Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Comme nous entrons une phase de reconstruction de la société après la COVID-19, notre regard est de plus en plus tourné vers l’avenir. Dans ce moment de changement majeur, nous ne pouvons ignorer le consensus qui se construit présentement devant l’urgence d’agir pour réduire l’empreinte négative de nos modèles civilisationnels de développement sur les écosystèmes naturels en général et le climat en particulier. Nous nous questionnerons, dans ce colloque, sur la capacité effective de la philanthropie et du monde universitaire accompagnant la production de connaissances dans ce secteur d’agir positivement eu égard à la montée des inégalités sociales, à la crise environnementale et aux diverses fractures identitaires (sexisme, racisme, colonialisme...), surtout dans le contexte de la COVID-19 et après.
Le moment est venu d’agir collectivement et de façon inclusive en vue de générer de grands changements et d’opérer un basculement axiologique. Tant les représentants et représentantes de l’univers philanthropique que les acteurs de la société civile progressiste sont confrontés à l’inévitabilité d’investir leurs capacités de penser et d’agir dans une transformation en profondeur des institutions en place. Sur ce plan, le monde scientifique doit être en mesure de répondre positivement et rapidement au besoin de redéfinir le rôle et la place des sciences et de l’université. Quelle part de responsabilités, scientifiques et universitaires, avons-nous face aux défis posés par le contexte post-COVID ? Pour explorer les déblocages à réaliser, nous proposons un colloque d’un jour qui permettra à des représentants de l’écosystème philanthropique et à des représentants du milieu universitaire d’explorer les manières de transformer nos façons de produire et de reproduire le vivre ensemble dans des sociétés inclusives, altières, solidaires et écologistes.
Remerciements :Nous remercions l'ensemble des partenaires du hub Québec : le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, l'UQAM, la Faculté de l'Éducation permanente de l'UdeM, le Centre de recherche sur les innovations sociales, la fondation Béati, la fondation du Grand Montréal, Centraide du Grand Montréal, Mission Inclusion, la fondation J. Armand Bombardier et la fondation Lucie et André Chagnon.
Date :Format : Uniquement en ligne
Responsables :- Adam Saifer (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- David Grant-Poitras (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Diane Alalouf-Hall (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Jean-Marc Fontan (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Le secteur de bienfaisance dans le contexte de la COVID-19
Cette première section présente des résultats de recherches portant sur l'impact de la covid-19 sur le secteur de bienfaisance. Quatre présentations vont se succéder suivies d'une période de questions.
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Communication orale
Regards neufs sur la philanthropie fondée sur la communauté : analyse post-covidienneJean-Marc Fontan (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Fort d’une étude de projets développés par dix fondations canadiennes et états-uniennes, notre équipe de travail présente les résultats d’une démarche de recherche réalisée entre 2019 et 2022. Dans un premier temps, nous avons développé un cadre conceptuel novateur. Dans un deuxième temps, 10 études de cas ont été réalisées avec l’aide de collaborateurs et collaboratrices. Dans un troisième temps, nous dégageons les éléments clés qui permettent de comprendre les forces et les limites de la philanthropie fondée sur la communauté. De façon conclusive, nos analyses proposent des voies de recomposition de la philanthropie fondée sur la communauté.
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Communication orale
Le ‘Consortium philanthropique COVID Québec’ : réinventer la philanthropie en temps de criseCharles Duprez (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La crise de la COVID-19, de par son caractère sanitaire et en raison de la violence de son incidence sur les personnes les plus vulnérables, a suscité des expériences novatrices dans le milieu québécois de la philanthropie subventionnaire.
Au moment de la première vague de COVID-19, quatre fondations ont été à l’origine du ‘Consortium philanthropique COVID Québec’ et ont conjointement développé une manière innovante de collaborer en temps de crise. Notre recherche, qui s’est étendue sur près de 3 années, avait pour ambition de documenter cette collaboration et la capacité de fondations subventionnaires privées à répondre à cette crise.
De ce travail nous proposons une réflexion critique sur certains aspects du fonctionnement du secteur philanthropique en temps de crise. Nous proposons également une analyse sur la manière dont ce type de collaboration émerge et se transforme à travers le temps. Enfin, nous souhaitons tirer de cette expérience originale des apprentissages en vue de réimaginer la philanthropie. En effet, ces peuvent nourrir des discussions à venir sur la capacité d’adaptation du secteur philanthropique aux grands enjeux sociétaux que représentent tant les inégalités sociales, les formes de discrimination fondée sur la différence que la détérioration des écosystèmes et l’action dévastatrice des dérèglements climatiques.
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Communication orale
Collaboration, coopération, cocréation: études de cas sur les innovations des services sociaux pendant la COVID-19François Brouard (Carleton University), Isabel Cascante (United Way Greater Toronto), Manuel Litalien (Nipissing University)
Tout au long de la pandémie, un réseau de plus de 300 agences et partenaires communautaires, financées par United Way Greater Toronto (UWGT), s'est mobilisé afin de répondre aux besoins urgents et changeants des communautés du Grand Toronto (GT). Il fallait alors résoudre des problèmes critiques en temps réel. Cette situation, imposée par le COVID-19, a mené à des innovations efficaces au sein du réseau et a permis notamment à faire avancer la gestion de dossiers épineux auquel étaient confrontées les organismes communautaires du GT. En collaboration avec le Réseau canadien de recherche partenariale sur la philanthropie (PhiLab) et la UWGT, l’objectif de cette présentation est d’illustrer brièvement les nouvelles pratiques et les apprentissages qui ont émergé pendant la COVID-19 à travers 5 études de cas. Ces dernières mettent en lumière les pratiques et les catalyseurs clés qui ont contribué à la remarquable capacité d'adaptation et de leadership du secteur à but non lucratif pendant la pandémie. Seront ici soulignées les leçons tirées, ainsi que les recommandations pour continuer à favoriser ce potentiel de changement durable au-delà de la pandémie.
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Communication orale
COVID-19 : aggravation des tensions dans le secteur communautaireDiane Alalouf-Hall (UQAM), Isidora G. Sidorovska, David Grant-Poitras (UQAM), Adam Saifer (UBC)
Les fondations dans une société en transformation
Ce deuxième bloc est intitulé "les fondations dans une société en transformation". Il propose les résultats de recherches portant sur l'impact des fondations dans la société.
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Communication orale
La finance sociale : un champ d’intervention qui gagne du terrain dans les fondations québécoises et canadiennesDavid Grant-Poitras (UQAM - Université du Québec à Montréal), Audrey Popa (University of Victoria)
Le rôle et l’impact des fondations philanthropiques dans la société sont souvent étudiés sous l’angle des dons qu’elles distribuent à des fins de bienfaisance. Cependant, pour une large proportion de fondations, les dons accordés ne représentent qu’une infime partie des actifs totaux qu’elles possèdent. La loi fédérale les contraint à dépenser un minimum de 5% de leurs actifs, tandis que les 95% restants sont généralement capitalisés dans l’optique de générer des revenus essentiels à la pérennisation des activités philanthropiques. Or, par souci d’une gestion plus socialement responsable des ressources financières à leur disposition, un nombre grandissant de fondations canadiennes travaillent à rediriger une partie de leurs capitaux vers les instruments de la finance sociale. L’engagement des fondations dans ce courant alternatif de la finance leur permet d’utiliser leur statut d’investisseur institutionnel de manière à soutenir des formes de développement socioéconomique plus compatibles avec le bien public. Dans le but de documenter et d’accompagner l’essor de ce domaine d’intervention au sein de la philanthropie québécoise et canadienne, un projet de recherche du PhiLab a été entamé en 2021. Dans le cadre de cette communication, seront présentées les analyses préliminaires de cette recherche.
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Communication orale
Préserver le statu quo en réformant l'éducation: le cas du Giving pledgeMaxim Fortin (Université Laval)
Le Giving Pledge a doté la philanthropie élitaire américaine, puis mondiale, d’un réseau constitué autour de riches et influents patrons d’entreprise désireux d’avoir un impact via une approche entrepreneuriale de la philanthropie centrée sur la question des opportunités. L’analyse des pledges et des dons effectués par les 204 philanthropes s’étant engagés à verser la moitié de leur fortune dans le cadre du Giving Pledge entre 2010 et 2019 révèle que ceux qui ont répondu à l’appel sont pour la plupart des hommes blancs américains ayant fait fortune dans la finance et les nouvelles technologies. Leurs priorités philanthropiques peuvent apparaître traditionnelles au premier coup d’œil, notamment en raison de l’ampleur du soutien exprimé à la cause de l’éducation. Or, ce soutien à l’éducation dissimule une volonté de réformer l’éducation, encore une fois via une approche entrepreneuriale, et via l’utilisation de formes de plaidoyer qui amène la philanthropie élitaire sur le terrain du lobbying politique. La capacité des philanthropes du Giving Pledge à influencer les acteurs et les institutions publiques est fort préoccupante pour la démocratie et ramène à l’avant-plan la nécessité d’étudier le rôle de la philanthropie dans l’émergence de formes de gouvernance peu démocratiques et dominées par les élites possédantes.
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Communication orale
Les chantiers d’apprentissage au Bâtiment 7. Une formule collaborative pour « horizontaliser » les rapports entre fondations et bénéficiaires.David Grant-Poitras (UQAM), Sylvain A. Lefèvre (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Se décrivant comme une fabrique d’autonomie collective, le Bâtiment 7 (B7) est un site industriel réapproprié par et pour la collectivité à des fins de développement économique communautaire. Dans le jargon sociologique, il est ce qu’on appelle un commun. Dès le lancement de la première phase de réhabilitation et de mise en commun du bâtiment, le B7 était aux prises à une grande précarité financière. Il a ainsi été décidé par les militant·e·s de solliciter le milieu philanthropique. Quatre fondations ont non seulement répondu à l’appel, mais entrepris de collaborer entre elles dans l’optique d’offrir un soutien plus adapté à ce commun qu’est le B7.
Parallèlement, un projet de recherche a été mis en place pour documenter et accompagner cette démarche collaborative. Lors du colloque précédent, avaient été abordés les défis rencontrés suite aux premières actions entreprises par les fondations impliquées. Or, en réponse à ces défis, une formule 2.0 de collaboration a été réfléchie, laquelle a trouvé son expression dans « les chantiers d’apprentissage ». Dans le cadre de notre présentation, nous proposons de revenir sur trois aspects des chantiers d’apprentissage : (1) la logique sociale et politique qui a présidé à leur conception ; (2) leur déroulement ; (3) le bilan de ce qui a bien ou moins bien fonctionné.
Période libre
Penser la portée des fondations subventionnaires
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Communication orale
Rendre compte: fondations philanthropiques, organismes donataires et rapport à la question d'impactMarie-Caroline Juneau (Fondation McConnell), Nancy Pole (UQAM - Université du Québec à Montréal), Lynda Rey (ENAP), Julie Rocheleau (Centraide du Grand Montréal), Sarah Saublet (Fondation Chagnon)
Ce panel s’appuie sur un travail des auteures, publié en 2022, proposant un cadre d’analyse portant sur les orientations qu’entretiennent les fondations à l’égard de l’impact – le leur et celui des organismes qu’elles soutiennent. Le panel invitera les réactions et réflexions de quelques intervenants provenant de fondations, s’attardant notamment aux liens perçus entre l’orientation envers l’impact et les relations d’imputabilité mettant les fondations en lien avec différents publics.
Les fondations agissent aussi à l’intérieur d’un écosystème d’évaluation et de reddition de comptes impliquant au premier chef les organismes porteurs de l’action sociale et environnementale, et aux côtés d’autres bailleurs de fonds. Dans le contexte d’une évolution de plus en plus assumée en faveur d’une philanthropie basée dans la confiance, les panélistes seront invités à partager leurs réflexions sur le rôle et la contribution potentielle de la philanthropie à co-construire avec les organismes un agenda d’évaluation et de reddition de compte, à contribuer aux connaissances en captant et en traduisant les effets et apprentissages faits par des derniers, et à évaluer et rendre compte de l’impact de leur propre action.
La formation en philanthropie au Québec et dans la francophonie
Cette après-midi est consacrée à un atelier thématique sur la formation en philanthropie. Après avoir présenté deux initiatives, les panélistes mèneront un atelier de travail avec les participants-es sur le thème de la formation des futurs-es professionnels-les en philanthropique au Québec.
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Communication orale
Cartographie de l’écosystème d’accompagnement des OBNL au Québec : état des lieux et opportunitésSofiane Baba (UdeS - Université de Sherbrooke), Charles Lavoie (Université de Sherbrooke)
Il est généralement reconnu que les organismes à but non lucratif sont confrontés à plusieurs défis dont : 1) la précarité financière récurrente, 2) la difficulté à attirer et à retenir une main-d’œuvre de qualité, 3) la concurrence des autres organismes communautaires pour les financements, 4) l’augmentation de la demande des bénéficiaires et 5) les enjeux de gouvernance et de gestion stratégique. Tous ces défis ont fait l’objet de plusieurs recherches d’une manière ou d’une autre et ils nous amènent à nous intéresser à un défi de gestion important dans le secteur des organisations à but non lucratif : le renforcement des capacités des organisations. Dans cette perspective, l’objectif de cette recherche est précisément de cartographier l’écosystème d’accompagnement des organismes sans but lucratif au Québec et de réfléchir au potentiel de renforcement de cet écosystème.
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Communication orale
Inscrire la philanthropie comme discipline dans l’enseignement universitaire : un défi de tailleCaroline Bergeron (UdeM - Université de Montréal)
Le consensus se dessine autour de l’impossibilité à poursuivre notre développement social sur les bases héritées de 150 ans de croissance économique, aveugle aux externalités négatives, sans y sacrifier au passage le bien-être d’une grande proportion d’individus et de nos écosystèmes. Les nécessités de changement de paradigme s’imposent à nous sous forme de déficit social, de changements climatiques menaçant et de survie générale des espèces. Un changement dans nos structures économiques, sociales et citoyennes est inéluctable. Longtemps, la pratique d’une philanthropie - plus ou moins stratégique ou éclairée - s’est avérée un outil permettant de pallier les inégalités, de soutenir la société civile et permettre la poursuite de notre développement. C’est dans cet optique qu’un programme de formation de cycle supérieur en gestion philanthropique et engagement social verra le jour à l’Université de Montréal en 2024. Nous pensons que le monde universitaire doit maintenant se mobiliser pour produire des connaissances dans le domaine philanthropique. Ces connaissances, transférées dans la pratique, pourraient contribuer à faire de la pratique philanthropique un outil déterminant dans la reconstruction sociale et dans la conversion des pratiques de développement à venir. C’est à la présentation des réflexions et résultats qui ont présidés à la création de ce programme que nous vous convions.