Informations générales
Événement : 90e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Les débats contemporains entourant le multiculturalisme et l’interculturalisme sont présents autant au Québec et au Canada qu’ailleurs dans le monde. Ils mettent en cause des modèles politiques différents et des orientations idéologiques soit opposées ou complémentaires pour aborder la question de la pluralité des cultures, mais aussi, et cela sans toujours bien la situer, la question de la transformation des cultures ; ce point de départ pour analyser les cultures des Amériques a été thématisé par le concept de transculturation proposé par l’anthropologue Fernando Ortiz dès les années 1940. Aujourd’hui, les débats autour du multiculturalisme et de l’interculturalisme sont particulièrement intenses dans le contexte des Amériques, où les relations entre les cultures nationales, autochtones et immigrantes sont, depuis plusieurs décennies, remises à l’ordre du jour, au point de déterminer des transformations constitutionnelles. Ce colloque voudrait amorcer le début d’un premier état des lieux des politiques de multiculturalisme et d’interculturalisme à l’échelle des Amériques, en interrogeant les possibilités d’ouverture que le processus de transculturation met en cause.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Jean-François Côté (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Ricardo Peñafiel (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Multiculturalisme et interculturalisme dans les Amériques : un état des lieux du point de vue de la transculturation.
Les débats contemporains entourant le multiculturalisme et l’interculturalisme sont présents autant au Québec et au Canada qu’ailleurs dans le monde. Ils mettent en cause des modèles politiques différents et des orientations idéologiques soit opposées ou complémentaires pour aborder la question de la pluralité des cultures, mais aussi, et cela sans toujours bien la situer, la question de la transformation des cultures ; ce point de départ pour analyser les cultures des Amériques a été thématisé par le concept de transculturation proposé par l’anthropologue Fernando Ortiz dès les années 1940. Aujourd’hui, les débats autour du multiculturalisme et de l’interculturalisme sont particulièrement intenses dans le contexte des Amériques, où les relations entre les cultures nationales, autochtones et immigrantes sont, depuis plusieurs décennies, remises à l’ordre du jour, au point de déterminer des transformations constitutionnelles (comme au Brésil, au Mexique, au Chili, en Colombie, en Bolivie, etc.). Comment les modèles politiques du multiculturalisme et de l’interculturalisme se positionnent-ils dans les différents contextes nationaux au sein des sociétés américaines, ainsi qu’à l’égard de la transculturation qui serait un processus général à l’œuvre au sein des Amériques ?
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Communication orale
Le multiculturalisme et l’interculturalisme sous l’angle de la transculturation : enjeux épistémologiques et théoriquesJean-François Côté (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le concept de transculturation développé par l’anthropologue cubain Fernando Ortiz au tout début des années 1940 marque une rupture dans la manière d’appréhender les formations et transformations des sociétés américaines. Laissé dans l’ombre pendant plusieurs décennies du fait de conjonctures sociales et politiques particulières, ce concept est réapparu dans l’horizon d’intérêts scientifiques dans les années 1980-90, en lien avec de nouveaux horizons s’ouvrant à des réalités sociales et politiques où se manifestaient, de manière générale, des projets associés au multiculturalisme et à l’interculturalisme, et cela un peu partout dans les Amériques. Ce que propose le concept de transculturation va bien au-delà des définitions usuelles de ces projets de multiculturalisme et d’interculturalisme, puisqu’il envisage plutôt à la fois les différentes cultures du point de vue non seulement de la présence de cultures multiples et différentes ou des relations possibles qu’elles entretiennent entre elles, mais de leurs contacts mutuels et de leurs transformations réciproques, au sein de médiations produisant de nouvelles synthèses culturelles issues de ces rencontres (volontaires ou involontaires). Comment le concept de transculturation permet-il alors d’évaluer ces projets de multiculturalisme et d’interculturalisme ? Quels sont les enjeux épistémologiques et théoriques qu’il permet de souligner dans le cadre de ces projets politiques du multiculturalisme et de l’interculturalisme ?
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Communication orale
Multiculturalisme en Amérique latine : petite histoire d’une autre transculturationAlexandre Beaudoin Duquette (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le concept de multiculturalisme en Amérique latine est le fruit d’une histoire des idées qui s’est déployée principalement dans cette région. Au Canada, le multiculturalisme constitue un modèle de gestion de la diversité ethnoculturelle qui encadre la relation entre les majorités francophones ou anglophones et les communautés issues d’une immigration plus récente et non les nations autochtones. En Amérique latine, le multiculturalisme renvoie à un modèle de coexistence entre les sociétés dites « majoritaires » et les sociétés autochtones, sans prendre en compte les communautés issues d’une immigration récente. Ce constat nous amène également à comprendre la signification de certains termes qui revêtiront un sens particulier dans cette partie du monde (transculturation, acculturation, interculturation, régions interculturelles, interculturalisme et pluriculturalisme). Raconter ce récit, c’est aussi rendre justice à de grandes figures de l’histoire des idées latino-américaines comme Guillermo Bonfil Batalla, Alicia Barabas et Carlos Monsonyi ; leurs adversaires théoriques tels que Gonzalo Aguirre Beltrán ou Héctor Díaz Polanco ou encore des personnalités qui ont même contribué à façonner un multiculturalisme latino-américain, notamment, Pablo González Casanova, Rodolfo Stavenhagen ou Nestor García Canclini. Par ailleurs, en énonçant quelques-unes des lignes importantes de cette histoire, nous souhaitons mettre la problématique du colloque en contexte.
Multiculturalisme et interculturalisme dans les Amériques : un état des lieux du point de vue de la transculturation.
Les débats contemporains entourant le multiculturalisme et l’interculturalisme sont présents autant au Québec et au Canada qu’ailleurs dans le monde. Ils mettent en cause des modèles politiques différents et des orientations idéologiques soit opposées ou complémentaires pour aborder la question de la pluralité des cultures, mais aussi, et cela sans toujours bien la situer, la question de la transformation des cultures ; ce point de départ pour analyser les cultures des Amériques a été thématisé par le concept de transculturation proposé par l’anthropologue Fernando Ortiz dès les années 1940. Aujourd’hui, les débats autour du multiculturalisme et de l’interculturalisme sont particulièrement intenses dans le contexte des Amériques, où les relations entre les cultures nationales, autochtones et immigrantes sont, depuis plusieurs décennies, remises à l’ordre du jour, au point de déterminer des transformations constitutionnelles (comme au Brésil, au Mexique, au Chili, en Colombie, en Bolivie, etc.). Comment les modèles politiques du multiculturalisme et de l’interculturalisme se positionnent-ils dans les différents contextes nationaux au sein des sociétés américaines, ainsi qu’à l’égard de la transculturation qui serait un processus général à l’œuvre au sein des Amériques ?
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Communication orale
Le multiculturalisme en Colombie. Trente ans après la constitution de 1992Leila Celis (UQAM - Université du Québec à Montréal)
En Colombie, la constitution de 1992 a été interprétée par plusieurs analystes comme un tournant dans l’histoire de ce pays. Elle comprend notamment la reconnaissance de la nation comme étant multi-ethnique et multiculturelle et concède des droits importants aux Autochtones et minorités ethniques dont la reconnaissance est élevée désormais au rang constitutionnel. Dès le début des années 2000, il apparaît clairement que le mouvement paysan pose des revendications dans des termes proches à ceux utilisés par les Autochtones. Ainsi, le mouvement paysan ne réclame plus seulement des droits économiques et individuels; il réclame aussi, à différents degrés d’une organisation à une autre, l’autodétermination et des droits collectifs politiques et identitaires. La littérature qui aborde les transformations des mouvements sociaux confond la visibilité gagnée par les organisations autochtones avec ce qu’elle qualifie d’ethnicisation issue des politiques multiculturalistes. Elle néglige le fait qu’au cours de trois dernières décennies, le mouvement agraire a subi une désagrégation du modèle d’organisation basé sur l’hégémonie de la catégorie de « paysan » (Castillo Gomez 2007). Dans cette communication, nous nous intéressons à la nouvelle revendication territoriale du mouvement paysan en faisant l’hypothèse qu’elle s’inspire du mouvement autochtone, qu’elle transforme l’identité du mouvement paysan lui-même et qu’elle redéfinit les rapports que celui-ci entretient avec l’État.
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Communication orale
Multi-inter-pluri-trans-nationalisme, pluriversalisme et subjectivations politiquesRicardo Peñafiel (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les concepts de multiculturalisme et d’interculturalisme sont d’abord et avant tout des concepts du Nord global. Ce sont aussi des concepts directement liés à des politiques publiques (étatiques) liées à l’immigration. Malgré les différences existant entre ces deux concepts et les nuances en leur sein, un noyau dur de signification concerne la reconnaissance et la « gestion » du pluralisme culturel au sein d’un même espace politique. Un des problèmes relatifs auxdits concepts concerne le statut de la culture majoritaire ou dominante, dont on tend à occulter le caractère colonial et le rapport asymétrique qui s’établit entre les cultures, en fonction du postulat de la neutralité de l’État. Bien que reconnaissant d’emblée les rapports asymétriques de pouvoir, le concept de transculturalité ne résout pas nécessairement le problème. Au sein de ces mondes où plusieurs mondes sont possibles, les politiques multi-pluri-trans-culturelles continuent à revendiquer le monopole étatique de la représentation mais se butent à des cultures éphémères (subjectivations politiques) ou davantage ancrées dans des pratiques sociales pérennes (imaginaires institués ; discours social ; identités…) qui refusent d’entrer dans le carcan (pluri)national. Cette conférence propose un questionnement critique en se basant sur divers processus de subjectivation politique qui ont construit des « cultures » en conflit avec l’État (colonial) et ont fait apparaître des « communs » là où il y avait dépossession.
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Communication orale
Indigénéité, interculturalité et structures de pouvoir au Québec : la transculturation en questionDaniel Salée (Université Concordia)
À en croire les récits légendaires sur les coureurs des bois qui se seraient aisément fondus dans les communautés autochtones qu’ils fréquentaient, les filiations ancestrales alléguées entre Québécois d’aujourd’hui et Autochtones d’hier et la nomenclature des emprunts mutuels des cultures matérielles des uns et des autres, le Québec se serait de tout temps façonné à même des échanges interculturels multiples et récurrents. Cette image d’Épinal qui marque tant l’imaginaire collectif que le discours savant sur les peuples autochtones alimente l’idée selon laquelle la rencontre, voire l’interpénétration, des cultures autochtones et non autochtones au Québec se serait accomplie de façon naturelle et relativement harmonieuse. Elle masque en réalité une dynamique d’interaction beaucoup moins souple et engageante, ponctuée d’actes de pouvoir, d’exclusion et de résistance à l’Autre, institutionnalisés et structurés de manière à éliminer la présence des Autochtones (dépossession territoriale, résistance aux appels à la sécurisation culturelle, imposition de règles non-autochtones de gouverne). À partir d’une analyse des principaux blocages institutionnels qui opèrent de manière à neutraliser les pratiques et cultures autochtones, la communication déconstruit l’interculturalité présumée du Québec et s’interroge sur les possibilités de transculturation dans un contexte où la prépondérance de normes socioculturelles non-autochtones restreint la libre expression de l’altérité autochtone.