Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Les acteurs de la solidarité internationale (SI) sont de plus en plus confrontés à une vision qui perpétue les inégalités où l’on trouve d’une part des apporteurs de l’aide, issus des puissances du Nord, et d’autre part des bénéficiaires de l’aide, issus du Sud, qui expriment une volonté croissante d’autonomie dans la gestion des actions qui concernent leur population. Depuis l’adoption par l’ONU 2015, la SI est appelée à s’arrimer avec les 17 objectifs de développement durable (ODD) visant l’amélioration des conditions de vie dans une perspective de maintien des écosystèmes pour soutenir l’ensemble de la diversité. Les moyens pour y parvenir relèvent de la valorisation des savoirs des peuples du Sud pour leur redonner le pouvoir sur leur développement et ainsi décoloniser les pratiques de la SI pour plus de coopération respectueuse. Ces moyens ont été renouvelés spécifiquement au milieu humanitaire dans le cadre du Sommet 2016 par l’entremise de la promotion officielle de la localisation de l’aide. L’ampleur de la crise sanitaire de COVID a entraîné un repli du Nord mais aussi des acteurs de la SI et a mis en lumière la capacité des organismes locaux d’agir autrement. Cette situation inattendue encourage à soutenir des projets qui favorisent l’autonomisation et pour lesquels la présence des coopérants et d’acteurs de la SI du Nord ne s’effectue plus dans les mêmes conditions qu’avant la crise. Ces pratiques issues des pays bénéficiaires questionnent la place et le rôle des acteurs internationaux, en ouvrant de nouvelles voies d’action possibles en dehors du système traditionnel. Notre colloque se veut un espace qui souscrit à engager un dialogue appelant à la coconstruction des connaissances pour adopter une posture réflexive critique participant ainsi à la diffusion des variétés de visions du monde et de pratiques liées sous l’optique d’un monde socialement juste, qui implique la décolonisation de la SO et le soutien vers plus d’autonomie des acteurs issus du Sud.
Remerciements :L'OCCAH souhaite remercier l'ACFAS, tous les participants et participantes ainsi que ses partenaires de recherches.
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Caroline Coulombe (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Diane Alalouf-Hall (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Marie-Claude Savard (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Francois Audet (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)
- Yannick Hémond (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Marie-Pierre Leroux (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Mot de bienvenue
Mot de bienvenue de François Audet
La décolonisation des pratiques humanitaires, un long chemin à parcourir
-
Communication orale
Le double paradoxe humanitaire en Afrique centrale : ONG, crises et sociétésFerdinand Mben Lissouck (Université de Yaoundé I)
Les travaux qui traitent de l’assistance humanitaire internationale en Afrique et spécifiquement en Afrique centrale s’intéressent, pour certains, à l’impact de cette assistance sur le vécu des populations-cible et des États. Pour d’autres, l’intérêt est accordée a la dimension géostratégique de l’assistance humanitaire. Pour d’autres encore l’analyse est portée sur les rapports souvent conflictuels entre les organisations dites humanitaires et les États. Cette recherche, qui tire avantage des acquis de la sociologie de la transaction sociale et de l’analyse stratégique en sociologie, pour sa part, s’intéresse à la manière dont les organisations à caractère humanitaire travaillent dans les contextes de crises en Afrique centrale. Elle traite du décalage entre l’efficacité officiellement recherchée de prise en charge des populations victimes des crises et catastrophes et les pratiques quotidiennes des agents d’exécution (largement structurés par la quête effrénée de financements). Ce travail s’appuie sur des données provenant de près de six ans de travail dans le domaine de l’intervention humanitaires au bénéfice des populations refugiées (centrafricains et nigérians) dans l’Est, l’Adamaoua, le Nord et l’extrême-nord du Cameroun ; et des déplacés internes dans l’extrême-nord du pays. Leur collecte s’est faite essentiellement au travers d’une observation directe, d’une observation participante et au travers d’entretiens informels.
-
Communication orale
L’action humanitaire face à l’autonomisation des organisations à base communautaire au Cameroun : entre réticences et pratiques émergentesJean Émile Mba (Fondation Croix-Rouge française)
L'émergence de nouvelles pratiques de solidarité internationale en faveur de l'autonomisation des organisations à base communautaires (OBC), bien qu'encouragée par certains bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux, ne semble pas effective dans la réalité. Entre caricature et passivité dont font l'objet les OBC, plusieurs organisations humanitaires internationales (ONGI) continuent d'entretenir à leur égard une logique de dépendance et d’infantilisation. La présente recherche postdoctorale financée par la Fondation de la Croix-Rouge française, essaie de montrer que le processus d'autonomisation des OBC au Cameroun se trouve coincé entre deux volontés qui semblent s'affronter. Celle impulsée par les bailleurs, favorables aux subventions directes et innovantes en faveur des OBC, pour une véritable transition humanitaire par le bas et celle manifestée par les ONGI, réticentes à l’idée de passer la main aux acteurs locaux.
-
Communication orale
Localisation de la gestion des crises sanitaires au temps de la COVID-19 en GuinéeMaryam Sarr (Chercheure indépendante), Maciré Sylla (Chercheure indépendante), Stéphanie Maltais (Université d’Ottawa), Sanni Yaya (Univesité d'Ottawa)
L’épidémie d’Ebola qui a sévit entre 2013 et 2016 a été un tournant pour la résilience face aux crises sanitaires en Guinée (1). Toutefois, la COVID-19 a mis en lumière des défis persistants dans l’autonomisation des acteurs guinéens. On a répertorié des problématiques comme une gestion centralisée des crises et un manque de capacités (2), une ambiguïté des rôles des parties prenantes (3), des lacunes dans l’implication des parties prenantes, des problèmes de communication et de coordination des partenaires (4), ainsi qu’une instabilité du financement international (3).
Objectif
Nous souhaitions étudier les impacts de la COVID-19 sur l’aide internationale pour la gestion des épidémies en Guinée et voir dans quelle mesure la gestion de la COVID-19 et d’autres épidémies (Ebola, Marburg, etc.) s’étaient faites de façon autonome par rapport aux partenaires techniques et financiers internationaux -
Communication orale
Les ONGs en Haïti et leurs activités : entre contributions et ingérenceAndré Yves Pierre (Universite d'Etat d'Haiti (UEH)), Efterna Kernensie STERLING (Université Fédérale de Mato Grosso (Brésil))
La présence des ONGs en Haïti, comme dans tous les pays du tiers-monde, est de plus en plus accrue. Faisant partie des dernières places dans le classement des pays apauvris, Haïti se trouve dans une situation de grande vulnérabilité, marquée en particulier par des catastrophes naturelles récurrentes, instabilité politique et d’un contexte socioéconomique précaire. Ce qui favorise l'accès aux organisations non gouvernementales. En effet, l’aide internationale à Haïti, sous toutes les formes dans lesquelles elle s’est manifestée, et la présence des ONGs, n’ont pu empêcher l’accélération du processus de dégradation du pays. Leurs interventions en Haïti remettent en question la souveraineté de l'Etat haïtien. Cependant, les ONG peuvent apporter leurs contributions sans porter atteintes aux libertés fondamentales, aux droits fondamentaux et doivent être de concert avec l’État en mettant en pratique la théorie de la complémentarité. Elles ont pour devoir de formuler leur politique de développement en fonction des priorités nationales établies par l'État. En effet, cet article se propose de voir les impacts positifs et négatifs des ONGs en Haïti, et aussi de voir les possibilités de créer un Etat haïtien souverain. Pour réaliser cet travail nous allons utiliser la méthode qualitative et quantitative.
-
Communication orale
Pour une plus grande solidarité et coopération internationale : moderniser et optimiser l’aide au développement du CanadaRobert Letendre (GREDIC), Mario Renaud (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Répondant à l’appel de l’OCDE au Canada d’élaborer une vision et une compréhension moderne de l’efficacité de la coopération internationale, le GREDIC propose la mise en place d’un mécanisme indépendant et spécialisé pour la gestion de l’APD, doté d’un conseil d’administration canadien et international, avec la présence de représentants du ministère pour assurer la cohérence des politiques et l’imputabilité face à la Loi sur la responsabilité en matière d’aide au développement officiel (2008).
Dîner libre
ODD et inclusion
Cette session sur les ODD et l'inclusion des parties prenantes est divisée en deux moments :
(1) Participation de l’enfant dans la décolonisation des pratiques humanitaires
(2) Transition écologique et action humanitaire
-
Communication orale
Entre autonomiser et décoloniser : la double contrainte de la participation de l’enfantJulie Dénommée (Bureau international des droits des enfants)
Depuis quelques années, désirant entreprendre une démarche de décolonisation de son approche, le Bureau international des droits de l’enfant (IBCR) a ainsi recentré sa pratique sur la promotion des droits de l’enfant vu comme un enjeu global de relation de pouvoir où les enfants sont défavorisés, plutôt que comme une pratique de coopération internationale du Nord vers le Sud. Ainsi, des processus visant l’autonomisation des enfants ont été mis en œuvre autant au Québec qu’en Afrique de l’Ouest, misant sur le fait que « l’adultisme » (Caron 2018) continue de caractériser globalement les rapports entre enfants et adultes. Toutefois, malgré l’émergence de ces pratiques de réalignement, on note que la situation actuelle de subordination des enfants constitue un frein à une approche autonomisante qui partirait d’une volonté locale de pays du Sud. Cette présentation à travers l’étude de cas de 3 processus d’autonomisation d’enfants au Sénégal, au Burkina Faso et au Québec, pose la question de la possibilité d’approches décolonisatrices en droits de l’enfant. Alors que l’appui direct à des groupes d’enfants qui exprimeraient leur volonté et leur pouvoir d’agir reste limité par leur statut même de subordonné.es, à la différence de la collaboration avec d’autres groupes marginalisés telles les femmes ou les autochtones qui peut être direct, quelles approches utiliser pour travailler en droits de l’enfant, entre relations inégales Nord-Sud et relations inégales adultes et enfants?
-
Communication orale
Les organisations non-gouvernementales locales et la domesticité infantile en Haïti : perceptions et stratégies d’interventionStéphanie Tourillon-Gingras (UdeM - Université de Montréal)
En Haïti, la domesticité infantile est une pratique selon laquelle un enfant est confié par ses parents à une famille d’accueil, avec l’espoir qu’il puisse accéder à une meilleure qualité de vie, en échange de services domestiques rendus quotidiennement. Pour la communauté internationale, cette pratique correspond à de l’esclavage moderne, ce qui l’inscrit dans une des pires formes du travail des enfants. Toutefois, sur le terrain, des nuances sont émises quant à la nature du phénomène. Les résultats de recherche soulèvent des nuances dans la lutte contre la domesticité infantile en Haïti, où les solutions et interventions proposées, financées et soutenues par les bailleurs de fonds internationaux ne font qu’effleurer en surface les causes de la pratique. Peu d’ONG locales parviennent à obtenir du financement pour réaliser des actions durables qui correspondent aux réalités du terrain. Plusieurs doivent faire des concessions, en adoptant le discours et les stratégies d’intervention financées par les bailleurs de fonds, leur permettant ainsi de financer des activités s’inscrivant davantage dans leur vision de la lutte contre la domesticité.
-
Communication orale
Objectifs de développement durable et solidarité internationale : paradoxes ou compromis?Sara Farley (UQAM - Université du Québec à Montréal), Katherine Robitaille (Université Laval)
Comment déconstruire la posture universaliste que l’ONU propose à travers les ODD comme cadre référentiel à la solidarité internationale? Pour enrichir les réflexions critiques vis-à-vis des ODD, cette présentation opte pour un cadre théorique reposant sur la pluriversalité, proposé par Escobar (2018) et une analyse critique de discours des 17 ODD. L’analyse de discours semble démontrer que la conceptualisation des ODD est le reflet d’une configuration unimondiste des enjeux sociaux (Briant Carant, 2017). Révéler, réévaluer et démanteler les structures et les discours coloniaux pour mettre en lumière l'hégémonie déployée à travers des pratiques coloniales particulières et exposer les tactiques d'oppression implicites en contexte de solidarité internationale parait indispensable (Saltana, 2022). La richesse de cette présentation réside donc dans la mise en relief non seulement de l’idéologie sous-jacente de la constitution et de la mise en œuvre des ODD, mais aussi dans l’analyse, depuis une perspective pluriverselle, de la terminologie utilisée à schèmes interprétatifs dominants. En conclusion, nous proposons des éléments de réflexions sur les visions du monde plurielles devant les préoccupations structurelles profondes.
-
Communication orale
Concilier impératif humanitaire et transition écologique dans d’anciens territoires colonisés : le cas des ONG françaises de solidarité internationaleVincent Pradier (IAE de Paris)
Le sixième rapport d’évaluation du GIEC démontre que « l'influence humaine a réchauffé l'atmosphère, les océans et les terres (et va entraîner) des changements rapides et généralisés dans l'atmosphère, les océans, la cryosphère et la biosphère » et que « la vulnérabilité des écosystèmes et des populations au changement climatique varie considérablement d'une région à l'autre […], sous l'effet […] des schémas historiques et permanents d’inégalités tels que le colonialisme » (IPCC, 2022, p.14 ). Sont particulièrement concernés par ces nouvelles vulnérabilités les pays considérés par l’OCDE comme moins avancés (les PMA) ou en développement (PED). Appréhender comment, sur certains de ces territoires déjà durablement dégradés économiquement, socialement – voire démocratiquement – des organisations gèrent le facteur aggravant du réchauffement climatique sur les vulnérabilités, nous semble donc intéressant.
C’est particulièrement le cas des organisations non gouvernementales (ONG) de solidarité internationale, qui, comme toutes les organisations occidentales, sont appelées, par la Convention-Cadre des nations unies sur les changements climatiques (CNUCC) à réduire leur empreinte dite environnementale.
Actrices du temps long, comment la dimension exponentielle et systémique de la crise climatique et environnementale transforme-t-elle l’outillage gestionnaire des ONG occidentales de solidarité internationale ?
Décolonisation et approches féministes
-
Communication orale
La santé et les droits sexuels et reproductifs en situation de crise humanitaire : enjeux et bonnes pratiques féministesJanyck Beaulieu (Université d’Ottawa), Rosalie Laganière-Bolduc (Praticienne du secteur de la solidarité internationale), Axel Pueugue (Université d'Ottawa)
Il est estimé que 32 millions de femmes et filles* vivent en contexte humanitaire. 12 millions d’entre elles donnent naissance dans ce contexte et que parmi ce nombre, 500 décèdent chaque jour de complications liées à l’accouchement. Selon l’OMS, en 2018, parmi les dix pays avec le taux de mortalité maternelle les plus élevés, huit sont touchés par des conflits en cours ou récents. En outre, dans l’ensemble du contexte humanitaire, en moyenne chaque année 3,2 millions de femmes et d’adolescentes ont un avortement non-sécuritaire (Desrosiers et al., 2020). Ces données mettent en exergue le caractère déterminant du genre dans les situations de crise humanitaire, notamment en ce qui concerne les enjeux de santé et de droits sexuels et reproductifs (SDSR). Cependant, ces données ne nous renseignent notamment pas sur comment les besoins différenciés et intersectionnels des femmes et des filles* sont traités dans les crises humanitaires. Cette recherche tentera de combler ce vide en identifiant les efforts déployés par les organisations humanitaires pour améliorer leurs réponses aux problématiques différenciés et intersectionnels de SDSR en contexte de crise humanitaire. Les questions de recherche qui structurent notre démarche sont les suivantes : Quels sont les enjeux en matière de SDSR en contexte humanitaire soulevés dans la littérature et quelles pratiques pour répondre à ces enjeux pouvant être qualifiées de féministes sont utilisées par les organisations humanitaires?
-
Communication orale
La colonialité de l’expertise en genre dans le secteur du développement international canadien : renouveler nos savoirs et pratiques en matière d’égalité de genreVéronique Plouffe (Université d’Ottawa)
Bien que l’on parle de ‘décoloniser’ l’aide internationale depuis quelques années, des réflexions sur ce que cela signifie pour le travail en matière d’égalité de genre dans ce secteur ont été plus limitées. Basée sur une recension des écrits, une analyse de contenu, ainsi que mon expérience en tant qu’’experte’ en genre, cette présentation propose une analyse féministe décoloniale de l'expertise en genre dans le secteur du développement international canadien. Dans un premier temps, j’argumenterai que l'expertise en genre, malgré sa rhétorique féministe, produit et reproduit des connaissances et des pratiques standardisées, technocratiques et dépolitisées, et imbriquées dans des logiques coloniales, néolibérales et hétéronormatives, entre autres. Dans un deuxième temps, je présenterai quelques pistes de réflexion concernant des alternatives potentielles fondées sur des perspectives féministes autochtones, noires, racialisées et queers du Sud et du Nord.
-
Communication orale
Une responsabilisation collective pour la réduction des inégalités de carrière au sein des organisations canadiennes de coopération internationaleIsabelle Auclair (Université Laval), Sophie Brière (Université Laval), Stéphanie Maltais (Université d'Ottawa), Jade St-Georges (Université Laval)
Les quelques études sur la carrière soutiennent que les personnes qui travaillent dans le secteur de la coopération et solidarité internationale et de l’action humanitaire rencontrent divers enjeux et obstacles qui ont des impacts sur la santé (physique et psychologique) des travailleurs et travailleuses (Brooks et coll. 2015). Les études soulèvent également que le manque de soutien à la carrière se traduit – notamment - par une insécurité d’emploi, un manque de ressources consacrées à la gestion des ressources humaines et l’interchangeabilité des personnes dans la réalisation des projets, ce qui a également des impacts sur leur rétention et leur progression de carrière (Bogacz-Wojtanowska, Peter-Bombik et Wrona 2018). Les études soutiennent par ailleurs que les femmes, les personnes noires et racisées et les personnes des Suds vivent davantage de discriminations, de harcèlement et de traitements inégalitaires. Dans ce contexte, une recherche qualitative s’appuyant sur la méthodologie du design based research a été entreprise pour répondre à la question suivante: Selon les approches féministes intersectionnelles et d’inclusion, quelles pratiques les OCI et les différentes parties prenantes doivent-elles mettre en place pour assurer une meilleure rétention et gestion de carrière des personnes?
-
Communication orale
Approches féministes en coopération internationale : pistes de co-apprentissages entre la recherche et la pratiqueJade St-Georges (Université Laval)
Je propose de venir approfondir une réflexion que j’ai amorcée dans le cadre d’un article qui fut publié dans Un Seul Monde (St-Georges, 2022). Plus spécifiquement, je propose d’aborder les enjeux communs entre la recherche en coopération internationale et les pratiques des organisations, et les pistes de co-apprentissage. Au moment du colloque, j’aurai réalisé ma deuxième phase de collecte de données. Ma thèse cherche répondre à la question suivante : Comment sont mises en place des pratiques de gestion féministes intersectionnelles et à visée décoloniale au sein des organisations de coopération internationale ? La recherche s’inscrit dans un cadre théorique et méthodologique féministe intersectionnelle à visée décoloniale qui prend en compte l’analyse de l’imbrication des systèmes d’oppression (Hill Collins, 2000) et les impacts des processus coloniaux sur la gestion de la coopération internationale (Verschuur, 2019)
Atelier de discussion : décolonisation des méthodes de recherche en science
Cet atelier portant sur la décolonisation des méthodes de recherche en science est divisé en deux moments : (1) une période de présentation de quatre initiatives et (2) un atelier de discussion avec la salle. Les questions abordées avec la salle seront :
- Quelle place pour la recherche participative dans la décolonisation des pratiques de recherche ?
- Quels outils pour la décolonisation de la recherche ?
-
Communication orale
L’approche du ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF) pour définir le Nouveau programme Québec Sans FrontièresAlain Scrosati (Ministère des Relations internationales et de la Francophonie)
Le nouveau programme Québec sans frontières a été lancé en mai 2021. Nous vous proposons de suivre le cheminement qui a conduit à la naissance de ce programme et partager quelques pistes de réflexion pour son avenir. En mai 2019, le MRIF abordait un vaste chantier de révision de l’ensemble de ses programmes de solidarité internationale : Québec sans frontières – le Programme québécois de développement international et le Programme d’éducation à la citoyenneté mondiale. Une approche de concertation inclusive et participative de différents acteurs de la solidarité internationale a été choisie par le MRIF pour y parvenir. L’Association québécoise des organismes de coopération internationale, des organismes de coopération internationale, des organismes de la société civile de pays partenaires, des institutions d’enseignement ont été consultées pour qu’ils puissent partager leur vision d’un programme qui répondrait davantage à leurs besoins. Cette approche a permis la mise sur pied d’un programme que l’on souhaite le plus possible « du bas vers le haut ». Le résultat a conduit à la fusion des différents programmes de solidarité en un seul. Un tournant majeur pour soutenir davantage la réalisation de la mission des organismes plutôt que des projets à la pièce. Une mode de financement qui offre plus de flexibilité, de souplesse et de prévisibilité pour l’ensemble des intervenants engagés dans des actions de solidarité internationale. s.
-
Communication orale
10 ans d’engagement pour la recherche humanitaire : retour d’expérience de la Fondation Croix-Rouge françaiseVincent Leger (Fondation Croix-Rouge française)
Ces dix dernières années, les initiatives de recherche se sont multipliées dans le secteur humanitaire. Elles prennent des formes très diverses, que ce soit leur forme institutionnelle, les modalités de soutien et de collaboration avec le secteur académique qu’elles proposent (recrutement de chercheurs, financements…) ou bien les thématiques de recherche qu’elles abordent.
Ce nouveau phénomène a été relativement peu étudié ou commenté, à quelques exceptions près (Alternatives humanitaires, Recherche et humanitaire : les défis d'une collaboration, N° 17, Juillet 2021). Pourtant, ces collaborations entre acteurs humanitaires et chercheurs ne sont pas courantes et soulèvent de nombreuses questions épistémologiques, méthodologiques ou encore éthiques.
A l’occasion de son 10ème anniversaire en 2023, la Fondation Croix-Rouge française souhaite partager dix ans d’expérience sur la recherche en science humaine et sociale dans les domaines de l’action humanitaire et sociale, engager une réflexion sur une tendance du secteur et contribuer aux débats tant scientifiques qu’institutionnels.
L’enjeu est en effet de penser collectivement le futur des collaborations entre secteurs académique et humanitaire en anticipant les failles et les besoins face aux défis sociétaux que les organisations, comme les chercheurs devront relever. C’est l’objet de cette contribution, qui sera construite en trois temps.
-
Communication orale
La recherche partenariale avec le CECI – illustration du programme d’internationalisationDiane Alalouf-Hall (UQAM - Université du Québec à Montréal), Myriam Ben Dahmen (UQAM), Caroline Coulombe (UQAM), Sylvain Matte (CECI)
Cette communication présente la relation de recherche partenariale pour observer la stratégie d’internationalisation CECI. Les résultats de cette étude, réalisée au moyen d’une méthodologie mixte composée de 12 entretiens semi-dirigés et d’un sondage auprès de 38 répondants, démontrent que le siège social du cas présenté déploie une volonté vers des nouvelles représentations Nords-Suds.
Dîner libre
Décolonisation des savoirs et des épistémologies
-
Communication orale
Enjeux de l'hybridité des identités culturelles dans le cadre des projets humanitairesKarine Rajoelisolo Debergue (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Cette étude porte sur les enjeux de l'hybridité des identités culturelles dans le cadre des projets humanitaires.
Pour mener cette réflexion, nous nous sommes appuyés sur les recherches existantes dans plusieurs disciplines, notamment, la sociologie, la psychologie sociale, les études en communication interculturelle, en relations internationales, en coopération internationale et en humanitaire. Nous avons ainsi retenu une cinquantaine d’articles portant sur des concepts centraux de nos travaux : l’identité culturelle, les échanges interculturels, les compétences interculturelles, les travailleurs humanitaires et le secteur humanitaire.
Nous nous intéressons aux relations entre les volontaires et les destinataires de l’action humanitaire. Nous comprenons que, loin d’être hermétiques, leurs mondes sont ouverts et interconnectés. Comme tout autre environnement socio-culturel, ils évoluent dans des zones de négociation culturelle perpétuelle, d'où émergent des identités complexes. Ces identités culturelles sont hybrides puisqu’elles combinent des influences multiples. Nous les présentons ici comme des sources d'enjeux majeurs lors de la rencontre entre les intervenants humanitaires et les populations cibles.
Nous discuterons de la manière dont ces enjeux naissent. Nous décrirons également ceux que nous considérons comme les principaux enjeux - identitaires, relationnels et éthiques - et décortiquerons la manière dont ils peuvent influer sur l’intervention humanitaire.
-
Communication orale
Les fondements de l’anthropologie africaine et l’autonomisation des pays en développement dans la conception des projets nationauxConstantin Alang (Centre d'Etude et de Recherche en Sciences Sociales ( CERESS))
Il est question d’orienter les fondements de l’anthropologie africaine sur la puissance culturelle des communautés locales, question de définir le développement basé sur les réalités locales. Il se trouve aujourd’hui que tout développement conçu par les occidentaux parait être étranger aux africains ne général et aux camerounais en particulier. Etre étranger aux procédures d’un développement donné c’est de ne pas maitriser les réalités qui s’imposent. Ceci veut dire que l’anthropologie africaine voudrait que les procédures de développement selon la culture locale puissent intégrer l’ingénierie territoriale, la protection des intérêts économiques et sociaux de la population ; et aussi, à mobiliser les potentialités et les ressources existant sur leur territoire. Il est question de procéder au repérage d’un système de valeurs, de croyances, de représentations propres à la mise en place des actions sur un territoire camerounais. L’objectif de cette recherche est de soutenir l’autonomisation de la société camerounaise en termes d’intégration de l’ingénierie et de la culture locales, surtout dans les projets de développement à réaliser.
Le Cameroun ne rejette pas le développement, mais il se trouve que sa culture est ignorée dans les programmes de transformations locales pensées depuis l’extérieur.
-
Communication orale
La valorisation de la place des savoirs endogènes et leurs contributions dans les procédures de la construction du développement au CamerounPrudence Jose EBOLE MASSEY
L’utilisation des savoirs endogènes nous permet de passer au scanner les multiples projets de développement réalisés en Afrique en général et au Cameroun en particulier, et de voir qu’ils n’ont pas atteint les résultats escomptés. Les investisseurs occidentaux et autres bailleurs de fonds ont juste pensé que l’Afrique a des problèmes liés à la lente croissance économique, à l’instabilité, au sous-emploi, aux inégalités, à la monoproduction, à la dépendance économique et politique. Sur ce, ils ont élaboré des projets clé à main, c’est-à-dire des projets n’ayant aucune réalité avec le vécu des populations. C’est dire que ces projets ont été conçus au mépris des savoirs endogènes et de la valorisation de l’intelligence culturelle des africains en général et du Cameroun en particulier. En effet, les acteurs de ces projets ont oublié que le développement passe également par la valorisation de la richesse culturelle et traditionnelle d’un peuple, la prise en compte des fondements de l’anthropologie africaine. Au Cameroun, on observe que la batterie de programmes de développement mis en œuvre, n’ont pas contribué à la construction d’une nation forte et entreprenante, tout simplement parce que la racine culturelle du peuple reste ignorée et falsifiée. L’objectif de cette étude est de mener une réflexion critique sur les projets et programmes de développement conçus, élaborés et réalisés au Cameroun sans la prise en compte de l’intelligence culturelle et traditionnelle du peuple.
-
Communication orale
Décolonisation des savoirs et injustices épistémiques en solidarité internationaleElisanne Pellerin
Les méthodes et savoirs utilisés en solidarité internationales par l’Occident ont été trop longtemps reconnus comme étant les seuls valides, ce qui a eu pour cause d’invalider les méthodes novatrices apportées par les acteurs locauX. La présente communication propose d’expliquer les différents concepts en lien avec les injustices, les violences épistémiques et les injustices structurelles et de faire le lien entre ces concepts et la solidarité internationale. Nous croyons nécessaire de reconnaitre les injustices pour pouvoir les corriger. Nous proposons de montrer que la décolonisation des savoirs et de la monoculture de la solidarité internationale passent par la reconnaissance des agents connaisseurs des Suds et de leur expertise dans leurs propres pays. Il faut revoir la conception de la solidarité internationale pour accorder une crédibilité aux alternatives locales et comprendre les dangers d’une conception universelle et mondiale imposée aux suds (Santos 2007). La nouvelle solidarité internationale doit également inévitablement se faire par la reconnaissance de transmission des savoirs qui est bilatérale et non seulement unilatérale entre les Nords et les Suds. C’est finalement par une reconstruction des structures profondes de l’épistémologie que se trouve, selon nous, l’avenir de la solidarité internationale, beaucoup plus à l’écoute des propositions et du savoir-faire non occidental.