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Informations générales

Événement : 90e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 600 - Colloques multisectoriels

Description :

Au moment où notre fulgurante entrée dans la sixième extinction de la planète nous presse de réduire notre empreinte écologique, énergétique, agroalimentaire et hydrique, l’actuel modèle de développement sociotechnique, marqué par une concentration inégalée des industries, un abyssal élargissement des écarts et une menaçante dilapidation des ressources, vit une crise profonde. Ainsi, même les systèmes agro-industriels, censés nourrir le monde, contribuent paradoxalement, par leur intensification, à 30 % des émissions de gaz à effet de serre et à l’effondrement de la biodiversité. Sur le plan énergétique, les choix de filières et leur intégration dans des plans globaux, limitant l’accélération des dérèglements climatiques, souffre de sérieux problèmes de retards et de cohérence dont pâtissent tous les secteurs d’activité, notamment les transports et l’habitat. Piégés, nous flirtons ainsi d’un côté avec les menaçantes limites planétaires et leurs périlleux points de bascule, et nous sommes happés, de l’autre, par des conflits armés aux redoutables flambées de coûts énergétiques et alimentaires, voire de pénuries. Comment alors pourrions-nous ignorer d’examiner ensemble les enjeux, les stratégies et les horizons de transitions énergétiques et agroalimentaires ? D’une ampleur inégalée, ces changements structurels toucheront l’ensemble des sociétés et de leur fonctionnement, nécessitant d’importants recadrages des paradigmes à l’œuvre et de solides mesures d’adaptation. Or, la gamme des objectifs et des voies divergentes proposées (frugalité volontaire et modes de vie alternatifs, recours technologiques accrus), voire parfois imposées (politiques incitatives ou « punitives » de réduction de la consommation), mérite d’être examinée, en ce qui touche la sécurité alimentaire et énergétique, les conditions de vie et de santé viables et de vitalité des écosystèmes, des milieux urbains et ruraux, tout en étant contextualisée dans une perspective d’espoir et de bien commun.

Dates :

Format : Sur place et en ligne

Responsables :

Programme

Communications orales

État des lieux, enjeux et perspectives

Salle : Guy-Joron - Secteur Sud — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles
  • Communication orale
    Entre ébriété et sobriété énergétiques et alimentaires : transitions incontournables ou souhaitables par temps d’érosion, de fractures, de ruptures et de basculements
    Louise Vandelac (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Communication orale
    Du pétrole découvert dans les pesticides : une révolution toxicologique
    Gilles-Eric Seralini (Université de Caen)

    Les études toxicologiques sur les pesticides se concentrent en grande partie sur l'ingrédient actif déclaré, qui ne constitue qu’une minorité de la formulation totale. Les compositions complètes ne sont pas révélées à la science. Pour chaque principe actif, il existe des dizaines voire des centaines de formulations. Nous démontrons que le pétrole a toujours été, et est toujours dans les pesticides. La chromatographie en phase gazeuse et la spectrométrie de masse ont été appliquées pour 24 pesticides. Les composés mesurés sont les 16 hydrocarbures aromatiques polycycliques du pétrole. Ils sont jusqu’à 8288 fois plus toxiques que les produits déclarés. La dose journalière admissible (DJA) ne tient pas compte de cela. Ces résidus pétroliers semblent être des déchets, et provenir majoritairement de matières brutes non brûlées. Le mélange de HAP dans les pesticides peut être hautement cancérigène ou toxique à long terme, plus encore que la matière active déclarée elle-même. L’impact global, écologique et épigénétique des pesticides est ainsi mieux compris, car ils sont faits de pétrole depuis longtemps, et surtout depuis la deuxième guerre mondiale dans les milieux agricoles. Face à ce constat, il est légitime de réévaluer la toxicologie des pesticides et d'en diminuer fortement l'usage. Une étude internationale de santé publique serait pertinente sur ce problème, et pourrait être menée au niveau international.

  • Communication orale
    Intrants chimiques en agriculture au Québec : veut-on réellement réduire leur usage?
    Louis Robert (Agronome)

    Il y a longtemps que les ministères, en partenariat avec les syndicats de producteurs, affichent des objectifs de réduction dans la consommation d'engrais et de pesticides de synthèse. Devant l'absence de résultats concrets, au lieu de s'arrêter et de poser un diagnostic rigoureux, on répète les mêmes recettes, comportant les mêmes erreurs, et qui conduisent, sans surprise, aux mêmes échecs. Pourtant, contrairement à la croyance populaire, une agriculture sans intrants chimiques est non seulement possible, mais plus productive, rentable pour le producteur, et, par conséquent, plus durable que l'agriculture telle que la majorité d'exploitants la pratiquent encore aujourd'hui. À l'inverse d'un autre mythe souvent entendu, ce n'est pas non plus le manque de travaux de recherche qui explique ces insuccès. Alors, qu'en est-il ? Au nombre des causes possibles à l'origine de cette situation, le manque de ressources humaines allouées en transfert technologique, ainsi que les ingérences des intérêts corporatistes aux trois étapes de cette chaîne de diffusion du savoir (recherche/transfert/service-conseil) seront discutés lors de cette présentation.

  • Communication orale
    L’histoire sans fin des traitements de semence insecticides : enjeux et obstacles à la réduction des pesticides
    Geneviève Labrie (Centre de recherche agroalimentaire de Mirabel (CRAM))

    Depuis l’homologation des traitements de semence insecticides systémiques, tels que les néonicotinoïdes, des milliers d’études scientifiques ont été menées et publiées afin de démontrer les impacts environnementaux, sur la santé humaine et l’inutilité de leur utilisation prophylactique. Au Québec, plusieurs projets de recherche ont été menés entre 2012 et 2017 afin d’évaluer l’utilité des néonicotinoïdes dans les grandes cultures et leur innocuité sur les pollinisateurs. Malgré un soutien financier gouvernemental très important, de nombreuses difficultés ont été rencontrées au cours des projets, particulièrement pour la publication des résultats. Cette histoire a confirmé de nombreuses failles dans le système public, de l’homologation des pesticides à l’éthique dans les centres de recherche parapublics. De plus, malgré l’imposition d’une justification agronomique pour l’utilisation des néonicotinoïdes, de nouveaux traitements de semence insecticides sont apparus et utilisés de façon prophylactique, et ce, sans égard aux résultats de recherche démontrant leur inutilité contre les ravageurs ciblés par ces pesticides. Des méthodes de lutte alternatives existent, mais de nombreux obstacles limitent leur adoption par le milieu agricole.


Dîner

Dîner

Salle : Guy-Joron - Secteur Sud — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles

Communications orales

État des lieux, enjeux et perspectives

Salle : Guy-Joron - Secteur Sud — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles
  • Communication orale
    Programmes de réduction de pesticides en regard des impacts des pesticides des grandes cultures de maïs soya sur la pollution hydrique en Montérégie ouest
    Marie-Hélène Bacon (CREPPA, Université du Québec à Montréal), Lise Parent (Télé-université, Université du Québec), Louise Vandelac (Université du Québec à Montréal)

    Nous présenterons d’abord un portrait de la contamination des cours d’eau et des eaux souterraines par les pesticides utilisés dans les grandes cultures de maïs et de soya de Montérégie ouest. Fruit d’une recherche menée dans le cadre d’un projet financée par le FDE (Fonds de dédommagements à l’environnement du ministère fédéral de l’environnement) nous examinerons comment cette contamination, qui a été modulée au fil des ans depuis le premier programme de réduction des pesticides de 1992 au Québec, demeure sous-estimée dans ses effets sur l’environnement et la santé. Une analyse critique de la réglementation et des différents programmes québécois adoptés pour réduire la pollution environnementale et notamment hydrique liée aux pesticides portera sur deux pesticides largement utilisés et particulièrement préoccupants : les herbicides à base de glyphosate et le S-métolachlore.

  • Communication orale
    Évaluation des impacts des pesticides, absence de transparence et stratégies de capture scientifique et réglementaire au Canada : Le cas des herbicides à base de glyphosate
    Marie-Hélène Bacon (UQAM - Université du Québec à Montréal), Marc-André Gagnon (Université Carleton), Lise Parent (TELUQ), Louise Vandelac (UQAM)

    Malgré un discours prônant la réduction des pesticides, leur utilisation a augmenté de façon exponentielle dans le secteur agricole au cours des 30 dernières années. Les herbicides à base de glyphosate (HBG) sont les pesticides les plus utilisés dans le monde ainsi qu’au Canada, où ils représentaient 58 % des pesticides utilisés dans le secteur agricole au Canada en 2017. Or, bien que la littérature scientifique indépendante sur les effets nocifs des pesticides sur la santé et l'environnement soit abondante, le Canada n'a interdit que 32 ingrédients déclarés "actifs" de pesticides sur les 531 interdits dans 168 pays et a réapprouvé les HBG en 2017 jusqu'en 2032. En prenant le cas des HBG, nous verrons comment l'évaluation scientifique et la réglementation canadienne des pesticides sont déficientes en raison de la capture scientifique et réglementaire des agences canadiennes par l'industrie agrochimique. Nous verrons ainsi qu’en adoptant des éléments de discours, des prétentions et des preuves biaisées de l'industrie agrochimique, en se montrant réceptive à leurs demandes, en prenant des décisions aux fondements opaques et en manquant de transparence, l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada favorise les intérêts commerciaux au détriment des impératifs de santé publique et de protection de l'environnement.

  • Communication orale
    Reconnaissance des responsabilités de l’agrochimie dans l’écocide en cours et justice pour les victimes des pesticides : vers une justice sanitaire et environnementale
    Arnaud Apoteker (Justice Pesticides)

    A la suite du Tribunal International Monsanto a été créée l’association Justice Pesticides, qui collecte les procédures juridictionnelles concernant les pesticides dans le monde entier et les publie gratuitement sur son site Internet. L’intention est de mettre à disposition de tous, en particulier des victimes des pesticides et des associations et de leurs conseils, les jurisprudences et procédures en cours afin qu’ils puissent disposer des meilleurs outils possibles dans leurs recours. Cette base de données, en cours de constitution, constitue un outil de recherche et d’apprentissage qui devient populaire auprès du secteur académique et attire les stagiaires en droit de l’environnement et de la santé. Malgré ses ressources financières limitées et la complexité de systèmes juridiques différents et dans de nombreuses langues, Justice Pesticides met à jour les fraudes scientifiques des compagnies agrochimiques pour maintenir l’autorisation de mise sur le marché de produits toxiques, leur influence considérable sur les processus d’évaluation et les systèmes politiques, ainsi que l’asymétrie des relations Nord-Sud concernant la production et l’utilisation des pesticides dangereux. Elle concourt à inclure l’utilisation à grande échelle de substances toxiques telles que les pesticides dans la définition de l’écocide et à l’avènement d’une justice sanitaire et environnementale, comparable au développement de la justice climatique, de plus en plus reconnue comme indispensable.

  • Communication orale
    La gestion fantôme des firmes au détriment de la santé publique : revue exploratoire de ce que la littérature scientifique a appris des documents internes de l'industrie chimique
    Blue Dong (Université Carleton), Grace Dupasquier (Université Carleton), Marc-André Gagnon (Université Carleton)

    Lorsqu'il s'agit de recherches en santé publique et en toxicologie, les documents internes des entreprises servent souvent de sources uniques pour analyser les activités des firmes pour atteindre leurs objectifs stratégiques. Nous avons procédé à une revue exploratoire de la littérature scientifique afin de répertorier et d’analyser tous les articles ayant recouru aux documents internes des entreprises chimiques. L'analyse systématique des documents internes permet de comprendre que les « scandales d'entreprise » ne doivent pas être considérés comme des exceptions mais comme des symptômes des stratégies normales et systématiques utilisées par les entreprises de l’industrie chimique pour gérer et promouvoir leurs intérêts commerciaux. Nous appelons « gestion fantôme » le recours systématique à ces stratégies de l’ombre qui participent entre autres à influencer la science, les pratiques professionnelles et les politiques publiques et à faire obstacle à une transition structurelle vers des pratiques agro-industrielles plus soutenables. La littérature scientifique qui utilise des documents internes confirme ainsi la prévalence des conflits d'intérêts, des manquements à la conduite des entreprises et de l'influence des entreprises dans le secteur chimique. Nos résultats de recherche basés sur des catégories de gestion fantôme démontrent le degré d'influence des entreprises dans tous les aspects des marchés agrochimiques.

  • Communication orale
    Analyse de l'influence des sources d'informations aux agriculteurs sur leurs pratiques agricoles
    Denise Proulx (UQAM - Université du Québec à Montréal)

Communications orales

Quelles transitions?

Salle : Guy-Joron - Secteur Sud — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles
  • Communication orale
    Transitions énergétiques et agroalimentaires: Nous allons changer de planète…
    Frederick Lemarchand (Université de Caen)

    Considérant que nous sommes au seuil d’une grande transformation des sociétés occidentales condamnées à une descente énergétique et donc à une décroissance économique, l’invention de nouveaux styles de vie plus frugaux pose la question de la temporalité d’une telle transformation. Fi des Révolutions du XXème siècle, de quelle temporalités sera faite la « transition écologique » du XXIème ? Entre crainte dystopique et espoir politique, nous livrerons un état des lieux des forces humaines et matérielles en présence.

  • Communication orale
    Gouverner la frontière bionumérique : analyses prospectives, évaluation et encadrement des technologies émergentes aux impacts sur l'alimentation, l'agriculture et la biodiversité
    Jim Thomas (ETC Group - ONG)

    Ce que le Forum économique mondial nomme "la quatrième révolution industrielle" est en train de transformer tous les secteurs de l'économie mondiale. L'approche sous-jacente axée sur une mise en place rapide a pour effet de détruire d’importants biens communs, relations et droits. De nouvelles stratégies bio-numériques sont appliquées à la chaîne agroalimentaire, à la conservation et la gestion de la biodiversité. En re-conceptualisant la biologie en données, des données génomiques à celles des systèmes terrestres, et en appliquant l'intelligence artificielle, la robotique et la génomique, les entreprises et les gouvernements peuvent concevoir et diriger des systèmes de contrôle cyber-physiques afin de redessiner et de manipuler les systèmes alimentaires et terrestres. Cette bio-digitalisation accélérée posant de nouvelles menaces pour les paysans, les agriculteurs, les peuples indigènes et la biodiversité, nous examinerons donc les contre-mouvements actuels dans la société civile et les instances internationales. Alors que le Sommet de l’avenir des Nations Unies en 2024 sera centré sur la gouvernance technologique, la Convention sur la diversité biologique, le Comité de la sécurité alimentaire mondiale, le Forum sur la science, la technologie et l'innovation des Nations Unies et le Comité sur la technologie au service du développement durable se penchent actuellement sur l’évaluation et la gouvernance technologiques fondées sur le principe de précaution et les droits.

  • Communication orale
    Les barons de l'agroalimentaire : concentration agroindustielle, pouvoir corporatif et discours entourant l'agriculture numérique
    Laura Dunn (ETC Group)

    Plusieurs secteurs du système agroalimentaire ne sont désormais contrôlés que par quatre à six entreprises ce qui leur confère une énorme influence sur les marchés, la recherche agricole et l'élaboration des politiques tout en affaiblissant la souveraineté alimentaire. Cette situation est particulièrement préoccupante puisque les économistes considèrent généralement qu'un taux de concentration de 40 % ou plus pour quatre entreprises constitue un secteur fonctionnant en oligopole. Dans cette présentation, nous explorerons des secteurs tels ceux de l'agrochimie et des semences, où se retrouve une concentration extrême des entreprises au niveau mondial. Nous verrons également la manière dont des entreprises comme Microsoft et Amazon s’imposent dans le secteur agroalimentaire en numérisant chaque étape de la chaîne alimentaire, les firmes agroalimentaires devenant ainsi davantage des entreprises de données. Des problèmes actuels tels que les changements climatiques et l'insécurité alimentaire sont utilisés par les barons de l'agroalimentaire afin de justifier à la fois cette numérisation croissante du secteur et leur contrôle sur tous les aspects de notre système alimentaire.

  • Communication orale
    Atterrir à la Réunion : des technologies connectées oui, mais pas n’importe lesquelles, des Technologies d’Agriculture Familiale COnnectée
    Sarah Migault (CERReV-MRSH-Université Caen-Normandie)

    Les technologies dans l’agriculture sont souvent vues comme le propre du régime productiviste alors que les pratiques vernaculaires sont la preuve du contraire. Cette communication partagera les résultats d’une démarche living lab initiée à la Réunion et montrera que sous certaines conditions, des TAF-CO peuvent renforcer les capabilités et participer aux pratiques vernaculaires du territoire réunionnais.

  • Communication orale
    État de la recherche sur l’agriculture numérique en sciences sociales : thématiques émergentes et angles morts
    Lucie Violland (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Face aux enjeux de la crise écologique, l’agriculture numérique est défendue par ses tenant.es comme une solution à certains effets négatifs du modèle agricole actuel. À la croisée de la robotique, du numérique et de la génomique, l’agriculture numérique repose sur la récolte et le traitement de masses gigantesques de données, les Big Data. Sujet d’investissements colossaux aussi bien publics que privés, l’agriculture numérique pose de nombreuses questions. L’arrivée sur le marché des entreprises du numérique, à savoir les GAFAM, l’approfondissement des dynamiques de concentration économique dans le secteur, l’empreinte environnementale des technologies, ou encore la consolidation de la dépendance des agriculteur.ices à l’industrie, interrogent sur les capacités de cette forme d’agriculture à répondre aux transformations nécessaires à la soutenabilité. Malgré une littérature abondante en critical data studies, l’agriculture reste un secteur peu étudié en sciences sociales relativement à la numérisation. Cette communication est alors l’occasion de présenter un travail de revue de littérature engagé sur ce sujet. Où en est la recherche en sciences sociales sur l’agriculture numérique ? Comment les sciences sociales traitent-elles de l’agriculture numérique ? Quels sont les sujets abordés, et quels sont les angles morts ?


Dîner

Dîner

Salle : Guy-Joron - Secteur Sud — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles

Communications orales

Quelles transitions ?

Salle : Guy-Joron - Secteur Sud — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles
  • Communication orale
    Entre technologisation et désartificialisation : une transition agroécologique de l’agriculture québécoise inclusive mais trop lente?
    Patrick Mundler (Université Laval)

    L’agroécologie donne lieu à des interprétations variées. Entre projet radical de transformation ou adaptation plus inclusive des pratiques, elle semble pouvoir emprunter des chemins variés allant d’une désartificialisation des processus de production qui mise sur un usage intensif des processus naturels, à une technologisation croissante misant sur le génie génétique, l’agriculture cellulaire, les nanotechnologies, la robotisation et la numérisation des processus de production. La transition agroécologique peut alors être vue soit comme un processus un peu linéaire qui, par cumul de petites transformations, aboutit à une reconception des systèmes, soit comme un changement profond de paradigme.

    Au Québec, la transition agroécologique se trouve en partie verrouillée par le fait qu’elle est en tension entre deux logiques : celle, inclusive, de s’appuyer sur les pratiques actuelles et les représentations du progrès qui les fondent au risque de rendre les principes malléables et porteurs de changements trop mineurs pour répondre aux défis de notre système alimentaire; et celle de proposer des transformations plus radicales, susceptibles de mieux répondre aux enjeux, mais imposant un rythme et des évolutions de pratique trop fortes pour être adoptées par le plus grand nombre. Nous examinerons dans ces conditions quels seraient les leviers susceptibles d’accélérer la transition agroécologique de l’agriculture québécoise.

  • Communication orale
    Notre alimentation et l’environnement : quelles solutions pour des systèmes alimentaires durables?
    Malek Batal (UdeM - Université de Montréal)

    Dans l’ère de l’anthropocène où l’impact de l’humain sur son environnement devient de plus en plus visible, incluant les changements climatiques, la dégradation environnementale et l’extinction massive de la biodiversité, nous nous devons de remettre en question le rôle de notre alimentation et de notre système alimentaire conventionnel qui sont responsables d'environ un tiers des émissions mondiales des gaz à effet de serre, qui contribuent significativement à la pollution environnementale en pesticides et fertilisants chimiques et qui favorisent un nombre limité d’espèces végétales et animales, menaçant ainsi le maintien d’une riche biodiversité. Des modèles de production et de transformation alimentaires alternatifs existent pourtant avec la promesse de nourrir l’humanité à moindre coût écologique. Nous exposons l’impact des systèmes actuels de production, de transformation, de transport des aliments ainsi que les déchets que ces systèmes génèrent sur notre écosystème et la santé des animaux et des humains et explorons des solutions durables, traditionnels comme modernes, respectueuses de l’environnement et socialement responsables.

  • Communication orale
    Cultiver, vivre et habiter autrement le territoire : l’exemple des résistances agricoles et alimentaires au Québec
    Rosalie Rainville (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Depuis le tournant du 21e siècle et particulièrement durant la dernière décennie, se sont multipliés partout dans le monde, mais aussi au Québec, des projets qui, dans des domaines aussi divers que l’élevage, le maraîchage, la viticulture, la forêt ou encore l’apiculture, valorisent des pratiques à petite échelle, plus respectueuses de l’environnement et centrées sur le collectif. À partir d’un travail d’enquête mené auprès d’une trentaine d’acteurs de ces initiatives agricoles et alimentaires « alternatives » dans trois régions québécoises, cette communication entend montrer qu’elles sont porteuses, dans leur diversité, de nouvelles manières de cultiver, de vivre et d’habiter le territoire. Ces initiatives qui tentent de « faire autrement » se caractérisent par des pratiques et des valeurs qui se centrent tout d’abord sur une quête d’autonomie, sur l’importance accordée au lien social et la convivialité ensuite, et enfin sur un nouveau rapport écologique à la terre, à la nature et au vivant. Plus largement, ces modes de vie alternatifs peuvent être interprétés comme des formes de résistances au modèle agroalimentaire industriel productiviste dominant, se heurtant à cet égard à d’importants défis sociaux et politiques comme nous le verrons. Ces initiatives illustrent en définitive, mais non sans difficultés, une transformation sociale en cours autour de nos rapports à la production alimentaire et plus généralement à la subsistance dans un contexte de transition écologique.

  • Communication orale
    L’agriculture urbaine : un outil pour la transition alimentaire et énergétique des villes
    Eric Duchemin (Laboratoire sur l'agriculture urbaine)

    L’agriculture urbaine est devenue au fil de la dernière décennie un élément de plus en plus présent dans les quartiers, que ce soit sous la forme de potagers domestiques en cour arrière ou encore cour avant, de jardins communautaires et collectifs ou encore de fermes urbaines. Elle est en partie un mouvement à contre-courant du système agroalimentaire. Ainsi, des études montrent que l’agriculture urbaine participe à la transition alimentaire individuelle et collective, ce qui a un impact sur la transition écologique des villes. L’agriculture urbaine serait même un outil sous-estimé d’intervention par les politiques publiques pour faire face aux enjeux environnementaux de 21e siècle. Depuis 2008, le Laboratoire sur l’agriculture urbaine travaille sur l’agriculture urbaine comme outil d’intervention sociale. Cette conférence permettra de présenter par des résultats de recherche ou des exemples, en quoi l’agriculture urbaine est un élément, ou représente un potentiel sous-estimé, pour le développement de systèmes alimentaires locaux et pour l’économie circulaire de la ville. Nous discuterons de comment l’agriculture urbaine peut être l’un des éléments (ou pas) de la transition énergétique et agroalimentaire.

Communications orales

Santé, environnement et interventions citoyennes

Salle : Guy-Joron - Secteur Sud — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles
  • Communication orale
    Pesticides : quelques jalons pour un solide portrait des impacts santé et environnement, nourrissant des politiques de santé globale et un éventuel GIECC en santé environnementale
    Marie-Hélène Bacon (CREPPA, Université du Québec à Montréal), Lise Parent (TELUQ), Mia Sarrazin (CREPPA, UQAM), Louise Vandelac (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Communication orale
    Pesticides en agriculture : quels sont les risques pour la santé de la femme?
    Isabelle Plante (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
  • Communication orale
    Vulnérabilité des travailleurs en productions animales : une identité professionnelle sous tension
    Aurore Peinado (Laboratoire Cerrev, Université de Caen (Calvados))

    Les attentes sociales pour des élevages plus écologiques et plus éthiques mettent les travailleurs en productions animales en difficulté. Comment font-ils face à ces tensions identitaires ? Les stratégies défensives élaborées par les organisations socio-professionnelles ne sont-elles pas contraires aux intérêts de ces travailleurs ?

  • Communication orale
    Approche sociologique de la situation post-accidentelle de l’incendie de Lubrizol Rouen : ressorts de la participation citoyenne dans le processus d’expertise et sa contribution
    Estelle Meslier (Université de Caen)

    Depuis septembre 2019, le risque industriel n’a cessé de se développer dans l’imaginaire collectif des riverains de l’agglomération rouennaise. Certains collectifs et associations citoyennes émergent alors afin d’apporter une réponse aux dissonances cognitives ainsi qu’aux controverses citoyennes qui découlent de cette crise post-accidentelle. Cette présentation vise à mettre en discussion l’évolution du champ des connaissances, sinon des expertises en matière de santé environnementale.


Panel / Atelier

Transitions : le rôle clé des ONG

Salle : Guy-Joron - Secteur Sud — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles

Dîner

Dîner

Salle : Guy-Joron - Secteur Sud — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles

Communications orales

Transition énergétique et styles de vie

Salle : Guy-Joron - Secteur Sud — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles
  • Communication orale
    La bataille pour définir la transition énergétique au Québec : décroissance ou accélération?
    Éric Pineault (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La société québécoise est confronté à un impératif de sortie des hydrocarbures elle a le choix de tenter de remplacer chaque joule sale par une joule propre ou elle peut s'engager dans une descente énergétique qui verra sa consommation par capita baisser. Le premier choix implique de continuer de croitre sur une trajectoire que l'on peut qualifier d'accélérationniste, et mise sur l'innovation technologique et l'investissement privé en infrastructures de production de formes d'énergie décarbonées. Le second choix mise sur la possibilité d'une transformation structurelle de l'économie ainsi que des modes de vie, tout en reconnaissant que des investissements significatifs seront nécessaires, mais on y priorise le secteur public et d'économie sociale. Les défis de l'accélération sont d'ordres matériel et biophysique, tandis que les défis d'une transition décroissante sont surtout d'ordre sociopolitique et culturel. L'objectif de la présentation est d'analyser les trajectoires types du métabolisme énergétique du Québec que l'on peut dériver de ces conceptions contrastées de la transition à partir d'un examen de la situation actuelle, sachant que le gouvernement mise sur l'accélération et qu'il va tenter d'imposer cette perspective dans la nouvelle politique énergétique du Québec, alors que les dernières recommandations du GIEC vont plutôt dans le sens d'une descente.

  • Communication orale
    Conversion, révolution, transition : une réflexion sur le changement culturel lent et discret
    Michelle Dobré (Université de Caen Normandie)

    La nécessité des « ruptures » est une exigence propre de la narration. Pour dire l’histoire de la transformation écologique de nos sociétés, il est besoin d’événements, de ruptures, de conversions brutales. Cette conception du changement qui remonte à l’Antiquité a ses défenseurs. A l’opposé, les « continuistes » proposent une autre vision de l’histoire. La notion de « transition » a introduit, depuis une vingtaine d’années, l’idée d’une continuité possible de notre mode de développement qui l’a emporté sur la planète. Cet optimisme combiné avec l’idée que « nous avons le temps » de changer, constituent une raison du succès inespéré de la « transition » dans les discours institutionnels publics et privés. Mais la « transition écologique » ou « énergétique », qu’est-ce que cela peut bien signifier aujourd’hui? En observateur de ce « débat » depuis trente ans, je me propose d’analyser l’emploi de la notion de transition comme temporisateur universel de la transformation écologique annoncée.

  • Communication orale
    La transition énergétique contre la transition écologique?
    Bastien Fond (Centre Marc Bloch)

    Cette communication propose une analyse comparée des controverses éoliennes en Europe de l’Ouest. Dans les années qui ont suivi l’adoption par l'UE en 2008 d'un paquet climat-énergie, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont massivement augmenté leur production d’énergie éolienne. Planifiée par le haut, cette accélération des transitions énergétiques a toutefois généré de nombreux conflits autour de l’allocation de zones rurales à des parcs éoliens. Notamment, tandis que les éoliennes sont présentées par leurs défenseurs comme des énergies vertes, leurs détracteurs questionnent souvent la pertinence écologique des projets éoliens, mettant en avant que transition énergétique est loin de rimer d'emblée avec transition écologique.

  • Communication orale
    Expérimenter la sobriété : pratiques et imaginaires autour de la crise énergétique
    Maxime Cordellier (Université de Caen)

    La sobriété involontaire annoncée pour l’hiver 2022-2023 interroge les modes de vie des sociétés d’abondance tout autant que les liens de dépendance énergétique relatifs à la mondialisation des échanges. L’observatoire exploratoire des pratiques liées à la crise énergétiques, porté par les laboratoires i-thésé (CEA), CSI (Mines-ParisTech) et CERREV (Université de Caen Normandie), s’est donné pour objectif d’analyser la mémoire des crises passées, les pratiques d’adaptation des ménages à la crise actuelle et les visions de l’avenir énergétique des sociétés. La proposition présentera les premiers résultats de l’enquête réalisée auprès de ménages français, d’abord en identifiant les valeurs associées aux choix/non choix de sobriété. Puis dans un second temps, en décrivant les imaginaires sociaux (effondrement, résilience, solutionniste, continuiste) qui soutiennent les récits d’avenir des enquêtés.

  • Communication orale
    Le consommateur d’énergie : entre injonctions normatives et liberté de choix
    Louis Lasnon (Université de Caen)

    Le gouvernement français attend ainsi des consommateurs d’énergie qu’ils contribuent à l’effort énergétique et climatique en usant de leur responsabilité et de leur liberté à prendre des décisions de manière autonome pour orienter leur consommation en fonction de critères relatifs à la protection de l’environnement ainsi qu’à l’effort national de réduction de la consommation énergétique, en agissant comme des consommateurs citoyens. Mais le consommateur est-il pleinement libre dans sa manière de consommer de l’énergie ?

  • Communication orale
    Précarité et transition énergétiques : stratégies adaptatives et solidarités dans les milieux populaires en France. Vers une heuristique de la pénurie?
    Arnaud Morange (IRTS Institut Régional du Travail Social Normandie-Caen)

    Après avoir dressé un état des lieux de la précarité énergétique des populations vulnérables en France, nous reviendrons sur les capacités adaptatives de ces populations fortement impactées par l’évolution actuelle de l’accès aux énergies. Les stratégies des classes populaires (Ariès, 2015) ou des « gens de peu » (Sansot, 1991), élaborées par nécessité et transmises, sont actuellement favorablement mises en avant (Le Blanc, 2022). Les situations de pénurie contrainte et habituelle des uns peuvent-elles nourrir la réflexion, pour les autres, à propos de la nécessaire sobriété énergétique pour tous ?