469 - Tout-petits, enfants et adolescents dans l’environnement numérique : enjeux pour les familles, le monde de l’éducation et la sphère politique

Cette présentation retrace certains grands moments de la recherche en Amérique du Nord sur les relations entre les jeunes et les médias à travers les époques, en mettant en lumière quelques-uns des enjeux sociaux liés à la réglementation de ces médias. Depuis près d’un siècle, les médias de masse ont été étudiés sous l’angle de leur influence sur les comportements, les attitudes et les valeurs des jeunes. Toutefois, cette recherche s’est transformée au fil du temps pour tenir compte de l’évolution des médias et de la complexité des relations entre les jeunes et les médias. Ces enjeux sociaux pour les jeunes demeurent multiples. D’une part, aujourd’hui, les médias émergents promettent d’améliorer les compétences cognitives, sociales et émotionnelles des jeunes, ainsi que leur accès à l’information et à l’éducation. D’autre part, l’utilisation excessive ou inappropriée de ceux-ci pourrait entraîner des problèmes de santé mentale, de dépendance et des risques liés à la sécurité en ligne. Quel rôle la réglementation ou l’auto-réglementation a-t-elle joué et pourra-t-elle jouer pour protéger les jeunes des dangers liés à l’utilisation de ces médias – tels que la cyberintimidation, la pornographie et les contenus violents – sans entraver leur accès à l’information et à la liberté d’expression?

Contexte : Les enfants ont un accès sans précédent aux écrans. L’Organisation Mondiale de la Santé suggère de limiter le temps d’écran à une heure par jour chez les enfants d’âge préscolaire. Objectifs : Examiner si un temps d’écran inférieur au seuil de 1h/jour favorise le développement global chez les enfants d’âge préscolaire. Méthodologie : Cette étude utilise des données prospectives recueillies auprès de familles avec un enfant de 2 à 5 ans en Nouvelle-Écosse (N=315). Au premier temps de mesure (M=3,5 ans), les parents ont rapporté le temps d’écran moyen de l’enfant. Un an plus tard, ils ont rempli le Ages and Stages Questionnaire, une mesure du développement global incluant cinq sous-échelles : motricité globale, motricité fine, communication, cognitif, et socio-affectif. Les analyses sont ajustées pour le sexe et le niveau d’affectivité négative de l’enfant, ainsi que le niveau d’éducation du parent. Résultats : Un temps d’écran inférieur au seuil de 1h/jour à 3,5 ans est associé à un meilleur score global et en communication. Conclusions : Dans une optique de promotion de la santé développementale, encourager une utilisation rationnelle des écrans dès l’enfance pourrait permettre de minimiser les risques pour la santé et le bien-être.

Résumé à venir

Depuis 2010, l’industrie du jeu mobile prend de plus en plus de place auprès des jeunes (Mäyrä, et Alha, 2020). Dans ce contexte, les enfants sont exposés à un ensemble de jeux, s’affichant comme gratuits, mais comportant des pratiques répréhensibles (Pangrazio & Gaibisso, 2020). En effet, le manque de recherches en études du jeu sur ce type de public (Reay, 2020), la méconnaissance des parents, la présence de mécaniques de hasard ou d’argent (Grimes, 2015), les déficiences des systèmes de classification des jeux (Felini, 2015), l’autorégulation par l’industrie, la législation parcellaire en termes de collecte de données personnelles (Grimes, 2013) ou même la non-application de certaines lois sur la publicité (van Berlo, Reijmersal et Eisend, 2021) risquent d’affecter négativement les enfants qui consomment des jeux mobiles. Pourtant, les biens-faits potentiels des jeux vidéo durant le développement sont nombreux que ce soit pour les apprentissages (Fokides et al., 2019), le développement cognitif (Granic, Lobel et Engels, 2014) ou le maintien des liens sociaux et familiaux (Pearce, 2021). Cette communication présente un projet de recherche en cours sur les jeux vidéo pour enfants accompagné de résultats d’une étude menée sur 260 jeux mobiles afin de soulever les problèmes entourant ce type de jeux et les solutions que nous proposons pour encadrer les familles et orienter les décisions gouvernementales.

Notre projet de recherche a pour objectif d’analyser le contenu des ressources informatives existantes visant à contrer le décrochage scolaire. La finalité de notre recherche est l’amélioration de la qualité des informations contenues dans les ressources, et éventuellement contribuer aux efforts de promotion de la persévérance scolaire chez les adolescents au Québec. Le cadre théorique orientant cette recherche est la théorie sociocognitive de Bandura (1997) et le modèle écosystémique de Bronfenbrenner (1979). Cette recherche vise quatre objectifs spécifiques : 1) identifier à quels publics (élèves, parents, personnes enseignantes et intervenantes, travailleurs sociaux, etc.) sont destinées les ressources numériques repérables en ligne; 2) décrire comment ces ressources numériques représentent le problème du décrochage scolaire; 3) évaluer l’efficacité des pistes d’action individuelles et collectives proposées par les ressources numériques au regard de la recherche scientifique à cet égard; 4) décrire l’évolution du contenu des ressources dans le temps depuis les années 1990. Cette communication consistera en une présentation de la problématique de la recherche et d’une justification de son cadre théorique pour analyser les ressources informatives offertes à différents acteurs sociaux en réponse au problème du décrochage scolaire au Québec.

Le recours au numérique de la part des personnes intervenantes du secteur communautaire en milieu défavorisé est particulièrement peu documenté au plan empirique. Pourtant, leur rôle en tant que personnes médiatrices du lien École-Famille-Communauté y est essentiel (Larose et al. 2018a, 2018b). L’usage de ces technologies en matière d’intervention auprès de la famille vulnérable ou à la charnière de cette dernière et de l’école est méconnu tant chez les personnes intervenantes que chez les parents ou les enfants d’âge préscolaire ou scolaire (Thivierge et al., 2019). Le phénomène est identique lorsque la documentation scientifique traite d’accès aux outils numériques chez les enfants d’âge préscolaire ou scolaire en milieu défavorisé ou du contrôle parental en matière d’accès et d’usage de ces ressources. Dans cette communication, nous présenterons les résultats d’une recherche exploratoire réalisée auprès des personnels (N = 20, entrevues individuelles) et de parents bénéficiaires (N = 30, entrevues de groupe) de deux organismes communautaires Famille intervenant en milieu fragilisé urbain et semi-rural. À partir d’une analyse critique du discours (Hsieh et Shannon, 2005; van Dijk et Kintsch, 1983), nous ferons état d’une modélisation des éléments caractérisant les représentations des personnes intervenantes et des intervenues à l’égard des usages, limites et obstacles à l’utilisation du numérique dans la médiation exercée entre famille et milieux (péri)scolaires.

Il y a cinq ans, Capsana lançait PAUSE, la première initiative québécoise visant à prévenir les risques liés à l’hyperconnectivité et à promouvoir l’utilisation équilibrée des écrans grâce au financement du Secrétariat à la Jeunesse (SAJ). Le site de référence (pausetonecran.com), les diverses stratégies préventives et les événements de déconnexion ont vite suscité l’intérêt de la population, des établissements du réseau de la santé et de l’éducation. Suivant ceci, Capsana a reçu un grand nombre de demandes pour outiller les professionnels des divers milieux (CIUSSS, milieux scolaires, etc.) ainsi que les parents de plus jeunes enfants (0 à 12 ans). Les méfaits potentiels des écrans sur les jeunes enfants étant de mieux en mieux documentés, il devenait essentiel d’agir non seulement auprès de la clientèle du SAJ (15-29 ans) mais d’élargir l’offre préventive de PAUSE pour joindre une plus grande diversité de personnes et de milieux. L’objectif de cette présentation sera de présenter l’évolution de PAUSE rendue possible grâce au financement du Ministère de la Santé et des Services Sociaux, notamment la conception, le développement ainsi que la mise en œuvre du volet famille visant à prévenir les risques spécifiquement chez les enfants de 0 à 12 ans. Une synthèse des différentes stratégies, élaborées en collaboration avec un comité d'experts, sera présentée ainsi que les principaux résultats des sondages d'évaluation (perceptions et satisfaction) menés auprès des parents.

La recherche présentée porte sur les ressources numériques offertes en langue française aux enseignants canadiens et belges en réponse au problème de la cyberintimidation. Elle s’appuie sur le modèle de l’analyse du discours de P. Charaudeau. Elle vise à nommer l’identité des personnes et organisations productrices des ressources numériques, à décrire la hiérarchisation thématique des connaissances et pratiques éducatives qu’elles proposent, à discerner leurs fondements épistémiques, puis à formuler des hypothèses sur leurs effets possibles en matière de formation des enseignants en éducation au numérique. Pour ce faire, le contenu de « plusieurs dizaines » de ressources canadiennes et belges offertes en ligne a été analysé (nombres exacts à préciser). Sur la base des résultats d’une recherche menée antérieurement à propos des ressources offertes aux parents dans ces mêmes contextes géoculturels et linguistiques, nous pensons que les résultats de notre recherche en cours montreront que les ressources offertes aux enseignants proviendront autant d’entreprises privées que d’organisations gravitant autour du monde scolaire, que leur discours proposera davantage de connaissances descriptives sur la cyberintimidation que de pistes éducatives concrètes, qu’elles se fonderont sur des valeurs et des normes sociales différentes de part et d’autre de l’Atlantique, et qu’elles coïncideront peu avec les attentes des enseignants en matière de formation en éducation au numérique.

Être enseignant apporte son lot de défis en ce qui concerne la gestion des comportements, en classe comme sur l’Internet. Une plus grande utilisation des technologies en classe comme à l’extérieur de l’école augmente les cas de comportements interdits et criminels en ligne. Les élèves ne voient pourtant pas toujours les dimensions juridiques derrière leurs actions :  Cyberintimidation et sextage sont quelques exemples de phénomènes en ligne de plus en plus courants et préoccupants. Comment savoir si un crime a été commis? Comment faire comprendre la gravité de certains gestes? Que peut faire un enseignant lorsqu’il est confronté à un comportement en ligne grave de la part d’un élève? Les enfants et les jeunes ont des responsabilités, des droits et des protections spécifiques qui varient selon leur âge. Cette conférence sera l’occasion d’en apprendre plus sur les responsabilités et conséquences juridiques des jeunes et découvrir quels sont les ateliers et trousses d’Éducaloi mis à disposition des écoles pour outiller le personnel face à ces nouvelles réalités numériques.

Le chercheur souhaiterait exposer les enjeux particuliers relatifs à la protection de la vie privée informationnelle des enfants dans le cadre des jeux vidéo. A la lumière des évolutions technologiques dans le jeu vidéo et la présence de l’immense majorité des enfants dans les jeux, notamment en ligne, il semble impératif de proposer une protection efficace pour les enfants. L’industrie du jeu vidéo a aujourd’hui une expérience dans le traitement des données des joueurs et s’est spécialisée dans l’utilisation de biais cognitifs et psychologiques pour maximiser les dépenses de ceux-ci, comme le suggère le développement des free to play. Considérant que cette industrie combine ces expertises avec sa capacité à concentrer une quantité toujours grandissante de données sur les joueurs, il semble important de pouvoir protéger les enfants face à cette asymétrie structurelle. De facto, le droit à la privée informationnelle semble être un rempart important pour régler cet écueil mobilisant progressivement les législateurs. La reconnaissance des fragilités particulières de l’enfant en ligne par rapport à certains dangers spécifiques ne fait plus de doute aujourd’hui. Néanmoins, il existe encore à ce jour peu ou pas de protection spécifique pour la protection de la vie privée des enfants. En poursuivant sur la piste du droit de la vie privée informationnelle, le chercheur présente ses recherches croisées entre les Etats-Unis, l’Union Européenne et la Grande Bretagne.

Le droit encadre l’exercice des droits de la personne mineure en lui aménagement progressivement une certaine autonomie, tout en reconnaissant son besoin de protection1. Cette protection prend notamment la forme de mécanismes de représentation qui permettent aux parents de prendre des décisions au nom de leur enfant. Dans un contexte où le numérique occupe une place de plus en plus importante dans notre société, il devient pertinent de s’interroger sur l’encadrement que le droit fourni ou pourrait fournir aux activités des enfants et adolescents en ligne quant à leur capacité à poser des actes qui les lient juridiquement et à leur responsabilité dans l’éventualité où ils commettent une faute dans l’univers virtuel, par exemple en se livrant à de la cyberintimidation. Nous nous intéresserons particulièrement à la capacité juridique de la personne mineure dans le contexte de l’adhésion à des contrats de services3, tels que ceux permettant de créer un compte d’utilisateur d’un réseau social, et de la conclusion d’achats en ligne. Notre objectif est de clarifier la réponse du droit aux questions suivantes : en ligne, quels actes juridiques un enfant ou un adolescent est-il autorisé à poser seul et quelle responsabilité peut-il encourir?

Le 7 décembre 2022, la Cour supérieure du Québec a autorisé une action collective contre Epic Games, le concepteur du jeu vidéo en ligne Fortnite Battle Royale. Cette action a été intentée au nom de trois parents québécois de joueurs mineurs, âgés de 10 ans, 13 ans, et 15 ans, ayant développé une dépendance après avoir joué le jeu. Les parents allèguent que cette dépendance est assimilable à celle créée par le tabac, voire l’héroïne ou la cocaïne. Cette dépendance a également incité les mineurs à dépenser d’importantes sommes pour acheter des V-Bucks, la monnaie virtuelle du jeu, permettant d’acquérir davantage d’options de jeu. Il s’agit d’une importante première jurisprudentielle où les tribunaux seront appelés à se pencher sur l’impact des nouvelles technologies sur les droits fondamentaux des mineurs, ainsi que sur la validité des transactions virtuelles effectués sans le consentement de leurs parents. Notre présentation vise dans un premier temps, à déterminer si la dépendance au jeu vidéo pourrait être assimilée à celle du tabac en comparant cette affaire au célèbre dossier Imperial Tobacco, et ainsi déterminer l’impact de ce jeu sur les droits fondamentaux garantis par l’article 1 de la Charte des droits et liberté de la personne. Nous discuterons dans un deuxième temps, des enjeux liés à la consommation numérique mobilisés par cette affaire, notamment l’interdiction de la publicité commerciale auprès des enfants.

La présence des adolescents dans institutions d’accueil au Brésil est le résultat d'un processus persistant d’exclusion qui a conduit à la violation de leurs droits (art. 101 du Statut de l'Enfant et du Adolescent). Les problèmes qui ont déclenché leur placement sont divers, mais surtout liés aux inégalités et à la pauvreté : enfants associés ou menacés par les cartels de la drogue, enfants liés à des activités criminelles, violence familiale, abus et négligence, et situations de rue. Les institutions d'accueil sont alors un instrument de politique publique destiné à être le moindre mal entre le danger et l'éloignement des enfants de leur famille d'origine et de leur communauté. Dans ces institutions, l'accès à l'environnement numérique, en particulier aux médias sociaux, est fortement régulé et contesté. Sur 14 institutions que j'ai visitées, 9 avaient des cas négatifs contre les médias sociaux. Les raisonnements étaient cependant très variés : certains établissements étaient plongés dans un contexte de risque bien plus défavorable que d'autres, alors que cela n'était pas corrélé à des mesures plus strictes. Dans ma présentation, j'aborderai ces données selon l'approche script/prescription de Actor-Network-Theory (Akrich & Latour, 1992), le développement de « user scripts" de Gjøen & Hård (2002) et la littérature sur les paniques morales dans le contexte de l'utilisation des réseaux sociaux par les adolescents (Marwick, 2008 ; boyd, 2014)

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