Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Plusieurs facteurs, certains observés depuis quelques années et pour encore une décennie au moins, et d’autres facteurs très récents peuvent complexifier la gestion des finances des ménages. Notamment, le Québec et le Canada vivent et continueront de vivre un vieillissement accéléré de leur population et une rareté de main-d’œuvre croissante dans plusieurs secteurs. Par ailleurs, de moins en moins de Canadiennes et de Canadiens disposent d’un accès soutenu à un régime de retraite d’employeur et doivent donc optimiser de manière de plus en plus idiosyncratique leur accumulation et leur décaissement d’épargne durant leur cycle de vie. Enfin, le contexte macroéconomique a changé de manière importante depuis le début de 2022, notamment en ce qui concerne l’inflation et les prix de nombreux actifs, réels et financiers, qui inquiètent de nombreux ménages.
De quelle façon ces facteurs liés aux marchés financiers, à l’immobilier, au marché du travail et aux changements démographiques nuisent-ils aux finances des ménages ? En présentant des projets utilisant des microdonnées confidentielles — administratives ou d’enquête — accessibles au Centre interuniversitaire québécois de statistiques sociales (CIQSS), ce colloque réunira des chercheurs spécialistes de ces questions, dont plusieurs membres de l’Institut sur la retraite et l’épargne (IRE) de HEC Montréal, qui offriront des pistes de réponses, en utilisant une variété d’approches et de sources de données. Ces résultats contribueront à expliquer et analyser différents comportements et tendances susceptibles de se prolonger dans l’environnement socioéconomique nouveau auquel les ménages feront face — ou d’y nuire.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Benoit Dostie (HEC Montréal)
- Magali Girard (UdeM - Université de Montréal)
- David Boisclair (HEC Montréal)
- Pierre-Carl Michaud (HEC Montréal)
Programme
Rémunération et finances des ménages
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Communication orale
Quel rôle jouent les entreprises pour expliquer les différentiels de rémunération selon l'âge au Canada?Benoit Dostie (HEC Montréal), Todd Morris (HEC Montréal)
Ce projet utilise les données fiscales canadiennes longitudinales couplées employeurs-employés de la Base de données canadienne sur la dynamique employeurs-employés (BDCEE) pour estimer les écarts de rémunération entre les différents groupes d'âge entre 2001 et 2019. Nous tirons avantage de ces données qui contiennent l'univers des fichiers fiscaux au aux niveaux des travailleurs et des entreprises, pour estimer le modèle à effets fixes à deux facteurs de Abowd et al (1999) qui nous procure la part des revenus expliquée par les effets des revenus spécifiques à l'entreprise séparément pour les travailleurs de trois catégories d'âge (35 ans et moins, entre 35 et 45 ans, et 55 ans et plus). Le rôle des effets spécifiques à l'entreprise dans l'explication des écarts de rémunération selon l'âge dépendra de deux facteurs, à savoir si (1) les travailleurs âgés se trouvent des emplois dans des types d'entreprises différents de ceux des jeunes travailleurs, ou si (2) les travailleurs âgés sont en mesure d'extraire des rentes spécifiques à l'entreprise plus importantes que les jeunes travailleurs.
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Communication orale
Application de la théorie de la taxation optimale à l'impôt québécois.Nicolas Bolduc (Groupe de recherche en économie publique appliquée), Pier-André Bouchard St-Amant (ENAP - École nationale d'administration publique), Guillaume Dumais (ÉNAP / Université de Sherbrooke), Judelin Michel-Ducatel (ÉNAP)
Nous appliquons la théorie de la taxation optimale sur le revenu de James Mirlees (Mirrlees, 1972) sur les données fiscales québécoises. Cette théorie nous fournit un guide normatif pour suggérer des réformes quant à la structure des taux marginaux effectifs implicites. Notre recommandation la plus robuste est de réduire ces taux dans la plage de revenu entre 30 000 $ et 55 000 $. Nous montrons également qu'il pourrait être efficient d'augmenter les taux d'imposition chez les personnes à revenus plus élevés, selon que le gouvernement ait des préférences redistributives plus élevées, ou selon des paramètres comportementaux des travailleurs. Cette deuxième conclusion est moins robuste et requiert des travaux empiriques additionnels pour être qualifiée de définitive.
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Communication orale
Présentation de l’information, incitations et éducation : l’efficacité d’interventions visant à retarder la prise de pensions publiquesFranca Glenzer (HEC Montréal), Pierre-Carl Michaud (HEC Montréal), Stefan Staubli (University of Calgary)
De nombreux individus approchant de la retraite renoncent à un flux plus élevé de revenu de pensions publiques en demandant ces dernières de manière anticipée. Nos analyses de type quasi-expérimentale et de type enquête-expérimentale montrent que, au Canada, le moment auquel les individus demandent leur pension du RPC / RRQ est peu influencé par les incitations financières. Dans la portion utilisant une expérience par enquête, nous évaluons l’effet de deux interventions éducationnelles et de manières variables de présenter l’information concernant l’incitation au report de la demande de pension. Bien que les trois types d’intervention induisent des reports, ceux-ci impliquent des conséquences financières hétérogènes parmi les participants qui y réagissent.
Revenu, habitudes et patrimoine financier
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Communication orale
Caractérisation du premier quintile de revenu au Canada et identification de corrélations entre ces caractéristiques et la mobilité sociale intergénérationnelleLoïc Courtemanche (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Des travaux récents au Canada montrent que la mobilité intergénérationnelle des revenus a diminué pour les familles d’enfants nés entre les années 1960 et 1985 au Canada. Cette recherche s'intéresse aux caractéristiques de la composition du revenu de ces individus afin de déterminer si cela pourrait être lié à cette diminution. Pour ce faire, nous utilisons la BDMIR afin d’avoir les données des fichiers T1 d’enfants et de leurs parents. À partir de cette base de données, nous produisons trois catégories de résultats différents. La première est une description de la composition du revenu. L’objectif de ces résultats est de présenter les différences au niveau du revenu et de sa composition pour les individus de chaque quintile ainsi que l’évolution de ces caractéristiques entre les cohortes. La seconde est une évaluation de la transmission de la composition du revenu. Nous identifions ainsi les composantes qui se transmettent davantage que les autres entre les générations. Finalement, nous évaluons la corrélation entre la composition du revenu et la mobilité sociale intergénérationnelle. La contribution de cette étude est de décrire la composition du revenu des Canadiens, la transmission de chacune des composantes entre générations et d’identifier s’il y a des liens entre la composition du revenu et les changements de la mobilité sociale intergénérationnelle.
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Communication orale
Tendances du patrimoine au Canada : combien épargne-t-on pour la retraite, et comment ?Colin Busby (HEC Montréal), Tessa LoRiggio (HEC Montréal), Pierre-Carl Michaud (HEC Montréal)
Épargner adéquatement pour la retraite dépend principalement de deux aspects : combien les individus épargnent, et s’ils le font d’une manière efficace. À l’aide de l’Enquête sur la sécurité financière de Statistique Canada, nous examinons les tendances, de 1999 à 2019, du patrimoine des ménages chez les Canadiens de 55 à 74 ans. Pour épargner efficacement, les Canadiens doivent utiliser le meilleur véhicule à l’abri de l’impôt disponible, qui à son tour dépend en grande partie des taux effectifs marginaux d’imposition auxquels ils sont confrontés au cours de leur vie active et à la retraite. Au Canada, les deux véhicules fiscalement avantageux offerts pour encourager l’épargne pendant la vie active d’un individu sont les comptes d’épargne libres d’impôt (CELI), à impôt anticipé, et les régimes enregistrés d’épargne-retraite (REER), à impôt différé. Les auteurs examinent l’utilisation des REER et des CELI au fil du temps et relient les résultats aux principaux objectifs énoncés lors de l’introduction des CELI en 2009.
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Communication orale
L'avantage patrimonial du mariage est-il universel ? Le mariage et la richesse accumulée au sein des provinces canadiennesMaude Pugliese (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
Selon un nombre croissant de travaux, les personnes mariées jouissent d’un avantage patrimonial, d’abord parce que les avoirs facilitent l’entrée dans le mariage, mais aussi parce que ce dernier engendre des économies d’échelles qui facilitent l’épargne. Nous contribuons ici à ce champ par une analyse comparative qui situe le mariage dans les contextes institutionnels et culturels qui façonnent ses avantages économiques. En nous appuyant sur la typologie des États-providence d'Esping-Anderson, nous postulons que l’avantage patrimonial du mariage est moins prononcé dans le contexte social-démocrate et défamilialiste du Québec que dans les autres provinces de type libéral. Nos données proviennent de l'Enquête sur la sécurité financière (1999 à 2019). Issus de régressions quantiles contrôlant plusieurs caractéristiques sociodémographiques, nos résultats montrent que l’écart patrimonial entre les personnes mariées et célibataires est plus faible au Québec que dans les autres provinces où le patrimoine des couples mariés est bien plus élevé que celui des unions de fait, alors qu'il n’y a pas d’écart entre ces groupes au Québec. Compte tenu de ces résultats, les chercheurs devraient éviter de décrire les avantages économiques du mariage comme étant universaux et intrinsèques. Il est plutôt crucial de souligner qu'ils sont façonnés par l'existence (ou le manque) de sources publiques de soutien économique pouvant favoriser l’indépendance face au mariage.