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Informations générales

Événement : 90e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 600 - Colloques multisectoriels

Description :

Cela fait maintenant 20 ans qu’a été lancé dans l’espace public l’appel explicite à une décroissance de l’économie dans nos sociétés. Dans un premier temps, c’est surtout la question de savoir pourquoi mettre un terme à la croissance économique qui a été explorée par les chercheur·e·s. Alors que cette idée ne cesse de gagner du terrain dans les débats sur la durabilité, il est nécessaire de se pencher davantage à présent sur la question du « Comment ? ». Ce colloque sera l’occasion d’avancer dans cette direction. Nous tenterons d’y répondre par la question suivante : « Que répondre, et de quelles manières, aux questions relatives à la mise en œuvre de la décroissance ? »

Dates :

Format : Sur place et en ligne

Responsables :

Programme

Communications orales

Conférence d’ouverture

Salle : Shawinigan - Secteur Nord — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles
  • Communication orale
    Comment construire une politique de décroissance ?
    Michel Lepesant (Maison commune de la décroissance)

    Au-delà d’une réduction – énergétique, matérielle et économique - de la production et de la consommation, une définition politique de la décroissance devrait affronter le défi du « régime de croissance », celui de décoloniser les imaginaires.

    Régime de croissance à définir d’abord comme « hégémonie » qui s’exerce par un « monde » (modes de vie, individuelle et sociale), une « éthique » (« normes » du plus, du nouveau et du vite) et dont il faudra assumer l’« héritage » (« communs négatifs »).

    Mais ce régime, c’est aussi l’emprise d’une « forme » – celle de l’horizontalité (juxtaposition, équivalence, neutralité…) – qui fait courir à la décroissance politique le risque des « petits gestes » et des « îlots de résistance », coupés de la perspective d’une Grande politique.

    C’est pourquoi, parmi tous les « comment » de la décroissance, peut-être faut-il donner priorité politique à celui qui permettrait à tous ceux déjà existants de se confronter : à partir d’un lieu – territorial, temporel, institutionnel – de discussions, de controverses, pour espérer « réhabiter » notre imagination politique dans une perspective post-croissante.

    D’où la proposition d’une carte qui partirait des « frottements » vécus sur le terrain pour ranger et visionner les initiatives décroissantes selon 4 axes : a) territoires du Commun ; b) temporalités rapprochées ; c) institutions rééchelonnées ; d) conduites réajustées.


Communications orales

Agir, mais contre quoi ?

Salle : Shawinigan - Secteur Nord — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles
Présidence : Jérémy Bouchez
  • Communication orale
    Une herméneutique des nuisances comme propédeutique à la décroissance
    Louis Marion (Polémos)

    La décroissance ne se réalisera pas grâce à l’organisation de colloque universitaire sur la décroissance. Ce qui ne signifie pas qu’il faille renoncer au travail d’identification des principaux obstacles politiques, historiques et sociologiques à dépasser ou neutraliser pour que s’objective, avant l’effondrement de la société industrielle, un mode d’organisation sociale post croissance.

    Nous défendrons l’idée que les obstacles à l’émancipation, vis-à-vis de la domination politique du capitalisme néolibéral, ne sont pas seulement de nature psychologique, économique, culturelle, mais sont aussi liés au fait que le sens et la politique, c’est-à-dire le domaine ontologique de la signification, des idées, des débats, est de plus en plus noyé par le monde de la technique et de la communication globalisée.

    Dans cette perspective, le confort, le niveau de vie et la délivrance que permet le capitalisme industriel ne seront plus considérés comme les principales raisons de nos difficultés, ou faiblesses, face au changement que prône la décroissance. Il s’agit aussi de considérer le statut et la réalité de la prise objective que les individus et les collectivités ont sur les mécanismes de reproduction technique et matérielle de la société.

    Nous soutiendrons que certaines contraintes liées à l’objectivation de la décroissance seraient également à rechercher du côté des processus de la privatisation continue des communs, et de la justification de l’imaginaire prométhéen par le factuel.

  • Communication orale
    De la nécessité de penser le déchet
    Ambre Fourrier (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Les discours sur le développement durable, la croissance verte et ceux de l’économie circulaire ont participé largement à requalifier le déchet en fonction de son potentiel « exploitable » à partir des différents matériaux qui le compose. Cela s’illustre aujourd’hui par le fait que ce terme tend à disparaître du vocabulaire pour être remplacé par d’autres terminologies telles que « matière recyclable », « matière secondaire », « matière résiduelle », etc.

    Partant de ce constat, nous soutiendrons que cette requalification de nos déchets en « matière » n’a rien de transformateur du point de vue symbolique et matériel. Nous affirmerons qu’elle nous maintiendrait plutôt dans une logique extractive propre au capitalisme. En effet, nos objets jetés deviennent alors des « fétiches » (Marx, 1867) recyclables invisibilisant ainsi le rapport social à l’œuvre qui permettra leur circularisation.

    Cet argument nous permettra d’interroger les discours qui mettent l’accent sur une société sans déchet (Monsaintgeon, 2017). La poubelle doit-elle devenir un lieu totalement maîtrisable par l’industrie ou faut-il conserver un certain contrôle sur cet espace intime dans lequel nous déposons nos restes ? Comment concevoir une autonomie collective dans la gestion de nos déchets qui ne soit pas dominée par un impératif productiviste et techniciste ? A ces questions, il nous semble que le mouvement de la décroissance doit apporter des réponses singulières, que nous tenterons d’esquisser.

  • Communication orale
    La gouvernance et la résilience comme technologies de maintenance de la Mégamachine. Une autre critique de la technique
    Noémi Bureau-Civil

    La critique de la technique (Anders, Ellul) et de la recherche scientifique qui la produit (Freitag, Grothendieck) précède le mouvement décroissanciste et s’avère l’une de ses composantes les plus originales, particulièrement au Québec. Dans leurs ouvrages, les chercheurs Louis Marion et Yves-Marie Abraham nous rappellent l’importance de cette critique en la réactualisant et en démontrant l’emprise grandissante qu’a la Mégamachine sur le vivant, d’où le besoin vital de s’en émanciper. Cet exposé ne se penchera pas directement sur le Monde-machine, mais plutôt sur deux technologies sociales d’apparence inoffensive qui le maintiennent subtilement mais funestement en place : la gouvernance (Deneault, 2013) et la résilience (Ribault, 2021). Il sera question de démontrer pourquoi réfléchir le « comment? » de la décroissance mérite que l’on poursuive le travail de diagnostic critique sur la technique, notamment en débusquant, pour mieux leur résister, ces deux technologies de fabrication du consentement. Les pièges de la gouvernance et de la résilience - ainsi que leurs mantras d’empowerment, de participationnisme, de partenariats entre parties prenantes consentantes - qui produisent l’illusion de re-démocratiser la prise de décision, alors qu’ils participent de la technocratisation du Monde, doivent être identifiés, désamorcés et dépassés. Cet exercice de déboulonnage semble nécessaire, pour faire société plutôt que système, pour vivre plutôt que fonctionner.


Communications orales

Agir, mais comment ?

Salle : Shawinigan - Secteur Nord — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles
  • Communication orale
    La science de la complexité : une boussole pour naviguer vers un monde décroissant
    Bastien Boucherat (UdeM - Université de Montréal)

    La décroissance articule des problématiques à la fois larges, complexes, et interdépendantes, et dont le périmètre englobe aussi bien les systèmes techniques, économiques, sociaux, et environnementaux.

    C’est là sa force et son originalité, mais face à un diagnostic aussi riche, par où commencer pour faire advenir un monde décroissant ? La science de la complexité vise précisément à fournir des outils conceptuels afin d’appréhender de manière structurée les systèmes complexes et leur évolution, et nous semble tout indiquée pour apporter un éclairage pertinent sur la question du « comment » pour la décroissance.

    Comment les actions à poser peuvent-elles être à la hauteur de l’enjeu ? Comment distinguer une potentielle réforme révolutionnaire d’une impasse ? Où concentrer nos efforts prioritairement pour rendre effectif un changement radical ? Nous tenterons de répondre à ces questions au prisme de la complexité.

    Après avoir exposé les caractéristiques les plus remarquables des systèmes complexes, nous explorerons leurs implications en termes de stratégie pour amorcer et poursuivre notre chemin vers un monde décroissant. Nous identifierons entre autres quelques mises en garde, ainsi qu’une liste de repères pour guider notre action dans un monde incertain, ou encore des domaines d’étude qui semblent pertinents pour nourrir l’approche décroissanciste. Nous illustrerons notre propos à l’aide d’exemples issus des sciences naturelles et sociales, tout en les reliant à la décroissance.

  • Communication orale
    La décroissance à travers une recherche-création en design discursif : récits et artéfacts du futur
    Sophie Coulombe (UQAM), Éric Desforges (Université Laval), Claudia Després (Université Laval)

    Dans un monde dont nous touchons aujourd’hui les limites et dans lequel la responsabilité du designer est remise en question puisque ce dernier se trouve au cœur de systèmes non soutenables et au service quasi exclusif de la production et de la consommation; comment (re)mettre la démarche créative du designer (et son enseignement) au service du bien commun ?

    Les approches existantes en design nous semblent aujourd’hui trop timides face à l’urgence d’agir. En ce sens, nous avons développé un projet de recherche-création en design discursif. Ce dernier est avant tout une approche de création de discours à travers l’objet matériel. Par la création d’artéfacts tangibles, il matérialise certains aspects d’une réalité alternative pour générer un débat, offrir de nouvelles perspectives et/ou encourager un changement d’attitude, de perception ou de trajectoire.

    Notre objectif est de proposer de nouveaux récits face à la crise écologique mondiale, mais aussi à la crise de sens qui touche différents acteurs de la croissance. Notre projet s’inscrit en adéquation avec l’objectif de « stimuler la création de nouvelles “significations imaginaires sociales” par la matérialisation d’alternatives inspirantes en complète rupture à l’égard de la course à la croissance ». Par cette communication, nous souhaitons soumettre notre projet et ses appuis théoriques à la discussion avec des acteurs et chercheur-es de la décroissance afin d’enrichir notre processus créatif.

  • Communication orale
    L’autonomie comme stratégie d’organisation : principes, défis et pistes de réflexion
    Julie Coquerel (HEC Montréal), Adrien Jean-Pierre (HEC Montréal), Léandre Plouffe (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    L’autonomie a occupé une place importante dans les mobilisations de gauche au cours des dernières décennies. Bien que les définitions de l’autonomie varient selon les contextes dans lesquels les mobilisations se déroulent et les priorités stratégiques des acteurs et des actrices concerné-e-s (Geay, 2009), les initiatives autonomes cherchent généralement à s’organiser en dehors des paramètres imposés par le capitalisme et l’État, tout en mettant de l’avant de nouvelles formes de vie (Böhm, Dinerstein & Spicer, 2010 ; Federici, 2022).

    Notre communication, qui empruntera une forme participative avec des éléments théâtraux, vise à interroger l’autonomie comme stratégie d’organisation, en nous demandant comment cette dernière peut contribuer aux luttes actuelles sur des fronts tels que l’écologie, le féminisme, l’antiracisme et le droit au logement.

    Nous mettrons d’abord en lumière quelques principes au cœur de l’idée d’autonomie, ainsi que les défis auxquels se butent les initiatives qui la mettent en pratique (Berlan, 2021). Nous partagerons ensuite des pistes de réflexion articulées autour de trois axes, soit la nécessité de la praxis (Lepesant, 2013 ; Castoriadis, 1975), l’inter-dépendance matérielle et émotionnelle (Spade, 2020), puis les formes d’apprentissage et les imaginaires qui encouragent l’émergence et la pérennité des initiatives autonomes (Sutherland, Land & Böhm 2014).


Dîner

Pause repas

Salle : Shawinigan - Secteur Nord — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles

Communications orales

S'attaquer aux institutions?

Salle : Shawinigan - Secteur Nord — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles
Présidence : Louis Marion (Polémos)
  • Communication orale
    Déséconomiser le droit privé : à la recherche des fondements juridiques d’une décroissance soutenable
    Pascale Cornut St-Pierre (Université d’Ottawa)

    Cette proposition vise à présenter les bases d’un programme de recherche en cours d’élaboration sur la décroissance et le droit privé. L’ambition est d’explorer comment une proposition radicale, et pour le moment largement utopique, d’une société qui ne serait plus axée sur la croissance économique pourrait se matérialiser dans des dispositifs juridiques concrets, susceptibles de reconfigurer les liens que nouent entre eux les multiples êtres vivants et non-vivants qui composent nos écosystèmes. Ces liens sont actuellement appréhendés, juridiquement mais aussi socialement, au prisme d’institutions fondamentales du droit privé, tels le contrat, la propriété, la personnalité physique ou morale, les sûretés, etc., qui ont chacune leur manière de circonscrire le champ des relations justes, utiles ou même concevables entre les êtres. Ces institutions ont une histoire longue, aux origines parfois aussi lointaines que le droit romain, et ont subi à travers les âges des transformations successives leur permettant de servir des sociétés dont les valeurs, les imaginaires et les modes d’organisation ont grandement varié. Le droit privé regorge ainsi de dispositifs juridiques malléables qui, antérieurs aux sociétés axées sur la croissance économique, pourraient plausiblement façonner les sociétés « post-croissance » de demain.

  • Communication orale
    De l’insoutenable inégalité des sociétés de croissance : comment la post-croissance pourrait s’installer comme un nouveau paradigme de justice distributive
    Charles Duprez (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La capacité d’allier diminution des activités économiques et réduction des inégalités fait particulièrement l’objet de critique et demande un travail d’approfondissement sur la place de la justice sociale dans les propositions de post-croissance.

    La notion de société de croissance, enrichie par le concept pikettien de Régime d’Inégalités peut permettre d’apporter un nouveau regard sur cet enjeu en montrant comment la croissance sert à justifier les inégalités sociales.

    Penser les inégalités en termes de régime permet à la fois de révéler la structuration des inégalités, mais aussi leurs trajectoires et les idéologies qui les sous-tendent. Sortir de la croissance économique revient, de fait, à changer de régime d’inégalités.

    En nous servant de ce cadre d’analyse, nous pouvons dessiner les contours d’un régime d’inégalité post-croissance et étudier les continuités et les ruptures avec les régimes inégalitaires actuels. Notre recherche montre que les propositions politiques en faveur de la post-croissance s’alignent globalement avec les principes rawlsiens de la justice distributive. Nous montrerons aussi que le système de valeur de la plupart des sociétés occidentales repose également sur les préceptes de Rawls.

    Pour que la post-croissance soit perçue comme juste, ce diagnostic nous amène alors à conseiller aux théoriciens de la post-croissance de soutenir les propositions de « réformes révolutionnaires » compatibles avec la justice rawlsienne et d’en expliciter le choix.

  • Communication orale
    Administrer la décroissance?
    Simon St-Georges (UdeM - Université de Montréal)

    Quel rôle pour l’administration publique dans la mise en œuvre d’une décroissance soutenable ? Cette question est peu discutée dans la littérature, qui développe rarement une théorie de l’État. Le rôle de l’administration publique est néanmoins incontournable, tant pour l’opérationnalisation de la décroissance que sa conception utopique. Afin d’en cerner les principes normatifs, nous analyserons la cohérence entre la décroissance, la décentralisation des pouvoirs et le maintien d’une structure administrative. Nous aborderons la littérature sur l’administration de la démocratie directe et de certains communs et proposerons un spectre conceptuel. D’un côté, avec l’anarchisme de Bookchin comme inspiration, il ne pourrait y avoir de séparation entre le processus révolutionnaire et l’objectif révolutionnaire : « une société basée sur l’auto-administration doit être réalisée au moyen de l’auto-administration » (1974 : 167). À l’inverse, la décroissance pourrait théoriquement accorder un rôle à l’État, notamment pour bénéficier de l’administration publique moderne. Nous envisagerons comment la fonction publique peut participer à sa propre décroissance : atteindre une plus petite taille tout en collaborant à l’avènement et au maintien de communs.


Communications orales

De la nécessité d'un travail sur soi?

Salle : Shawinigan - Secteur Nord — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles
  • Communication orale
    La décroissance de soi : réflexions pour une subjectivité décroissanciste et enracinée
    Pascale Devette (UdeM - Université de Montréal)

    Comment et pourquoi la personne accepterait-elle de se diminuer afin de laisser la place à autrui ou à autre chose qu’elle ? En filigrane ce questionnement, cette présentation cherche à proposer le concept inédit de « décroissance de soi ». Il s’agira, à partir des travaux de Simone Weil et d’autres précurseur.e.s de la décroissance (notamment Illich et Gorz), de saisir dans la décroissance un certain rapport au monde, par lequel l’individu arrive à modifier sa perception afin de ne pas s’y mettre au centre. Cette modification de la perception permet d’approcher le monde, ses enjeux et ses besoins, sans nécessairement partir de soi, mais, au contraire, en portant son attention ailleurs. Dans ce processus, la pensée se « décolonialise » (Latouche 2004), dans le sens où elle n’impose plus de significations préconçues sur les choses et les êtres, mais au contraire, les reçoit pleinement dans leur apparition (Weil 1966 : 92-93). L’apprentissage de l’attention a une grande importance pour la société. En effet, pour Weil l’attention permet aux individus de voir par-delà les normes sociales en s’arrachant momentanément au désir de prestiges, notamment ceux associés au productivisme et à la consommation (Weil 1957). Cette présentation répond à une volonté de penser la décroissance à la fois comme un élément éthique intime, nécessitant une conception nouvelle de l’individu, et comme une pratique liée à des conditions sociales précises nécessaires au plein épanouissement de soi.

  • Communication orale
    La nécessité de croire. Croyance, possible et politique chez Gilles Deleuze et William James
    Habib Bardi (Université Paris X Nanterre)

    Cette communication cherche à interroger le statut de la croyance à la lumière de l’actuelle crise civilisationnelle. Le capitalisme rend la croyance doublement impossible : effacement de la tradition au nom de l’« innovant », du « disruptif » ; annulation de l’avenir au profit du présent, de la vitesse, de la croissance. Or c’est cette impossibilité même qui pose la nécessité d’une redéfinition de la croyance. Si, comme le montrait Weber, la croyance en un autre monde a été scientifiquement abolie, si les utopies révolutionnaires ont perdu leur force mobilisatrice, il devient urgent de « croire en ce monde-ci », nous dit Deleuze.

    On objectera que le temps n’est plus à la croyance, mais à l’action : ce serait oublier que l’une, comme disposition subjective et éthico-politique, est la condition de possibilité de l’autre. Pour mieux comprendre cette urgence, cette nécessité de croire, nous solliciterons les textes de William James et de Gilles Deleuze, qui proposent une redéfinition critique et pratique de la croyance. Nos questions seront les suivantes : comment le capitalisme abolit-il la croyance ? Pourquoi est-il nécessaire de croire aujourd’hui ? Quels types de croyance peut-on distinguer et sélectionner en pratique ? Quelles sont nos raisons de croire, nos possibles actuels ? Qu’en est-il enfin de l’avenir, et quelle place peut-on dès lors donner à l’impossible, à l’utopie, à la fabulation ?

  • Communication orale
    Comment bien vivre au-delà de la croissance? Une théorie critique des vertus pour bâtir un monde post-croissance
    Jonathan Durand Folco (USP - Université Saint-Paul)

    Pour faciliter la mise en œuvre d’une décroissance soutenable, nous mettrons de l’avant une théorie critique des vertus comme boussole de l’émancipation. Celle-ci se concentre sur les dispositions à agir, sentir et penser favorisant l’épanouissement personnel et collectif des formes de vie humaines et non-humaines. Alors que l’éthique des vertus classique est axée sur le développement moral des individus sans tenir compte des structures sociales et relations de pouvoir, une théorie critique des vertus permet d’identifier les mécanismes liés à la domination, tout en esquissant les pratiques, processus et institutions favorables à la « vie bonne ».

    Après avoir présenté les principes théoriques de cette approche, nous verrons que plusieurs idées de la décroissance reposent sur des vertus : sobriété (produire moins), entraide (partager plus), coopération (décider ensemble), convivialité, etc. Loin de représenter des idées abstraites, il s’agit là de dispositions pratiques et d’habilités sociales pouvant être cultivées et expérimentées au sein de pratiques préfiguratives comme les communs, systèmes d’entraide, zones à défendre, etc.

    L’approche des vertus permet simultanément de critiquer les « vices » de la croissance, l’accélération et l’aliénation technologique, de guider les pratiques de « résilience », de contrer certaines dérives militantes (radicalisme rigide), tout en proposant des critères pour orienter la construction d’institutions post-croissance à plus large échelle.


Réseautage

5 @ 7, suivi d’un souper avec les conférencières et conférenciers

Salle : Cafétéria Decelles — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles

Communications orales

Quels rapports avec les non-humains ?

Salle : Shawinigan - Secteur Nord — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles
Présidence : Jérémy Bouchez
  • Communication orale
    Est-il possible de favoriser l’émergence d’une nouvelle culture économique appuyée sur l’éthique de la permaculture au sein d’une petite entreprise incorporée?
    Christelle Fournier (Fertiles - accompagnement en permaculture), Chiara Gasperoni (HEC Montréal)

    La décroissance appelle à une réflexion en profondeur de la société et à un changement de système économique afin de prendre en compte les limites de la biosphère plutôt que les croyances autour de la question industrialo-capitaliste. La permaculture, quant à elle, est une philosophie appliquée qui s’appuie sur 3 principes éthiques : prendre soin de la terre, de l’humain et partager équitablement. Elle invite à s’adapter au contexte terrain présent. La décroissance et la permaculture sont des domaines qui semblent s’embrasser. Aussi, est-il possible pour une jeune entreprise de contribuer au changement de paradigme? Peut-elle à la fois répondre aux obligations en vigueur et en même temps être actrice de la transformation économique sociétale? Comment mettre en action l’utopie de transition?

    C’est ce que Chiara Gasperoni, à la maîtrise en gestion et développement durable à HEC Montréal, explore via son stage de recherche au sein de l’entreprise Fertiles.

    Fertiles propose de revisiter les relations client·es-entreprises via la mise en place d’outils de prix novateurs tels que les accords de réciprocité et les tarifs équitables afin de favoriser une accessibilité universelle à la permaculture.

    Chiara a pour mandat d'analyser le processus et l’efficacité de ce type de tarification non-contraignante via l’étude de cas de la diffusion du livre Notre Ville Permaculturelle, coécrit par 11 expertes du domaine et auto-édité. Lors du colloque, Chiara présentera ses premières analyses.

  • Communication orale
    La nécessité d’un changement ontologique du rapport de l’humain à la nature pour une décroissance soutenable
    Touwendé Roland Ouédraogo (UdeM - Université de Montréal)

    Les organisateurs et organisatrices de ce colloque nous invitent à réfléchir au « comment » de la décroissance soutenable. La présente communication voudrait dans un premier temps souligner que la croissance en elle-même est bien plus une conséquence que la source du problème. En effet, nous postulerons que la croissance est la conséquence d’une mauvaise perception de l’humain de son rapport vis-à-vis de la nature. En effet, en se considérant comme « maître et possesseur de la nature », l’humain fait fausse route et transforme la nature en environnement « simple décor au centre duquel » il trône. Or, la logique productiviste et consumériste de la croissance découle de cette perception erronée. Il est donc plus urgent de repenser le rapport de l’humain à la nature.

    Dans un deuxième temps, notre communication voudrait véritablement traiter du « comment » de la décroissance en explorant d’autres façons de percevoir le rapport de l’humain à la nature (animisme, totémisme, droits de la nature, droit à un environnement sain). L’anthropologie et le droit nourriront nos réflexions sur ce point. Enfin, l’éducation de base sera présentée comme le terrain fertile pour une culture optimale de la décroissance dont l’avènement pourrait se réaliser progressivement

  • Communication orale
    A l'école inspirante des alternatives rurales : quand la décroissance ne dit pas son nom. De l’intérêt d’une ethnographie phénoménologique, comparative et engagée
    Sylvie Ferrari (Université de Bordeaux), Anne Goudot (Université de Bordeaux), Agnès Villechaise (Université de Bordeaux)

    Six ans d’enquête ethnographique approfondie sur les alternatives rurales françaises nous ont amenées à un constat étonnant : par comparaison aux modes de vie des sociétés productivistes, on y pratique à maints égards une décroissance effective, mais en ne mobilisant que très rarement (sinon jamais) la notion de décroissance. Tirant le fil de cet étonnement, nous commencerons par décrire et analyser les pratiques et les manières d’être de ces milieux qui s’inscrivent dans un mouvement de décroissance. Nous verrons que ce qui y décroit est appréhendé dans une manière holistique de transformer les modes de vie et les manières d’être au monde. De plus, les phénomènes de décroissance sont portés par une éthique émergente partagée par-delà la diversité et l’hétérogénéité qui caractérisent le paysage alternatif rural. A partir de la description de cette éthique forgée par rejet (schismogénèse) du productiviste, du consumérisme, de l’individualisme et de l’instrumentalisation de l’Autre (‘humain et non-humain), nous interrogerons l’éthique, ou le manque d’éthique, des sociétés productivistes. Devant l’intérêt de ces enseignements pour le débat public engagé sur l’Anthropocène, une discussion sur notre méthode ethnographique sera proposée. Nous montrerons comment ses dimensions phénoménologique, comparatiste et engagée constituent une condition nécessaire pour l’étude de la contribution de ces alternatives à la transformation de la société.


Communications orales

Comment œuvrer ensemble ?

Salle : Shawinigan - Secteur Nord — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles
Présidence : Sophie Turri (Polémos)
  • Communication orale
    Valoriser la multifonctionnalité des coopératives : une réflexion sur les activités socioproductives nécessaires à une société de décroissance
    Justine Ballon (HEC Montréal)

    Parmi les « utopies réelles » qui participent aux transformations sociales nourrissant l’imaginaire et les pratiques de la décroissance, il y a le mouvement coopératif (Abraham, 2020), comme les coopératives de solidarité. Là où le bât blesse, c’est dans leur capacité à pérenniser leur modèle productif dans un monde marchand et croissanciste. Comment valoriser leurs activités productives plurielles ? Cette communication envisage la multifonctionnalité des coopératives, comme vecteur de valorisation d’activités socioproductives nécessaires à une société décroissanciste, tels les temps de délibérations dans une organisation (Durand-Folco, 2015).

    Nous considérons la spécificité des activités productives des coopératives (Chevallier, 2014), pour caractériser l’ensemble de leurs productions (Barthélemy & Nieddu, 2003). Partant de la multifonctionnalité (productions marchandes, publiques, mutualisées et communautaires), cette recherche appréhende conjointement l’ensemble des activités socioproductives contribuant au développement politique, économique et social de cinq « coopératives de solidarité » en France.

    La considération de la multifonctionnalité s’intéresse à la nature des compromis façonnés entre plusieurs logiques socioproductives, par les sociétaires. Leur défi ? Valoriser ce patrimoine collectif immatériel (Bodet, de Grenier & Lamarche, 2013) intégrant des phénomènes de solidarité, de mutualité, de coopération et de décision collective, nécessaire à leur pérennité.

  • Communication orale
    Coopératives et cartographie participative : des vecteurs de transformation et de décroissance pour le secteur énergétique
    Karl Janelle (HEC Montréal)

    Bien que des approches permettent une réduction des besoins en ressources, leur circularité demeure dépendante d'un apport énergétique au rendement décroissant. De plus, les énergies fossiles hautement concentrées dont dépendent nos sociétés sont écologiquement dévastatrices et de plus en plus complexes à extraire. Enfin, les mesures d’efficacité énergétique (technologies ou politiques tarifaires) semblent impuissantes pour réduire la consommation énergétique en raison des effets rebonds qui surviennent à différents niveaux.

    Des coopératives d’énergie renouvelable locales et décentralisées représentent une alternative prometteuse : leur caractère participatif, démocratique et communautaire favorise une responsabilisation des membres, ce qui se traduit en une plus grande sobriété énergétique et une recherche d’équité dans la satisfaction des besoins énergétiques. Au fil du temps, les coopératives peuvent toutefois se comporter de plus en plus comme des entreprises conventionnelles, un phénomène d’isomorphisme non congruent. Afin d’aider les coopératives à se réapproprier leur potentiel transformateur, les chercheurs peuvent reconcevoir leur rôle et préconiser une approche axée sur l’action qui implique d’agir comme facilitateur et d’assurer une transmission bidirectionnelle des connaissances. Cela peut se faire par la cartographie participative, une méthode où les parties prenantes co-construisent une carte de leurs aspirations et des causes d'un enjeu particulier

  • Communication orale
    L’entrepreneuriat face à la décroissance : incompatibilité ou contribution possible?
    Luc Audebrand (Université Laval), Matthias Pépin (Universit. Laval), Étienne St-Jean (UQTR)

    Les écrits sur la décroissance ont beaucoup abordé la question du « pourquoi », à travers la critique de la croissance et les raisons pour lesquelles il faudrait la dépasser. En particulier, le développement durable a été vivement critiqué en ce qu’il perpétue le mirage d’une croissance verte où l’accroissement du PIB et les émissions de GES seraient découplés; ce qui relève d’une gageure. Le « comment » réaliser la décroissance a aussi commencé à être abordé. Par exemple, Abraham (2019) propose de produire moins, de partager plus et ce, de façon plus démocratique. Cela étant, les propositions restent encore assez abstraites et nécessitent d’être opérationnalisées.

    À ce titre, la contribution des entreprises à la décroissance nous semble peu abordée. A priori, on pourrait penser qu’entreprise et décroissance sont antinomiques, tant l’idéologie de la croissance est difficilement dissociable des stratégies d’entreprises et que la notion d’entreprise a envahi l’organisation même de la société. Or, l’entrepreneuriat ne pourrait-il pas jouer un rôle positif dans la décroissance ? Si oui, quelles conceptions de la création de valeur privilégier, pour répondre à quels besoins et selon quels modèles d’affaires ? L’objet de cette communication est de participer à la réflexion sur la fécondité des liens entre entrepreneuriat et décroissance, afin de contribuer à la question du « comment » l’organiser.


Dîner

Pause repas

Salle : Shawinigan - Secteur Nord — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles

Communications orales

Quelles stratégies politiques privilégier ?

Salle : Shawinigan - Secteur Nord — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles
Présidence : Josée Provençal
  • Communication orale
    Le mouvement syndical et la décroissance - considérations stratégiques sur un acteur de transformation sociale
    Clovis Brochu (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Cette présentation cherchera à incarner le mouvement syndical québécois comme un acteur de transformation sociale vers une société post-croissance. Dans un premier temps sera présenté le cadre stratégique que mobilise une part du mouvement décroissanciste, influencé par les travaux théoriques du sociologue Erik Olin Wright. Dans un second temps seront présentées les caractéristiques du mouvement syndical qui se retrouvent en porte-à-faux avec le cadre théorique de la décroissance, principalement autour de l’enjeu du travail salarié. Finalement, et de manière prédominante, seront présentés les éléments qui font du mouvement syndical un acteur important voire indispensable de la transition socioécologique au Québec.

    Un de ces éléments est la mobilisation syndicale autour du concept de transition juste, concept ouvrant vers une compréhension holiste du rapport entre inégalités socio-économiques et destruction de l’environnement. Les syndicats québécois possèdent également des structures stratégiques pour la transition socioécologique, avec leur capacité de mobilisation et d’opposition à l’ordre économique existant grâce à une syndicalisation toujours importante des milieux de travail, la configuration particulière du droit de grève en Amérique du Nord et la possession d’outils économiques pouvant potentiellement financer la transition, comme Fondaction (CSN) et le Fonds de solidarité FTQ (FTQ).

  • Communication orale
    On sabote la Machine-Travail Planétaire, on empêche la reconstruction de ses bases, on réfléchit, et c’est pas triste
    Alejandro Balentine Guevara (Indépendent)

    En réponse à la question du comment, je propose la mise à jour de la célèbre phrase « on arrête tout, on réfléchit, et c’est pas triste ». Je partirai de la critique des catégories fondamentales du système capitaliste ou « Machine-Travail Planétaire » qui produit la course à la croissance (qui n’est qu’un symptôme) : le travail, la valeur, la marchandise, l’argent, l’État, la volonté de puissance, le règne machinal, le patriarcat, etc. Cela donne la phrase « on sabote la machine, on ne la reconstruit pas, on réfléchit, on fait autre chose, et c’est pas triste ».

    Le programme : 1) on réfléchit et on décide ensemble tout le long ; 2) on s’en prend à ce qui es indispensable pour maintenir la société de croissance ; 3) on empêche toute reconstruction/réparation/réforme de ce qui ne fonctionne pas, de ce qui tombe en panne, de ce qui a été endommagé/détruit/saccagé/démantelé. On parle ici des infrastructures/institutions/technologies/outils/machines/régimes qui maintiennent en vie le système marchand et de croissance. Par exemple, on ferme des mines/puits, des ports, des usines, des écoles de commerce, des banques, des ministères, des administrations, on démantèle des réseaux électriques/informatiques, des bases militaires, on détruit des machines/engins/armes, etc. Il y aura des cas où le sabotage et l’entrave à la réparation seront à éviter.

  • Communication orale
    Regard réaliste sur la décroissance et proposition d’une nouvelle « science » de la gestion de l’ambition
    Luc Chicoine (Penseur indépendant)

    Le réalisme est une longue tradition de la science politique qui voit dans la puissance de l’État l’unique objectif poursuivi par celui-ci afin d’assurer sa survie. Si la puissance peut, potentiellement, revêtir différentes formes, elle repose avant tout sur un mortifère triptyque : la puissance militaire, la facilité d’accès aux ressources naturelles et énergétiques et une masse de travailleurs/consommateurs permettant l’effrénée course à la croissance économique. Un État qui négligerait sa croissance serait un État condamné à terme à être pillé par la violence ou par des échanges économiques inéquitables.

    Il est donc à dire qu’au niveau étatique, pour réaliser la décroissance, il faudrait s’extraire du système international anarchique ou le transformer profondément, sans égard au système économique en place. Autrement dit, il est impératif d’adjoindre à l’exigence de la décroissance celui d’un pacifisme durable, nous faisant du même coup basculer dans une double utopie décroissanciste ET pacifiste.

    Mais puisque ce colloque s’intéresse à la question du comment, nous examinerons certains scénarios pleinement réalistes qui pourraient permettre la réalisation de ce beau rêve. L’un d’eux appelle à la création d’une « science » de la gestion de l’ambition. Cette avenue, inspirée par certains penseurs classiques, est portée par une réflexion sur les forces mêmes qui ont fait le succès du système capitaliste en son temps et qui permettront, peut-être, de le transcender.


Communications orales

Comment concevoir des mondes postcroissance ?

Salle : Shawinigan - Secteur Nord — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles
Présidence : Josée Provençal
  • Communication orale
    Comment offrir des soins de santé adaptés dans un système décroissanciste?
    Julie Coquerel (HEC Montréal)

    Le système de santé participe à la crise sociale et environnementale qui nous incite aujourd’hui à penser la décroissance. En effet, l’industrie de la santé participe à la destruction écologique de la planète (Kagoma et collab, 2012, Eckelman et collab., 2018), la distribution des ressources en santé est aujourd'hui source d’injustices sociales (Plourde, 2021) et l’organisation des soins de santé retire leurs autonomies aux individus (Illich, 1975, Vadeboncoeur, 2022).

    Parallèlement à cela, le vieillissement de la population laisse présager des besoins croissants en termes de soin. Les 65 ans et plus représenteront 28 % de la population au Québec en 2030 (Statistique Canada, 2019). Ils représentent déjà 50 % des coûts et admissions dans les hôpitaux (Kergoat et collab., 2011). Devant cet état de fait, on peut se demander comment nous serons capables dans les prochaines années de continuer à fournir les soins que l’on prodigue aujourd’hui, considérant que le système de santé est déjà exsangue (St-Maurice, 2021).

    Plutôt que de subir l’impossibilité de soigner tous les patients lors d’une future crise sanitaire/démographique/écologique, il me semble important d’aborder la question du système de santé dans notre société, et comment offrir de manière équitable une vie en bonne santé pour tous.

  • Communication orale
    Sobriété et effet de recul. Énergie, technologie et confort
    Philippe Gauthier (HEC Montréal)

    De combien d’énergie aurait minimalement besoin une société décroissante? Quels devraient être les moyens mis en œuvre pour répondre à ces besoins de base? Et au fait, quels sont ces besoins de base, au juste? Ces questions sont souvent éludées sur la « sobriété » - un concept qui tient plus de la boîte noire que d’un cadre d’analyse bien posé.

    La recherche proposée va d’abord poser la question de la consomation énergétique des sociétés pré-industrielles et en début d’industrialisation. La recherche va ensuite s’intéresser à la relation unissant la consommation totale d’énergie, l’efficacité des technologies utilisées et le confort matériel qui en résulte.

    La recherche va mettre en évidence le risque d’un « effet de recul » opposé à l’effet rebond, où une baisse du niveau technologique et de l’efficacité risque de rendre la vie d’une société décroissante plus précaire au lieu de l’enrichir par l’abandon de systèmes techniques aliénants.

    La présentation va conclure en se demandant si le contrôle social sur la technologie n’est pas au final plus important pour la décroissance qu’une limitation du niveau technologique au nom de la lutte contre l’aliénation induite par la technique.

  • Communication orale
    Éléments de morphologie sociale d’un monde post-croissance
    Yves-Marie Abraham (HEC Montréal)

    Comment imaginer un monde plus soutenable, plus juste et plus démocratique ? Nous voudrions dans cette communication proposer une esquisse des formes générales que pourraient présenter des sociétés post-croissance. Il s’agira moins cependant de promouvoir un plan de la société idéale, sur le modèle classique des utopies, que de faire valoir un certain nombre de principes susceptibles de servir de points de repère dans la lutte contre les sociétés de croissance.

    C’est dans cette perspective que nous soutiendrons et développerons la thèse suivante : si la décroissance implique de « produire moins, partager plus et décider ensemble » (Abraham, 2019), une société post-croissance devrait reposer essentiellement sur une économie de « subsistance » (Mies, 2022), prise en charge dans une large mesure par des « communs » (Akbulut, 2017) et des municipalités fédérées (Durand-Folco, 2017), s’appuyant autant que possible sur des « basses technologies » (Bihouix, 2015). Cette forme de vie sociale aurait pour cadre privilégié des « biorégions » (Sale, 2020) largement désurbanisées ou en tout cas démétropolisées (Faburel, 2020).

    Nous tenterons de souligner la cohérence de cette esquisse morphologique, tout en discutant des apports et des limites du concept de "biorégion", qui suscite actuellement un regain d'intérêt chez ceux et celles qui se préoccupent de la conception de mondes post-croissance.


Réseautage

Panel de discussion économie circulaire et décroissance

Il s'agit de réunir en fin de journée les participants au colloque sur la décroissance (Polémos) et au colloque sur l'économie circulaire (TIESS-RRECQ) pour une ultime discussion.

Salle : Shawinigan - Secteur Nord — Bâtiment : HEC Montréal - Decelles