À partir d'un colloque sur les transformations pandémiques du travail (2022), nous poursuivons notre réflexion critique, en ciblant particulièrement ici les pratiques sociales et les usages numériques liés aux transformations pandémiques dans certains champs interventionnels du travail: le travail social, scolaire et pédagogique, ainsi que l'éducation populaire et la sensibilisation communautaire. Bien qu'ils s'imposent, ces usages et pratiques ne posent pas moins de questions et interrogent notamment des pratiques professionnelles, dans l'intervention comme dans la recherche. Ainsi les apprentissages numériques accélérés dans les écoles et les foyers n'ont pas toujours été dûment accompagnés et la durabilité de ces savoirs et pratiques relance la question de la formation des enseignant.e.s et parents au numérique, celle de l'accompagnement à distance des élèves et adultes les entourant, et celle des approches critiques du numérique en éducation. Certaines représentations guidant la transformation de ces pratiques sociales et approches éducatives méritent tout autant l'attention des chercheur.e.s que celle des professionnel.le.s de l'intervention. Il s'agira d'examiner dans quelle mesure ces usages numériques et pratiques sociales nouvelles pourraient gagner à intégrer les approches des sciences participatives (application mobile sensibilisant à des réalités environnementales), des sciences ouvertes (Open Sciences/Sources) et des Communs. L'intégration de ces sciences et approches à notre réflexion d'ensemble nous amènera sans doute à mieux prendre en compte et en considération les enjeux actuels du bien-être numérique et de la déconnexion en travail hybride. À partir de là, nous verrons comment favoriser avec plus d'équité la participation numérique et socionumérique d'adultes en apprentissage, en formation ou en requalification professionnelle, d'aîné.e.s et de jeunes issu.e.s de famille modeste et en milieu communautaire (associatif), ainsi que d'élèves de milieu scolaire en situation socioéconomique similaire. Nous serons enfin amenés à réfléchir à la mutualisation des ressources et des savoirs, à leur émergence et à leur fabrique, ainsi qu'à l'adaptation, l'ouverture et l'humilité épistémiques (Medina, 2013) du sujet situé, qu'il s'agisse aussi bien d'une personne dans l'intervention que dans la recherche. Pour ce qui est de la recherche, le libre accès aux données n'appelle-t-il pas une réflexion plus approfondie et plus plurielle/concertée sur le matériel et sur les infrastructures de recherche? Dans quelle mesure la recherche appartient-elle actuellement à toutes les personnes qui la produisent, et la durabilité des savoirs ne tient-elle pas d'abord à leur pleine et entière inclusion? Concernant les milieux d'intervention et de pratique (travail social et communautaire, éducation inclusive et (psycho)pédagogie), comment mieux faire émerger, valider et partager les savoirs des intervenant.e.s dans les milieux de recherche et de formation?
Du lundi 8 au mardi 9 mai 2023