognon (Université Concordia), Emma Despland (Université Concordia), Mahsa Hakimara (Université Concordia)
Le déclin de l'érables à sucre (Acer saccharum) au Québec accentue l'importance d'étudier le rôle des insectes herbivores dans les écosystèmes forestiers. À cet égard, nous visons d'abord à évaluer dans quelle mesure les herbivores peuvent contribuer à ce déclin et ensuite à documenter la biodiversité des insectes supportés par les érables qui pourraient être menacée par ce déclin. Nous avons suivi un total de douze érables à sucre dans réserve naturelle du sud du Québec, afin d'étudier le patron vertical de l’herbivorie du sous-bois à la canopée. Trois sessions d'échantillonnage ont eu lieu au cours des étés 2020 et 2021. La température, l'humidité relative et l'exposition au soleil ont été enregistrées et la qualité des feuilles a été évaluée dans 3 strates (canopée exposée au soleil, canopée ombragée et régénération en sous-bois) de chaque arbre. Le taux d'herbivorie a été quantifié en analysant le pourcentage de surface foliaire affectée par chaque type de dommage. On observe une diminution des dommages causés par les herbivores au long du gradient vertical du sous-bois à la canopée en 2020, mais aucune différence significative l’année suivante. Parmi les différentes guildes d'insectes étudiées, le même patron de diminution au long du gradient vertical a été observé dans les dommages infligés par les coupeuses et les squeletteuses de feuilles au cours des deux années d'étude, et dans les dommages causés par les insectes suceurs et les mineuses de feuilles en 2020.
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Communication orale
Comment différentes espèces de chenilles herbivores affectent les forêts d’érable à sucre : préférences, performance et survieAnne-Sophie Caron (Université Concordia), Emma Despland (Université Concordia), Mahsa Hakimara (Université Concordia)
Les forêts d’érable habitent un grand nombre d’espèces d’invertébrés. Bien qu’un bon nombre d’entre elles soient bénéfiques, certaines espèces peuvent contribuer à la défoliation des arbres. Ces herbivores peuvent être présents en petit nombre, mais peuvent aussi se rendre à des niveaux de populations épidémiques, causant beaucoup plus de ravages. La livrée des forêts, la spongieuse et la chenille à houppes blanches font toutes partie de cette dernière catégorie. L’érable à sucre, comme beaucoup d’autres arbres, répartit ces ressources dans différentes parties de l’arbre et, par conséquent, les feuilles de différentes parties de l’arbre ont un apport nutritif différent pour les défoliateurs. Cet apport est aussi changeant dépendant de la phénologie de chaque espèce. Nous explorons la préférence des différentes espèces de chenilles selon le niveau d’ensoleillement ainsi que par rapport à la stratification verticale. Nous examinons aussi le niveau de fitness de ces espèces en lien avec l’ensoleillement. Notre design expérimental nous permettant d’atteindre la canopée nous offre une nouvelle perspective de ces relations trophiques et nous permet de vérifier si les résultats vus dans le sous-bois peuvent être généralisés. Nos résultats aideront à démontrer les multiples relations trophiques qui entourent l’érable et ainsi que d’élucider la nécessité de mettre en place des solutions sylvicoles pour assurer la pérennité des érablières.
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Communication orale
Les horaires journalières de la production de sève de l'érable à sucre au QuébecSara Yumi Sassamoto Kurakawa
Le réchauffement climatique affecte la phénologie des plantes, avec des conséquences potentielles sur les périodes de production acéricole. Dans cette étude, nous évaluons les températures associées la production acéricole dans 19 érablières avec tubulure à travers le Québec. Nous avons enregistré les horaires journalières de début et de fin de la production de sève en 2018 et nous avons associé les températures horaires. La production de sève s'est déroulée de la mi-février à la fin avril, commençant en moyenne entre 10h et 11h et se terminant entre 18h et 20h. Nous avons observé un pattern saisonnier dans le début et la fin de la production de sève au printemps, le début montrant un changement plus important que la fin. Le début et la fin de la production de sève se sont produits principalement à des températures comprises entre –2 et 2 °C. La production de sève est étroitement liée aux cycles circadiens de gel-dégel et se produit sous des températures nocturnes et diurnes fluctuant au-dessous et au-dessus de 0 °C. L'allongement journalier de la durée de la production de sève reflète les changements dans les périodes de gel et de dégel et peut s'expliquer par les propriétés physiques de l'eau et les processus physiologiques. Le réchauffement en cours entraînera des printemps plus précoces et plus chauds, ce qui pourrait anticiper les cycles de gel et de dégel et faire progresser la production de sève de l'érable à sucre.
Période de dîner
Session 2 – Les érables : l’arbre au cœur des changements
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Communication orale
La phénologie du développement chez l’érable à sucre : Une synchronisation autour des sucresArthur Danneels (Université du Québec en Outaouais), Sylvain Delagrange (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Années après années, différentes étapes se succèdent durant la saison de croissance et la dormance pour permettre aux érables à sucre i) d’acquérir des ressources et croitre durant l’été et ii) d’éviter les mauvaises conditions environnementales et survivre en hiver. Ensemble ces processus forment la phénologie du développement et ils guident les teneurs en sucres au sein de l’arbre. En effet, certains processus sont consommateurs de sucres alors que d’autres permettent leur accumulation créant un va et viens de sucres entre les organes puits (consommateurs de sucres) et les organes sources (fournisseurs de sucres). Cependant, cette gestion saisonnière des sucres semble évoluer durant la vie de l’arbre et surtout être sensible au climat et à ses variations.
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Communication orale
La physiologie hivernale de l’érable à sucre : essentielle pour la production du sirop mais méconnueAnnie Deslauriers (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
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Communication orale
Étude de l’impact des interactions arbre-microbes racinaires sur la croissance de semis d’érable à sucre le long de gradients altitudinauxIsabelle Laforest-Lapointe (UdeS - Université de Sherbrooke)
Session 3 – Les érablières : un écosystème sous pression
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Communication orale
Réponse à court terme d’une érablière des Laurentides à un réchauffement artificiel des solsNicolas Bélanger (TÉLUQ - Université du Québec), Alexandre Collin (TÉLUQ)
Deux dispositifs de réchauffement des sols ont été mis en place en 2017 à la Station de biologie des Laurentides à St-Hippolyte, à la limite nord de l’érablière à bouleau jaune. Depuis ce temps, nous avons fait le suivi de différentes variables édaphiques et écologiques pour tenter de mieux comprendre les effets possibles des changements climatiques sur le fonctionnement biogéochimique de l’écosystème et le devenir des espèces d’arbres à la station. Plus particulièrement, nous discuterons des effets du réchauffement artificiel sur le potentiel hydrique, la respiration et la disponibilité des éléments nutritifs du sol, ainsi que de ses effets sur les taux de (1) décomposition de la litière de feuille de différentes essences forestières locales et (2) survie de diverses provenances d’érable à sucre au stade de semis. À moyen terme, nous souhaitons que ces résultats permettent de peaufiner les modèles utilisés pour prédire l’évolution des peuplements dans la région et proposer des aménagements adaptatifs qui peuvent atténuer certains effets négatifs des changements climatiques.
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Communication orale
Les insectes herbivores dans les érablières : ravageurs ou biodiversité?Emma Despland (Université Concordia)
De nombreux modèles prédisent l’augmentation des dommages causés par les insectes ravageurs avec les changements climatiques, via la propagation des espèces envahissantes, l’extension vers le Nord des aires de distribution et l’accroissement de la sévérité des épidémies. D’autre part, on note aussi une perte de biodiversité alarmante chez les insectes, qui inclut l’extinction d’espèces rares et la chute d’effectifs d’espèces communes. Les insectes herbivores représentent une proportion significative de la vie terrestre, mais ceux qui ne causent pas de dommages économiques sont souvent méconnus. Comment concilier protéger les arbres de dommages excessifs tout en protégeant la diversité des insectes herbivores?
Notre laboratoire étudie les facteurs qui contribuent à la dynamique des épidémies d’un ravageur indigène (la livrée des forêts) et d’un autre exotique (la spongieuse Européenne) pour comprendre les sources de mortalité naturelles qui contribuent au contrôle des populations de ces chenilles. Nous examinons notamment comment les forces ascendantes et descendantes varient dans une érablière pour structurer à la fois les populations de ravageurs et la diversité des herbivores méconnus. Nos résultats suggèrent que plusieurs guildes d’ennemis naturels jouent des rôles importants dans le contrôle des populations de ravageurs et que les jeunes arbres en régénération sous la canopée sont un réservoir important de biodiversité des herbivores mais aussi des ennemis naturels.
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Communication orale
Le hêtre dans les érablières : Un gentil compagnon ou de la visite envahissantePhilippe Nolet (UQO - Université du Québec en Outaouais)
La cohabitation entre l’érable à sucre et le hêtre à grandes feuilles a fait l’objet de nombreuses études scientifiques sur tout le nord-est du continent américain depuis plusieurs décennies. Cette cohabitation a été étudiée sous de nombreux angles dont ceux de la succession forestière, de la fertilité des sols, de la dynamique naturelle des trouées, de l’historique des coupes forestières des précipitations acides, du déclin de l’érable à sucre, de la maladie corticale du hêtre et de l’envahissement par le hêtre. Nous mettons l’accent, dans le cadre de cette présentation, sur les résultats issus de trois principales études portant respectivement sur i) une évolution comparée de la croissance du hêtre et de l’érable à sucre au cours de siècle dernier ii) les effets de divers traitements sylvicoles sur la dynamique de la régénération des deux essences et iii) sur le lien entre la maladie corticale et l’envahissement par le hêtre. Ces études, mises ensemble, permettent de faire un peu de la lumière, sur l’ampleur des défis que pose l'envahissement par le hêtre, tant en recherche qu’en aménagement forestier. Nous terminerons en questionnant l’urgence (ou non) d’agir dans les érablières à vocation acéricoles face à cet envahissement.
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Communication orale
Importance de la diversité fonctionnelle pour la résilience des érablièresChristian Messier (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Activité de réseautage
Session 4 – Les produits de l’érablière
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Communication orale
Érable 2.0 : avancées des travaux de la Chaire de Recherche Industrielle sur les Technologies AcéricolesJean-Michel Lavoie (UdeS - Université de Sherbrooke)
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Communication orale
Un regard sur la variation de la composition chimique de la sève et du sirop de l’érable à sucreCarmen Charron (Centre ACER), Yves Desjardins (Université de Laval), Jessica Houde (Centre ACER), Luc Lagacé (Centre ACER), Mustapha Sadiki (Centre ACER)
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Communication orale
En route vers l'établissement du moléculome de l'érable à sucreNormand Voyer (Université Laval)
Présentations étudiantes éclair
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Communication orale
L’intérêt des sucres dans l’érableSoazic Lehervet (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Le climat des régions boréales et tempérées possède de grandes variations en fonction des saisons. Les arbres de ces régions, dont l’érable, doivent être capable d’utiliser leurs ressources pour croitre en été, résister au froid pendant l’hiver et faire face aux différents stress présent dans leurs environnement.
Les sucres, aussi appelés carbohydrates, présents dans l’érable sont importants dans l’acériculture puisqu’ils permettent la production du sirop d’érable et de ces dérivés ; ce qui représente une source de revenu important pour l’économie québécoise.
La présence d’un taux de sucres relativement élevé dans la sève d’érable s’explique par leurs divers fonctions métaboliques. Ces voies biosynthétiques sont activées au sein de l’érable en réponse à différents stress biotique ou abiotique. Cependant leurs rôles exact reste complexe à déterminer car s’il existe déjà plusieurs méthodes d’analyses quantitatives, peu d’entre elle sont adaptées pour déterminer la concentration individuelle de chaque sucre. Afin de mieux comprendre le rôle des différents carbohydrates dans la variété de mécanismes d’adaptations existante, il est intéressant de pouvoir les quantifier de façon individuelle. Il est donc intéressant de se demander comment réaliser ce type de quantification afin de pouvoir valoriser et en apprendre plus sur le rôle que jouent ces différents sucres dans l’adaptation de l’arbre à son environnement.
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Communication orale
La chimie des saveurs d’érable : un aperçu des mécanismes réactionnelsAya Garfa (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Pour transformer la sève d’érable en sirop, il faut éliminer une grande quantité d’eau en l’évaporant par simple ébullition, mais cette étape est parfois précédée par un enrichissement par osmose inverse.
Le traitement thermique induit des transformations chimiques de certains composés dans la sève. Malgré les avancées scientifiques, la nature exacte de ces transformations est mal comprise jusqu’à ce jour, mais essentielle pour développer la saveur caractéristique du sirop d’érable. Certains composés présents à l’origine dans la sève et de nouveaux composés formés au cours du traitement thermique, se retrouvent dans le sirop d’érable. Cependant, aucune étude n’a considéré ces transformations de manière globale ce qui rend difficile l'identification des voies chimiques ayant un impact sur la qualité sensorielle finale du produit.
Cette revue de la littérature fait le point sur les transformations chimiques possibles induites par la chaleur, et met en lumière l’ensemble des précurseurs moléculaires impliqués dans ces transformations et qui sont responsables de la formation des saveurs distinctives du sirop. Une recherche approfondie de la littérature scientifique nous a permis de conclure que la caramélisation, les réactions de Maillard ainsi que la dégradation de la lignine soluble dans la sève sont les clés pour une identité organoleptique unique du sirop d’érable.
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Communication orale
Automatisation de la production de sirop d’érable par IIoT et intelligence artificielleThomas Bernard (UdeS - Université de Sherbrooke)
L’objectif principal de ce projet de recherche consiste donc à identifier, collecter et optimiser la prise de paramètres physico-chimiques sur la chaîne de production acéricole, en vue d’automatiser la production constante d’un sirop de qualité. Ceci correspond aussi à l’objectif prioritaire des producteurs acéricoles, car aucune technologie intégrée pour le contrôle et le suivi de l’ensemble des paramètres n’est disponible à ce jour pour les érablières.
À cet effet, un ensemble de capteurs de différentes technologies ont été associés et placés à chaque étape de la chaine de production du sirop d’érable afin de contrôler et de vérifier l’état des différentes parties du procédé. L’ensemble de la chaine de production pourrait, à terme, être contrôlée à distance, permettant de réduire la main-d’œuvre nécessaire aux opérations tout en assurant constamment la production d’un sirop d’érable de qualité. L’équipe emploie une approche basée sur l’Internet industriel des objets (Industrial Internet of Things – IIoT). Dans le cas du présent projet, ces informations permettront d’analyser la qualité de la sève à l’entrée du processus et de surveiller sa transformation vers un produit respectant les spécifications et les normes nécessaires pour la commercialisation du sirop d’érable. L'IIoT dans différentes applications a démontré un grand potentiel en matière de traçabilité de la chaîne de production, de contrôle, de qualité et de gestion énergétique.
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Communication orale
Correction du défault de saveur VR5 en continu dans une production acéricoleJean-Philippe Caron (UdeS - Université de Sherbrooke)
L’une des problématiques de l’industrie acéricole québécoise se situe au niveau des défauts de saveur pouvant affecter la qualité du produit. Le défaut VR5, ou goût de bourgeon, survient généralement en fin de saison de récolte de la sève, lorsque les températures se maintiennent jour et nuit au-dessus de 0°C. Ce défaut, vraisemblablement causé par la présence de certains composés dont le Diméthyledisulfure (DMDS), peut engendrer une diminution de près de 50% de la valeur commerciale du sirop. La molécule visée dans le cadre de ce projet (le DMDS), s’y retrouve en très faible quantité, soit de l’ordre de parties par milliards. Le développement d’une méthode de quantification du composé a donc sollicité l’utilisation d’instruments analytiques de grande précision. Celle-ci a ensuite permis d’évaluer la qualité des traitements qui ont été réalisées en laboratoire. Différentes techniques ont ainsi été comparées à petite échelle, afin de maximiser la diminution du composé organosulfuré, tout en assurant la préservation des propriétés physicochimiques du produit et en évaluant la pérennité du traitement. À terme, le projet permettra de développer une nouvelle technologie de détoxification en ligne du sirop d’érable. Le pilote qui en résultera sera introduit à même le site de production et permettra aux producteurs acéricoles de minimiser les pertes économiques engendrées par le défaut. Il en résultera d’un gain économique pour les producteurs de la région.
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Communication orale
Les effets bénéfiques de la réduction des émissions de polluants atmosphériques acidifiants sur les érablièresRosalie Frisko (Université Laval)
En plus des gaz à effets de serre à l’origine des changements climatiques, la consommation de combustibles fossiles génère des émissions atmosphériques de polluants acidifiants comme le dioxyde de soufre (SO2) et les oxydes d’azote (NOx). Notre étude vise à identifier les principaux effets de la baisse des émissions de polluants atmosphériques acidifiants sur la santé d’une érablière en dépérissement à partir de ces suivis environnementaux.
Les suivis révèlent une hausse marquée du pH (baisse de l’acidité) de la précipitation qui est passé de 4,3 à 5,3 entre les cinq premières années de mesures (1989 à 1993) et les 5 années les plus récentes (2016 à 2020). Parallèlement, on observe notamment une baisse de 64 % de la concentration de SO4 dans la solution de sol, accompagnée d’une baisse de 69 % du Ca et de 52 % du Mg au cours de la même période de référence. Certains indicateurs suggèrent que les arbres réagissent positivement à cette amélioration de la qualité de la précipitation. Nous observons entre autres que la litière qui tombe au sol chaque année est 33 % plus riche en Ca et 59 % plus riche en Mg à la fin des années 2010 comparativement au début des années 1990, ce qui indique une amélioration du statut nutritionnel des arbres. La couche de matière organique au sol est aussi 52 % plus riche en Ca et 250 % plus riche en Mg à la fin des années 2010 comparativement à la fin des années 1980.
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Communication orale
Vers un nouveau outil de classification des érablesMichael Cliche (UQO - Université du Québec en Outaouais), Sylvain Delagrange (Université du Québec en Outaouais)
La collecte de l’eau d’érable avec un réseau de tubulure a révolutionné l’acériculture. L’adaptation des concentrateurs à l’industrie acéricole et les débuts de la mise en marché collective ont considérablement augmenté les superficies exploitées. L’inconvénient de ces systèmes de plus en plus performants est que nous avons de moins en moins de lien direct avec la production individuelle des érables. Du moment qu’il n’y a pas de fuite, nous assumons généralement que l’érable donne un rendement suffisant. Or, le rendement d’un érable sur un site donné est influencé par de nombreuses variables comme la génétique, le diamètre, la hauteur et la dimension du houppier.
Mais qu’en est-il de la vigueur et des défauts sur le tronc? À partir de quelle distance d’un défaut est-il possible d’entailler pour avoir un rendement optimal? De quel type de défaut faut-il se méfier davantage? Les règles d’entaillages ne tiennent généralement pas compte de ces défauts et il existe donc peu de connaissance à leur sujet.
Il existe de nombreux outils permettant d’évaluer la vigueur et la qualité des arbres pour la production de bois, mais ces derniers ne sont pas adaptés à la production acéricole. La classification MSCR ne permet pas d’estimer concrètement la croissance des arbres. Comme la profondeur d’entaillage devrait être liée, entre autres, à la croissance des arbres, il serait intéressant d’intégrer cette variable lors de l’évaluation des tiges.
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Communication orale
Impact de la structure forestière sur la séquestration de carbone dans le sol au travers les champignonsBéatrice Dubé (UQO - Université du Québec en Outaouais)
L’aménagement forestier impacte la structure et la communauté forestière. L’aménagement peut impacter les communautés fongiques, et particulièrement celles qui sont le plus susceptibles de séquestrer du C à long terme dans le sol. Or, la réponse spécifique des champignons mycorhiziens et saprotrophes à l’aménagement forestier demeure peu étudiée, ce qui nuit à notre pouvoir prédictif quant à l’influence de l’aménagement sur le stockage de C dans les sols forestiers.
L’objectif général de ce projet est d’approfondir nos connaissances de l’impact de l’aménagement forestier sur la stabilisation du C organique dans le sol via son influence sur la communauté fongique. Le projet, situé au Mont-Kaaikop, comprend 30 parcelles de forêt aménagées et 30 parcelles de forêt non aménagées dans lesquelles des inventaires forestiers (surface terrière, composition forestière, débris ligneux, plantes de sous-bois) seront effectués. Des échantillons de sol seront récoltés dans l’horizon O et A de chaque parcelle pour déterminer l’abondance relative des guildes fongiques (ADN environnemental), le carbone total et fractionné (POM et MAOM), et certaines propriétés du sol (ratio C/N et pH).
On s’attend comme résultats à ce que l’aménagement forestier inéquien impacte l'abondance relative de différentes guildes fongiques dans la rhizosphère. Il sera ensuite possible de spéculer sur les conséquences que cela pourrait avoir sur le cyclage du C forestier.
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Communication orale
Adaptation génomique aux micro-variations environnementales locales chez l'érable à sucre au QuébecAlix Pugeaut (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Dans le contexte actuel des changements globaux dus aux activités humaines, il est primordial d’étudier les flux de gènes entre les populations naturelles ainsi que leurs capacités adaptatives intrinsèques afin de participer efficacement à leur maintien et à leur gestion durable. Étant donné son importance écologique, économique et culturelle, nous nous sommes penchés sur l’étude de la variation génomique de l’érable à sucre (Acer saccharum) au Québec et son association aux variables bioclimatiques. À partir de données de séquençage haut-débit, nous avons détecté une légère structuration génétique entre 611 individus répartis en 25 populations naturelles de cette espèce emblématique. Cette structuration spatiale est probablement due au processus de recolonisation post-glaciation à partir de refuges glaciaires. Considérant cette structuration génétique, nous avons pu identifier une liste de loci corrélés aux variables bioclimatiques. Notre étude montre ainsi que malgré la faible participation des variations bioclimatiques à la répartition de la variation génomique à l'échelle du Québec, les conditions environnementales locales induisent en revanche une distinction génétique notable entre populations malgré une faible distance géographique.
Période de dîner
Session 5 – Les érablières comme solution nature
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Communication orale
Les érablières comme refuge de biodiversitéDominique Gravel (UdeS - Université de Sherbrooke)
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Communication orale
La génomique au service de l'adaptation des érablièresMichaël Cliche (Université du Québec en Outaouais), Sylvain Delagrange (Université du Québec en Outaouais), Julie Godbout (Ministre des Ressources Naturelles et des Forêts), Rock Ouimet (Ministère des Ressources Naturelles et des Forêts), Martin Perron (Ministère des Ressources Naturelles et des Forêts), Yann Surget-Groba (UQO - Université du Québec en Outaouais)
L’érable à sucre, un arbre emblématique de la forêt du nord-est de l’Amérique du Nord, fournit de nombreux services écosystémiques et génère d’importantes retombées économiques, notamment en lien avec la production de sirop d’érable. Les modifications environnementales attendues en lien avec les changements climatiques auront un impact négatif sur la capacité des érablières à fournir ces différents services. La compréhension des mécanismes génétiques et environnementaux impliqués dans la production de sucres, ainsi que dans l’adaptation et la résilience des arbres est essentielle pour maintenir des érablières saines et productives dans les conditions climatiques futures. Dans cette présentation, je discuterai tout d’abord de la contribution de la génomique pour l’adaptation des forêts aux changements climatiques, puis je présenterai un projet visant à décrypter le déterminisme génétique et environnemental de plusieurs traits importants de l’érable à sucre (taux de sucre, croissance, qualité du bois, réponse aux stress) en caractérisant la variabilité génétique, l’héritabilité et les interactions génotype/environnement de ces traits. La connaissance du déterminisme génétique de ces traits nous permettra à terme d’établir des bases solides à un programme d’amélioration génétique dédié à l’érable à sucre. Celui-ci pourra appuyer sur des données génomiques qui permettront d’accélérer le processus de sélection des arbres ayant le meilleur potentiel acéricole dans un environnement en pleine mutation.
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Communication orale
Les services écosystémiques des érablières : comment mobiliser des outils issus de la fiscalité agricoleJérôme Dupras (Université du Québec en Outaouais), Lynda Gagné (UQO - Université du Québec en Outaouais), Faby Anne Gagné-Mimeault (Université du Québec en Outaouais), Julie Lafortune (Université du Québec en Outaouais), Tim Rademacher (Centre ACER)
Les services écosystémiques font référence aux avantages que la nature offre à l'humanité. L’évaluation des écosystèmes pour le millénaire les ont classés en quatre types : les services d’approvisionnement, de régulation, de culture et de soutien. De toute évidence, un but primaire des érablières est de fournir à l'humanité des services d'approvisionnement sous forme de sirop et autres produits acéricoles. Pourtant, les érablières offrent aussi une multitude d’autres services écosystémiques à la société. Dans cette conférence, nous explorons tous les types de services écosystémiques que les érablières fournissent à la société, comme la séquestration du carbone, l’approvisionnement en eau et les services socio-culturels. Nous présentons ensuite des exemples d’outils économiques et fiscaux pouvant être mis en œuvre pour optimiser leur bénéfices et éventuellement offrir un revenu additionnel aux producteurs et productrices. Le développement de tels outils permettrait de valoriser les érablières comme une solution nature et de les exploiter à leur plein potentiel, plutôt que au but unique de la production acéricole.