Il est reconnu que l’incidence de plusieurs conditions de santé suivent un gradient social. Suivant ce gradient, des individus ou des groupes sont exposés à des conditions sociales, économiques et environnementales difficiles qui, de façon évitable et injuste, se répercutent sur leur santé. Conséquemment, pour être réellement efficaces, les professionnel·le·s de la santé doivent être sensibles aux conditions plus larges dans lesquelles prennent origine les problématiques de santé des patient·e·s qui les consultent puis être enclins à en tenir compte afin d’agir sur ces conditions et sur les iniquités de santé qui en découlent. Un tel constat enjoint les institutions d’enseignement des sciences de la santé à revoir leurs curricula pour une meilleure prise en compte des idéaux d’équité et de justice sociale et environnementale.
Ceci dit, plusieurs auteur·trice·s font état d’un décalage persistant entre les curricula mis en œuvre et les enjeux sociaux contemporains en santé. On souligne comment les éducateur·trice·s peinent toujours à déployer une posture d’enseignement autre, critique du paradigme dominant et intégrant explicitement les idéaux d’équité et de justice sociale et environnementale. Notamment, l’enseignement des déterminants sociaux et environnementaux de la santé demeure enchevêtré dans une perspective biomédicale qui maintient des conceptions déterministes et individualistes des inégalités en matière de santé, limitant l’engagement des étudiant·e·s et freinant le développement de leur pensée critique concernant les enjeux sociaux qui marquent le parcours des patient·e·s.
Des éducateur·trice·s ont réussi à sortir du lot pour développer une pédagogie de la justice sociale se traduisant par des approches et pratiques alternatives (p. ex., recours à l’art et à la philosophie, engagement des patient·e·s et des communautés, stages en communauté) visant à soutenir la transformation des façons d’être, de penser et de faire en santé. Ces approches et pratiques demeurent relativement émergentes, arbitraires et sous-documentées, au détriment de notre compréhension de leurs conditions de succès et des défis que pose leur mise en œuvre. En outre, sur le terrain, œuvrant souvent en marge des systèmes éducatifs dominants en santé, les éducateur·trice·s concernés se retrouvent souvent isolés, trouvant peu d’espaces d’échanges et de collaboration avec leurs pairs et peu de soutien de la part de leur institution.
Ce colloque vise à contribuer de façon inédite à la mise au jour de ces approches et pratiques alternatives, de leurs théories sous-jacentes et de leur contexte de mise en œuvre. Il voudra aussi offrir un espace de parole et de dialogue aux pédagogues, chercheur·se·s, étudiant·e·s et autres acteurs de la santé intéressés par ces questions. Ce faisant, le colloque voudra contribuer à l’opérationnalisation d’une pédagogie de la justice sociale visant la formation de praticiens-penseurs critiques, engagés dans la transformation des pratiques, structures et politiques en santé.
Remerciements
Le comité organisateur souhaite exprimer ses plus sincères remerciements à VITAM - Centre de recherche en santé durable, partenaire financier de cet évènement.