Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :Considérant le taux croissant de personnes en situation de handicap, plusieurs lois souhaitent réduire les écarts entre ces individus et ceux dits neurotypiques, notamment dans les milieux scolaires (ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur [MEES], 2020). Dans le cas des personnes autistes, la recherche souligne l’importance de leur participation sociale, alors que celle-ci confère des bienfaits sur leur qualité de vie, leur revenu, leur réseau social et leur bien-être global à court et à long terme (Couture et al., 2020). Or, plusieurs obstacles subsistent pour favoriser leur participation sociale dans le cadre de leur parcours scolaire et d’apprentissage. Que les personnes autistes soient enfants, adolescentes ou adultes, elles éprouvent généralement des difficultés en lien avec les changements et les transitions scolaires, influençant leur rendement scolaire, leur intégration sociale, leur santé mentale et leur bien-être en général (Anderson et al., 2017; Shattuck et al., 2012). Le rôle du personnel dans les milieux scolaires et communautaires devient alors crucial pour tenter de les appuyer, notamment sur le plan scolaire. Les services adaptés offerts incluent : temps supplémentaire durant les examens, soutien pour la prise de notes, passation des évaluations dans un local sans distraction, utilisation de technologies adaptées (Cai et Richdale, 2016). Toutefois, la communauté étudiante autiste revendique également des ressources pour soutenir ses besoins sensoriels et sociaux : réduction du bruit, tenue d’ateliers sur les étiquettes sociales et sensibilisation à la neurodivergence sur les campus postsecondaires (Alverson et al., 2019; Elias et White, 2018). Pour plusieurs équipes de recherche, dont Sosnowy et al. (2018), ces revendications peuvent être entendues avec une communication plus fluide entre la recherche, la pratique et la communauté étudiante autiste, permettant la coconstruction de savoirs scientifiques appuyés sur son expérience.
Remerciements :Nous remercions chacune des personnes qui ont participé à ce colloque: leur regard apporte un éclairage significatif sur la question de l'autisme dans un contexte d'éducation et de recherche.
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :Programme
Axe 1 : Les transitions et les parcours d’apprentissage
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Communication orale
Valoriser l’autisme en milieu scolaire : réflexions sous le prisme du paradigme de la neurodiversitéLouis-Philippe Lachance Demers (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La prise en compte de la neurodiversité représente un enjeu d’avenir pour l’éducation (OCDE, 2017). Bien que de nombreuses voix s’élèvent pour sa reconnaissance (Legault et al., 2021), ces dernières semblent avoir peu d’écho du côté des politiques ministérielles québécoises. Malgré un virage énoncé vers une plus grande ouverture (MEES, 2017; MEQ, 2019), le système scolaire québécois s’inscrit toujours dans le paradigme de l’intégration scolaire (Tremblay, 2020) et la vision de la difficulté scolaire y reste principalement ancrée dans une perspective individuelle et bio-médicale (Fortier et al., 2018). La neurodiversité existe pourtant puisqu’elle réfère avant tout à un fait biologique neutre, soit l’existence d’une variation infinie du fonctionnement cognitif chez l’humain (Walker, 2021). Elle s’est toutefois vue progressivement pathologisée et problématisée à mesure que se définissait l’enfance « normale » (Waltz, 2020). Le paradigme de la neurodiversité nous appelle à revoir nos conceptions de la différence cognitive chez l’humain (Chapman, 2020, 2021; Walker, 2021). Dans un contexte où la population des élèves autistes a connu une augmentation significative pour représenter aujourd’hui près de 40% des élèves identifiés comme handicapés (BDSOQ, 2022; CDPDJ, 2018), il est essentiel d’alimenter le dialogue sur nos perceptions de l’autisme. C’est ce que vise cette présentation en proposant la transition de la pathologisation vers la valorisation de l’autisme dans les écoles.
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Communication orale
Témoignage sur l’écoute des besoins des autistes dans le parcours scolaireCatherine Aubry (Perceptions Autistes + Autisme Soutien)
Ma présentation sera axée sur les transitions et les parcours d’apprentissage. Je suis membre fondatrice d'Autisme Soutien et également à la tête de Perceptions Autistes. Je suis aussi une mère autiste de deux enfants autistes. Tout d’abord, la première différence majeure que je perçois entre les autistes et les non autistes : le mode d’apprentissage. Mes connaissances du monde autiste me portent à penser que nous avons une façon différente d’intégrer les apprentissages, loin des modèles plus traditionnels. Dans ma présentation, je suggère quelques pistes de solutions, dont la considération du besoin d’une reconnaissance des acquis en dehors du système éducatif. Grâce à mon expérience avec Autisme Soutien, j’ai pu comprendre l'importance de défendre les droits des personnes autistes et d’avoir une transmission de l’information efficace pour outiller les personnes autistes. Je développerai davantage étant donné ma double connaissance en tant qu’adulte autiste et comme mère d’adolescents autistes. J’aborderai les transitions entre chaque niveau et chaque milieu dans une idée de continuité des services. Le propos majeur de ma présentation sera l’écoute des besoins des autistes et la communication, dans la recherche de solutions adéquates pour eux, qui ont manqué dans mon expérience du parcours scolaire comme autiste.
Dîner libre
Axe 3 : Les perspectives à la croisée de la recherche et de la pratique
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Communication orale
Les étudiant.es universitaires en situation de handicap et les stages dans le cheminement universitaire : perspective des coordonnateur.trices de stageTara Flanagan (McGill), Fiona J. Benson (McGill), Valerie Martin (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La recherche sur les ESH a principalement porté sur l’expérience à l’université (Kimball et al. 2016). Toutefois, plusieurs parcours universitaires comprennent des stages dans des milieux de travail. Les ESH, notamment autistes, peuvent rencontrer des barrières à la réalisation des stages (Flanagan et al. 2014). Les coordonnateur.trices de stage ont le double rôle d’offrir des lieux de stages et de faire le suivi de leur expérience. Iels ont donc un rôle d’accompagnement et doivent concilier les attentes du milieu. Notre étude avait pour objectif de mieux comprendre les enjeux entourant les stages universitaires des ESH et l’expérience des coordonnateur.trices. Notre recherche s’est appuyée sur un questionnaire en ligneet des entrevues. Notre analyse démontre plusieurs enjeux. D’abord, la divulgation par l’étudiant.e de sa condition est un élément qui peut aider à mieux planifier le stage, mais qui peut aussi exposer à la stigmatisation. L’enjeu de l’adéquation entre la profession choisie et les besoins en soutien peut provoquer des remises en question quant au choix professionnel. Les coordonnateur.trices de stage reçoivent peu de soutien pour naviguer ces situations complexes. Les implications de cette analyse seront discutées en lien avec les caractéristiques spécifiques aux étudiant.es autistes (Pesonen et al. 2021) et la notion de l’éducation inclusive (Griful-Freixenet, et al. 2017).
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Communication orale
La thèse de doctorat : un parcours des plus formateursMatthieu Lancelot (Université Paris Cité)
Faire une thèse constitue une expérience particulièrement riche. En effet, en l’espace de trois à six ans, on y apprend plusieurs valeurs telles que l’autonomie, la rigueur, la patience, le partage et l’objectivité. En France, il n’existe pas de programme spécifique pour faire une thèse et les candidat(e)s doivent proposer directement leur projet de thèse à un professeur ou une équipe de recherche. Dès que l’on est accepté, on est amené à choisir soi-même ses séminaires de recherche, ses formations liées aux démarches relatives à la thèse et ses colloques et à les noter pour atteindre un nombre d’heures requis. C’est d’autant plus épanouissant que les directeurs de thèse peuvent encadrer jusqu’à cinq doctorant(e)s en France. Il est recommandé aux doctorant(e)s d’une même direction de s’entraider en plus d’assister à des séminaires ensemble. Ainsi, il est plus facile de socialiser quand on est cinq que quand on est trente (en licence et en master). Bien que l’on soit souvent isolé lors des recherches et de la rédaction, il est conseillé de ne pas être seul pendant son doctorat. Des horaires de travail aménagés sont utiles pour suivre des séminaires, des formations et des colloques, voire se rendre à la bibliothèque ou rédiger sa thèse chez soi. Une thèse demande une organisation très personnelle alliant méthode, inspiration, patience et parcimonie. Nous verrons ainsi que tout cela est possible et surtout très formateur pour une personne autiste en quête de sens.
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Communication orale
Au-delà des mesures d’appui pour les personnes autistes : l’expérience de la transition aux études postsecondairesMarie-Eve Lefebvre (UdeM - Université de Montréal)
Les transitions de vie sont particulièrement difficiles pour les personnes autistes. En sciences de l’éducation, de nombreuses enquêtes ont porté sur les enfants qui font des transitions vers la maternelle (Gascon et al., 2014; Girard et al., 2019) et l’école secondaire (Beaupré et al., 2017). À l’âge adulte, les sujets dont traite le recherche sont variés, ce qui est à l’image de cette transition vers l’âge adulte : s’intégrer dans une carrière professionnelle (Dumais et al., 2012; Fontaine, 2010), habiter en appartement (Lachapelle et al., 2013), entrer en relation (Michalet et al., 2019), etc. Qu’en est-il de la transition vers les études postsecondaires, une fois que ces élèves accèdent à un statut étudiant ? Au Canada, moins de dix publications ont traité de l’expérience des études postsecondaires chez les étudiants autistes. À ce jour, nos connaissances portent essentiellement sur les services destinés à cette communauté étudiante au collégial et à l’université (Accardo et al., 2019; Gelbar et al., 2014). Issus d’une analyse thématique réalisée dans mes travaux, j’aborderai trois points communs des narratifs des étudiant·e·s autistes: l’importance d’aligner leurs intérêts à leurs études, la nécessité de se créer des stratégies ainsi que la découverte de soi en parallèle à ses études. Ces résultats sont novateurs et nous permettent de proposer des pistes d’amélioration pour l’accès au soutien adapté aux études postsecondaires destinés aux personnes autistes.
Axe 2 : Les méthodologies de la recherche
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Communication orale
L’ethnographie pour comprendre le rapport à l’écriture de deux adolescents autistesMarie-Eve Boisvert (UdeM - Université de Montréal)
Le développement d’une éducation inclusive doit notamment s’appuyer sur une meilleure compréhension de l’expérience des élèves (Carrington et MaCarthur, 2012). Lorsque ces élèves ont des particularités sur le plan de la communication et de l’interaction, comme c’est le cas pour des élèves avec autisme (APA, 2013), la compréhension de leur expérience s’avère plus complexe et demande la mise en place d’un dispositif de recherche qui leur permet de s’exprimer et qui permet au chercheur de bien les comprendre (Tyrrell et Woods, 2018). L’ethnographie, qui permet d’apprendre des personnes en interaction avec elles (Spradley, 1979/2016), s’avère alors une approche intéressante puisqu’elle engage chercheur et participant dans une coconstruction de sens. L’objectif de cette communication est de décrire l’approche dans une recherche doctorale (Boisvert-Hamelin, 2020) portant sur le rapport à l’écriture de deux jeunes autistes de 14 ans ainsi que les différentes conditions qui ont contribuer à soutenir leurs discours. Nous aborderons de quelles manières l’approche ethnographique a donné l'occasion de coconstruire une compréhension du sens que prennent les pratiques d’écriture scolaire et extrascolaire pour les participants. Les méthodes ethnographiques de collecte de données, soit l’observation participante (Spradley, 1980, Wilcott, 2015) et les entretiens ethnographiques (Spradley, 1979, 2016), seront présentées ainsi que les enjeux qu’elles ont soulevés.
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Communication orale
Recherche documentaire et autisme: les sciences de l'éducation et son regard spécifiqueMarie-Eve Lefebvre (Université de Montréal), Marie Thériault (UdeM - Université de Montréal)
Aucun état des lieux ni synthèse de connaissances n’ont encore été destinés à réunir, analyser et critiquer la littérature traitant des besoins des élèves et des personnes étudiantes autistes. Il existe des synthèses portant sur les approches médicales, psychologiques, comportementales ou psychoéducatives, mais la contribution des sciences de l’éducation reste à construire. Dans ce champ, il convient de considérer trois types de documents s’appliquant à la recherche: 1) la littérature scientifique; 2) la littérature produite par les entités législatives, gouvernementales et étatiques que composent les lois, les politiques, les plans d’actions et les avis produits aux ministères; et 3) la littérature produite par les organismes de transfert de connaissances; le monde scolaire et postsecondaire; et les organismes communautaires ou les associations agissant, dans la société civile, pour la défense des personnes autistes. Nous avons élaboré une méthode contribuant à combler un tel angle mort et nous l'avons testée. Elle a consisté en la conduite d’une recherche documentaire sur l’autisme et l’éducation dont nous présentons ici la bibliographie préliminaire. Une ethnographie d’enquête auprès de personnes expertes ainsi que la production micro-territoriale de données scolaires entourant l’autisme en seraient le complément. L'objectif est d’orienter la recherche, les pratiques, les politiques, la société et une action commune sur la question de l'autisme et de l'éducation.
Dîner libre
Axe 3 : Les perspectives à la croisée de la recherche et de la pratique
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Communication orale
Conversation sur l'autisme: voix croisées sur la pédagogie, le parcours scolaire et le parcours professionnelClaudia Royer (Cégep Édouard-Montpetit), Marie Thériault (Université de Montréal)
Cette conversation pédagogique est menée sous la forme d'un dialogue entre Claudia Royer, conseillère en services adaptés auprès des étudiantes et étudiants autistes, au Cégep Édouard-Monpetit, et Marie Thériault, professeure en psychopédagogie et andragogie, à l'Université de Montréal. On discutera des parcours scolaire, universitaire et professionnel de la conseillère, qui nous livrera ses réflexions relatives aux facteurs et événements qui l'ont conduite à soutenir les personnes autistes dans leurs études postsecondaires. La question des défis qui sont relevés en contexte et celle des perspectives de pratique et de recherche qui s'en dégagent constitueront le cœur de cette communication originale.
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Communication orale
Apports et limites des pratiques d’inclusion scolaire des élèves “TSA” au Québec » : quels accommodements pour la neurodivergence?Bianca Nugent (Université d’Ottawa)
Les parcours scolaires et d’apprentissage des apprenants autistes, ou les élèves ayant des besoins particuliers, ainsi que les visées de l’éducation inclusive font l’objet de courants politiques. À proprement parler, ce qu’on entend par intégration et inclusion scolaire varie selon les différentes perspectives : des politiciens responsables de faire appliquer la Loi sur l’instruction publique ; des intervenants scolaires chargés de dispenser les services éducatifs attendus ou des parents considérés ayant le droit de choisir l’école qui répond le mieux à leur préférence pour leur enfant. Quels sont les contours de ces responsabilités ? Où se situe le Québec au chapitre des pratiques d’inclusion scolaire et d’accommodement de la neurodivergence des élèves autistes en 2023 ? Cette communication expose les apports et des limites à l’intersection de la neurodiversité et du capacitisme scolaire. Elle s’inspire à la fois de l’expérience professionnelle de la conférencière (chercheure praticienne en service social œuvrant en défense de droits des personnes autistes depuis plus d’une décennie) ; politique (présidente de la Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers du Québec depuis 2017 et ex-commissaire parent d’élèves « HDAA »); que personnelle (mère d’un adolescent autiste). Cette communication pose un regard critique sur les pratiques d’inclusion scolaire et de la prise en compte de la neurodivergence, plus précisément les élèves autistes dans un compte-rendu factuel.